samedi 26 février 2011

De jolies bottes, et si brillantes avec ça !



Une question suffocante se pose de façon aiguë ici et maintenant. Les régimes, disons pudiquement, non démocratiques : doit-on continuer, avec leurs dignitaires autoproclamés, à dialoguer hypocritement, commercer sans relâche et serrer longuement leur louche ensanglantée sur le perron de l’Elysée ? 
Prendre l’avion bleu blanc rouge tout rempli d’industriels intéressés et faire le guignol devant des régiments fanfarons alignés sur un tarmac venteux, avant d’aller présider un banquet (même pas bon) plein de dignitaires à l’air sévère et la tête coiffée d’une toque en peau de zébu.
Pas fastoche, les amis ! Nos gouvernants lèvent les mains paumes tournées vers le ciel et leurs yeux larmoyants et semblent nous dire : « A l’export nous ne sommes pas au top, alors si on arrête le business avec 60% de l’humanité, qui va acquérir nos réacteurs et nos véhicules blindés légers, hein ? » Certains de ces abominables viennent de sauter comme bouchon secoué, et il semblerait que l’effet domino continue à jouer. Ha ! Quand le tyran oriental est balayé par sa rue, l’attitude change, les grands « amis » d’hier sont décriés. « Je l’ai toujours dit, ce type était un gouvernant très méchant, je le pensais si fort que c’en était évident ! ». La tente de bédouin plantée par KhaKhadafou ? Un détail, puisqu’on vous dit qu’il nous a consenti une remise de dix centimes d’euro par baril de brut ! S’écroulent des régimes pourris mais qui nous ont si bien nourris…. Alors serrent les fesses tous ceux qui se sont fait payer des nuits d’hôtel étoilées, de jolis tours en jet privé, la visite des Pyramides, et qui ont payé cash et pas cher une jolie maison de vacance au soleil dans une résidence privée dont l’ensemble des propriétaires a pour point commun d’avoir le numéro de portable du Commandeur Suprême dans leur répertoire. 
Et les Chinois ? Vous savez, un jour ou l’autre ils seront en bonne voie vers la démocratie et en attendant ils peuvent déjà nous acheter des avions et des usines de nounours synthétiques qui rendent aux bébés la peau rouge comme leur drapeau, mais juste un peu, ça se soigne très très bien. 
Spoutine ? Pas pareil ! Vous ne comprenez rien ! Si vous ne lui parlez pas correctement, il pourrait se fâcher, et là…Quoi ? Hé bien, on aurait peur !
Et les rois d’Afrique, qui pillent leurs pays avec frénésie ? Vous insinuez que la francophonie pourrait être gâchée par une cacophonie ? Là, on frise la faute de goût diplomatique ; si Gbongo 3 possède deux hôtels particuliers à Passy et quelques dizaines de chevaux de course en Normandie, vous savez, je vous rappelle que le droit de propriété est quelque chose d’inaliénable. 
Et ça, c’est ce qui s’appelle s'arc-bouter pour la défense des vrais Droits de l’Homme.

mercredi 23 février 2011

Game over, tripes au lit



Les émeutiers secouaient les grilles du Palais. Une foule ivre de colère allait tout dévaster sur son passage, probablement briser et brûler beaucoup de choses. Les pauvres.
Quelques fantassins de sa garde rapprochée (encore fidèles) tiraient leurs dernières cartouches, sachant qu’ils allaient être taillés en pièces quoiqu’il arrive. Le tumulte s’amplifiait  Il l’entendait de son vaste QG de secours, fut-il à quinze mètres sous terre. 
Ah, on en avait électrifié des opposants dans ce sous-sol, au début du moins, avant de sous-traiter tout ça à des spécialistes bien entraînés. Il était même venu quelque fois mettre la main à l’interrupteur, dans les années 70. A l’époque, il était mince et abattait encore des prisonniers pour son plaisir. Ces derniers mois, il n’avait guère eu de temps pour s’amuser, à courir sans cesse les entrevues avec ses chers « partenaires » chefs d’Etat et tous ces intermédiaires fatigants qui voulaient chipoter sur ses commissions.

