"Je voudrais que quelqu'un vienne et m'explique..", dit souvent un ami à moi.Oui ! dans la vie, tant de mystères, tant de questions sans réponse. Ceci est une série de chroniques, anamnèses, pensées, remarques, billets d'humeur avec digressions mais sans prétention autre que d'exprimer un point de vue parce que je me pose des questions et justement je voudrais que quelqu'un vienne et m'explique....
mercredi 30 juin 2010
Procrastination
On verra la semaine prochaine.
Demain, il fera jour.
Pfff, pas ce soir, je suis crevé.
Tu es sûre que c’est pour ce mois-ci ?
Attends !, ils n’ont pas fini leur partie, alors nous on met sur pause.
Mon PC est lent en ce moment.
Il fait un peu chaud, non ?
Je crois bien que je n’ai pas reçu ton mail.
Comment ça, sur l’agenda électronique ?
On va quand même pas lancer ce projet avant les vacances ?
Ce mois-ci, j’ai déjà écrit 20 notes sur mon blog.
Le panier à linge, on peut encore le bourrer un peu.
Le frigidaire n’est pas si vide qu’il en a l’air.
Il paraît que sur la réserve on peut rouler 50 kilomètres.
Ta mère, on l’a vue il y a six mois et là, il faut inviter les Landru.
Si c’est pour être payé à 60 jours, autant ne pas se précipiter.
Je suis nouveau, je n’ai pas été formé.
J’ai de l’ancienneté, on va pas confondre vitesse et précipitation, les jeunes.
En retard pour en retard !
Arriver le premier, c’est jamais trop bon.
Quant à être le dernier, autant que ça se voie.
J’attendais ta réponse.
J’attendais ta question.
Quelle heure est-il ? Oh, mais il fait nuit !
Si on appelle après 21 heures trente, c’est très impoli, tu sais
T’as pas un petit creux ?
Allez, encore un verre et on s’y met.
Trois kilos, qu’est-ce que c’est ?
Je ferai le grand ménage au printemps.
J’arrête quand je veux !
Je commence bientôt.
Merci de n’avoir pas repoussé la lecture de cette note à un autre moment !
mardi 29 juin 2010
Ménagerie (jaune)
L’homme était coincé. En fuite, haletant, pourchassé mais tout à fait coincé. Et il allait devoir choisir, vite, une solution…
Pourtant, tout avait bien commencé : les systèmes d’alarme du Louvre avaient été neutralisés, un peu trop facilement, d’ailleurs.
Il avait réussi -avec deux comparses- à dérober trois tableaux de maîtres italiens, de petit format et faciles à glisser dans un sac à dos. Valeur inestimable, invendables sur le marché, mais facilement négociables contre rançon discrète. Les journaux ne donnaient jamais les montants des rançons ; d’ailleurs une fable était toujours jetée en pâture au public, où il était question de coup de chance ou alors de brillante action des forces de l’ordre.
Les rançons provenant du Trésor Public, tout devait rester le plus politiquement correct possible…rigueur grise, économies sur les dépenses publiques et budgets en baisse obligent.
Mais là, cela tournait mal. Alerte soudaine, sons assourdissants puis changement d’atmosphère en une fraction de seconde.
La poursuite sur les quais avait été rapide, violente et courte. Ses deux complices avaient été stoppés, l’un par une balle dans l’omoplate, l’autre par un véhicule banalisé qui avait percuté leur moto, Quai Saint- Bernard.
Notre homme avait couru, les tableaux encore dans son sac, puis pris un sens interdit, et encore sauté au dessus d’un haut mur, entraîné par des années de pratique et de performances athlétiques. La ménagerie du Jardin des Plantes, la nuit, l’été… Le bruit des sirènes, une course poursuite entre lui et quelques gardiens, vite rejoints par les premiers policiers. Pensant trouver une cachette, traqué comme le gibier dans une battue, il bondissait d’enclos en enclos. Le bouquetin l’avait chargé sans hésiter.
Il fit une chute sur le flanc, mais repartit à toute allure. Il se prit les pieds dans les abreuvoirs peu profonds mais glissants des poudous. L’odeur des gaurs et des anoas était si forte dans le petit abri en béton, qu’il en sortit comme un diable et courut de plus belle. Le yack l’effraya et il passa en flèche en réveillant un takin femelle, puis le bharal lui se mit à bramer et le couple de markors qui dormait debout l’observa d’un œil indifférent...
Évitant la fauverie, en réparation depuis des années, il repiqua par l’allée du coté des nandous, ces autruches bis sans légende à traîner et des petits maras, incertains dans leur démarche, comme leur classification dans le règne animal, ceci dit. L’éclair agile d’une torche le fit sauter au milieu des wallabies, puis des cabiais et il fit bruisser de rage les émeus en passant en trombe au milieu de leur fierté blessée.
