mardi 30 juin 2009

Les tricheurs


J'avais participé au concours "Parigramme- Je vous écris de Paris-".
Il s'agissait d'imaginer.... une lettre , n'excédant pas 1500 signes,... à un correspondant imaginaire... touus les sujets étaient possibles, pourvu qu'ils soient en rapport étroit avec Paris...

Dont acte.
Je participe (voir mon texte ci-après).
C'est très difficile, 1500 signes. Il faut résumer, couper, choisir, être concis et direct.
J'attends.
J'ouvre un jour Télérama et vois la proclamation des résultants, incluant la publication de la lettre gagnante.
Je lis.
je lis et je relis.

LA LETTRE PRIMEE FAIT ENVIRON 3200 SIGNES ! (plus du double autorisé)

Pinaise !
J'écris alors à l'éditeur, et je vous laisse lire la réponse que l'on me fit, digne du plus fourbe des perses et du plus tordu des mollahs au pouvoir à Téheran !
Deux points, ouvrez les guillemets :

"Bonjour,

Le concours Télérama-Parigramme « Je vous écris de Paris » a suscité beaucoup de réponses. Parmi elles, peu tenaient compte des indications de longueur, raison pour laquelle il nous aurait semblé stupide d’éliminer d’entrée la plupart des lettres au motif qu’elles dépassaient les 1 500 signes. A contrario, les textes plus longs n’ont pas bénéficié d’une faveur particulière. Nous avons tout simplement essayé de distinguer les meilleures contributions, qu’elles soient brèves ou plus développées.
Cordialement.
Marianne P.-B.

"

Exceptionnel, non ?
Et quand les idiots décreteront que la moyenne au bac c'est 5/20, ils leur donneront la mention en prime ?

Voici mon texte (je n'ai pas gagné, et là n'est pas le problème !)

Le 27 juin 2009,

Cher Monsieur Didecan,

Salutations de Paris à mon ancien professeur de Français, seule personne qui puisse apprécier ce qui m’est arrivé.
Hier soir, j’ai dîné avec des amis, puis bu quelques verres jusque fort tard dans le Quartier Latin.
A cinq heures du matin, un peu gris mais non ivre, je rentrai à pied chez moi. Rue de l’Ancienne Comédie, devant le Procope, (le plus vieux café-restaurant de la capitale, datant de 1680), on m’interpella avec courtoisie.
Face à moi se tenait Voltaire. Il n’eut pas besoin de se présenter. J’ai su que c’était lui. Le ton était clair et la présence vivante. J’ai engagé le dialogue avec lui.
Point effrayé, car si fantôme il faut croiser, autant tomber sur quelqu’un de bien.
Nous avons marché un peu. Rue Dauphine, puis vers le Pont Neuf. Il connaissait bien ces lieux.
Il m’a posé des questions sur Paris en 2009, qu’il vient parfois revisiter mais toujours la nuit, ayant un peu peur des voitures. Les Vélibs l’intriguent, il trouve très moderne la Pyramide du Louvre, adore Beaubourg et ses grands tuyaux multicolores ou se perd dans la BNF. Des magasins de vêtements à son nom : il est ravi.
L’aube approchait. Après être passés Quai Mitterrand, nous avons retraversé le Pont Royal (« Pourquoi pas de la République ? » dit-il). Je voulus lui montrer la plaque du Quai … Voltaire, mais il disparut. Rentré chez moi, je décidai de vous écrire sur le champ.
Lors d’une prochaine sortie nocturne, je passerai devant la Comédie Française.
Bien à vous,
JV

1499 signes

lundi 29 juin 2009

Iggy Pop


Iggy Pop est un revenant, un zombie, un mutant.
Il saute encore, il a 62 ans.
Il a failli défunter 36 fois, a vu la grande lumière blanche de près et ce n'était pas le hall d'attente du fisc.
Il est crevassé de partout, il a bu plus d'alcool que tous les marins pêcheurs de Douarnenez réunis, sniffé plus de coke et d'héroïne que les créatifs de toutes les agences de pub parisiennes depuis 10 ans. (je ne dis pas que c'est bien !)
Il rocke, il roxe, il rolle.
Il s'agite, bouge, torse nu, osseux, les côtes apparentes.
Il est dingue, mais il n'est pas fou.
Son dernier album date de 2007, c'est du brut, du fort, un verre de tequila au réveil, une pinte d'alcool de poire cul sec en sortant du sauna, un piment vert du Mexique dans le chocolat du matin.
Il fait des concerts encore et encore, il fait aussi partie de musiques de films avec de bien belles chansons lentes et graves.
Mince ! il a fait aussi une ou deux pubs TV, il devait être ivre mort quand son agent lui a fait signer un bout de papier d'escrocs.
Il est laid, en fait, mais il est beau aussi.
Il a fait un album qui s'appelle "The Idiot" et il ne l'est sûrement pas.
Il a écumé les USA , Berlin et Paris aussi.
Il a l'air increvable.

Quand le diable le rappellera par courrier express et recommandé, après une sale overdose, un crabe foudroyant ou un autobus à contre sens, il fera en enfer un concert pas possible, de bienvenue et avec tous ses potes.
Jimmy Hendrix à la guitare , Stevie Ray Vaughan sera là aussi, plus Jon Bonham ET Keith moon cogneront avec fracas (deux batteries, c'est mieux), Sid Vicious convoqué pour la basse car il a appris depuis tout ce temps.
Le son sera énorme, terrifiant, aigu et grave à la fois, vrillant, sonnant, rythmé et entraînant une gesticulation infâme.
Les enceintes mesureront 1000 mètres de haut, fracassant en poudre les squelettes dansants avec des tressautements écoeurants, qui s'approcheront à moins de 12 pieds.
Pour les choeurs avec lui, Kurt Cobain ne sera pas timide mais encore le pistolet à la main, Bon Scott poussera des cris et vomira, tandis que Screamin' Jay Hawkins et le vieux John Lee Hooker (lui entouré de coquettes diablotines) se trémousseront en montrant les dents qu'ils n'ont plus, voletant à deux pieds deux pouces au dessus de la scène enflammée.
Toute la sono et les amplis nucléaires seront sur 11, un niveau qui n'existe pas sur terre.
L'endroit ressemblera à Chicago ou Détroit en 1952, les zombies, les morts vivants et les archanges déchus formeront un public enthousiaste, vociférant.
Une mer de créatures horribles, en décomposition , mais dansant sans arrêt avec culpabilité et émotion, pour rendre hommage à notre bon Iggy, rebaptisé pour l'occasion Hell Master of the Furious Rock, Forever Burning.
Tous les musiciens morts, les chanteurs de rock et de blues disparus, les guitaristes électrocutés et les porteurs de cymbales overdosés auront aussi droit à un petit bout de frénésie de cette gigantesque jam session qui durera 40 jours et 40 nuits.
Le terrible light show ne sera qu'étincelles blanches et dorées, gerbes de foudre inédites, flashes aveuglants et des geysers sortiront du sol aléatoirement tous les 3,27 mètres, projetant en l'air les spectateurs surpris et disloqués à tout jamais, mais tous déjà morts, alors on s'en fout.
On boira du napalm à la goulée, de l'acide sulfurique par les narines et de la chaux vive garnira les beignets aux araignées rouges.
Michael Jackson aura le droit de remplacer la dame pipi. Une goule sans tête, armée d'une faux sanglante, affectée à la vente de pop corn radioactif.
Tout ce tremblement grandiose, malsain et indispensable aura des répercussions abominables sur Terre.
L'Achéron débordera, ainsi que le Rhin, l'Amazone et le Yang-Tsé, le Krakatoa entrera en une éruption incroyable sortira une colonne de fumée de 67 kilomètres de haut, l'ouragan Johannite ta mère ravagera le Texas, sans oublier la Louisiane et le Mississipi. Un tsunami géant aplatira la moitié de l'Asie du Sud Est, et une nouvelle sorte de grippe-coqueluche inédite fera une apparition glaçante et universelle.
Sur tous les PC du monde entier, figés dans la glace noire d'un blocage perpétuel contaminés par un virus inacceptable, intraitable, un seul message en rouge vif sur fond noir métal = ERREUR 666 !
Wall Street plongera dans le chaos et baissera de 99% dans le premier quart d'heure, alors que le Nasdaq, et toutes les bourses mondiales auront fondu avec terreur et plein de caca dans leur pantalon dans l'heure suivante.
La cohorte sanglante des traders suicidés ira directement au dernier rang du concert pré-cité, se faire danser sur les pieds par des vampires borgnes et aux pieds de bouc, mesurant 2 m50 et les empêchant de voir la scène.
En plus, on va leur crever les tympans.