Il fallait faire vite maintenant, courir dans le tunnel qui passait sous le grand  boulevard qui portait le nom de son père, amorcer les détonateurs pour le feu d’artifice final qui retarderait les recherches et enfin ressortir par le discret bâtiment qui abritait à seulement trois cent cinquante mètres un hélicoptère compact et un pilote palestinien, tous les deux faits d’acier et parés à décoller avec lui à bord, direction… 

Il se hâtait de mettre tous les documents et codes nécessaires pour récupérer des fonds bien sécurisés… au pays du chocolat et dans des îles inexpugnables, dans cette fine mallette aux au logo d’un grand couturier français, souvenir d’une visite d’Etat charmante, à Paris, il y a seulement trois ans. Vite. Des cris. Du verre brisé. Une explosion retentit au rez-de chaussée. Son ancien bureau d’apparat et toutes les salles de réception avaient été minés. Quelques insurgés avaient gagné une entrevue avec la mort, à défaut d’apercevoir leur ancien chef suprême. Il rit de bon cœur et avala un autre quart de Lexomil avec un verre de whisky.
Le régime de terreur et la poigne de fer qu’il avait réussi à maintenir depuis quelques décennies tombaient en une sanglante charpie, tout s’écroulait brusquement par pans entiers et tout cela sentait plus le sapin que la rose. 
Le peuple servile, autrefois courbé et craintif avait enfin compris qu’il pouvait tout balayer. La chape de peur patiemment construite, à coup d’emprisonnements arbitraires, de torture à forte publicité et de délation bien rémunérée, elle aussi se trouvait mise à bas. Exactement comme ces statues dorées le représentant montrant l’horizon, plantées à presque tous les carrefours du pays. Cela avait pris cinq semaines entières d’émeutes et de combats de rue. Une montée graduelle, de plus en plus rapide, comme un poulain qui titube en naissant et puis galope peu de temps plus tard. 
Ses apparitions publiques menaçantes ou paternalistes n’avaient rien calmé de la frénésie de liberté qui s’était emparée de toute une nation. Enfin, pour l’essentiel des hommes de moins de vingt ans, millions de chômeurs sans autre espoir qu’une place honteuse sur un bateau d’exil affamé vers le Nord.  Les gaz lacrymogènes au début, les balles réelles ensuite et les mitraillages de civils par des hélicoptères de combat… tout cela n’avait guère effrayé les milliers de manifestants, n’ayant au fond plus rien à perdre.
Ses anciens amis, dirigeants du monde occidental dit « libre », lui avaient tourné le dos aussi vite qu’ils avaient autrefois accouru sur le perron de leurs palais présidentiels, lorsqu’il venait signer de juteux contrats d’armement. Le Roi Daoud, qui l’avait un jour appelé « mon petit frère d’islam » ne répondait pas davantage, même sur la ligne satellite sécurisée. Les autres dirigeants du continent étaient davantage préoccupés par la sauvegarde de leurs trônes et de leurs prébendes que de tendre une main secourable à l’un des leurs.
Après moi, le déluge ? Pensa-t-il en abattant froidement son dernier garde du corps et en réglant la minuterie des puissants explosifs sur huit minutes. Son chiffre porte bonheur.

Il se mit à courir dans le tunnel après avoir refermé une porte blindée. Il s’imagina déjà entrain d’enlever les bandages et quel nouveau visage il aurait. Allez, il allait se mettre au rami, à la philatélie, voire au golf ? 

Il aurait vraiment beaucoup de temps devant lui, désormais.

lundi 21 février 2011

Ahmed et le pot au lait



Depuis trente ans déjà, n’ayant pas pu voter,
Le pays frissonnait, enlevait ses menottes.
Ahmed voyait la rue qui mit à bouger,
le régime sans cœur allait payer ses fautes.
Barricades, incendies, le peuple était en feu,
Policiers matraquant, répression puissance deux.
Les jeunes furent courageux, les méchants pourchassés,
Bientôt, au bout du quai, le dictateur partait.
Sergents donnant des fleurs et prisons qui s’écroulent,
Interviews dans la joie et jolis bains de foule.