Là, il était coincé, entouré par des chiens des buissons qui montraient les dents. Il se rappela qu’étant enfant, tenant la main de son grand père, il avait bien lu la mention « carnivore » sur la plaque descriptive de l’espèce. Mais protégée, bien sûr, l’espèce.
dimanche 27 juin 2010
Copains d'avant
Regardez cette photo, elle est publiée dans le JDD du dimanche 27 juin 2010. C’est le jour de mon anniversaire, je suis heureux et il fait beau. J’ai de la chance, j’ai un travail, une famille formidable, je suis en forme et j’ai de l’énergie mentale et physique en stock. Ce matin, je bois un café, je lis le JDD et, au milieu d’articles très énervants, cette photo un peu floue me regarde, troublante : je devrais tourner la page… mais
Il me reste aussi un peu de conscience politique, des valeurs de base qui semblent fondamentales. Malgré une chaleur estivale, mon courroux habituel contre les trop riches et ces trop puissants sans noblesse aucune n’est pas assoupi. Les bustes de mes héros sont un peu couverts de poussière, mais ils ne sont pas déboulonnés. Voltaire, Danton, Jean Moulin, voire Joe Strummer sont inoxydables !… Je dis simplement que j’ai besoin d’un peu d’exemplarité pour moi-même ne pas céder aux sirènes du pessimisme absolu. Qui nous montre le chemin, là , le 27 juin 2010 ?
Regardez cette photo, d’individus arrogants et protégés, cités dans des affaires en cours dans lesquelles argent-roi, fisc défaillant, ministre sans honte, parti politique aux mains sales et milliardaire sans vergogne sont tous mêlés, unis comme des larrons en foire, pourris comme des zombies, soudés par la chair en putréfaction et TOUS liés par des rubans rouges de la Légion dite « d’Honneur » qu’ils s’auto-attribuent entre eux, comme les amnisties, les privilèges et les passe-droit.
Regardez cette photo, où ils sont fiers d’avoir massacré du gibier, des beaux cerfs à cors multiples abattus en grand nombre en une orgie destructrice et ignoble. A l’image de leur usage des principes moraux, des actions éthiques et du simple respect des lois ?
Regardez cette photo, où le sang sur les mains et le nombre de cadavres sont érigés en trophées picturaux que l’on se doit de montrer à ses pairs, en une parade atroce d’orgueil et bouffie de cruauté.
Regardez cette photo, où l’on devine en arrière plan des 4X4 par dizaines, des rabatteurs sous payés, des jets privés pour repartir aussi vite, des notes de frais camouflées, des repas pharaoniques et un gâchis de fric à une échelle qui rendrait rouge écarlate 99% des électeurs s’ils savaient.
Regardez cette photo, ce sera sans doute bientôt un souvenir de copains d’avant, d’un monde brûlé, qui a basculé pour avoir trop tiré sur la corde. Regardez cette photo, elle donne envie de vomir, mais elle sera bientôt dans les livres d’histoire au chapitre Ancien Régime, juste avant Révolution et Terreur.
Regardez cette photo : un jour, et sur une autre image, les cerfs porteront des cravates, des Légion d’Honneur et des Rolex.
vendredi 25 juin 2010
Une ratatoulle d'infos indigestes
Jérôme Kerviel vient de battre l’avocat de la société Générale au cinquième set du tournoi de l’île Bettencourt, aux Seychelles, par 40.001 jeux à 39.999. Il a fait un ace à 315 km/h pour le point gagnant du match, mais en fait il y avait hors jeu.
Le ralenti le montre, mais seulement sur les TV 3D HD v4.2, ET si on envoie CHEAT au 089999999999, 2,5 euros la tentative. On apprend ensuite sur le Twitter de Sarah Palin qu’il était dopé par ces nouveaux OGM, fabriqués en secret chez BP, à partir de purée de crevettes mutantes et survivantes de la marée noire de Louisiane. Les joueurs de l’équipe de France de foutre-bol, assis tous les 23 en pile sur la haute chaise de l’arbitre, n’avaient rien vu à cette fraude, car Zahia, qui est en fait la cousine de Lady Gaga d’après une révélation de Rue 89, à moitié nue dans les gradins, leur envoyait des reflets de sa courte robe à paillettes.
Oui, mais ceci ne saurait étouffer le scandale du ministre qui a constitué une cave de grands vins, pour une valeur de 2500000 euros, qu’il conservait au frais en ayant monopolisé un jet privé, payé à voler en cercles au-dessus de sa mairie de Tormblon-les-Fouillis, car outre son poste de ministre, il était aussi député, conseiller général du Loiret-Chair.
Comme cela, en levant la tête, ses conseillers municipaux voyaient le jet passer et ils se disaient « Ben tiens ! Les bouteilles de notre maire sont bien au frais. » Tout a été révélé par la femme du pilote, un ancien de l’Afghanistan qui avait été blessé par un taliban pacifiste et végétarien, le seul de son espèce, qui en fait voulait sortir du pays et lui avait tiré dans les ….