Iggy Pop est un type bien, mais je lui souhaite longue vie.

samedi 27 juin 2009

48



C'est mon anniversaire.
Il fait beau.
Des coups de fil et des messages très agréables.
Des oublis.
Cave canem.
Penser positif.
Alea jacta est.
Une femme et mes deux garçons que j'aime.
Quelques bons amis.
Cum laude.
De bien jolis cadeaux.
L'esprit rock and roll pour toujours.
Environ quarante ans devant soi.
Un nouveau poste avec une chance sur cinq.
Mais, encore 27 ans à bosser, oui ou non ?
48 c'est deux fois 24.
Tempus fugit.
Je m'en tape VRAIMENT du king of pop qui est dead (ou c'est le king of dop qui est ped ?)
Ce soir , un dîner charmant en perspective.
Quand j'aurai 50 chroniques pas trop mal, je ferai un recueil bien re-travaillé et en papier tout joli et relié.
Il y a du boulot, donc.
Vacances en Toscane dans 1 mois.
Ultima necat.
Merci à ceux qui me lisent.

:-)

vendredi 26 juin 2009

Les prénoms


Encore une bonne question à se poser.
Pourquoi les prénoms sont-ils un curieux attribut à géométrie variable pour les célebrités ?
Certains prénoms sont bien connus, d'autres absolument pas. Pourquoi ?

D'abord, il y a les patronymes pour lesquels prénom+ nom sont collés et se prononcent d'un trait.
Exemples :
Miquejaguère ( Mick Jagger)
Viktorugau (Victor Hugo)
Arlèmedézir (Harlem Désir)

Il y a aussi les noms de scène ou de guerre ou de plume ou de plume de guerre qui sont un juste un prénom...
Exemples :
Barbara
Nico (qui s'appelait Christa Päffger en vrai)
Christophe
David et Jonathan (erg ! quand est-ce que tu viens pour les vacances ? attends, là, je crois que ça va pas être possible)

Et , le plus mystérieux, ce sont les noms de famille qui restent comme seul extrait sec d'une identité

Exemples :
Foch aussi "le Maréchal Foch" dans les livres d'histoire (Ferdinand pour les intimes, l'Avenue pour les voitures à Paris)
Joffre, pareil que Foch (Joseph Jacques Césaire, pour ceux qui' l'Aimé bien aux Antilles)
Alzheimer (on ne se rappelle jamais que sa maman l'appela Aloïs avant de tout oublier)
Murphy (inventeur de la loi de... dans le privé Edward Aloysius Murphy Jr.)

Et quid de tous les faiseurs de théorèmes implacables en Maths et en Physique-Chimie ? (Poisson, Euler, Bernoulli, Coulomb, Volt et autres Ampère..).
Ceci dit, ces types ont pourri la vie de génerations de collégiens et lycéens... on ne va pas les tutoyer, quand même !

Exemples:
Hé, Carl Friedrich, une petite mousse ? (ça c'est pour Gauss)
Dis donc Samuel, tu perds pas un peu tes cheveux, ou ton crâne commence à briller sans l'aide d'une ampoule ? (ça c'est pour Earnshaw, dont le théorème de 1842, je vous le rapelle dit qu'un ensemble de charges ponctuelles ne peut être maintenu dans un équilibre stable uniquement par des interactions d'ordre électrostatique entre les charges.On l'utilise couramment pour les champs magnétiques, mais il fut à l'origine étudié pour les cas électrostatiques. Il s'applique en réalité à toute combinaison de forces qui suivent une loi en 1/R au carré : les effets des champs magnétiques, électriques ou gravitationnels.)

Il y a zaussi les initiales qui font tout simplement oublier le reste.
Exemples:
J.M.G. Le Clézio
H.G. Wells
J.K. Rowling
Mais là, les fans savent toujours .

Il y a encore d'autres personnages qui auraient peut être préferé qu'on les oublie dans le Panthèon du souvenir éternel, a posteriori et à souvenir pourri.
Exemples :
Poubelle (prénom Eugène, et il a une rue dans le XVI° à Paris)
Gay (prénom Enola , a fait la bombe au Japon)
Geiger (Johannes Wilhelm, un sacré conteur)

Bon, voilà pour ces quelques considérations. C'est pas du Zola (Emile), c'est pas du Ronsard (Pierre de), encore moins du Platon (heu, nom ou prénom ? Mister Platon Platon ?, Négressa Platon ? Platon Repas?), ni du Socrate (heu idem ? Aristo Socrate ? Socrate Moileudo ?)


Et moi C. Jérôme.

jeudi 25 juin 2009

Les paupières lourdes



Aujourd'hui, encore, j'ai passé un nombre d'heures effrayant "en réunion".
De plus, dans mon boulot, il s'agit de rassemblement où l'on cause anglais. Et on cause anglais et on cause anglais? Plus ou moins bien, d'ailleurs.
C'est "l'Europe", tout le monde parade, vient au "Headquarter", fait semblant de s'apprécier et retourne dans son pays vite fait, via sa compagnie nationale et en se disant le soir " quelle réunion naze, de toutes façons, on fera comme on veut, c'est pas les idiots du Siège qui vont nous apprendre le métier, hein Pablo ?"
Je vous garantis que les français se moquent éperdument des consignes de la direction européenne ou des "best practices" des portugais et que les autrichiens n'en n'ont absolument rien à taper des allemands et des néerlandais. Chacun fait comme il l'entend, et vient juste à la réunion Europe pour garder son job.
Et chacun cause et entame son speech.
Les vrais British, eux, utilisent force expression idiomatiques, cisèlent un vocabulaire choisi et font des petites blagues entre anglo-saxons, que ne comprennent pas les autres. Attention, si vous avez droit à l'irlandais, au gallois ou là l'écossais, accrochez-vous.
Pas de chance, après le déjeuner, c'est une française qui, d'un ton monocorde et les pieds rentrés en "V", débite lentement, très lentement un Powerpoint modèle "Texte dense, Images absentes" (voir mon autre chroniquette à ce sujet)
Mes paupières étaient lourdes, j'en avais mal aux yeux.
Au début, on fait genre : "je me masse les tempes et je ferme les yeux 10 secondes, mais pas plus".
On le refait deux ou trois fois.
Après , on se tortille sur sa chaise.
Encore après, les yeux sont fermés depuis déjà 30 secondes et on pense "je serais si bien sous ma couette, hmmm, hmmm.." et on est réveillé en sursaut par une question de l'italien du groupe qui commence toujours par "but, in Italy, itte ize differente..."
Là, c'est dur, très dur, on a l'impression que le cerveau est englué dans une boue solide.
Les jambes sont raides, la nuques douloureuse, les épaules de travers, bref, un enfer.
Aujourd'hui, j'avoue et parceque c'était un meeting SANS PAUSE AU MILIEU, j'ai fait le très malpoli et suis sorti discrétos de la salle en regardant mon télephone portable avec fureur, comme si je recevais un appel du PDG des USA ou des impôts ou de l'inventeur de Powerpoint lui-même.
J'ai foncé aux toilettes et me suis aspergé d'eau le visage et regagné un niveau de conscience et d'éveil proche de celui de l'amibe ou du cactus.
Mieux qu'avant donc.
Pas de bol, ma cravate s'est trouvée maculée de gouttes.
J'ai regagné la salle de réunion où il faisait 40 degrés, vu que le clim' marche mal, assez discrètement, la veste serrée , l'air toujours courroucé.
Pas de chance, c'est au tour d'une allemande de présenter ses "slides". Elle parlait tout bas et ne regardait que l'écran en nous tournant le dos.
Mes paupières, un instant allégées regagnent leur poids d'avant, voire pire.
Je rame.
Je sue.
Je change de position trois fois par minute.
Le temps passe avec une lenteur proche du zéro absolue.
Les secondes se dilatent, chaque instant devient une éternité.
Je fais un petit sms en douce.Une minute de gagnée.
Mon voisin a aussi les yeux qui chavirent, ainsi que le collègue belge, au fond.
Personne ne se marre.
Fin de la présentation teutonne.
Attaque une américaine survoltée que je ne connais pas (on est 35 dans la salle et l'ordre du jour, je l'ai imprimé pour ne pas venir les mains vides, mais je ne l'ai pas lu. You are kidding ! Et puis quoi encore ?).
Pendant cinq minutes, elle arrive à me réveiller.
Après dix minutes, mes fourbes paupières me lâchent à nouveau.
Et là se produit un phénomène classique d'une réunion en anglais : le "décroché neuronal de traduction", ou DNT.
Explication : je parle assez bien anglais, mais là, je ne COMPRENDS plus un mot.La fonction traduction est inhibée dans mon cerveau, ses dires sont devenus du moltchène.J'entends tout, ne comprends rien. Je lutte juste pour ne pas m'allonger sur la moquette avec ma veste roulée en boule comme oreiller.
On s'en fout, cependant, on aura tous demain un mail avec 10 Mega Octets de fichiers attachés avec tous les Powerpoint qu'on a subis... et vu qu'elle n'attend pas de contradiction à son topo...et ça dure, et ça dure.
Punaise, me dis-je en regardant l'agenda, encore trois orateurs avant la conclusion par le grand chef.
Il va falloir tenir.
Tiens, mon télephone portable ne sonne pas .
Excellent, je l'empoigne et sort pour aller me mettre de l'eau sur le visage.
Mais cette fois, gaffe à la cravate.
Au secours !

mercredi 24 juin 2009

Un texte ressorti du disque dur (2007)


Décibels, italiques et viennoiserie jaune.