Enfin de balayer revint le temps réel,
Se remettre au boulot, après tout ce bordel.
Les soldats, crosses en l’air, demeuraient souriants
(De la démocratie s’étant portés garants)
Élections dans sept ans ? En attendant macache
Un gradé à l’écran maintenait sa moustache…

Ahmed était fort triste, il appela Rachid,
Dont le pays voisin avait occis le prince,
Révolution idem, débouchant sur le vide,
Où de noirs religieux avaient serré les pinces !
-      « Mais quoi (lui dit Ahmed), tu as au moins du pain,
La télé extra-plate, une voiture, des trains ? »
-      « Même pas lui dit Rachid, et toi tes colonels,
De l’injustice criante ont-ils coupé les ailes ? »
-      « Hélas non mon ami, avant c’était à piles,
Désormais équipés, ils torturent à la file,
Chez toi c’est au Coran et chez nous c’est gégène
Au moins le vieux tyran, il nous laissait la laine,
Les nouveaux gouvernants, sous couvert démocrate,
Nous tondent jusqu’au trognon et se graissent les pattes.
L’ancien était maudit, nous l’avons fait partir,
Les nouveaux sont malins, car ils savent séduire.
A l’ONU ils paradent, ils ont des subventions,
Pour toi et moi il reste… pauvreté, soumission. »

Moralité :
Le peuple est trop naïf, il fait brûler les pneus, il est cible des balles.
A la fin de l’histoire, il ne récolte…que dalle !    

vendredi 18 février 2011

Siège 10E



Air France, ce n’est pas la transe. 

