vendredi 30 avril 2010

Que devient ?



Que se passe-t-il dans les grands bureaux vides,
Quand le busy navire arrive enfin à quai,
Quand la nuit du repos éteint les imprimantes ?
Madame du Sénégal se rêve-t-elle en princesse
Assise, impératrice, dans un fauteuil qui tourne,
Imitant les costumes foncés qu’elle croise sans un bruit,
Pointant l’index en l’air et prenant la voix grave,
Dictant courrier urgent à son chariot à brosses
D’où dépasse tout son staff de balais et de seaux ?
Que devient l’escalator agile,
La porte coulissante qui n’est plus une battante,
L’ascenseur au chômage du trente-sixième dessous ?
Comment résonnent les pas du vieux gardien de nuit,
Dans le hall affecté, déjà désinfecté ?
Et la cantine solitaire est-elle une aire de film noir,
Sans ses néons, ses bruits et ses bouffées-vapeurs ?
Que devient cet endroit sans vivant survivant ?
Mais que regardent donc les caméras cyclopes,
Gravant des kilomètres de bandes stockées dans des armoires ?
C’est le temps des fantômes furtifs et des vents du passé,
Légions de licenciés, cohortes d’ex-employés
Dont les mânes virevoltent, parmi les néons verts,
Indiquant la sortie, qui est la même pour tous.

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