Que ce soit à Vienne, tout près du Danube ou à Saint-Malo tout près du mal de mer, j’avais remarqué que le moment précis dans une soirée agitée où l’on se sait emporté dans la spirale verticale ascendante de l’alcool, c’est pile quand on va évacuer le trop-plein pour la deuxième fois, que l’on on tape du pied sur la poubelle sous le lavabo des toilettes pour l’ouvrir sans raison et qu’on la rate de peu. Blink !

Après, on se regarde dans la glace blême tout en se lavant les mains et on ne pense à rien, en fait, car la porte s’ouvre, un autre pisseur rentre dans les WC en impulsant avec son arrivée un appel d’air comprimé et sonore, plein aux as de la musique boum boum, mêlée à la fumée des trois cent quarante deux cigarettes en train de se consumer ; la porte se ferme, elle s’ouvre encore, re musique boum boum et toujours la pâleur de la lumière aux néons dans ces toilettes, avec le papier toujours en fin de rouleau quelle que soit l’heure ;
Ce soir là, une marque de vodka même pas russe sponsorisait une soirée un peu à la mode et beaucoup promotionnelle dans ce grand hôtel quatre étoiles où nous logions tous- mais pas un cinq étoiles, les gars - parce que, you know, il faut faire des économies comme nous l’avait écrit le chief financial officer, depuis son bureau au sommet de la tour du QG où sont les chefs.
Je me glissai dans donc dans ce brouhaha relationnel-impersonnel avec autorité et une facilité cravatée, à la faveur d’un retour tardif de dîner final et séminal de séminaire de ma company-boîte qui nous réunissait encore une fois à coups de présentations sur grand écran plat orné de maints discours, ceux qui piquent les yeux après le déjeuner, vous voyez , au centre ville et loin de l’aéroport dans cette vieille ville bien européenne .
Je n’aime pas Mozart, oui, même quand il était petit, l’opéra m’ennuie mais je me souviens en un flash que le groupe Ultravox avait eu du succès avec une jolie chanson assez grandiloquente qui s’appelait « Vienna ». Bref, c’est tout, à part citer le nom du groupe Franz Ferdinand, ce que je peux dire pour ma défense musicale option rock and roll, monsieur le Procureur autrichien ;

Vision soudaine en entrant dans la salle de bal de l’hôtel : ce décor plein de néons, rouges, martelé par une musique numérique vomie par les mauvais soins d’un aigre DJ qui lui n’avait cure du taux de danseurs sur la piste (ces derniers dodelinant du chef et le regard à l’écoute en razzia 360 degrés, car les oreilles saturaient, je répète).
Pour ce type de DJ en polo noir, pas du tout vieux mais déjà plus jamais jeune, peu rasé et un piercing pointu-métal fiché dans l’arcade sourcilière juste sous la visière de sa casquette urbaine ornée avec un logo inconnu, pas le moindre souci du ressenti musical ou sautillatoire de ses ouailles. Il envoyait valser dans l’atmosphère des morceaux bien trop longs à la signature ignorée de tous et peut être même de lui ;
Toute cette électricité sèche nous tombait dessus par vagues pleines de beeps beeps et nous obligeait très sérieusement à crier trop fort pour dire et redire des banalités franco-américaines. La salle irradiait du sol au plafond, très vaste mais bondée, car pour faire les quinze pas allant du bar aux portes des toilettes il fallait bousculer cent éphèbes et frôler 101 bombes de l’espace aux yeux rimmelés de mépris excessif et de beauté forcément éphémère ;
Les videurs avec leurs cous de taureaux et ce blazer bleu toujours trop étroit surveillaient l’entrée d’un air dégoûté ; Je m’allumais en deux ou trois fois, une cigarette mal barrée mais medium -sauf pour le prix qui reste idem- avec une pochette d’allumettes jaune et souple, prise à la volée un mois avant dans l’un des restaurants dégoulinant de tapas grasses et banales, fourrées au jambon cru de mon dernier congrès à Madrid , dont j’ai oublié le thème, d’ailleurs.
« Pffft ! » dis–je alors sans logique, après avoir cité un couplet de Midnight Oil à mon collègue d’Australie, assez sympa et très souriant (peut être à cause de mon accent, le sourire ?) Les Australiens m’apparaissent toujours bien gentils et dotés d’une ahurissante capacité à descendre leurs verres de bière dans toutes ces réunions made in Europe mais avec le Rest of the world aussi (je l’ai noté, car avec les British, ils restent tout tout tout près du bar jusqu’à la fin, avec moi, le Français agrippé dont l’accent s’améliore nettement passé les minuit trente deux et les deux grammes six.
“You have to say fair’s fair, let’s give it back”, oui ?, donc, et il avait compris, c’est bien, c’est dans le disque.
Des autrichiennes – il y a bien chienne dans autrichienne- arrivaient, se voulant bien habillées façon glamour magazine, mais un peu ratées car à la main un sac plus à la mode du tout ni rue de Rivoli, ni dans le Marais ni même à Berlin et 100% accompagnées par des sbires à carte de crédit, des prétendants sourcilleux, ou des conducteurs arrogants à limousines grises perlées de pluie, bref des mecs plus âgés. Elles surplombaient un instant le tintamarre ambiant d’un postérieur bien ferme ; mince me dis –je elles ont l’air si sûres d’elles , mais quelle tronche elles vont faire au moment de l’accouchement (ha ha ha, en fait, c’est le genre de pensées qu’on a un peu après avoir déjà fait l’aller retour trois fois aux toilettes) ; tout comme ces mecs qui se pavanent, prennent des poses et reprennent des verres, avec un costume clair, une montre en acier, un regard dur et la « clope au bec »… ils font bien caca comme les autres, non ?
Comme le chef de produit italien avait déjà remonté les manches de sa belle chemise à larges rayures et payé sa deuxième tournée, je bus ma vodka citron à la paille en finissant violemment par des frrrt frrrt frrrt de fond de verre bien typiques de quand on boit à la paille et de facto le niveau d’alcool monta d’un cran dans mon crâne chauve ; Heureusement, j’ai piqué une facture froissée et humide qui traînait sur le bar et on pourra passer le tout dans la note de frais, comme le prix du taxi dans lequel je pourrais m’engouffrer dans un quart d’heure si je voulais. Je le devais, d’ailleurs.
La musique kilométrique demeurait donc fondamentalement médiocre, entretenue dans sa recherche de bonheur artificiel seulement par des basses répétitives et des roulements de toms, alors sans surprise, nous nous contentions d’articuler très très distinctement pour faire sembler d’être ensemble.
Demain en réunion, ça va être paupières lourdes et renvois de gasoil, me suis-je dit bêtement, car c’est le genre de jeux de mots qu’on regrette aussitôt, heureusement personne pour me voir à ce moment précis et lui dire une platitude pareille.
Dodo vers trois heures quarante.
Vous auriez vu nos têtes en lisant le journal au petit déjeuner, c’était pas mal…
La réunion recommençait à huit heures trente. Pas de bol, c'est une prez' du Légal ...
J’étais encore un peu gazeux, mais au moins, j’avais pris par réflexe l’aspirine avant de me coucher, comme me l’avait appris il y a plusieurs années-lumière un ami étudiant en médecine qui avait fait son service national et alcoolisé avec moi dans la Marine, nationale et alcoolisée.

lundi 22 juin 2009

L'inspiration


L'inspiration est un mystère.
Exemple : pour écrire un texte...