Dans le vol du soir, Paris-Lisbonne de retour après un voyage « d’affaires », 48 heures de course, je suis fatigué, entassé, compressé et je déteste tout le monde a priori. La chef hôtesse, qui semble avoir autant d’heures de vol qu’un Latécoère qui a bien connu le postérieur de Guynemer ou Mermoz  distribue un ridicule sandwich sous cellophane aux affamés de la classe économique. Arrosé d’un Perrier de 25 cl ou d’une mignonnette d’un vin sans appellation contrôlable et cela ne calme l’appétit de personne. Ma voisine, siège 10F, lit un guide de Paris en portugais. Elle est déjà O Louvre. Celle de gauche, 10D, regarde sur son I-Phone un film de ces vampires actuels pâlichons adolescents qui ne consomment ni chair, ni Cognac.10 C, homme 65 ans et grosses lunettes  lit avec passion un article en couleurs sur les préparatifs détaillés du futur mariage des ridicules princes britons, ceux dont la face pleine de dents ornera la plupart des mugs à thé produits dans les 6 mois à venir.10 B dort, c’est un vieux bonhomme avec des gros sourcils. 10A doit être un financier, ou un consultant il a gardé cravate et veste grise à fines rayures, il tripote son Blackberry avec ardeur. 10 E (c’est moi) n’a rien à lire et fait la tronche. 10 E (c’est moi) hait 9C, car il a chopé Libé ET le Figaro ET Le Monde Et l’Equipe. Et pour les autres qui embarquent en dernier, macache et journaux en allemand ? 9C a relevé les manches de sa coûteuse chemise, il porte une grasse montre en métal genre Rolex au poignet droit, il a une moue dégoûtée et une lippe proéminente. Il m’énerve particulièrement celui-là. 9B lit un livre épais, c’est un universitaire ? 9A mesure au moins 1m90, il dort déjà mais son crâne dépasse largement du haut du siège. Il doit avoir les genoux vrillés ; dans les Airbus du peuple, au-delà d’un mètre 70, c’est un martyre pour les gambettes en éco’, croyez-moi. 9F, dame avec coussin gonflable autour du cou, incline son siège avec force. 10F fait la tronche, mais elle est O Museu des Invalides. 9F écoute de la musique sur son mp3, je me tortille mais n’arrive pas à lire le titre du morceau. 9D est une femme, je vois juste ses cheveux, poivre et sel, elle bouge beaucoup. 9 E personne, j’ai de la chance, pas d’inclinaison fatale qui réduirait l’espace vital de façon dramatique pour 10 E (c’est moi).10B ronfle légèrement. 
Madame 8 E, 35 ans l’air fatigué, se retourne, car sa fille de 12 ans, 8D est partie aux toilettes et une turbulence secoue l’appareil. 8D revient en courant des toilettes, je me dis qu’elle est moche. 10F est à Torre Eiffel. 9C lit Libé, le salaud. 10 E (c’est moi) ne lit rien et s’ennuie. 
9B toujours plongé son épais bouquin.10A sort son I-pad avec ostentation et le caresse en prenant un air concentré. 2000 de technologie pour faire sauter avec son index un petit bonhomme au dessus de tonneaux ? La tête de 9A s’affaisse, il essaie de trouver une position confortable pour dormir. Cherche, mon pote ! 10C attaque les mots fléchés, 10 E (c’est moi) plisse les yeux mais ne peut lire les lettres qu’il trace d’un air appliqué. En 10D, le film avance, le vampire héros a la tête de Robert Smith tout pâle avec les cheveux courts, l’air « vachement » mélancolique et est toujours torse nu, mais pourquoi donc ? C’est ça, 9C, lis le Monde, pendant que je n’ai que le magazine pourri et déjà bien écorné de la compagnie aérienne qui me propose d’aller à Mexico (mais ce n’est pas le moment !) ou dans un monastère  coupé du monde en Chine, entre deux pubs pour Chanel number Five et des montres à 10.000 euros. 10F regarde la rubrique « où manger à Pariche ? ». L’atterrissage est proche. 
Les vampires de 10D ont fini leur historiette, les garçons sont encore torse nu et tout le monde l’air encore plus mélancolique. 9F relève son siège. 8 E coiffe 8F (son autre fille, 10 ans ?  mais moins moche que sa sœur). 9A et 10B se réveillent. C’est le pompon, 9C sort un I-Phone ET un Blackberry, qu’il allume et ils font bip-bip en chœur, car ce naze a des messages. 10F a tout lu sur Pariche, même la rubrique des endroits « a evitar » (j’ai vu vite fait que Les Halles dans sa liste noire), elle ferme son guide. 10C a l’air de stresser, because son sudoku n’est pas terminé et nous sommes arrivés.
22h 08.Dix minutes pour nous ouvrir la porte, dix minutes pour  sortir du zinc. Coup de chance,  accès direct en passerelle, pas de transfert au Terminal 2D sardiné contre 23C, D et F avec 28C qui braille pour un biberon et 17A qui hurle au téléphone qu’ « elle est à Roissy, là ! » dans un bus qui pue le gasoil et avance lentement parmi les lumières pâles qui éclairent un tarmac désolé .
Dix minutes pour attraper un taxi qui accepte les cartes de crédit. A la maison une heure après.
10F, vous devriez prendre les Bateaux Mouche.
10C finira son sudoku à la maison.
J’espère que 9C a retrouvé sa BMW avec l’autoradio en moins ou deux pneus crevés dans le parking gelé du terminal de béton, qui résonne du bruit de pas des derniers voyageurs agacés.      