L’épouse, épuisée d’attendre son mari qui ne redescendait jamais, lui envoyait des sms coquins via son I-Phone 4, qu’elle avait eu en fraude, s’étant fait passer sur Meet-trique pour Madame W., épouse en préretraite vraiment anticipée d’un ancien ministre du Budget et de fait, Bill Gates avait craqué pour elle et lui avait donné son exemplaire de démonstration offert par le PDG d’Apple, car en fait ils sont super copains, ce que Marianne, Le Monde et le Canard Enchaîné ont découvert, en recevant une enveloppe pleine de photos compromettantes d’une soirée très très arrosée où l’on voyait, fumant des cigares à 12000 euros pièce, le Bill, la Zahia, l’avant-centre gauche de l’équipe de France, le directeur en chef de la stratégie marketing « verte » de BP et Kerviel et aussi l’avocat de la Soc’ Gen’ et un type un peu voûté qui, lui seul, avait compris ce qui se passe dans Clearstream … le tout sur une île aux Seychelles, qui EN FAIT appartenait à Maddoff, mais vu qu’il s’était converti au bouddhisme dans sa prison, il avait juste gardé son îlot, son plan épargne logement, un site de paris en ligne hébergé à Chypre et un bar SM « bio », dans le Marais. On y jouait avec des carottes, oui, mais des bonnes.
Et ça, c’est important .
jeudi 24 juin 2010
Relax, relix, justix et frix
Relax un max, j’ai ma Rolex
Pas trop de claxes, on me relaxe
Tu es trop bête en court
Au paradis des fiscales niches.
Relax un max, j’ai pas d’Solex
Mon jet privex, masseuse de Saxe
La dura lex acquitte ton discours
Au tribunal pour les blindés top’ riches
Puissant, yo Man, ou alors misérable
Tout près du ciel ou bien minable ?
La Fontaine l’avait tant décliné,
Blanc ou noir… levez-vous l’accusé
Relax un max, sors ton Kleenex
Les avocaxes, t’enlèvent les taxes
Tu échappes à tes ex’, aux secours,
A tous ces flixs à tes miches.
Relax un max, le tampon Jex
Clean ton casiex, trader au max
Tu es blanchix là pour toujours
Au palais chiche de l ’injustiche
Puissant, yo Man, ou alors misérable
Tout près du ciel ou bien minable ?
La Fontaine l’avait tant décliné,
Blanc ou noir… levez-vous l’accusé
Relax un max, et tu te vexes ?
Exonérée est ta syntaxe
Bombe le thorax, en Suisse, accours
Gonfle tes bourses, sors le bakchich.
Relax un max, canton de Gex,
Les impôts cassés c’est comme l’anthrax
Tu pars vers un fort beau séjour
Cayman, Panama et l’Île Mauriche ?
(En passant, modeste hommage à Bashung, à fredonner sur l’air de la chanson « Hier à Sousse » album « Bleu Pétrole »)
mardi 22 juin 2010
Mélange dangereux
Ragoût amer Bercy, à la grimace impopulaire.
Préparation très rapide
Coût élevé.
Prendre une dose de gros sous.
Saupoudrer de bons conseils financiers.
Ajouter une pincée de dollars.
Découper des euros en botte.
Assaisonner des coffres suisses, bien dorés.
Faites fondre la suspicion.
Lancer une grosse milliardaire dans la casserole.
Faire revenir des évadés fiscaux.
Ne pas mettre le contrôle sur thermostat 10.
Faire bouillir par un ministère.
Bien mélanger les intérêts.
Agiter l’opinion.
Poivrer au Canard.
Flamber la critique.
Égoutter toute rumeur
Dégoûter les votants tièdes.
Glacer avec du buzz.
Servir les opposants.
Napper d’un démenti mou.
Sortir les couverts des amis.
Manger bouillant.
Attention, indigestion possible si servie après cigares à 12000 euros, balade en jet privé, double ration de retraites, permis de construire au chocolat et pieds « paquet fiscal » au gras de pauvre.
lundi 21 juin 2010
Indécence et manque de classe
Le piteux spectacle donné par notre équipe berk-flanc-beurre, plus préoccupée par ses placements financiers et la publicité pour des hamburgers, cette poignée d’égoïstes millionnaires vivant le casque audio sur les oreilles et maniant l’insulte plus facilement que le ballon rond, ce show est écœurant pour tous.
Il est aussi bien en ligne avec l’image des gouvernants actuels, dont l’égoïsme et l’aveuglement est tout simplement effrayant. Ne l’oublions pas, hypnotisés que nous pourrions l’être par le barnum assourdissant des vuvuzelas et de la Coupe du Monde.
Entre le ministre qui se fait payer des milliers d’euros de cigares, celui dont la femme serait conseillère financière pour une milliardaire vermoulue, ceux qui cumulent allègrement retraites et rémunérations additionnelles et le show médiatique affligeant de la première dadame chanteuse atone en toc, en CDD à l’Elysée qui me fait honte autant que son mari dont je n’ai même plus la force de parler tant je suis au bord de vomir….
