vendredi 30 avril 2010

Que devient ?



Que se passe-t-il dans les grands bureaux vides,
Quand le busy navire arrive enfin à quai,
Quand la nuit du repos éteint les imprimantes ?
Madame du Sénégal se rêve-t-elle en princesse
Assise, impératrice, dans un fauteuil qui tourne,
Imitant les costumes foncés qu’elle croise sans un bruit,
Pointant l’index en l’air et prenant la voix grave,
Dictant courrier urgent à son chariot à brosses
D’où dépasse tout son staff de balais et de seaux ?
Que devient l’escalator agile,
La porte coulissante qui n’est plus une battante,
L’ascenseur au chômage du trente-sixième dessous ?
Comment résonnent les pas du vieux gardien de nuit,
Dans le hall affecté, déjà désinfecté ?
Et la cantine solitaire est-elle une aire de film noir,
Sans ses néons, ses bruits et ses bouffées-vapeurs ?
Que devient cet endroit sans vivant survivant ?
Mais que regardent donc les caméras cyclopes,
Gravant des kilomètres de bandes stockées dans des armoires ?
C’est le temps des fantômes furtifs et des vents du passé,
Légions de licenciés, cohortes d’ex-employés
Dont les mânes virevoltent, parmi les néons verts,
Indiquant la sortie, qui est la même pour tous.

Ma raie noire



« Olympic Bravery » 1976, « Boehlen » 1976, « Amoco Cadiz » 1978 vous vous en souvenez ? Les images à la TV, le cormoran englué et les bretons furieux (à juste titre)…Les petits parisiens, nous donc, on venait l’été et on marchait sur la plage en Bretagne et on avait cette petite boulette noire qui venait saccager vos chaussures en plastique. Il fallait l’enlever ce pétrole avec du beurre ou un produit spécial qui sentait fort les solvants. Les chaussures en plastique ? Oui, vous savez celles qu’on appelait des « méduses » ou des « plastocs » et qui faisaient un peu mal, à cause de la boucle sur le côté ? Ceci dit l’avantage de ces « plastocs », c’était quand même de pouvoir marcher sur les rochers, en Bretagne, quand on allait à la pêche à pied, chercher des crabes à marée basse. Pieds nus, on glisse, ça pique, on va moins vite. Surtout quand on a une épuisette, un seau et une pelle et qu’on est toute une bande de copains. Et puis, quand j’y pense, je vous rappelle que les crabes, il faut les attraper en une prise ferme, par derrière et ils agitent alors en vain leurs pinces. Après, on les mettait dans un seau coloré avec des coquillages dessinés dessus, avec les crevettes et les gobies. Et quelques algues aussi. Souvent, il y avait bagarre et les gobies finissaient mal, d’ailleurs. Enfin, on rentrait de la pêche à pied et on pouvait prendre son goûter. Le meilleur, pour moi c’étaient les « Paille d’Or », framboise qu’on croque par rangée entière, c’est plus drôle ou les Figolu… voire le top du top, un pain au lait moelleux enveloppé dans le papier fourni par la boulangerie (sur lequel un jeune boulanger aux joues rondes pose devant un fournil, en un dessin un peu naïf) ET une barre de chocolat mauve (l’emballage, pas le chocolat). Et si en plus, on a quelques crocodiles, un barre de zan et des dragibus, la vie est belle. Après la pêche à pied et le goûter, la marée remonte on va faire un château de sable qui va résister quelques minutes à l’inexorable montée de la mer. Ou alors un parcours de cyclistes tout raides qui progressent au rythme de savantes trajectoires de billes lancées avec expertise dans des tracés bien lissés, incluant au moins un tunnel et deux ou trois ponts…Il y aurait du vent, quelques nuages, l’odeur de la plage en Bretagne. On changerait son maillot de bain en se tortillant dans une serviette et on aurait un peu froid. On se baignerait un peu, mais pas trop longtemps et surtout pas juste après le déjeuner, parce qu’il paraît qu’on peut mourir d’hydrocution si on se baigne moins de deux heures après le repas, c’est mon père qui me l’a dit. Mais s’il y avait des vagues, on resterait longtemps, sautant et criant dans l’écume, jusqu’à ce qu’on nous appelle quatre ou cinq fois….
Et un jour, on est grand, on pense à tout ça avec nostalgie.
Et les marées noires elles, continuent. Comme avant.

jeudi 29 avril 2010

Le petit Haddock, version 2010



Acarien resquilleur !
Aspirateur sans sac !
Bande d’amiantés !
Bougre d’extrait de PVC !
Boursier Grec !
Burqa sans trou !
Coréen du Nord à quatre pattes !
Corrompu du slip kangourou !
Erreur de chez Windows !
Espèce de cendre islandaise !
Facebook à deux doigts !
Fatma de chez Lidl !
Fiente de pigeon irradié !
Goldman et Sachs !
Gréviste compulsif !
Hugo Chavez de carnaval !
Islamiste en cavale !
Lehmann branleur !
Marée noire !
Marin d’eau polluée !
Mille milliards de mille euros !
Morve de ministre !
Moule à gaufres OGM !
Motard à trois roues !
Parking payant !
Petit président !
Rat d’égout radioactif !
Sac à puces effacées !
Serial killer de pacotille !
Socialiste bipolaire !
Spéculateur !
Spéléologue en galère !
Supporter de football parisien !
Tchétchène à morpions !
Tonnerre de Smolensk !
Trader sans âme !
Travaux sur l’A86 le soir !
Twitter à cornichon !
Vieux PC rouillé !
Volcan de malheur !
Wall Street naufrageur !

lundi 26 avril 2010

La burqa, le string et le philosophe célibataire



Un fantôme passait. Effacée sous son voile,
Pauvre femme en niqab, Tenue noire, sous nos yeux,
Provoquant le dégoût, invoquant d’autres dieux
Stigmate préoccupant, d’où ne sort pas un poil.

Sur la plage on voit trop. Juste une petite ficelle
Qui ne cache rien du tout, de cette anatomie.
Le dessert sans l’effort… Le regard qui frémit,
Tout homme en est troublé, agite son vermicelle.

Entre les deux peut être ? Pensait un philosophe
Assis sur le rivage, et voyant d’un côté
La femme du Moyen Âge, puis ces corps exposés.