Détour de manège



Il termine, en se brûlant presque, le café qu’il a ramené de la cantine. Il file récupérer un document à l’imprimante partagée. Puis, il se dépêche d’envoyer un dernier mail, d’éteindre son ordinateur portable qu’il enfourne dans la sacoche pleine de câbles. Il ferme sa vieille mallette de cuir noir qui déborde de rapports reliés et épais. Il attrape son écharpe et passe son manteau gris, tout en sortant de son bureau en trombe, il fait un vague signe de main à un collègue occupé. Le taxi est en bas, le standard a déjà appelé deux fois Pour dire qu’il était depuis à quatorze heures précises, comme demandé. Il descend en courant par l’escalier, c’est plus rapide, passe devant l’accueil, salue la petite dame, sort et s’engouffre à l’arrière d’un break gris argent. « Bonjour. Vite, à Roissy, hmm, Terminal… attendez,  je regarde mon billet… oui, 2 D, comme, diable, ha, ha, ha. Allez. ». Et déjà, il s’empare de son téléphone portable, lit en travers les trois sms reçus, compose un numéro stocké en mémoire et se met à feuilleter son petit calepin corné, qu’il extrait d’un geste de sa poche de veston. Il griffonne et rature quelques indications, des chiffres à ne pas oublier et deux autres rendez-vous pressés à ne pas oublier. Dès qu’il se reconnectera, il mettra en copie…

Il lève les yeux. Ce n’est pas la route qui mène à Roissy ? Il ne reconnaît pas le chemin familier, la triste banlieue nord qu’on traverse sans la voir, le Stade de France que l’on jauge au passage, ni ces alignements d’hôtels standardisés. « Mais, vous passez par où, Monsieur ? » Demande-t-il au chauffeur, dont il remarque brusquement les grands yeux noirs, vraiment très noirs, dans le rétroviseur. Pas de réponse. Il veut rajouter quelque chose, mais aucun son ne sort de sa bouche. Il tente de changer de position et se sent comme collé au siège par une force brute, supérieure. Il veut tendre le bras, mais sa main gauche sans force lâche le téléphone qui chute, au ralenti. La main droite laisse échapper le calepin qui rebondit tout doucement sur le siège avant de disparaître à ses pieds glacés, qui pèsent des tonnes. Il remarque, impuissant, cloué comme un papillon que la voiture prend de la vitesse dans un tunnel à la fois sombre et lumineux, qui prend une pente descendante de plus en plus marquée. 
Les ampoules crues et oranges sur les murs passent trop vite, ressemblant  à des comètes éblouissantes. Le rétroviseur qui reflète le visage effrayant  de son chauffeur a quadruplé de taille, les yeux noirs sont brillants, les pupilles qui le fixent, énormes. Pas de bouche.
« Please allow me to introduce myself… », murmure une voix douce qui résonne dans sa tête en stéréo, à volume maximal.

mardi 15 février 2011

L'année du Mexique



Un peu de parler vrai. L’année du Mexique, je m’en tamponne la conque. Vraiment très fort. J’achète déjà de la bière Corona, je mange parfois des tacos et des aztèques hachés, cela me suffit pour le moment. Pas de piments, non merci. 
Si je comprends un peu ce que je lis dans la presse, ce pays est un bouillonnement de catastrophes illégales, un cyclone de corruption généralisé et un cimetière sanglant des droits de l’homme. Que diable allons-nous faire dans cette galère ? 
Du point de vue purement « culturel », pourquoi ce soudain zoom forcené, cette frénésie capricieuse, ce délire officiel ? Je n’ai rien contre ces braves gens, mais je demande juste à entendre parler d’autres choses, bon sang !…  Au Ministère de la Culture, qu’ont-ils prévu de formidablement dispendieux pour illustrer en grande pompe cette thématique qui n’amuse qu’eux ? Quelle est cette mode bizarre de « l’année de… » ? Pas d’autres priorités apparemment ? J’ai d’autres propositions plus humoristiques et presque aussi absurdes que : 

« L’année des rayons X », organisée par le Trésor Public au sujet du décorticage chirurgical des revenus et du patrimoine de tous les élus et de leurs partis.

« L’année de la tonte », l’ISF est doublé et reversé directement dans le déficit de l’assurance maladie. Taxe spéciale sur les 4X4, prime à la casse-toi pour évadés fiscaux qui deviennent interdits de séjour. Le bouclier fiscal est remisé aux Invalides, à côté de celui de François Premier.