Cette galerie de personnages sans foi ni loi est simplement immonde et insupportable. Mon ami Marc B. l’autre soir a pété un plomb en disant tout cela avec force et je me suis dit : « par Robespierre et Danton, il a bougrement raison ! »
Il commence, mais il n’est pas seul, à rêver de prise de la Bastille, d’envahissement sanglant du Château et surtout de purges staliniennes, de procès expéditifs et de poteaux d’exécution au petit matin. Cette caste au pouvoir se dirige vers la falaise avec la rapidité d’un troupeau de lemmings.
Je me dis qu’avant 1789, il y a sûrement eu des signes avant-coureurs identiques. Nous dînions à Paris, à deux pas de la Bourse, quel symbole…
Leur faire bouffer la Rolex, les pendre avec leur Hermès, les étouffer avec le pot d’échappement de leur berline allemande, les décapiter sous leur écran plat géant : une foule en colère pourrait s’en charger, et la foule en colère c’est méchant !
Pourrons-nous supporter longtemps cet état de fait où, à tous niveaux, ceux qui sont censés représenter la nation se comportent en toute indécence, se salissent les mains, croquent, pistonnent, profitent, et surtout ne réalisent pas ce pourquoi ils sont supposés être payés par… nous ?
On me rétorquera que c’est comme ça depuis toujours, que les dirigeants sont pour toujours forgés dans le même alliage. Je ne suis pas d’accord, il y en a au moins qui ont eu du style, de la classe, des « cacahuètes » bien accrochées. Désolé, mais Charlie à Londres, c’est plus noble que le nain au Fouquet’s. Et Tante Yvonne, je suis sûr qu’elle a dû coûter à l’Etat en vingt ans autant que l’autre bottom-model en une semaine !
Ce n’est plus un fossé entre le haut et le bas, c’est un gouffre et il y a des poteaux aiguisés plantés au fond ….
Un point douloureux : si je dis maintenant : « Vive la France et ses valeurs, notre pays est un grand pays, il faut de la rigueur, du respect et une intégrité sans faille au service de la Nation ! », le paradoxe est que l’on va ma cataloguer immédiatement comme ami du borgne du Front Nat’, voire comme complice du porte-étendard agité du Puy du Fou, ou au mieux comme ancien combattant plein de médailles, de taches de vieillesse et d’illusions perdues.
Mais non ! Voyagez un peu et vous verrez qu’il est aisé et valorisant de défendre nos trois couleurs, car elles le méritent. Pas d’accord pour laisser aux fachos le monopole de la French Résistance.
Stop au refus « mou » du patriotisme par les élites.
Il est temps que ce type de message soit aussi relayé par les intellectuels, les professeurs, les écrivains, les rugbymen, les partis de gauche, les rockers engagés, les journalistes intègres et tous ceux qui peuvent exprimer un attachement à notre vieil hexagone.
Vu le nombre de réfugiés politiques qui accourent chez nous qui rêvent d’échapper aux matraques, à la gégène et aux militaires et religieux de toute obédience… cela doit valoir le coup, non ?
Il faut donner ses avis avec force ou alors on se met tous à boire du Vichy en regardant comme des ânes la téléréalité, cet immondice suprême de la raison made in société du spectacle, pour tout oublier ?
Voltaire et Jean Moulin nous regardent, chers amis, il faut faire comme les GI’s à Okinawa et monter le drapeau malgré les balles qui sifflent !
Je commence demain au bureau, et mes collègues européens vont voir que De Gaulle ce n’était pas un « one shot », il y a 70 ans.
samedi 19 juin 2010
De la misère en classe économique
Allez, une fois n’est pas coutume, un peu de dégommage en règle, plein de mauvaise foi. La classe éco en moyen-courrier de notre compagnie nationale aérienne est nulle.
Oui, je le dis, le niveau de confort est totalement pourri, le service rendu est pitoyable et l’expérience vécue est aussi agréable qu’un interrogatoire dans un commissariat nord-coréen. Mais oui (mauvaise foi manifeste, je le dis mais je rentre de voyage, alors…)
Si l’on mesure plus d’un mètre soixante-deux, on a les genoux qui touchent le siège de devant, ça fait mal, et dès que votre voisin ci-avant situé veut se pencher en arrière, votre tablette déployée vous fait subir une ablation de l’estomac.
Et puis, pour nous nourrir, les hôtesses nous distribuent, d’un air gêné, un minuscule sachet contenant huit cacahuètes et demi, voire deux biscuits fins comme l’esprit de Roland Barthes et accompagnés d’une boisson dans un format qui même chez les pygmées est synonyme de punition, tant cela est riquiqui.
Dans la poche aumônière, un magazine du mois dernier, fripé, froissé, avec des pages en moins et puis Marion Cotillard est graffitée dans sa pub pour un parfum avec des dents noires. C’est vrai, et d’ailleurs je fais souvent moi aussi des graffitis dans les magazines des compagnies aériennes. Mettre une cicatrice au Clooney et un bandeau de pirate plus le nez qui coule à la Moss, j’adore.
Et j’ajoute : ras le bol de ces magazines ineptes des compagnies aériennes qui vous donnent dix bonnes raisons d’aller à Shangaï et vous proposent une échappée à Ushuaïa.
Et sur quelle compagnie, on devrait prendre l’avion ? Oh, oh, oh, je crois le deviner.