Mais les femmes sont belles, pourquoi les ennuyer
Laissons-les enfin vivre, arrêtons les contraintes
Car sans elles, mais que faire ? Il nous reste les plaintes !

vendredi 23 avril 2010

Dear hunter



J’ai vu un jeune homme dans une rue de Malaga, Espagne, qui portait un T-shirt représentant un cerf ou un daim et rehaussé de l’inscription « dear hunter ». Je fus interloqué !
Car là, il y a soit un joli contresens, soit un fin jeu de mots.
En effet, l’orthographe correcte devrait être « deer hunter ». Car « dear » cela veut dire « cher », comme dans : « mon cher ami, avez-vous vous fréquenté un cerf récemment ou alors ce sont vos chaussures en daim neuves ? » Ceci pour lui signifier que cela sent légèrement le fennec dès qu’il arrive… tout en gardant une note humoristique et surtout s’il est latin et susceptible.
Attention, cependant si votre ami vient du Pérou. Il est parfois qualifié lui-même « d’andin », vu que les Andes sont le dénominateur commun de certains pays d’un continent, appelé Amérique, option Sud. « Quoi ? » répondrait-il, surpris.
Aussi, soyez totalement diplomate en lui précisant cela au sujet de ses origines car s’il est un peu balbutiant en anglais et en français, il pourrait penser que vous traiter sa nation d’incontinente dans une proportion large. Et ça, il ne va pas laisser pisser, non, passer.
Mais andin, ce ne sera point le qualificatif lié à ses chaussures, qui seraient en daim et pourraient sentir le fennec neuf, peut être, mais si ce n ‘est pas le cas, il risque d’être désorienté par votre remarque. Il regardera ses baskets et vous fixera ensuite, répondant avec son accent charmant : « mé, mes yossures né sont pas han dine, elles sont han toile, cé son’ des conne-verses ». Brisons là murmurez-vous, passant à autre chose. S’il se dandine, ne dites rien.
Justement, vous vous apprêtiez à voir avec lui Voyage au bout de l’Enfer, en VO, et oh surprise, le titre US de ce formidable film est « The Deer Hunter ». Vietnam, soldats, amitié, héroïsme. Ce n’est pas un scénario radin.
Un cerf a même la vie sauve à la fin et je peux m’exclamer sans me tromper : « cher chasseur ! » C’est Robert de Niro, NB.
Ou alors, le jeune homme andalou avec le T-shirt voulait signifier sa forte sympathie, sans dédain, aux chasseurs en tant que groupe de pression, et donc de facto afficher ainsi « dear hunter » prend toute sa saveur car devant être traduit en « chasseur adoré ».

J’aurais dû lui parler, mais mon espagnol est plus qu’approximatif.
Pour un T-shirt peut être pas cher, mais sûrement pas anodin.

Earth Day



Pourquoi, dans la plupart des photos choisies pour illustrer Earth Day, n'y avait-il pas un seul terrien visible ?

C'est la question que se posait le Commandant Zblugh, débarquant sur Terre et trouvant les vestiges numériques d'une civilisation disparue sous des cendres volcaniques.

mercredi 21 avril 2010

Eloge de la vitesse ?


2010
Rapidement. Sans retard. En express. Tout de suite. On prend l’avion et on se voit à l’aéroport. Tu me fais un sms dans le taxi ? On organise une Téléconférence demain à 10h00. Tu as reçu le mail ? La téléconférence a lieu à 09h00, en fait, on a changé l’horaire. Vous nous envoyez le compte rendu juste après ?
Le plan d’actions est avancé de six mois. Il faut doubler les équipes. On l’embauche là, tout de suite. On le vire ce con, là, tout de suite. Il faut diminuer les effectifs de ce service par deux. On out source tout en Inde ou en Slovaquie ? Tu as signé le B.A.T. ? Les documents sont imprimés ce soir. 1000 exemplaires On a changé la page 4 et la conclusion, on jette la première version et on réimprime tout cette nuit. On refait la présentation, il a apporté sa clé USB. Tout le monde s’en rendrait compte, une erreur comme cela ! Non, non, non ! Je n’attends pas jusqu’à vendredi. Le stand doit être fini à 07h00. Alors, ce livreur, il arrive ? Prenez le train du matin, rentrez par celui du soir.
Tiens ! Regarde les news, un volcan vient d’entrer en éruption en Islande, je l’ai vu sur Google news ! Un autre café ? Oui, et l’addition avec la TVA à 5.5 % !

1980
Lentement. En retard. Acheminement au tarif lent. Demain. On monte sur la péniche et on essaie de boire un verre au port. Tu m’écriras une lettre chez moi ? On fait un déjeuner-débat demain à 12h00. Il a appelé ta secrétaire ? Le déjeuner-débat finira à 15h30, en fait, on a changé le menu. Qui devra faire taper le compte-rendu, un peu après ?
Le plan d’action est retardé d’un an. Il faut doubler les équipes. On devrait peut être l’embaucher, l’an prochain. On le vire ce con, là tout de suite. Il faut signaler à la DRH que les effectifs de ce service sont peut être un peu en surnombre. On part en voyage avec le CE en Inde ou en Slovaquie ? Qui va signer le B.A.T. ? Les documents seront imprimés dans 10 jours. 1000 exemplaires. On a changé la page 4 et la conclusion, on garde tout et un stagiaire collera des pastilles et des petits papiers. On laisse la présentation telle quelle, les transparents sont écrits au feutre. Personne ne s’en rendra compte, on aura déjeuné juste avant.
Non, non, non ! Je n’attends pas jusqu’après les vacances !
Le stand doit être fini à 17h00. Alors, ce champagne, il arrive ?
Prenez le train de nuit, rentrez vendredi midi.
Tiens ! Regarde le journal, un volcan vient d’entrer en éruption en Islande, je l’ai vu en page 9 ! Un autre pousse café ? Oui, et une note vierge pour ma note de frais !

mardi 20 avril 2010

Les roses du Kenya



Réflexion profonde, moment de gravité…Le nuage islandais de cendres paralysantes nous fait prendre conscience que nous sommes une pauvre civilisation vulnérable…Musique triste, regards vers un ciel bleu dénué de ces traînées blanches laissées par les jets… Mouais ! Moooooouais !
Ceci est une banalité messieurs, dames, qui se veut pourtant « à contre courant » et qui a fait le sujet des éditoriaux depuis quelques jours.
On nous invite un philosophe, on prend du recul, on se met à être défenseur de la lenteur…. Ben voyons ! Je souris de ces discours de circonstances.
Un gouvernement de rencontre a pu capituler, comme disait De Gaulle, mais ma théorie est que 100% des actifs de la planète n’attendent qu’une chose : reprendre leur course folle, le billet d’avion dans la poche, le calendrier trop rempli et le stress permanent chevillé au corps.
Avouons que ceci n’est que passade : on veut ses roses tout de suite, qu’elles arrivent du Kenya ne nous émeut que trois minutes et ras le bol du bus pour faire Paris-Lisbonne ! Si Obama veut aller enterrer un président polonais à midi, et jouer au basket au Nébraska le soir, tant mieux ! (en plus cela lui fera un paquet de miles sur Air Force One)
Nos actes de contrition, un poil « nature », un peu « c’était mieux avant quand les gens se parlaient et prenaient leur temps », ne sonnent pas juste, car nous savons au fond de nous que nous ne lâcherons rien.
Etre rapides, occupés et énervés, c’est notre nature ! Depuis qu’un Cro-Magnon a pris un premier raccourci pour rentrer de la chasse et gagner un quart d’heure, nous avons toujours cherché à filer plus vite. Et on devrait appuyer sur pause ? A cause d’un incident qui va durer quelques jours ? MDR, LOL et tout le reste.
Et puis que signifie « ralentir », se la jouer alternatif et bobbo-biobio ?
Pédaler dans les avions ? Aller au bureau à pinces, même sous la pluie ? Manger un tout petit steak ? Arrêter le parmesan de Parme, le bœuf « haricots noirs » et sa petite sauce et le Cabernet Sauvignon de Californie ? Porter des pulls mauves mais 100% équitables car faits par des babas cools qui habitent à cinq kilomètres de chez vous ?
OK !
Vous commencez et on vous regarde.