Parfois, les idées viennent et se bousculent au portillon. Les doigts sur le clavier ne sont pas assez rapides.
Quand on ne tape qu'avec deux index, il est vrai que cela n'aide pas.
J'ai même essayé un logiciel de reconnaissance vocale.
Il faut parler dans un micro, comme si on était un suisse francophone en vacances et ayant avalé une boîte de valium, arrosée par deux martinis et trois ti'punch, en plein soleil, au milieu de la Sierra Nevada.
En plus,on dit, "l'inspiration est un mystère" et cela écrit "l'aspiration est un clystère". Alors, avec mes deux index, je re-corrige.
Donc, quand les idées sont là, une sorte de chaleur, d'urgence s'empare de moi. Le son est coupé, je n'entends rien, seuls le clavier fait son bruit de casserole et de petits ressorts placés sous les touches.
L'astuce pourrait être la suivante : il faut aller vite, car une idée en entraîne une autre. Au boulot, hardi petit.
Et pour être franc, au delà de 45 minutes en créativité consécutive... pfff.
Non.
D'aucuns parleront d'assistance par des êtres supérieurs, barbus ou non, des fées, des elfes, des sorcières, voire de Lucifer (sans compter les deux martinis et les trois ti'punch).
Euh, non.
Il s'agit sûrement de composants bien chimiques qui se la jouent remix, de neurones qui sont en forme, frétillent sous l'occiput de façon ad hoc et sont connectés avec le bon voisin, et de synapses qui font guili guili, le tout avec un bain d'électicité et de gzzz gzzz gzzz, le style infinitésimal au niveau décibels (parce que sinon, faire gzzz gzzz gzzz quand on a une ou deux idées, cela serait gênant pour les voisins et la famille... quoique chez certains, le calme absolu des espace infinis et la reposante atmosphère silencieuse d'une crypte millénaire de leur proximité immédiate confirmerait bien l'absence de son et d'image à l'intérieur de leur Pentium perso et de leur espace mémoire limité à la capacité d'une double disquette.. et encore cinq pouces un quart, vous savez , celles qui étaient souples ?)
Pas de chance, la formule magique n'est toujours pas en vente !

En revanche, il y a des pannes, des blancs, des stops et des pauses.
Le "sur commande" finit souvent par un désistement.
Le trop programmé n'est pas très érotique.
Le planifié tombe à l'eau de boudin.
Le "là j'ai le temps-il fait beau- vas y mon gars écris!" aboutit plus souvent à " là j'ai le temps-il fait beau- je lis Libé en terrasse et je bois un café"

Le but de ma modeste démonstration est le suivant.
Pour créer des chefs d'oeuvre, des livres de 625 pages, le triple album Sandinista, la Vénus de Milo avec des bras, la recette du Brillat Savarin, Night Hawks à la peinture à l'huile, le fuselage du Spitfire et le lit pliant qui ne grince pas la nuit.. hé bien il faut être très très fort.
Respect, donc.
Atteindre des degrés d'inspiration level 12.
Surfer sur une créativité level 25.
Avoir des circuits imprimés du cerveau qui sont Pentium 9 coeurs, l'endurance du lama dans la pampa, la chance du gagnant d'Euromillions ou les diplômes d'un Harvard-X- Les Mines -HEC.
Ou rien de tout cela, et un cerveau qui fait très souvent gzzz gzzz gzzz.
Mais ça , c'est une histoire que Sigmund et les staff de l'Hôpital Sainte-Anne n'ont pas toujours fini de nous raconter .
Voilà, c'étaient mes 30 minutes d'inpsiration, level presque 2 .

PS : la molécule que vous voyez plus haut ? L'aspirine

samedi 20 juin 2009

Corée pulsif


Kim Jong Il est très malade.
Son fils aîné Kim Prout Ol attend dans l'ombre.
Mais le cadet Kim Lékass complote de son côté, sûr de la fidélité de la Garde Mauve.
Plus loin, très loin, l'opposant historique Kim Bah Sin Jer a obtenu le soutien des américains.
Depuis un an, discrètement, le géneral Kim Hin Nell, responsable de l'épuration de 1975, met la touche finale à un missile Kim-Sol-Sol-Kim-Mer-2.
Mais nucléaire , quand même.
Y'a pas de kérosène pour le faire voler.
Mais, bon, c'est quand même un beau missile.
La peinture s'écaille un peu.
Faudra penser à le faire repeindre.
Si quelqu'un trouve de la peinture.
Le grand chambellan Kim Hamb-Hette regarde une vieille K7 VHS de Godzilla en V.O. Non sous-titrée et en plus le son marche pas.
Son service est fini, il digère la choucroute qu'il a engloutie avec l'ambassadeur Russe (Igor Durrin).
Après, ils ont fait un poker, mais c'était pas marrant.
C'est le soir.
Kim Jong Il enlève son masque de Mickey préferé dans sa salle de bains, regarde avec tristesse son visage fatigué et relit le diagnostic de son cancer, écrit par le grand professeur Kim Soua-Gneu.
Il est enfin mort, se dit-il.
Mais, pas le cancer, le professeur, hélas.
Après deux jours de chaise électrique qui marche avec des piles.
Comme il n'y avait plus de piles dans tout le pays, il a fallu prendre la batterie de la Rolls du Grand Guide Suprême de la Lumière et du Progrès infini.
Lui, donc.
Cependant, Kim Prout Ol, son fils aîné se verrait déjà bien à son tour prendre le poste de Lumière de la Science sur son Lit de Gloire glorieuse.
Le boulot de son père, de facto.
Et vite. Il télephone à son ami, Achmed Halor Mollah-çon, dictateur chez les Perses. Ce dernier lui dit :"tiens bon , mon gars, le Vieux, il va claquer, par la barbe de qui tu sais !"
Kim in Hell de son côté, a tout écouté grâce à son matériel espion, bien planqué dans son bunker.Il y mange des saucisses et boit du Fanta interdit, car ses alliés chinois lui en fournissent en douce.
Tout comme ce matériel espion, made in China, mais qui marche pas trop bien , en fait.Il faudra encore trouver des piles pour demain.
"Ah, mais cela ne se passera pas comme ça !" hurle Kim Lé Kass à son état-major au garde à vous.
Il est tard et personne ne rigole, même si Kim Lé Kass a un super gros morceau de ciboulette coincé entre les incisives supérieures.
Il a l'air con.

Le lendemain matin, Kim Jong Il, fait éxecuter 567 opposants pour s'échauffer, puis assiste à un super grand défilé militaire sur l'avenue à son nom, là, juste devant chez lui, dans la capitale de son pays, à lui.

Dans les tribunes, tout miel, tout sourire, ils sont tous là.
Kim Prout Ol et sa femme Germaine sont là, mais bon, ils se font un peu la gueule.
Kim Lé Kass est là, et sa ciboulette dans les dents aussi.
Kim In Hell (mais lui, il défile sur l'avenue, c'est son boulot,non ?)
Kim Hamb-Hette est là, avec son placard de médailles.
Kim Soua-gneu n'est plus là, et pour cause.
Kim Bah Sin Jer s'en fout, il a le soutien des américains.