Sans compter l’interview d’un architecte formidable qui a des lunettes comme YSL, une barbe comme Gainsbourg et a conçu au moins dix bâtiments formidables mais dans lesquels je ne foutrai jamais les arpions…
Et puis, et puis, l’incontournable page « hi-tech » avec toujours les mêmes I-pods, toujours les mêmes enceintes révolutionnaires de forme ultra design qui coûtent un bras de somalien plus une jambe de kirghize et n’oublions pas leurs putains de TV à écran plat, la voiture électrique qu’on connaît depuis dix ans et une montre avec des chiffres énormes en cristaux liquides. On s’en tape, à l’heure où on lit ça, on a faim, on a fini ses huit cacahuètes et on retarde le moment de manger la dernière demie qui reste. Dans ces magazines, de plus on voit maintenant Alain Delon et Brigitte Bardot aussi sur les publicités, mais quand ils avaient vingt ans hein ?, et moi -tout pareil-, je leur fais une moustache au Bic ou je mets des gros dollars dans leurs yeux. Comme ça, le prochain misérable voyageur en classe éco qui sera coincé dans ce pauvre siège exactement à la même place que moi, il ouvrira son magazine tout fripé et il pourra avoir un petit sourire, sachant que son vol est déjà en retard (« à cause d’une arrivée tardive », sic, en plus ils nous prennent pour des électeurs cubains hydrocéphales) , et qu’en débarquant il montera dans un bus glacial pour rallier le terminal afin de perdre encore vingt minutes pour attendre en bonus son bagage éraflé une demi heure supplémentaire et puis il fera la queue pour un taxi peu aimable qui fait semblant de ne pas prendre les cartes de crédit pour emmerder le monde et les employés qui n’ont plus de liquide pour régler ses notes de frais.
Merci la classe éco, on a fait un mauvais voyage, et oui, bien sûr on n’a pas le choix, on reprendra notre compagnie nationale aérienne, espérant grappiller assez de miles au bout de dix ans de Paris-Munich pour espérer avoir un Paris-Rome aller retour et encore, ces rats pingres, ils nous font payer les taxes d’aéroport alors le billet n’est même pas gratuit !
Et dire qu’en plus il faut se battre contre le site internet de réservation de voyages, gérée sans âme par des maigres employés situés à Budapest ou Varsovie de notre entreprise et qui par défaut nous propose ses low-cost flights via des aéroports atroces situés à quatre-vingt-dix kilomètres de toute agglomération.
Rien que pour ça, je veux un saucisson entier, du fromage à volonté et un bloody mary de 75 centilitres la prochaine fois que je pose mes fesses dans leurs sièges bleu marine durs comme le cœur d’un huissier !
jeudi 17 juin 2010
Crise de foie
Séjournant à Rome pour une semaine, j’aperçois des traces évidentes d’activité ecclésiastique. Etant hors piste dans ce domaine depuis longtemps, j’observe tout cela avec amusement.
Je ne sais pas si cela vous fait la même impression, mais ayant un peu voyagé de par le monde, voir des humains pris dans un rite religieux me semble chaque jour plus bizarre voire médiéval. Je vois sur un plan identique et « étranger » le catholique, le musulman, le zoulou, l’adorateur de la statue à sept bras et celui qui mange ses ancêtres au grill ou en cendres avec des contorsions dans le sens des aiguilles d’une montre (ou l’inverse car il paraît que cela porte malheur dans ce sens là, les jours de lune rousse ).
Ce qui me chagrine, c’est que j’ai cessé de croire au Père Noël depuis le CP et que je vois nombre de mes semblables gober des légendes abracadabrantes, écouter des types qui professent des morales -qu’il ne suivent pas- et bien sûr s’interdire des tas de trucs assez marrants. Sans compter les femmes couvertes par des rideaux de la tête aux pieds, les excités qui font sauter des autobus bondés et le nombre ahurissant de personnes qui passent de vie à trépas simplement parce qu’ils ont la religion A dans une région B et non l’inverse.
Relire Voltaire pour sourire des hypocrites, des intolérants, des fanatiques et de massacreurs de qui-ne-prie-pas-comme-moi.
Pas de chance. Un proverbe latin disait « cujus regio ejus religio », en clair : on a la religion de son pays (lancer le dé à nouveau ? non, trop tard cher ami !) Vous me direz que ce n’est pas si simple, voire que je suis un mécréant, un cynique, un païen et qu’on peut me jeter au bûcher sans procès, et aussi que je ferai à mon tour comme tout le monde une belle grimace quand l’Ankou avec sa faux viendra me chercher. Ce ne sera pas un acteur comme dans un navet d’Hollywood.
Je devrai plier bagage et me faire conjuguer à l’imparfait.
OK, OK je ne suis pas un vampire roumain, ni Christophe Lambert qui est immortel, lui dans Highlander.
Oui, je craquerai peut être et trouverai un abonnement express en promotion pour un forfait « Dieu j’ai la trouille 4 heures et sms illimités »… Surtout si je commence à vieillir, tomber en morceaux, que mes cellules se multiplient de façon anarchique et que le commercial des PFG me propose un tarif réduit pour du chêne sombre ou du sapin clair. J’en conviens.