Allez, je vous laisse, j’ai un meeting avec 400 personnes à essayer de ne pas annuler.

lundi 19 avril 2010

Remix



En fait, il faut se tenir au courant. Tu sais, le guitariste de Rage Dedans a quitté le groupe depuis un mois, il se lance dans une carrière solo, il va faire du prog’ fusion avec les Zestes Kimos. Il va être remplacé par un musicien des Trolls 2 Gars, on ne sait pas encore qui, mais les deux formations se connaissent bien, ils ont été en juillet dernier à l’affiche du Noizy Noize, oui le grand festival, à Irkoutsk.
En fait, la rumeur dit que le guitariste dont je te parle, il a découvert que sa deuxième femme, une ancienne choriste des Horreurs 404, et le batteur, hmm,… enfin, tu devines quoi.
Il lui a cassé la figure, à coups de Gibson SG, mais c’est le batteur, un ancien des DCDCDCD, qui a pété les plombs et l’a pris par le col pour le jeter dehors, lors de l’enregistrement du dernier album : « Never, Fever, Freezer », à Lagos.
Aussi, je peux te dire sans me tromper que le nouveau chanteur des Poules Ovaires va faire un duo avec L’Audio du Village. Ce morceau rare sera remixé par DJ Lékro, et figurera sur la compilation top collector « Printemps-Valium 2010 », avec des singles inédits de Sushi-Sushi, de Radios Amigos, des Ostéopotes et de Stéreophobia. Pop Smart eux, ils ont refusé net d’y figurer, parce qu’ils ont le même manager qu’I-Pote et que ce dernier avait vendu sa Rolls d’occasion à l’imprésario de Brian Durite. Mais la Rolls (marron clair quand même, la bagnole) est tombée en panne dans la boue qui avait presque paralysé le Festival Noizy Noize, elle n’a jamais pu redémarrer. Forcément, ça fait des histoires !
D’ailleurs, j’ai appris par un pote qui est roadie pour Grossou Prod que le saxo des Ostéopotes s’est fait mal au dos en sautant dans la foule lors de leur concert au Nhézit, à Manchester, avant-hier. Il s’est aussi cassé toutes les dents parce qu’il ne voulait pas non plus lâcher son instrument. Le pogo a continué, mais sur lui.
Et ça, c’était juste en première partie du concert de +KC, qui s’est bien passé, mais en coulisses on m’a parlé d’une grosse bagarre entre les jumeaux Kalaguère. Tu penses ! Ils ne peuvent plus se sentir depuis que la femme de Nono a prétendu être enceinte de Roro. Seulement, ils ont un contrat juteux avec So Funny Music et une tournée de trente cinq dates aux USA déjà archi bookées.
La presse moldave a assez parlé de leurs soucis avec les impôts : ils ne vont pas lâcher la poule aux œufs d’or. Alors, je voulais te dire aussi que j’ai acheté le DVD live des Lézards Martiaux, je l’ai regardé, c’est vrai ce qu’on dit, et malgré le maquillage Kurt Mharziall il est tout pâle.
Il est cuit le pauvre, il va falloir qu’il soit remplacé : on murmure que le chanteur des Trolls 2 Gars pourrait être intéressé, mais il paraît qu’il hésite peut être à rejoindre Web Sight, un collectif électro qui fait du dub. Et pour un chanteur, c’est sacrément reposant ! Hé, tu dis rien, quoi… tu dors ?

dimanche 18 avril 2010

Image à la mode en ce moment



Au secours !
Un volcan vicelard, allié à des vents pervers et des autorités pétochardes mettent le DVD de la vie du monde entier sur pause.
A suivre !

vendredi 16 avril 2010

Un épais nuage de conneries



Ouh ! Un vilain volcan de chez Björk nous envoie de la cendre par le biais d’un gros nuage. Quelle horreur. Le trafic aérien de l’Europe du Nord (75% du business, chers amis) est annulé. Catastrophe, alerte, panique virale.
Oui ! Interview immédiate de l’autre guignol hirsute du Musée de l’Air du Bourget que l’on ressort de sa boîte de maquette Airfix ®. Comme vous le savez, il faut toujours un « professionnel » pour vous expliquer des évidences ou renforcer des idioties.
Alors, les particules sont terriblement abrasives, provoquent l’arrêt par étouffement assuré de tous les réacteurs d’avions qui se trouveraient dans un rayon de six mille miles nautiques, et rayent à vie les pare-brise des 747. Les pilotes doivent sortir la tête par le hublot latéral pour faire les manœuvres d’atterrissage.
Heureusement, la chef hôtesse, un peu burinée mais encore attirante malgré ces petites rides qui commencent à apparaître aux coins de ses lèvres sensuelles, mais juste assez bronzée en ce début de printemps pour rester séduisante, bref, elle leur prête ses foulards Hermès pour qu’ils n’aient pas trop froid.
Sans compter la peinture des avions ! Une Airbus d’Air France qui traverserait cette zone de péril absolu en ressortirait la carlingue à nu, brillant de tout son aluminium poli éblouissant sous les feux du soleil.
Sans compter les 4 réacteurs qui tombent en rade et le pilote en sueur qui tourne la clef de contact en vain comme cet homme qui essaie de redémarrer sa BX d’occasion …alors, il voit sa vie défiler sous ses yeux en quelques secondes, il se dit qu’il va périr et adieu les billets pas chers qu’il avait pour l’île Maurice, les petites hôtesses câlines, les 5 étoiles, les courses en duty free toute l’année et son fond de pension garanti..
Mais à ce moment, bang-crac-swoosh- deux réacteurs repartent en crachant avec force de la cendre islandaise abrasive, il peut atterrir à l’arraché à Francfort au lieu de Marrakech (on ne peut pas tout avoir dans la vie, quand même).
Tout cela pour dire que ce nuage, que j’ai vu en couverture de 9 quotidiens sur 10 en kiosque ce matin, nous les brise menu.
C’est sûrement un complot organisé par les loueurs de voiture, qui se sont réunis en secret la nuit, avec des capes et des masques, et ont fait appel à un consultant diabolique qui a balancé une bouteille d’eau de Javel et du Coca avec des Mentos dans le volcan, là –bas avec son nom hors-jeu même au Scrabble, pour provoquer ce bazar et relancer leurs affaires. Le meilleur pour la fin : un ami me dit qu’une de ses collègues de bureau n’avait pas mis ses lentilles de contact ce matin « pour ne pas avoir les yeux irrités par les cendres et la fumée ». Fichtre !
Moi si j’étais un terroriste, j’attaquerai sans tarder les usines de papier toilette et ferai courir la rumeur qu’il est devenu abrasif, comme des cendres de volcan ….