Les derniers camions, c'est des soldats qui les poussent, parce que y'a plus d'essence.
Mais c'est juste la fin du défilé, les grands yakas sont partis.
Après, il y a un banquet.
Tout le monde s'emmerde.
C'est pas très bon.
Y'a plus de coriandre, ni de viande de boeuf, alors les cuisiniers ont mis du persil tchèque en poudre et les derniers poulets maigres qu'ils ont été capturer à la frontière, avec des pièges et des ficelles.
Le Timonier qui Pilote avec une Main le Vaisseau de la Réussite et de la Joie fait un petit discours.
Pas trop long, il est très malade.
Kim Hamb Hette se souvient des beaux discours d'avant.
Il pleure un peu.
Dans sa poche, un diagnostic plié en huit, signé Kim Soua-Gneu.
Le micro fait un larsen et puis s'éteint.
C'est la fin du repas.
Ouf, on a évité les deux heures de danses folkloriques régionales par les élèves de CM2 de l'Ecole de l'Elite Fraternelle des Jeunes Brigadiers Rouges.
Ils ont des terribles brûlures d'estomac à cause des épinards de la cantine.
Qui étaient tout vert de gris.
Même cuits.
Alors, pas de danse aujourd'hui.
Bon, on se lève, mais pas trop vite.
On va marcher dans le parc après, pour digérer, les mains dans le dos.
On boit un thé encore, vers seize heures.
Y'a plus de thé dans le pays, mais le grand cuisinier Kim Kou-Ke a rusé avec des mauvaises herbes et tout le monde dit :"ah, oui, il est bon ce thé, et puis des biscuits y'en a plus non plus ? mais de toutes façons, j'en voulais pas !"...
Mais Kim Jong Il a des flatulences, alors on décide de regarder une vidéo du défilé de l'an dernier, en mettant le son vachement fort.
La Grande Comète du Jour Serein s'endort sur le canapé, alors tout le monde fait genre : "ouais, j'ai reçu un sms important et je dois m'éclipser, merci pour tout" (sur son faux télephone portable parce que les vrais y'en a plus depuis longtemps) et s'en va discrètement.
Ce soir, il y a foot à la télé.
A la place de la redif du discours du Vieux.
C'est la finale.
Les Cannoniers de Pyong Yang contre les Poings d'Acier de Yang Pong.
Ce qui est rigolo , c'est de voir les joueurs avoir des crampes.
Se rouler par terre.
Y'a plus beaucoup à manger.
Même pour les footeux.
Après on dormira.
Avec le ventre qui fait des drôles de bruit.
En espèrant.
Que la porte ne sera pas ouverte par la Garde Mauve.
A quatre heures du matin.

Bref, encore un journée de passée au pays du Grand Dirigeant Lumineux qui sera notre Aube à Tous.

vendredi 19 juin 2009

Le zéro et l'infini


Un midi, en visite au Salon du Bourget,
Je vis aéroplanes, volutes et ailes delta
Et le ciel était bleu, les nuages bien légers.

Dans la ville adjacente, de pauvres femmes allaient
Toutes de voile vêtues, cachées jusques aux cils
Enfermées en habits, pauvres chenilles de fait.

Et l'Airbus nouveau tournait tel une carpe,
Doucement il virait, tournait et se montrait,
Pilote virtuose, comme joueur de harpe.

Les burqas bien timides, à quelques rues de là,
Entendaient le fracas, les réacteurs sonores,
Et derrière leurs poussettes, voulaient presser le pas.

D'un côté on festoie, on vend et on dépense,
Des milliards s'échangent, le futur est en marche,
De l'autre on est exclus, on ne dit ce qu'on pense.

A deux cent mètres près, là, tout à côté,
La haute technologie, les lasers et les puces
Ici, le Moyen-Age, les femmes enfermées.

Paradoxe évident, mais chacun allait vite,
Les avions décollaient, ils faisaient des loopings,
Les autres rentraient chez elles, au fond de la guérite.

Notre époque est cruelle, rapide et dérisoire,
Les chasseurs décollent et les bombardiers planent,
A deux pas du tarmac, les femmes s'habillent en noir.

jeudi 18 juin 2009

Iran des comptes


Un bref message pour espérer que nos amis iraniens, quitte à en baver et à rester dans le passé, soient plus proches de 1789 que que 1979.
Shah allait mieux avant, non ?

Le langage trahit-il la pensée?


Bac L , session 2009
Philosophie
Le 1er sujet de philo : L’objectivité de l’histoire suppose-t-elle l’impartialité de l’historien?
Le 2ème sujet de philo : Le langage trahit-il la pensée?
L'explication de texte en philo : Schopenhauer, Le monde comme volonté et comme représentation
-------------------------------

2ème sujet;

INTRODUCTION

Je voudrais traiter ce sujet au travers de l'utilisation du logiciel Powerpoint en ce début de XXI ° siècle dans le monde réduit de l'entreprise privée.
«Plus le contenu de pensée est faible, plus le penseur prend d’importance.»(Gilles Deleuze) et je veux ici expliquer l'intersidéral orgueil qui se cache dans l'utilisation systématique de ce logiciel comme unique mode d'expression du déni de la réalité quotidienne. Forme monopolistique de langage dans l'agora capitalistique, Powerpoint brille par ses lumens, non par ses tirades géniales.


PLAN
1/ Le langage comme coquille vide
2/ Au secours au secours au secours
3/Le langage et l'inconscient (mais pas comme : je suis en réunion et j'ai sombré dans l'inconscience)


1/ Le langage comme coquille vide

Le langage est indsipensable à la pensée. "On ne peut penser sans les mots" (Hegel)
Le langage est le véhicule de la pensée..encore faut-il que la pensée soit structurée, pertinente, riche et critique.
Or, le contenu d'un message à faire passer à d'autres êtres humains, enfermés dans la même communauté (appelée "boîte" ou "entreprise")n'est pas à chaque fois structuré, pertinent, riche ni critique.Loin s'en faut.

Il s'agit d'un mode de communication simpliste, fondé une communication à sens unique lors de rassemblements allant de 2 à 2578 salariés, convoqués lors de séances appelées "réunions". Rituel obligatoire et se mesurant à l'aune de la terrible crainte de s'ennuyer ferme pendant ses huit heures quotidiennes de service.
Dans ces réunions, désormais, le débat est secondaire, cédant la place à un excès de déversement langagier appelé "pipotron sur Powerpoint". Au delà des langues, des nations et des métiers, universel par ses codes... il rassure et passe le temps.
La vacuité du contenu est ici entièrement dissimulée par le medium (présentation longue, images, graphiques, ton monocorde, textes denses et illisibles).
"Nous échouons à traduire entièrement ce que notre âme ressent : la pensée demeure incommensurable avec le langage" (Bergson)
Ici , c'est l'absence d'âme absolue qui est traduite en un incommensurable langage, sans fin, ni fond.
Le fin en soi du mode de langage utilisé est l'assoupissement pour le receveur ou la justification pour l'émetteur (je fais un Powerpoint DONC j'existe). De façon mineure, il s'agit aussi de mettre en péril les ressources écologiques de la Terre en imprimant 55 copies non recto verso et en couleur qui seront détruites peu après la brève céremonie de rassemblement.

2/ Au secours au secours au secours

Powerpoint est non seulement une forme de langage en soi, mais aussi un rituel social
«Il existe infiniment plus d'hommes qui acceptent la civilisation en hypocrites que d'hommes vraiment et réellement civilisés.»(Freud)
A cela, il faut ajouter l'hypocrisie quant au fond, mais aussi à la forme : orthographe bâclée, vocabulaire limité, Anglais de boucherie, citations d'auteurs inconnus mais édités chez Harvard Press, images illustratives identiques, copiées d'autres présentations et très naîves, voire reflétant une imagination et une culture très primaires (une Tour Eiffel par ci, une poignée de main par là)
Et , pour citer Kant,«des concepts sans matière sont vides.»
Bon sang, et combien de discussions sans objets, sans matière et sans volonté d'action sont organisées chaque jour dans nos tours de verre et d'acier ?

Ceci dit, là je peux faire intervenir Marx (Groucho, pas Karl) : «Soit cet homme est mort, soit le temps s’est arrété.» Ceci ne trahira aucune vérité et si les montres pouvaient s'user sous les regards, Powerpoint aurait permis à Microsoft d'acquérir Timesque, Lippe, Patouche Philippe, Switch et Ô mégot tout à la fois.
Je dois avouer avoir failli m'endormir plus qu'à mon tour , ... excellente transition avec ma troisième partie, cher correcteur.

3/Le langage et l'inconscient (mais pas comme : je suis en réunion et j'ai sombré dans l'inconscience)

«La clarté ne naît pas de ce qu'on imagine le clair, mais de ce qu'on prend conscience de l'obscur.»(Carl Gustav Jung).
Avec un voile noir devant les paupières, nous nous rendons donc compte en fin de réunion, qu'on vient de nous annoncer que nous allons au mieux devoir réduire tous les budgets de 10%, ou bien peut être que la RH est transférée à Budapest, la compta à Bangalore, les voyages à Internet et à demain, les fournisseurs à Varsovie et au pire être tous virés.
Soyons franc, le langage trahirait bien ici une tentative de pensée, à défaut d'une tentative d'action.
L'action intervient en amont ou en aval du langage Powerpointisé (notion de pouvoir et d'abus de pouvoir qui se passe de la co décision)
Les mots alors sont juste adéquats pour traduire des idées vides ou reçues et devenir des épouvantails contre la peur inconsciente de la mort , qui dans le monde de l'entreprise est symbolisée par le licenciement.