Mais, ayant, ouf, encore un peu de santé et un minimum de clarté mentale, j’ai encore le loisir de réfléchir et de rire un peu.
Tel un condamné juste avant le peloton, s’il est possible de se moquer un peu des uniformes de ceux qui ne vont pas vous rater, c’est déjà assez bien. Donnez-moi un verre de rhum, SVP. Oui du fort.
Pascal et son « pari », c’est quand on voit la falaise approcher, le gouffre en contrebas de notre courte existence…et il a l’air profond !
Mort de trouille l’être humain, la Foire du Trône de la vie et du trépas n’offrirait donc qu’un seul ticket, sauf cas de réincarnation non encore démontré.
Et encore, revenir sous la forme d’une mouche tsé-tsé voire du bas de Marylin à la rigueur, je prends… mais d’une vache à Calcutta non merci.
D’ici là, désolé, je vais continuer à trouver que Raël a une tête de guignol, le curé un ton qui sonne faux et la basilique Saint-Pierre un attrape-gogos en 3D.
mardi 15 juin 2010
Science fiction en questions
J’ai pris l’avion hier et j’ai observé du coin de l’œil mon voisin qui regardait un DVD de Star Trek je-ne-sais-pas-combien sur son PC portable. Lucky man, moi je triturais mon exemplaire de l’Humanité que j’avais déjà lu quatre fois et je lorgnais son écran 16/9. En y réfléchissant, voici quelques questions que je me pose par rapport aux films de ce genre (que j’aime bien, par ailleurs !) :
-Pourquoi y-a-t-il toujours des grands panaches de fumée blanche qui sortent de bouches d’aération juste à côté des navettes, des soucoupes ou des XYZ Wings parés au décollage ? Ils marchent à la vapeur ?
-Dans le futur, on pourra craquer le code d’entrée d’un sas blindé dans une base secrète avec une juste une épingle à cheveux ou via un fil relié à une console de jeux sortie de la poche d’un gosse de douze ans ?
-La précision des armes laser, et ce même en tirant à dix sur un type qui s’enfuit dans un couloir rectiligne de deux mètres de large éclairé comme la pelouse de Stade de France serait-t-elle moins bonne que celle d’une sagaie lancée par un Homo Erectus borgne sur un élan blessé ?
-On supprime du personnel sans discontinuer et partout depuis 1974, alors pourquoi ont-ils une telle armée mexicaine dans leurs équipages interstellaires ? (cela doit coûter une fortune en JRTT à rattraper !)
-Pourquoi dans l’Enterprise l’éclairage blafard est-il le même que celui d’un bloc opératoire ? Le Spock n’est déjà pas très souriant, maintenant il a en plus une mine de déterré !
-Je sais bien qu’il faut un quota de blacks et d’asiatiques et d’aliens dans l’équipage, mais pourquoi les aliens choisis ont une aussi sale tronche, des goûts vestimentaires dignes du cirque Pinder et des oreilles vraiment très décollées ?
-Pourquoi les planètes découvertes ont-elles toutes des paysages de type a : Sud Marocain, ou b : Pôle Nord avec un vent force 12, ou c : Parc de Yellowstone avec plein de cascades ?
-Pourquoi les planètes découvertes ont-elles toutes des gouvernements de type a : Gentille reine jeune et adorée du peuple, en plus c’est un canon et elle est célibataire, ou b : Dictature militaire avec des gardes habillés en noir pour qu’on capte bien, ou c : Un conseil de vieux sages à barbes blanches habillés comme Arthur et Lancelot et qui ont tout compris à tout depuis 2000 générations ?
-Et quand un type se dématérialise dans un cylindre en verre, il réapparaît toujours, bien coiffé, pile là où il devrait. On ne pourrait pas faire des petites blagues parfois, du style il a soudain deux jambes d’autruche, la voix de quelqu’un qui a sniffé de l’hélium ou la tête de crevette de l’alien du bord ? (relisez donc le chapitre « discrimination positive des personnels non-terriens de bord d’engins spatiaux »)
lundi 14 juin 2010
Bonjour de ROME !
samedi 12 juin 2010
Surtaxés
Participez à notre grand jeu à l’occasion du Mondial 2010.La terre est ronde tapez 1, elle est cubique tapez 2, envoyez un sms avant 21 heures 30, 1,5 euro le sms plus surcoût de l’opérateur, et gagnez un écran 3D HD en kit de 156 pouces ainsi que le livre de Bourdieu « sur la télévision ».
Jouez immédiatement, c’est la finale de la Nouvelle Poire. Pour licencier Jeanine tapez 1, Anatole tapez 2, Mamadou tapez 3 et Rachid, tapez fort. Coût du sms minimal indéfini et non garanti selon opérateur. Gagnez une semaine dans l’usine Machelintercontinental, occupée par ses salariés en grève.