jeudi 15 avril 2010

Paradoxes de toubab



Bakhary T., arrivé du Mali depuis peu travaille comme homme de ménage à la Défense, dans les bureaux, à l’aube ou le soir tombé.
Il se pose de nombreuses questions ! Un jour, il écrit une lettre à son frère, resté au pays. Extraits.

« ….. et aussi, pourquoi ils écrivent salle de réunion sur la porte, même quand les blancs en cravate sont partis ? Cela doit porter malheur, je les ai vus un matin, ils ont l’air très solitaires, et un peu fâchés même tous ensemble. Là, même ! Un parle, personne n’écoute. Ou, tous parlent et personne n’entend ! Toujours ils veulent faire dans la salle de réunion ce qu’ils appellent le mitine-gué.
Et puis, présentement, pourquoi on appelle ce village « La défense » ? Il y a seulement des grandes compagnies qui attaquent les marchés, les concurrents et les emplois…. Ça, je l’ai lu dans le 20 minutes (c’est journal gratuit que tu prends dans des boîtes dans le train RER). Et pourquoi il s’appelle que 20 minutes, on le garde une journée entière ! On doit payer après ou quoi même ? Les blancs sont très fatigués, mon frère. Je te le dis. En plus, le train RER, plus il y a du monde, plus il avance doucement. Plus les conducteurs sont mal payés, plus ils arrêtent de travailler et plus les gens là, ils sont en colère et moins ils montent dans le train RER et moins les conducteurs ils seront payés.
Attends, attends. Ici, ils n’ont pas un, mais deux téléphones portables.
Un avec des messages sms et pour parler.
Un avec les e-mails dedans. Appelés « blagbéris noirs ».
Alors, comme ils n’ont pas le temps, à cause de train RER en retard, de lire les e-mails du second, ils appellent leurs collègues ou font des sms avec le premier pour dire comme ça : on va faire une réunion pour en parler. Ecrivez-moi un e-mail pour confirmer la réunion mitine-gué !
Et au final, comme ils ne sont pas tous à la Défense, ils se téléphonent, mais pas sur le portable. Ils veulent parler tous ensemble de la fois où ils vont se voir dans la salle de réunion dont je t’ai parlé. Seulement, une fois tous assis là, en rond, ils n’écoutent pas et envoient des sms à ceux qui n’ont pas pu venir et qui leurs envoient en plus des e-mails dans leurs blagbéris noirs.
Tu me suis ? Non.
Ecoute, dans six mois, je viens passer les vacances au pays. Je vais te montrer le journal 20 minutes gratuit, des photos du train RER serré-serré, et de la salle de la réunion mitine-gué.
On se verra sous l’arbre à palabres, au village.
A l’ombre, parce qu’au soleil, on se fatigue vite, comme ceux qui ont deux téléphones………….. »

mercredi 14 avril 2010

Le trafic est perturbé



Brèves et dépêches. Nouvel Obs v 3.0, 14 avril 2030. Édition du matin.

Bip.
Ceci est un message publicitaire invisible. Merci de l’avoir absorbé inconsciemment (article L-1548, loi du 7/7/2027).
Suite à la grève du dernier conducteur de rame de métro, le trafic est arrêté sur la ligne 2. Mais il redémarrera dans deux jours. NB : Le dernier conducteur est atteint de polyarthrite rhumatoïde et a promis à sa direction de partir en retraite dans quelques semaines.(source RATPP®)
Les caméras de surveillance sont si nombreuses qu’il faut un ordinateur, filmé par une caméra pilotée par ordinateur pour interpréter les données.
Le salaire moyen par habitant du Tiers Monde représente trois minutes de location pour une nuit d’une du Majestrique Royale® à Cacannes.
Le virus de la grippe FF est foudroyant, mais le vaccin est désormais payable en 24 mensualités, dont le taux d’intérêt est encadré à hauteur de 37% maximum (sans garantie, taux variable)
Le tout nouvel I-Brain © s’est vendu à 2 exemplaires, hier.
Bip.
Ceci est un message publicitaire invisible. Merci de l’avoir absorbé inconsciemment (article L-1548, loi du 7/7/2027).
Les ruines du Vatican ® seront visitables dans six mois.
Les troupes d’occupation américaines en Iran ont dû revenir en catastrophe, l’armée irakienne ayant attaqué des postes-frontière.
Des FVD Floue-Raie © « collectors » d’émissions de la chaîne qui a disparu depuis 5 ans, TF1, seront offerts pour l’achat de 6 bouteilles de Coca Péro ©.
La retraite à 77 ans est assez peu contestée par les syndicats, mais une manifestation en fauteuil roulant est bien prévue autour de la Place de la Bastille ce samedi.
Le maire de Paris-Saint Germain-Créteil, John De Gaulle veut interdire la prostitution itinérante dite «à Vélib » sans préservatif qui sévit désormais dans les squares.
L’ouragan-gel-douche Parlhâ a frappé la Lorraine, mais les navires de secours de l’ONU-nush ® ont pu accoster à Lens et Aix-en-Provence.
Haïti commémore (un peu en retard certes) le 20 ème anniversaire du séisme qui avait dévasté Port au Prince. Un plan de reconstruction est en cours de rédaction (mais la version finale est encore un « draft »).
La Chine du Nord vient de signer un traité avec la Chine de l’Ouest. La Chine du Sud, vexée, vient de cesser toute relation diplomatique avec la chic Corée Unie.
Bip. Bip. Bip.