« L’année de la propreté propre », toute industrie (y compris les « industries » …agricoles) qui enfreint les normes de pollution voit les amendes légales triplées et les fermetures immédiates de sites non qualifiés. L’amiante religieuse coûte un bras à ceux qui en ont tapissé des ateliers et des usines.

« L’année des SDF », à la fin de laquelle, il n’y en a plus un seul dans la rue.

Et allez ! «L’année sans PV de stationnement pour les particuliers », « L’année où le SMIC passe à 3000 euros » et « l’année sans année de quelque chose ».

Non, allez, cela suffit, j’ai dû prendre trop de champignons hallucinogènes dans mon verre de Tequila. Hips. Crotte pour « l’année du Mexique » dont tout le monde se contre-tape, à part Monoprix et Carrefour qui vont faire des animations commerciales sur les chips au maïs, le guacamole  et les sombreros pour se déguiser pour Mardi Gras.

lundi 14 février 2011

Qu'un saint vaille autant



Si vous ne savez pas que le 14 février, il faut consommer plus pour aimer plus, envoyer des cœurs à tout va, inviter qui de droit au restaurant, prévoir un voyage à Venise  ou acheter des babioles… c’est que vous habitez dans une grotte profonde et avez fait vœu d’isolement en ne mangeant que des marrons crus et des déjections d’écureuils, perché sur un pied et vêtu d’une pauvre tunique pleine de trous. NB : Le vrai Valentin lui, aurait vécu au IIIème siècle et bien sûr fut martyrisé, sûrement de façon bien sanglante, sinon la tradition n’aurait pas été respectée. Quand on disait : « je vous ouvre son cœur », en ces temps de glaives et de lions, c’était au sens propre et par Zeus, on savait rigoler !
Pour revenir à la Saint-Valentin made in 2011, c’est bien comme Halloween, Noël, Pâques, les vacances scolaires, la prime à la casse, le nouvel I-chose et le super à la pompe : allez-y, sortez les chèques, faites couiner les cartes bleues et trébucher les espèces. Vous êtes les fameux « ménages », les citoyens lambda, votre moral n’est plus en berne, de fait vous avez devoir de faire fonctionner l’économie. Profiter de l’amour, pourquoi pas, mais aimer le profit, sûrement aussi. Et ça, 365/365.
Ceci dit, rendez-vous compte, une partie non négligeable de l’humanité n’a pas notre chance et ce privilège de penser à la bagatelle ou à l’emballage cadeau du présent pour son amoureux (se). Finis ton assiette petit, penses à ceux qui n’ont rien dedans (ou s’en servent comme d’un projectile contre le Grand Dirigeant et ses milices, le grand homme qui a libéré le pays il y a 30 ans mais a oublié de rendre les clés par la même occasion)
 Une pensée pour tous les pays où les femmes sont cachées par des rideaux et traitées avec autant de déférence que des objets ménagers usuels.
Je t’aime, chérie, mais quoi tu ne dis rien ? Et pourquoi il est écrit Pepsi Cola sur ton voile ? Merde, j’étais en train de parler à un parasol !
Moi je suis sûr que Valentin, Zeus et les prophètes de tous bords avec ou sans barbe, ils savaient parler à leurs copines avec gentillesse et leur faire des cadeaux attentionnés. Et pas seulement une journée par an, d’où leur réussite et le culte à leur égard qui s’ensuivit.
CQFD.  

vendredi 11 février 2011

La question



Il est classique d’interroger quelqu’un sur le thème « Et vous, cher ami, quelle question poseriez-vous à Dieu, en arrivant au ciel ? ». Alors là, je dis stop, trop facile, mou du genou, porte de sortie, eau tiède, fadaises et simplification rassurante.