Conclusion

Powerpoint devrait être appelé Pauvre Point.Vecteur simpliste des consignes du pouvoir , des messages pauvres et des décisions mal prises, il ne trahit pas "la pensée" , car cela pré suppose qu'une véritable pensée ait été formulée.
«Ce qui distingue principalement l'ère nouvelle de l'ère ancienne, c'est que le fouet commence à se croire génial.»(Karl Marx)
Comme ces écrans plats toujours plus larges qui ne servent qu'à diffuser une médiocrité toujours plus crasse, les gesticulations Powerpoint des cadres et employés ne sont que les vecteurs d'une trahison du langage compris comme formalisation des Idées.
Quelques mots et un peu d'âme auraient fait tout aussi bien.

NOTE du CORRECTEUR
10/20
Soit ce candidat a 50 ans et s'est camouflé en élève, soit il a 18 ans et son père lui parlait via une oreillette entre deux bureaux, de la Défense.
Ceci dit, j'ai presque souri.

mardi 9 juin 2009

København



Les amis, je suis å Copenhague.
Mon PC portable m'ayant låchememt abandonn€, me voila sur le PC en libre service de l'høtel.Entre deux meetings, et avant le dejeuner rapidos, un petit mot.
Ne riez pas, je me bats avec le clavier qui fait des ø des æ des å et pour qui les accents 0, makache, nada, finito, adios.
Ce matin au petit dejeuner, je fus embarrasse.
Pour le beurre, il y avait du LåTTA, du BUTTO et du Økologik SMØr.
Pas gløp .
Comme je suis rock, j'ai pris le dernier .En plus, une vache sur l'emballage, donc pas de risque en fait et en plus Økologik, alors.Pour le sport, j'ai beurre des Wåså avec et sans les casser. En plus , il y avait du bacon, produit local.

Bon, je n'ai rien visite, mais dans cet høtel les femmes de menage sont chinoises, les blønds ont aussi les sourcils blonds, j'ai bu une Cårlsberg et il y a un groupe d'italiens qui parlent å volume 11.Ce sont des medecins, ils viennent au meme congres que moi. Vont-ils prendre du LåTTA, du BUTTO ou du Smør ?

La nuit tombe vers 23 heures, le jour se leve å 5 heures.Moi aussi, mais komm la kouett est konfortåble, j'ai hyper bien dørmi.Dødø.

J'ai pris des billets dans un Distributør, j'achete une møusse a raser et on m'a rendu une piece de 5 courønnes avec un trou au milieu, lourde et du genre ecu medieval.
Dans la rue, des danois donc. Deux punks avec des trucs dans le pif. Des metrØs en dessous. Un vendeur de kebabs.Un supermarche avec tout un rayon "Økologi". Des velos partout, dont trois avec une remørque integree pour chien petit. Mais pas encore vu de Danois (les chiens).

Voilå pour le møment.
Hå Hå Hå.
Å plus.
Allez, encore une petite rafale
øøøøøØØØØååååÅÅÅÅæææææÆÆÆÆ
hi hi hi

PS du 15 juin : en fait le truc intégré dans les vélos c'est pour mettre les bébés !

samedi 6 juin 2009

O Day


Répétez après moi.

Obama est à Omaha Beach.
Obama est à Omaha Beach.
Obama est à Omaha Beach.
Obama est à Omaha Beach.
Obama est à Omaha Beach.
Obama est à Omaha Beach.
Obama est à Omaha Beach.
Obama est à Omaha Beach.
Obama est à Omaha Beach.
Obama est à Omaha Beach.
Obama est à Omaha Beach.
Obama est à Omaha Beach.
Obama est à Omaha Beach.
Obama est à Omaha Beach.
Obama est à Omaha Beach.
Obama est à Omaha Beach.

PS : Bizarre ...un nain le suit partout.

vendredi 5 juin 2009

Heaume



Alors ce soir, bombardement médiatique oblige, allez-vous regarder "Home", du gars à moustaches qui fait toujours des photos de très haut, de son hélico ?
A la TV, en DVD, sur You Tube, dans ton slip, à la radio, "Home" est partout, ce soir.

Si je puis me permettre d'exprimer un avis : voici quelques notes discordantes au milieu d'un tapage de bonnes intentions, d'un tumulte d'avis similaires, d'une pandémie de bonne conscience instantanée (mais soluble dans l'amnésie collective comme le Nescafé dans l'eau tiède)

Que veut-on nous démontrer ?
Cinq propositions possibles (cherchez l'intrus)

La planète est formidable.
Ho, comme c'est beau les icebergs et les canyons.
PPR est un sponsor merveilleux gentil et fait dans le social pour tous ses salariés.
Méchants, méchants hommes, vous salissez tout.
Attention, on est cuits, c'est la fin dans quelques années.

Avec une musique de fond instrumentale mêlée de cris gutturaux, de choeurs d'adolescents toltèques et de tams-tams du Burundi-moi-quand-ça-finit, on va nous brosser un tableau-mosaïque de jolies-jolies cartes postales mélangeant les volcans, les canyons, les baleines (non, encore !!) et quelques hippopotames survolés par des aigles doux.Sans compter les geysers jaillissants, les champs multicolores plein de couleurs polychromes bariolées, les montagnes neigeuses au soleil couchant qui se lève et tout ce qui est beau de très loin et moins quand on a les fesses dedans (surtout les geysers)
En comparaison, bien sûr des buildings des villes moches et qui sont... moches, des tracteurs qui puent et des forêts rasées comme une touffe d'actrice X, brésilienne ou pas (NB : excusez-moi, là c'est sorti tout seul)

Hé bien moi, je préfère habiter dans une ville bien urbaine, même pas aussi belle qu'un canyon, une avenue bien encombrée pas aussi belle qu'une jungle, un endroit bien achalandé où il n'y a pas de loutres géantes au coin du bois ni de mygales qui chaussent du 39 à chaque carrefour.
Non.
Et puis, quand on prend le TGV, on voit bien qu'il y a encore plein d'endroits vides entre A et B. Lâchez-nous avec la nature et, pitié, ne m'y mutez pas d'office !

Ceal dit, tout ce vilain malheur qui arrive, c'est de votre faute, télespectateurs-consommateurs-pollueurs, et désormais, tels de bons petits scouts verts, nous vous demandons de faire des "gestes" pour la planète. Au choix :
Ne vous lavez plus les dents (trop d'eau qui coule)
Ne prenez plus de bain (quel gâchis !)
Faites Paris-Deauville en Vélib (ou à pied ?)
Mettez votre PC sur veille même quand vous vous en servez.
Ne mettez pas votre TV sur veille même quand vous vous en servez pas.
Ne vous chauffez plus en hiver, et surtout pas de clim' en été.
Ne buvez pas d'alcool, ne fumez pas, ne gravez pas de CD, n'achetez plus de livres.

Modestement, je dis : Démago-kraft nein danke !
Foutus pour foutus, autant rigoler encore un peu.
Les dinosaures, ils ont bien fait la bringue jusqu'au dernier jour, ou l'on m'aurait menti ?

Je tiens juste à faire valoir que, quitte à me présenter plus rapidement que prévu devant la porte de l'Enfer-ou du Purgatoire, si mon dossier a pu être un peu nettoyé et si Voltaire est dans le jury-, bref... au jugement dernier, autant avoir les dents blanches, ne pas sentir le chacal, ne pas avoir des mollets de grand-mère Moltchène et d'éviter de renifler trop fort ou d'être déjà en sueur et enfin de posséder un zeste de culture pour discuter avec les diables ou les anges.

Comme l'a dit Woody Allen, l'éternité ça doit être long, surtout vers la fin.

A vous les ours blancs, à vous les pandas,
38 degrés ? Fièvre du vendredi soir !

jeudi 4 juin 2009

Trois minutes trente de bonheur


Dans la voiture.
Démarrer.
Autoradio "on".
Insérer CD.
Première.
Sélectionner piste 11.
Play.
Volume 48.
Seconde.
Introduction familière.
Couplet qu'on connaît par coeur.
Troisième.
J'entends même plus le moteur.
Refrain chanté à tue-tête.
Couplet suivant.
Je double une mobylette;
Refrain chanté à tue-tête.
Couplet , celui-là,on ne sait plus trop bien les paroles, comme c'est en anglais.
Feu rouge.
Feu vert.
Redémarrer.
Refrain chanté à tue-tête.
Première.
Solo de guitare qui décoiffe.
Refrain chanté à tue-tête.
Seconde.
Couplet qu'on connaît bien mieux.
Refrain chanté à tue-tête.
Deux fois le refrain à la fin.
Roulement de batterie final.
Le public hurle - c'est un live-
Fin du morceau.
Feu rouge.
Sélectionner piste 11.
Play.