mardi 13 avril 2010

The iron man



Hier, j’ai dîné avec un sémillant collègue anglo-saxon qui m’a expliqué qu’il était assez sportif et qu’il pratiquait « one iron man » chaque année. Ce garçon ayant une alliance et moyennement peu l’air d’un pervers pépère qui voudrait s’accoupler avec des statues en métal, je lui ai demandé de préciser un peu …
Définition : « L'Ironman est le plus long format de triathlon. Les compétitions Ironman sont des courses consistant à enchaîner 3,8 km de natation, 180 km de cyclisme puis un marathon (42,195 km) en course à pied. »
Chers amis, là je dis bravo.En tant que parisien, il y a des jours où même rouler 3,8 km en voiture dans notre vieille cité -et surtout autour- me semble une victoire olympique.
Mais alors, enchaîner de telles performances, m’apparaît au-delà du galactique. Penchons-nous sur des épreuves différentes, démocratiques, non réservées aux demi-dieux qui peuvent faire une Guerre de Troie par trimestre.
Je lis que les grands champions du vrai « iron man » mettent 8 heures vingt minutes, alors allons-y, créons un premier défi. En TGV un aller retour Paris- Marseille, avec plein d’arrêts au milieu et un gosse qui braille, la mère au téléphone portable qui parle fort et le frère de cinq ans qui court dans le couloir en se cognant à tous les sièges, et l’on devrait sans bouger, enchaîner la lecture du « Voyage au bout le Nuit », l’écriture de son CV en basque et boire 3,8 bouteilles de vin rosé, sans glaçons, non AOC. Ce qui serait une autre forme de « tri-haletons », qu’on appellerait «the ironic man », par exemple. NB : étrangler la mère des bambins est disqualifiant.
Autre idée : « the pipotron man ». Enchaîner la vente aboutie d’un saucisson géant (mais sans remise) à un taliban, d’un DVD des meilleurs moments du Hellfest à Christine B., et de l’intérêt de la téléréalité aux membres du Collège de France.
Ah, oui : « the étron man », l’homme politique qui aura le plus vite et le mieux enchaîné la trahison -à pied ou à vélo ou en nageant- de ses promesses, de ses amis et des règles de base qui évitent le procès pour abus de biens sociaux.
Enfin, « the citron man », triple épreuve qui consiste à successivement boire un litre de jus de citron, entendre une craie qui griffe un tableau noir avec du polystyrène frotté qui fait zwouii zwouii et arriver le matin sur le quai du RER A en lisant train annulé suite à un mouvement social, le tout SANS grimacer, ni sourciller.

Ceci dit, je doute que tout cela intéresse mon collègue anglo-saxon.

lundi 12 avril 2010

Fire


Encore en meeting all day ...
encore un clavier qwertyuiop !

En attendant, une jolie photo d'IZIS

http://fr.wikipedia.org/wiki/Izis

dimanche 11 avril 2010

Aujourd'hui pas de chronique


Je travaille, alors juste une belle image.

and I live by the river !

samedi 10 avril 2010

Un grand concert



Vu hier soir FEMI KUTI et son orchestre en concert à Saint-Germain en Laye.

Ce fut excellentissime et très fort.

Ses musiciens sont virtuoses, souriants, beaux comme le sont les blacks.
Ils le regardent tout le temps avec grande déférence, alors qu'il fait des grands gestes vers eux , s'agite et se tord, tel un chef d'orchestre qui aurait avalé une ligne électrique haute tension.
Car c'est bien à plusieurs milliers de volts que cet homme doit fonctionner, mais il sait alterner le chaud et le tiède, le cool et le rapide, la sourdine et l'huile bouillante.
Quel talent,là devant nous.
L'indicateur de charisme est dans le rouge, les aiguilles bloquées vers la droite.
Il est sur scène avec 1 batteur, 1 percu, 1 bassiste, 1 guitariste, 1 clavier, 5 cuivres et trois choristes danseuses qui font une sarabande façon ventilateur pendant les 2 heures du concert.
Quelle big bande !
La température dans la salle passe à 30 degrés en dix minutes et, même à Saint Germain en Laye, le public est chaud comme une pierre laissée au soleil de Lagos entre midi et deux.
La musique est puissante, elle vous prend à l'estomac, il n'y a aucune concession faite et en même temps c'est festif, dansant et brillant comme une trompette astiquée de frais.
Femi Kuti est très intelligent, sa présence est celle d'un tribun, il scrute la foule d'un air parfois narquois, parfois interrogateur, ou nous prend à témoin de ses couplets où les mots "politician", "Africa", "fight", ou brothers and sisters" reviennent souvent.
Mais on le croit sur paroles, c'est un résistant cet homme, il se bat à coups de saxophones contres les généraux au pouvoir , la corruption, la bêtise et les coups de matraque.
Son père en faisait autant, toute sa famille est une épine dans le pied des généraux qui gouvernent son pays.
Si Jean Moulin avait eu le sens du groove et un orgue Hammond, si Malraux avait chanté ses discours avec des choristes qui secouent leur popotin, il se seraient appelés Femi Kuti and the Positive Force.

Respect Mister Femi.

http://www.myspace.com/femikuti

vendredi 9 avril 2010

Salut aux lecteurs de mon blog


En ce vendredi, il fait beau, le ciel est bleu.
Le cœur léger, je me dis qu'il faut quand même nourrir ce blog.
J'ai juste rédigé un bout de nouvelle pour mon projet de recueil de textes "rock", mon autre projet d'écriture.
Je salue avec amitié, respect et le sourire ceux qui lisent ce site régulièrement, par à-coups, par accident, par hasard et par Jupiter.

A très bientôt !

PS : pour info, je double "en miroir" tous les textes de ce blog en les publiant aussi sur le site du NOUVEL OBS, lequel blog est LUI équipé de la fonction "statistiques".
Bilan fin mars : 608 "visiteurs uniques" et déjà 466 au 8 avril inclus. Not bad !