Pour commencer, pourquoi ce cliché tenace du bon vieillard barbu, en tenue blanche façon HP, qui vous attend gentiment flouté en haut d’un grand escalier céleste, nimbé d’une masse nuageuse garantie 100% coton ? D’abord, vous allez faire la queue, et pas qu’un peu ! Devant vous 37 irakiens qui viennent de croiser une voiture piégée en allant au marché, 2 soldats US fraichement relevés de leur poste en Afghanistan par une mine, 289 cardiaques, 159 accidentés de la route, 55.4 mineurs chinois et j’en passe. C’est long, le barbu est bavard avec chacun d’entre eux. Puis c’est enfin à votre tour, et… à ce moment précis, vous vous réveillez.

Et puis donc, pourquoi pas plutôt un environnement instable et terrifiant ? Façon David Lynch en pire et comme dans ces cauchemars qu’il est impossible de verbaliser, sur fond de musique industrielle-allemande-progressive des 70’s passée à l’envers et en boucle, volume 11. Vous arrivez épuisé en haut de l’escalier abrupt et sanglant dont les proportions sont illogiques et dérangeantes, comme dans les dessins d’Escher. Une porte s’ouvre, une horrible créature est devant vous, qui a toutes les réponses. Bip, bip fait votre réveil. Il est 07h01 et merde, vous avez un meeting de 4 heures ce matin avec des auditeurs financiers du QG de New York, suite à l’affaire des factures oubliées dans une poubelle à Bratislava.

Ou alors, l’escalier descend, descend, il fait de plus en plus chaud. Les lumières rouges et noires deviennent très prononcées, aveuglantes. Un portail gigantesque se dresse devant vous, il s’ouvre très lentement en grondant dans un fracas, euh, d’enfer. Un peut bonhomme cornu vous déclare «  Et voici les réponses à tout ce que tu as toujours voulu connaître ! Commençons par la signification révélée des termes ERREUR 404… » Votre voisin vous donne soudain un coup de coude et murmure : » Fais gaffe, tu as commencé à ronfler et là c’est le CEO Monde qui vient de faire une blague sur les employés français après le déjeuner ! »
Autre hypothèse, peut être, un grand tunnel, la formidable lumière blanche, des anges merveilleux et beaux vous tiennent par la main en souriant. Vous volez, débarrassé de toute pesanteur vers un endroit fabuleux et vous demandez à ces braves êtres épris de bonté : » Alors, qui c’était le Masque de Fer ? ». Pas de chance, ils parlent néerlandais et vous ouvrez brusquement des yeux douloureux. Le jour se lève au Novotel d’Avignon Sud, vous regrettez amèrement d’avoir tenu 3heures 45 assis sur un tabouret de fer pendant cette pièce imbitable du Festival IN et l’absorption d’un volume excessif de ce médiocre rosé de Provence, dont vous avez abusé au dîner.

Ou alors, alors… oui ! C’est LE grand moment de vérité, vous entrez dans une salle à manger éclairée à la bougie, alors que résonne Massive Attack. Face à vous, une longue table où trônent Allah, Jéhovah, Bouddha, Odin, Thor, Bélénos et Zeus et une brochette de divinités à la menthe. « Quelle est ta question, fils ? » vous demande Bacchus, légèrement ivre. « Alors, je voudrais savoir pourquoi les tartines, quand elles tombent… » Et puis ils enlèvent tous leurs masques, c’est votre anniversaire, ou bien la caméra invisible, ou le taxi s’est trompé de restaurant.
Enfin, mon avis sur le sujet.
Vous êtes enfin débranché, votre numéro de sécu commence par moins 1, adios amigos, les pissenlits vous montrent leur racine en vous souhaitant bon appétit et en route vers la joie.
Vous montez, un peu essoufflé. En fait le grand escalier n’est pas si haut, les nuages sont un peu gris, il n’y a pas une file de types raides morts ou désagréables. Côté musique, un léger murmure, façon FIP un dimanche matin. Vous ouvrez la porte, pour trouver qui va pouvoir répondre à toutes ces interrogations existentielles et infinies. Vous tournez la poignée.
Devant vous, un grand miroir.
Vous riez.