A vous Les Clash, à vous les Stones.
37 th Street.

mercredi 3 juin 2009

Chiens de Réservoir


Acte I - Scène 1
Personnages
MR. PINK
MR. BLUE
MR. ORANGE
MR. WHITE
Décor : une terrasse de café. USA fin XX° siècle.
MR. PINK, MR. BLUE et MR. ORANGE sont attablés et un peu avachis.
Ils sont habillés en bleu de travail et en T-shirt blanc. Ils portent une casquette de base-ball vert pomme où est écrit « Windows Cleanos Express »
---
MR. PINK - J’ai mal au crâne. On a forcé sur la vodka, hier soir. Blue, passe-moi une cigarette. T'as pas un cachet ?, toi qui es un peu docteur sur les bords.
MR. BLUE - D'abord, j'ai plus de cigarettes. J'ai arrêté lundi. Tu le sais, tronche de cake. Si je te donne le cachet vert que j'ai dans ma poche, tu vas pas être vraiment bien dans tes baskets. C'est vrai, Pinky, tu as une tête de zombie ce midi !. Déjà que tu as les yeux globuleux… Heureusement que tes oreilles les cachent !
MR. PINK – Pas de clope, pas glop. J'ai la marée qui monte. Les dents du fond qui clapotent. Le système digestif à deux doigts du retour marchandise. Je vais boire encore un café pour essayer de faire une digue. Dans ma tête, ça tourne à Manhattan. Dis-moi, Blue, t’aimes bien les films avec des zombies, toi ?
MR. BLUE – Ah, non! Ni les machins gore. J'en ai plein le béret de ces navets avec des scies sauteuses à longueur de pelloche. Ça pisse l'hémoglobine. Je sursaute toutes les cinq minutes. C'est pas crédible, des trucs aussi méchants.
MR. ORANGE - Bon, les gars, ça va. Arrêtez de faire les chochottes. Quand vous avez arrosé les vigiles hier matin, vous étiez pas figurants dans Cendrillon. Et vos calibres, ils sortent pas de chez Toys ‘R us ?
MR. PINK et MR. BLUE (ensemble) - Là, c'est pas pareil!
Arrive MR. WHITE (même accoutrement, mais il a gardé ses lunettes noires)
Il s’assied avec eux à la table du café. Il commande un Fernet-Branca-Tonic et un verre d’eau plate.
MR. WHITE - Bulletin météo : on écoute et on se tait. Les amis, l'oseille est au frais. Tout est clair, sur toutes les fréquences. Ca court partout, mais pas dans la bonne direction. On a aussi du bol. Niouzes de l'hosto : les deux vigiles n'ont pas passé l'arme à gauche. Le boss avait dit de viser les guibolles et ça porte toujours chance. Les petits veinards. Ils vont être classés monuments nationaux. Nous, on est ennemi public au top du top. Même à Wall Street, on doit avoir une cote à nous, maintenant.
Avec les années de tôle qu'on peut accumuler, à nous quatre, même Ramsès Deux aurait l'air d'un lapin de trois semaines en sortant du bloc numéro neuf !
MR. BLUE - Si et seulement si on évite la chaise électrique ou l'injection de mort aux rats. Je ne sais plus quel est le truc à la mode dans cet État ? Je veux bien faire Sean Penn comme dans « la Dernière Marche » mais à la place de Sarandon, je demande Scarlett Johansson !
MR. WHITE – Il faudrait d'abord qu'ils commencent par nous serrer de près. Pour l'instant, c'est Gangsters 5, FBI 0.
MR. ORANGE - Et Mesdames et Messieurs, c'est pas encore torché. On est juste à la mi-temps. Mais, vu qu'on décolle dans quatre heures direction la salsa, les cigares, et le daiquiri… Il se peut que le score ne bouge pas. Halte- là, Robin des bois, tutti va bene.
MR. PINK – Beurk ! Arrête de me faire penser à la bibine. Je vais commencer par pioncer dans l'avion et je toucherai même pas à mon plateau repas.
MR. WHITE – Quoi ? tu délires ? T’es fou, le plateau c'est LE meilleur moment dans l'avion. Depuis que je suis tout p’tit, c'est ce que j'attends dès qu'on n'a décollé. Au pire, tu me passeras le tien… Sans déconner !
MR. BLUE – Vrai! C'est hyper sympa les petits couverts, la dosette de sel et le poivre aussi. Et en plus on est en bizness classe. Tu vas voir, y’aura un plat chaud dans une barquette alu. Et du pinard californien. On boira dans des vrais verres, pas ces saletés de gobelets en plastoc. Et je dirai « merci madaame » à l'hôtesse et qu’elle peut bien me resservir du champ’ si elle insiste.
MR. ORANGE - On va rigoler. Petit rappel du tableau. On sera quand même déguisés en gonzesses. Faudra pas trop en faire quand même. J'ai regardé mon tout nouveau passeport, appelez-moi Miss Clémentine Brown !
MR. WHITE - Et moi, c'est Immaculada Smith…
MR. BLUE – Carmen Rainbow…
MR. PINK – Daisy Purple, pour vous servir. Saleté de vodka polonaise. Alors dans mon rôle de fille, je crois bien que j'ai mes indiens et que je vais faire la gueule. C'est du vécu, et j'ai un max d'exemples en archives. J'aurai pas trop à me forcer. Next step, on paie nos consos. On se barre cool d’ici.Sans bruit et on laisse un pourliche.
MR. WHITE - On va passer maintenant deux heures chez la maquilleuse. Et on se fait épiler les gambettes. On va se saper bien mignonnes mais pas trop. Wow ! Après, on saute dans un taxi avec juste un petit bagage à la main. On devient des visiteuses médicales en voyage « incentive ». Les copines, on a performé et notre directeur nous envoie au soleil pour nous motiver. Le scénario est en béton.
MR. BLUE - Moi, si j'étais une nana, je vous dis pas que j'en serais une sacrée belle ! Achtung Baby ! À côté de moi, Mata Hari ce serait Mère Teresa !
MR. PINK – Une belle de quoi ? t'as vu ton pif ?
MR. ORANGE - De coquine, Pinky, de coquine… Pas de prof de maths…
MR. WHITE - Non, non pas moi. Trop facile à dire. T'as vu la mine des lourdauds qui pourraient nous draguer ? Aah, les mecs, tous pareils. Quatre copines en voyage et ils rappliquent, la bave aux lèvres.
MR. BLUE – Mais bon, c'est des types comme nous les dragueurs, en fait. Ça fait réfléchir.
MR. PINK - Moi, aujourd'hui, je prends une veste même avec moi en fille dans la glace. Je dois avoir une haleine de poney et on doit me sentir arriver depuis Houston, Texas.
MR. ORANGE - Pas de poney, Man, de sanglier ouzbek. Mais je peux te dire qu'après ton passage aux effets spéciaux, tu vas attirer les requins et les marteaux aussi.
MR. BLUE - Bon, plus j'y pense, plus je me dis que je serais quand même un poil romantique comme gisquette. Allez, je couche plus le premier soir. Ça fait fille facile !
MR. PINK, MR. WHITE et MR. ORANGE ( rires) Tous boivent une gorgée du verre en face d’eux.5 secondes de silence.
MR. WHITE – Impec !
Le boss m'a briefé avant que j’arrive.
Je vous récapitule en intégral, dolby stéréo, pour les sourds et les malentendants.
Donc. On fait le coup. Vous tuez personne. Zéro de chute. On a presque 20/20.
Vous passez une soirée dans la planque de la 117 ° rue. Vous restez tranquilles. Pas un coup de fil. Même pas un SMS à maman.
Bon, on a bu deux ou trois coups de vodka et on a juste joué à la PlayStation. Blue, t’étais pas obligé de tirer sur la télé quand t'as perdu à GTA2 ! Mais bon, réglo, t’avais mis un silencieux.
Ensuite, à J plus 1, vous vous sapez en laveurs de carreaux le matin, puis direction chez la mère Paloma pour 14 heures pétantes. Elle a fait Hollywood, option maquillage et déguisement. Elle vous transforme en poulettes, façon « working girl ».
Elle fait du boulot d’artiste. Même votre petite sœur vous demanderait du rouge à lèvres si elle vous croisait dans les chiottes de son lycée. Vous avez déjà les passeports, les papiers qui vont bien et les billets aller-retour. Nickel chrome.
Vous prenez le gros oiseau en bizness classe. Et surtout pas en première, bande de nazes. Direction chez Fidel et Guevara, mais sans passer par la case Guantanamo.
Si tout glisse comme sur du velours, je vous rejoins 10 jours plus tard et ont fait les comptes. Après, vous regarderez les joueurs du loto avec pitié pour le reste de votre vie. Même Bill Gates ne vous donnera plus le tournis. Préparez-vous bien, c'est du millimétré. On va être dans le Guinness des records, sauf que pour les noms, il manquera des cases.
Ah, oui, oubliez pas. Vous commencez à penser comme des nanas bien avant le guichet d'embarquement. Cette scène là, elle est sans deuxième prise. Enfin, c'est si vous avez envie de voir San Quentin seulement dans les archives vidéo et avec Johnny Cash qui chante dedans.
Et surtout pas le sosie musclé d’Afrika Bambataa qui vous sourit bêtement en vous demandant de ramasser le savon. Clair ? Sinon, je répète.
Et le boss, il aime pas répéter.
MR. ORANGE - Oui, oui. On sait tout ça. On n'a pas un lecteur double disquettes à la place du Pentium. Est ce qu’on devra rester nippés en poules de luxe longtemps ? Moi, le maquillage, je suis pas un expert. Et les poils aux pattes, il paraît que ça repousse vite !
MR. BLUE- (soupir) C'est pas facile d'être une femme actuelle et belle…
MR. PINK – (soupir) Tous les mois, c'est dur quand même d'être indisposée…
MR. ORANGE – (soupir) Pour rester jolie, il faut souffrir, c'est sûr !
MR. WHITE – Oh, oh, les filles ! On se calme. On respire. On se relaxe. D’ici 15 jours on pourra aller chez Chanel et se payer tous les sacs qu’on voudra !
MR. PINK - Je ne tiens plus. Je me lève. Je vais aller repeindre les chiottes de ce bar au pistolet et on se tire d'ici, c'est déjà l’heure. Attendez-moi, et après « Go, Go, Johnny Go !
MR. WHITE – Vas-y, ma poule. Fais ta vidange.
Comme ça, t’auras juste un peu de place pour ton plateau dans l'avion. Les Weight Watchers , on n’est pas encore adhérentes… »