jeudi 8 avril 2010

La nouvelle de science-fiction la plus banale jamais écrite



Encore une fusée moyenne qui s’envolait, comme cela avait été logiquement planifié, vers les étoiles. Le très normal commandant John Smith et son équipage sans histoire partaient (en soupirant légèrement, mais pas trop) pour une autre mission de routine. Le décollage fut très bien, sans souci à noter.
Ils atterrirent sans heurts sur la planète inconnue qu’ils recherchaient, à la seconde, à l’heure et au jour prévus.
Les extraterrestres étaient normalement hostiles, ils furent classiquement abattus.
Les commandos embarqués les tuèrent méthodiquement sans pour autant s’amuser, ils eurent quelques blessés comme cela était prévu dans les statistiques, blessés correctement abîmés mais sans excès, qui furent confiés au médecin de bord blasé qui en avait vu d’autres, depuis 35 ans qu’il faisait ce métier.
La planète fut baptisée X-142, sans effort d’imagination, elle contenait sans surprise les minerais usuels mais guère précieux, des forêts ennuyeuses peuplées de quelques végétaux inconnus mais pas révolutionnaires, ainsi que deux océans mornes, battus par des vents moyens.
Un hiver, trois étés, deux pôles, quatre continents : pas de quoi se relever la nuit. Deux lunes pâles brillaient dans un ciel nocturne sans oiseaux, ni chauve-souris. La mission était accomplie, point final.
Une fois encore.
Personne n’aurait de nouvelle médaille, juste quelques points de retraite de plus, calculés comme il se doit, par la mutuelle des pensions standardisées pour astronautes syndiqués.
Après une semaine et pas plus, John Smith signa sans enthousiasme le formulaire autorisé pour le rapport de mission, rempli (sans fautes) par son lieutenant effacé, Jean Dupont, puis photocopié en deux exemplaires pour archivage par leur mince et discrète secrétaire de bord, Maria Dos Santos. Erik Larsen, le pâle chef mécanicien annonça que les moteurs étaient révisés comme il est écrit dans le manuel d’entretien.
Ils pouvaient commencer le compte à rebours pour le voyage de retour vers la Terre. Tout le monde embarqua dans la fusée, juste à l’heure ; La mission était pliée, finie, emballée ; « Tick in the box », eut dit Klaus Schmitt, le radio de bord aux habitudes huilées comme un engrenage de coucou suisse.
Ils suivirent les procédures règlementaires. Le redécollage fut bien exécuté et la trajectoire de retour exactement programmée.
Mais, en fin de trajectoire d’approche l’ordinateur de bord signala simplement que la Terre n’était plus là, un bête accident nucléaire l’ayant effacée du registre gris des planètes référencées.

John Smith demanda calmement que l’on fît cap sur X-141.

mercredi 7 avril 2010

Rendez-vous chez les frères inconnus



Petit, écoute-moi. La nuit est belle et le feu crépite. Ce ragoût de caïman rouge était bon. Je vais te conter mon aventure à Paris. Oui, Paris. Des français blancs et un noir de là-bas sont venus chez nous. Me parler, parlementer. Après un si long voyage, c’était une preuve de grande motivation. Ils avaient l’air un peu tristes, alors, j’ai cédé à leur requête.
Ils voulaient m’inviter pour fabriquer une cérémonie rituelle de la tribu Télévision, tu sais la boîte qui bouge à l’intérieur, que l’on voit partout quand on va à Saint-Georges de l’Oyapock, faire nos papiers et acheter du tabac.
Je connais bien les blancs, tu sais, j’ai vécu parmi eux pendant un mois. En plus, on est un peu catholiques pour faire plaisir aux bonnes sœurs du village voisin. Je sais lire, j’ai aussi des livres sans images.
Alors, pour faire comme j’ai promis, je me suis mis en route avec l’un d’entre eux, chargé de m’aider à traverser la mer. On a pris la pirogue, le camion et après deux jours, on s’est approché du dernier sentier pour le départ vers Paris. J’ai vu Cayenne, c’était grand et cela m’intéressait, j’ai ri en voyant les voitures, elles sont comme des lézards qui bougent très vite… mais nous sommes restés très peu de temps.
Mon nouvel ami de la tribu des Télévisions m’a amené prendre la grande machine à voler, et j’étais furieux, car je pensais que l’on allait prendre un grand navire, beau comme dans le livre de Mobidikke, celui qu’on regarde tous les deux, le soir. J’ai vu le terrain de cérémonies qu’ils utilisent pour le grand envol, et je ne l’ai pas aimé du tout. Le sol est tué, recouvert d’une longue coulée de pierre grise, avec des traits jaunes dessus. Le bruit est si fort que tu crois que des esprits mauvais t’arrachent le cœur, mais en fait personne ne s’en formalise, alors j’ai fait semblant, moi aussi.
Tu sais, je connais un peu les Blancs, alors j’ai dit à mon ami de me donner un mélange qui fatigue beaucoup. Ils ont de grands remèdes qui frappent le corps. J’ai croqué la poudre d’os pilés qu’il m’a passé, c’était amer. Je n’ai pas vu le trajet. Arrivé à Paris, j’ai eu peur, la pierre grise est partout sur le sol, les voitures sont comme des fourmis qui sortent de chaque point de l’horizon, le bruit est strident.
Une odeur d’œufs de grenouille jaune pourris règne.
J’ai fait bonne figure et serré mon talisman chaque heure en récitant une prière. Après, j’ai fait comme ils ont dit, j’ai revêtu leurs ornements, j’ai fait mine d’apprécier leurs rites, j’ai beaucoup ri dans leurs voitures, nous avons vu des maisons immenses, les grands palais de la tribu des Télévisions, qui a le pouvoir là-bas, qui est comme la prière pour les bonnes sœurs d’ici. A la fin, ils m’aimaient bien, ils pleuraient et voulaient tous m’envoyer de l’émail. Pourquoi ? Je ne sais pas. J’ai dit « oui-oui ».
Je suis rentré. Ouf. Les sauvages, tu sais il ne faut pas les contredire. Me voilà de retour, petit. Et tu sais quoi, pendant que nous parlons, ils vivent toujours de la même façon. Drôle, non

mardi 6 avril 2010

Si j'ose dire....



Bon ! Pour continuer dans l’élan printanier que la nature nous insuffle, je vais vous parler avec candeur des films X.
De façon à ne heurter aucun public, aucun censeur, je ne mettrai que des allusions et pour tenter de déclencher votre bonne humeur, et je rajouterai la mention « si j’ose dire » qui sera symbolisée par le petit rappel suivant : (SJD), comme la petite cloche qui vous disait de tourner les pages dans vos livres avec K7 quand vous étiez petits, rappel donc apposé après chaque terme ou expression qui prête à glissement du sens (SJD), ou allusion tendancieuse.
Tout d’abord, les messieurs. On évitera de les nommer acteurs, car leur performance dans cette branche (SJD) est assez physique et ils font peu usage de dialogue. Doués d’une durabilité exceptionnelle, d’un jeu solide, et, tels des Bordeaux 1961 d’une longueur en bouche (SJD) surprenante sans oublier une capacité à retarder le final de chaque scène, ils n’apparaissent pas non plus comme étant des phares de la pensée contemporaine. Quelques vedettes ont percé (SJD), mais aucun n’est membre (SJD) de l’académie des Oscars.
Les dames : toujours disponibles, pleines de hauts et de bas (SJD), en grandes formes (SJD), pourvues d’un enthousiasme sonore et d’une énergie folle, un esprit ouvert (SJD), jamais une trace de jalousie, nulle envie d’aller faire du shopping ou de s’étendre (SJD) sur des rumeurs, et par ailleurs, toujours rasées de frais (SJD) depuis les années 80 à nos jours. La tendance est clairement à la coupe très dégagée, voire totalement lisse, c’est bien aisé chez l’esthéticien pour que la cire coule (SJD).
La minceur du scénario est proportionnelle à l’épaisseur (SJD) des acteurs, leur capacité à fusionner (SJD) dans les scènes où l’on passe de deux à plusieurs. C’est mieux qu’à la Comédie Française, on peut même dire qu’ils prennent Racine (SJD). Le décor varie peu : maison de maître (SJD), écuries où des étalons (SJD) s’ébattent, hôtels de luxe, voire de temps à autre une campagne riante où une couverture aux couleurs vives sera jetée sur le gazon (SJD) et enfin bateau à voile, voire à vapeur (SJD).
Il est vrai que le cadre du navire, branlant (SJD) sur la houle donne aux films X cette dimension qui les rapproche du théâtre classique : unité de lieu, unité de temps, unité d’action (SJD).
Et bien sûr, la musique. Indispensable, tout comme dans nos ascenseurs et parfois si injustement décriée ! Ces petits morceaux (SJD) instrumentaux, lancinants, entêtants, dans lesquels ressort (SJD) cet orgue un peu assourdi, mêlé (SJD) à des rythmes tropicaux et assourdis et à une basse régulière, comme un métronome.
En résumé, un genre assez peu varié mais profond (SJD), sans surprise, qui détend (SJD) peuplé de marronniers (SJD). Pas de quoi fouetter un chat (SJD).