Soyez le premier à être tiré au sort pour notre grand casting du Cuisinier du Siècle. Répondez à notre question Poivre-Star en appelant le 08989 899 899, 2 euros la connexion, puis frais appel vers Chypre selon opérateur en supplément. Question : dans un plat de spaghettis à la bolognaise, il y en a en moyenne : 34563, tapez 345 puis étoile étoile, dièse ou 34562, tapez 543 puis dièse dièse, étoile.
Pariez sur l’élection du nouveau président. Pour le général Song Kim tapez 1, le général Song Kim tapez 2, ou le général Song Kim, tapez 3. Appels surtaxés prélevés sur fiche de paie et connexions enregistrées dans notre fichier central.
Soyez remboursé de votre sms de participation au tirage sort de remboursement de sms. Pour être remboursé envoyez 1-KON au 8881, sms très surtaxé selon opérateur, ou appelez au 00 777 777 777, pour connaître les modalités de remboursement selon opérateur (appel aussi surtaxé selon opérateur, voir modalités en téléchargeant le règlement du concours sur http://www.chtnik.com)
Tu veux savoir si une soirée hot t’attend ce soir ? Si tu veux faire l’amour avec Sophia Loren, envoie BRLTT au 6969, si tu veux faire l’amour avec Marylin Monroe, envoie KNNEDY au 22MM et si tu veux parler directement avec Mère Teresa, envoie CRCFIX au 666. Coût du sms et du supplément d’autorisation parentale selon opérateur surtaxant.
Con comme une vuvuzela
Une remarque, immédiate sur la Coupe du Monde 2010 qui vient de commencer !
La béatitude du supporter de base est accompagnée d'un outil à bruits atroce , appelé "vuvuzela, trompette stridente qui peut atteindre les 127 décibels.
Déjà, avec ses couleurs nationales maquillées sur la face, histoire que l'on comprenne bien son message en monophonie ce pauvre supporter commence à avoir sérieusement l'air d'une enclume....
Revenons à l'instrument coupable.
Même les joueurs vont s'en plaindre, au vu du niveau sonore qui les entoure désormais.
Ce vacarme indifférencié n'encourage personne, et d'ailleurs on ne sait pas pour qui sonnent ces cors sans âme, tant le gloubiboulga audio déclenché est flou, gras et pénible.
Le bruit est généré pour lui même, pour indiquer que le stade est plein ? Mais ça, on le voit, déjà ? Non ?
Quid de chants patriotiques, ironiques, chaleureux, ethniques, partisans ou en chœur ?
Rien du tout !
Pouet, pouet, pouet, comme fait la mondialisation ce consensus marchand , ennemi de la culture et de l'intelligence, laminant les différences pour mieux segmenter tous les créneaux commerciaux et les opportunités de ventes d'objets qui brillent ou amusent le populi, et trouvant un truc à caser par palettes en une mode à oublier bien vite.
vendredi 11 juin 2010
Version 2.0 de l'appel du 18 juin
Les chefs qui, depuis de nombreuses années, sont à la tête des banques internationales, ont formé un gouvernement. Ce gouvernement, alléguant la défaite de l’être humain, s’est mis en rapport avec la Spéculation pour cesser le combat. Certes, nous avons été, nous sommes, submergés par la force informatique, financière et hors la loi, de l’ennemi.
Infiniment plus que leur nombre, ce sont les milliards, les avocats, la dissimulation des Marchés qui nous font reculer. Ce sont milliards, les avocats, la dissimulation des Marchés qui ont surpris nos chefs au point de les amener là où ils en sont aujourd’hui.
Mais le dernier mot est-il dit ? L’espérance doit-elle disparaître ? La défaite est-elle définitive ? Non !
Croyez-moi, moi qui vous parle en connaissance de cause et vous dis que rien n’est perdu pour l’humanisme. Les mêmes moyens qui nous ont vaincus peuvent faire venir un jour la victoire.
Car l’humanisme n’est pas seul ! Il n’est pas seul ! Il n’est pas seul ! Il a un vaste monde derrière lui. Il peut faire bloc avec l’Empire du Cœur qui tient la terre et continuer la lutte. Il peut, comme nous, utiliser sans limites l’immense population des humains du monde entier.
Cette guerre n’est pas limitée au territoire malheureux de notre pays. Cette guerre n’est pas tranchée par la bataille de Wall Street. Cette guerre est une guerre mondiale. Toutes les fautes, tous les retards, toutes les souffrances, n’empêchent pas qu’il y a, dans l’univers, tous les moyens nécessaires pour écraser un jour nos ennemis.
Foudroyés aujourd’hui par la force financière, nous pourrons vaincre dans l’avenir par une force intellectuelle supérieure. Le destin du monde est là.
Moi, Général de Gaulle, actuellement au Paradis, j’invite les hommes et les femmes qui se trouvent en territoire libre ou qui viendraient à s’y trouver, avec leurs armes ou sans leurs armes, j’invite les ingénieurs et les ouvriers spécialistes des activités de l’esprit qui se trouvent en territoire libre ou qui viendraient à s’y trouver, à se mettre en rapport avec moi.