Fin de la scène 1

A vous Quentin, à vous Audiard
C'était le number 36

mardi 2 juin 2009

Moby tique


Je ne sais pas pour vous, mais moi, les baleines je n'ai jamais trop aimé.

Déjà, petit, j'avais lu une version light de Moby Dick, un gros bouquin avec des images.Cela m'avait marqué.
Comme j'allais souvent à la pêche en bord de mer (j'habitais Dakar), j'étais déjà du côté des chauds pêcheurs et pas des poissons froids.
Le Capitaine Achab, OK, il est couturé de partout, il est à moitié fou, il force son équipage à souquer dur et à naviguer jour et nuit dans les mers hostiles et jusqu'à ce que scorbut s'ensuive, mais quand même... c'était un vrai de vrai, lui !
Alors, finir accroché par des filins et des harpons sur le dos de la baleine blanche et couler avec le monstre, non, ce n'est pas la mort qu'il faut au courageux marin !
De plus, les baleines , elles nagent dans la mer, mais là où c'est vraiment vraiment trop profond.
Là où le fond est inatteignable, même par un Italien avec des grandes palmes, qui fait du yoga une heure avant, se bouche le nez avec une pince, a le coeur qui rétrecit pour devenir comme un bigorneau et va si loin que les plongeurs-bouteilles-bulles qui le regardent passer en ont mal à la tête.

Le Grand bleu, là aussi, très peu pour moi. L'angoisse ! Ces étendues océaniques glacées et mystérieuses, où naissent les tsunamis, les vagues tueuses, où sombrent les bateaux qui reçoivent une fourbe torpille et où disparaissent les avions maudits à tout jamais. Depuis que j'ai vu les Dents de la Mer, moi , je ne me baigne plus là où j'ai pas pied.
Pareil pour Mermoz, un type bien, joli casque en cuir sur la tête, un avion aux lignes indémodables et tout ce qu'il faut : boum ! splash ! dans le Grand Bleu inquiétant. Evaporé, dilué, miniaturisé, javelisé par le plancton.
Pas comme St Exupéry, le même casque en cuir sur la tête, très sympa, avion tout aussi racé , mais qui est abattu dans quelques mètres de Méditerrannée, et un pêcheur retrouve sa gourmette dans son filet.Plus accessible comme destin tragique.
Retour aux baleines.
Elles sont trop grandes, on voit pas bien où sont leurs yeux, il y a des coquillages qui se fixent dessus, elles sont trop gourdes pour se sauver à l'approche du baleinier, lequel est toujours poursuivi par des zodiacs Greenpeace.
Sauf Moby Dick, je pense, mais maintentant elle doit être à la retraite, avec le squelette d'Achab en sautoir et ses enfants sont du genre méfiants.
En plus , elles poussent des cris pas beaux du tout, genre sonar de l'U-42, avec du flanger et de la réverb', qu'on nous fait entendre et ré-entendre dans les documentaires larmoyants.
Je n'aime pas. J'ai le droit , non ?
Non merci.Et je ne veux jamais me retrouver face à leur tronche (ou c'est la queue ? on ne sait jamais bien où est l'avant de l'arrière du monstre !) si je fais un petit tour palme-masques-tuba dans les mers du Sud.Mais ce n'est pas encore prévu, cher ami, me direz-vous avec ironie.

Oui, oui, oui, je sais, elles vont disparaître, et c'est de la faute des Japonais et des Norvégiens qui les harponnent avec furie. Allez-y les gars, parlez-leur en V.O si vous pouvez.
Mais qu'elles aillent nager au fond de leur Grand Bleu, avec les poulpes géants.
Et d'ailleurs, ceux-là, je les retiens !
Depuis que j'ai vu "20.000 lieues sous les mers", et le poulpe géant qui veut bouffer tout le monde sur le Nautilus, et ce pauvre Kirk Douglas qui a toutes les peines du monde à le harponner, je leur en veux aussi un maximum.
Le Nautilus est endommagé et le Capitaine Nemo est salement touché.

Nemo , c'était un type brillant et incompris, tout comme Achab.
On ne le dira jamais assez.

A vous Jules, à vous Herman
Trente-cinq mètres sous la mer (c'est trop)

Bla bla bla


Triste, bien sûr, cette histoire d'Airbus Air France, parti de Rio, jamais arrivé et aurait été "foudroyé".
Vous remarquerez combien d'experts doctes et compassés viennent à la radio et à la TV et justement nous "expliquent", mais on ne comprend pas plus à la fin de leur exposé docte et compassé.

Eux non plus ne comprennent rien , mais cela n'empêche pas ces "professionnels", ces "anciens pilotes", ces "spécialistes" de tenir leurs propos de gens qui savent, en boucle.Ad nauseam.

Et les journaux de nous passer un trajet supposé de l'avion sur Google Maps et de nous ressortir de façon spectaculairement humaniste toutes les images des crashes précedents, avec les flammes, les ambulances et les images tremblées atttrapées sur des télephones portables, y compris celui du Concorde , qui n'a rien à voir, mais qui est impressionnant, alors coco, mets ça au montage, on a du temps d'antenne à remplir pour dans une heure !

Pour la foudre, il nous est dit que cela n'arrive jamais, cela ne peut pas arriver. Mais c'est arrivé quand même.
L'imprévisible n'est pas prévu, l'accident ne doit pas accidenter, personne ne peut gagner à Euromillions, Nadal doit être en finale, la Bourse ne s'écroulera jamais, et la garantie existe justement pour ne pas avoir à s'en servir.

Sans compter le vocabulaire "ad hoc" des catastrophes aeriennes que chacun utilise d'un air entendu...
Les boîtes noires ? Objets mythiques contenant la clé de tous les mystères.Nimbées de toute une aura de secrets savamment codifiés et d'inconnu. Et puiqu'on vous dit qu'elles sont oranges , maintenant...
La cellule psychologique ? Des spécialistes de la psychologie , on vous dit.


Allez, encore deux-trois jours comme ça et on passe aux élections européennes qui vont faire arriver les spécialistes professionnels experts de l'analyse prévisionnelle a posteriori et du sondage qui a menti.

A vous la Tour de contrôle.
(Message non décompté dans mes chroniques)