lundi 5 avril 2010

Overdose de ballon rond



Je ne sais pas si c’est à cause de Pâques, de son cortège d’œufs en chocolat sur fond d’ecclésiastiques aigris, dépassés et faux-cul, ou du brusque surgissement des feuilles sur les arbres mais je tenais à vous dire que je n ‘en peux plus de l’incessante litanie du sport numéro un dans le monde et les médias (ou vice versa ?). Il fallait que ce soit exprimé ! Oui ! Ras-le-bol de ces multiplex radiophoniques deux ou trois fois par semaine qui vous font zapper immédiatement à mille mégahertz de France-Info parce qu’un hurlement vous signale que Le Mans a égalisé contre Auxerre.
Non mais ! Des villes où (sauf accident) je ne mettrai jamais les pieds et dont la seule évocation me laisse de pierre, alors là, que Diop ait fait une tête pour tromper la vigilance de Diawara, sous l’œil étonné de Dragouzevic et l’air hagard Da Silva, non, non, non !
Ce n’est jamais jamais fini, car outre la première division qui dure onze mois et vingt deux jours par an, on doit subir non pas une, mais deux Coupes de France (venez, dribblez, marquez et expliquez-moi !) et oui, aah, on est content, les amateurs de Skrofully-sur-Tatignac ont battu Saint-Etienne, car Niang a tiré un pénalty pour tromper la vigilance de Dos Santos, sous l’œil hagard de Ben Zadine et l’air étonné de Ritawszky. Evitons, tels des écueils dangereux, les méandres des résultats de Ligue 2… 3 et jusqu’à 12, répertoriées par des appellations que même les experts ont du mal à mémoriser.
Et je ne vous parle pas des incompréhensibles huit ou neuf coupes d’Europe avec des poules préliminaires interminables, avec deux matches à chaque tour au début des épreuves (soit dix mois et demi l’an) dont l’un de Lille (ouaiis) contre le Train-à-Vapeur Olympique de Ztorsk, puis Montpellier (oooh) et ses bennes à ordures contre Ankara Quartiers-Sud, et à la fin, dites-moi si je me trompe, mais ce sont toujours les mêmes clubs anglais ou espagnols qui gagnent. Je m’en tape, je m’en cogne, tout ceci m’indiffère !
Au secours, je n’en veux plus, appuyez sur la touche « suppr. », laissez-moi dire « oui » et enfoncer la touche « enter » avec force et rage, à la question « êtes-vous sûr ? » pour un effacement à tout jamais de ces sempiternelles et renouvelables compétitions ! Programmateurs radios et TV, pitié, graciez-nous, épargnez-nous enfin de ces litanies incessantes de résultats et d’enjeux étrangers…. Je me sens incapable d’être en faveur ou contre d’une ville précise, vu qu’il y a un paquet de crétins partout, mais surtout des quartiers, des restaus et des ballades très sympas dans tous les coins du globe.
Il est clair que la dernière chose que j’irais visiter à Ankara, Ztorsk voire Montpellier ou Skrofully-sur-Tatignac, c’est bien leur satané stade, sauf s’il est utilisé pour un concert, un barbecue géant ou la célébration finale, mixte, joyeuse et libératrice de l’éradication aboutie de toute compétition de leur football.

dimanche 4 avril 2010

Diagnostic d'urgence du contrôle technique pour Cathomobile usagée



Pour que ce véhicule (millésime 00, 2000 ans d'âge) évite la casse :

Changer les soupapes

Purger le carburateur allemand (pièces polonaises mieux adaptées)

Vider les ordures du garage italien

Eloigner les enfants des pédales (frein, braquemart)

Recoudre la foi ouvrante

Réviser et traduire le mode d'emploi (éviter le latin)

Remettre de l'essence divine

Vidanger l'huile rance de bénitier

Remplacer les quatre pneus de la papamobile

Laisser conduire les jeunes

Sortir de l'impasse du Vatican


Regardez le camion Musulmercedes, plein de soldats, avec son moteur à explosion, mais encore en état de monter les côtes, l'Autocaratorah diesel avec des méchants assis au fond, mais vraiment increvable, et le tranquille minibus Volkswagen Bouddah-cool.

Bref, la grosse Cathopel Crossa a besoin d'un sérieux travail de fond.

samedi 3 avril 2010

Ultima necat



Mort.
Étouffé.
Probablement par une simple cacahuète qui a provoqué sa fin. On a retrouvé le corps du PDG des Laboratoires Squith-Recheka, dans son bureau, au sommet de la tour qui abrite leur siège social. Pour être précis, le dernier bureau occupé par l’unique et ultime employé du groupe. Le reste des bureaux de la tour étant sous-loués à des sociétés de service informatique qui y ont aménagé de vastes locaux sécurisés, désinfectés et occupés par des serveurs informatiques.
John-Paul Zebrani avait cinquante-deux ans et avait conduit avec succès la politique « d’outsourcing final » demandée par les principaux actionnaires, le fonds de pension Nau-Soul Double Digit (49%) et des banques chinoises anonymes (25%).En effet, le groupe pharmaceutique avait délocalisé l’ensemble de ses usines au Mali et en Corée du Nord, réputés pour la maigre paie des pauvres ouvriers non syndiqués qui y peinent quatorze heures par jour, et son centre de recherche aux Iles Taks-fri.

Furent brillamment confiées à divers sous-traitants l’intégralité des fonctions, occupées précédemment par des salariés « en propre » de l’entreprise. Toute la stratégie et le marketing sont sous-traités au centre de formation des consultants juniors et bègues du cabinet Kourbature and Jolitor.
Les services financiers sont gérés par une association d’anciens alcooliques atteints de la maladie de Parkinson en République Tchèque (NB : ce qui leur fait gagner beaucoup d’argent, car les factures des fournisseurs servent de combustible pour chauffer leurs locaux aux vitres brisées et les délais de paiement sont les plus longs de l’industrie, source Reutaire ®).
La DRH, un temps transformée en centre d’appels aléatoires, situé à Varsovie auprès d’opérateurs sourds et muets, fut rapidement liquidée, faute d’employés !
Les forces de vente aussi se trouvèrent « outsourcées » en un tour fort habile, confiées en parallèle aux commerciaux de brosses à dents et de papier peint vert moutarde (qui de fait, visitaient aussi les pharmaciens et les médecins, alors, tant qu’à faire…).De plus, pour toute relation avec cette entreprise, on trouvait la réponse à… vraiment toutes les questions et plus encore sur le méga méga site Internet des laboratoires Squith-Recheka, site couplé avec une loterie géante au profit de la guérison du VIH et du cancer, sans oublier un tirage au sort quotidien pour gagner des brosses à dents, ou l’option de pouvoir choisir « online » un coloris vert moutarde pour décorer les murs d’un cabinet médical .
J.P. Zebrani se retrouva donc le dernier employé du groupe, et fêtait tout seul, ce soir là, l’aboutissement de sa stratégie d’outsourcing final. S’étranglant, il avait essayé d’appeler la sécurité du bâtiment, mais elle avait été délocalisée par son prédécesseur, le call center étant à Oulan-Bator, l’opérateur ne connaissant pas la traduction du mot « cacahuète » de toutes façons…

vendredi 2 avril 2010

Points de vue, images du monstre



L’infirmier du SAMU.

On nous a appelés en urgence. Il était six heures, six heures et quart du matin.
On est arrivés très vite, il n’y avait pas d’embouteillages à cette heure là.
On fonce, on arrive à la réception de l’hôtel. La suite VIP, au dernier étage, nous dit le concierge et il était tout pâle.
La chambre était dans un état indescriptible. Des bouteilles, des fringues, des cendriers pleins et des tas de trucs cassés un peu partout.
Mais lui, il était là, au milieu du grand lit, nu, blanc voire même un peu gris déjà.
On lui a fait une piquouze pour le réveiller, mais rien du tout. On est passé à l’oxygène, aux accessoires de réanimation et il a un peu bougé.
Ouh là, j’ai dit à Raymond qui était avec moi, il est pas clair ce type, il a tout mélangé cette nuit. Regarde les emballages des cachets ! Vite, on l’emmène à l’hosto.
Raymond a dit oui, et aussi que son fils avait tous les disques du gars, là, tout blanc et tout maigre qu’on venait de poser sur la civière.

La groupie.

Après le concert, on avait encore bu et fumé beaucoup. Les autres musiciens avaient tous disparu, avec des copines, des filles et encore des fans.
Direct.
Il était au moins cinq heures du mat’. Il fallait aller se coucher maintenant, il m’avait dit qu’il avait un show à la télé dans l’après-midi. Le lendemain.
Je suis monté dans sa chambre avec Lola, et on a encore fumé et pris quelques cachets.
Mais Lola est allée vomir dans les toilettes et elle s’est endormie.
Direct…
Moi, je pensais qu’il allait se montrer coquin, mais il est tombé raide sur le pieu.
Allez, allez, je disais, montre moi que tu es le plus wild !
Je me suis inquiétée quand j’ai vu que son bras était bleu et quand j’ai entendu une sorte de grognement.
Ça va pas ? Que je lui ai fait, et puis j’ai appelé la réception.
Direct.

Le chauffeur de limousine.

Oui, c’est bien moi qui l’ai reconduit du Pink Pink vers l’hôtel chicosse-quatre-ou-cinq étoiles, celui qui est tout près de la rue de Rivoli. Ils avaient fait une bamboula d’enfer dans un restau juste avant. Vers Chatelet, je l’avais déposé, lui et ses poulettes à 23 heures quinze, et oui, on est tous allés au Pink Pink trois heures après. Enfin, pas moi, j’attendais dehors ; On ne boit jamais, nous les chauffeurs.
On devait être sept voitures, en tout… des limos comme la mienne ; Un ou deux musikos dans chaque voiture, plus quelques filles bien réparties, des parasites comme souvent et un type de la Télé ; J’ai oublié son nom. Il fait une émission sur France chose.
Oui, ils avaient l’air bien allumés. Ça chantait, ça gloussait, et votre type n’avait pas l’air fatigué à ce moment là, si vous voyez ce que je veux dire ! Des drogues ?
Je ne sais pas, vous êtes marrants vous, on ne regarde pas trop les clients dans le rétroviseur vous savez, et moi je suis un type qui essaie de se faire discret.
Ce sera tout ? Parce que, moi j’ai une course à faire, un type à aller chercher à Roissy dans une heure.

Menu sans susurrer



(Servi aux journalistes par le Maréchal-Président)

Entrées :
Confidences sur canapé
Rumeur du jour
Des pêches fraîches
Gratin de Finnois
Anguilles sous roche

Plats sans résistance :
Bavette taillée
Coulis de colonnes
Museau de presse muselée
Bars, sauce Centrale
Rascasse les dents
Canard sans plume
Viande hachée, sur lit de Sang Surprise
Mains grillées

Vins :
Graves
Groupe de pressions
Anjou Feu
Saumur de Prison

Fromages :
Gruyère et trous
Bleus partout

Desserts :
Bonnes poires
Mystères amers
6 troncs pressés

Café : très serré, ou Liber-thé à l’amende

jeudi 1 avril 2010

Le pneu crevé et le jet privé



Un ministre prit l’avion, dans le cuir et la soie,
Et dans l’usine on vire, on crève les pneumatiques…
Plus de cent mille euros pour un voyage pratique ?
De quoi payer un homme, une centaine de mois.

Allez en Tunisie, dit-on aux ouvriers
Et pour 300 dinars, vous bossez même la nuit,
« Deux cent soixante euros », cela a fait du bruit !
Un salaire de misère, la raison humiliée.

A ce prix… on a juste, deux boudins pour 4X4
Deux trois petits kebabs, un maillon chez Rolex ?
La colère est bouillante, et la démarche vexe.

Un ministre prit l’avion, dans le cuir et la soie,
Des hommes sont jetés, licenciés, révoltés.
Que vit-on à la fin ? L’homme d’état souriait !