Quoi qu’il arrive, la flamme de la résistance humaine ne doit pas s’éteindre et ne s’éteindra pas.
Demain, comme aujourd’hui, je parlerai à la Radio des rêves.
jeudi 10 juin 2010
Moby Dick 2010
Et Moby Dick en a trop marre,
Car le tout blanc n’est pas seyant
On la voit bien sur les radars
Comme un drapeau fluorescent.
Car Moby Dick est fatiguée,
Les cachalots lui tournent le dos,
Etre entourée de baleiniers ?
Tu te retrouves toujours solo !
Mais Moby Dick est une pauv’ star,
Avec Achab qui veut sa mort,
La harponner, lui prendre le lard
Jamais tranquille pour faire du sport…
Or, Moby Dick a une idée
Elle se dirige vers le Mexique,
Le pétrole coule, bien gras, bien frais
La mer est noire, et c’est tragique.
Là, Moby Dick traverse la nappe
Elle en ressort couleur charbon.
Elle en repart, les flots elle frappe
Etre comme les autres, oui, ça c’est bon !
Yes ! Moby Dick voit un beau mâle
Ils font c’qui faut, ils s’paient une toile
V’là un bébé qui est très pâle…
Un peu gris clair, un peu gasoil
Moralité
Moby Dick elle est noire
Mais au fond, marin, elle est ivoire.
Masquez-vous, grimez-vous
Cétacé pour un temps, jamais pour longtemps !
mercredi 9 juin 2010
Qu'on m'explique ! (où est l'argent ?)
Je lis dans Le Monde :
« On estime que le général Sani Abacha, qui dirigea le Nigeria d'une main de fer de 1993 à 1998, détourna entre 3 et 5 milliards de dollars durant sa dictature. Une sorte de record !
"Il procédait de deux façons, explique Ngozi Okonjo-Iweala, directrice du Groupe de la Banque mondiale et ancienne ministre des finances du Nigeria. Soit il faisait gonfler les marchés publics pour s'approprier la différence, soit il allait directement se servir à la banque centrale de mon pays. Avec son fils et ses amis, il faisait ensuite circuler cet argent du Kenya à Londres, puis en Suisse, pour brouiller les pistes." Elle ajoute : "Notre président Olusegun Obasanjo a lancé des avocats sur la trace de ces milliards. Cela a permis de récupérer 505 millions de dollars qui ont été utilisés, sous le contrôle d'ONG, au développement des zones déshéritées."
Or, ce brave général a succombé à une crise cardiaque il y a douze ans, le 7 juin 1998.
La différence non récupérée à ce jour est donc de 2,5 à 4,5 milliards de dollars. Encore au chaud, derrière des petits coffres bien fermés.
Avec seulement un tout petit taux d’intérêt de 3%, cela fait de 75 à 135 millions qui tombent chaque année sur des comptes.
Où ça ? Où ça ?
Le secret bancaire reste inoxydable.
PS : « Se servir directement à la banque centrale », hé, c’est quand même plus simple non ?
Prêcher la morale, ne pas la respecter
La ministre catho-tragique qui avait vilipendé le Hellfest fait la morale au monde entier et le Canard Enchaîné l’épingle car elle est grassement payée pour une mission, mais oui, mais oui, très importante sur la mondialisation.
Les cyclistes disent la main sur le cœur qu’ils ne se dopent pas et ils passent au vélo électrique.
La compagnie pétrolière fait des campagnes de communication « vertes » et nous largue des millions de tonnes de brut dans le golfe du Mexique.
Les talibans se donnent des justifications morales et religieuses archi-coincées et achètent leurs armes avec l’argent de la drogue dure.
Les prêtres hypocrites font des sermons, sont astreints à l’abstinence et se jettent sexuellement sur les mineurs sans défense à leur portée.
Le chanteur belge adore vendre des disques en France et s’exile en Suisse pour ne pas payer ses impôts.
Les grands patrons qui licencient des milliers d’employés, coupent dans tous les budgets et rendent la vie aigre à tous ceux qui restent en se goinfrant de stock options.
Les dirigeants du Parti affirment vouloir gagner les élections et tirent à boulets rouges sur leurs confrères à la moindre occasion, dès qu’un micro ou une caméra passe à moins de dix mètres de leur grande bouche.
Le secrétaire d’Etat qui parle de non-cumul des mandats est aussi député et ou maire, et conseiller général, et a un cabinet d’avocats dans le privé et monnaie ses services en conseils juteux auprès d’entreprises privées.
L’écologiste pâle qui parle d’empreinte carbone ne va quand même pas se priver de vacances au bout du monde et d’une résidence « tout électrique », merde, quoi !
Les autoroutes, l’électricité et le gaz, bientôt la Poste et que sais-je encore sont tous privatisés pour faire jouer la concurrence et les prix augmentent trois fois plus vite qu’au temps des services publics.
L’heure est à la libre concurrence triomphante et « aux marchés » et l’économie est sauvée uniquement grâce à l’intervention des États.
Et j’avoue, j’écris des tas de trucs sur mon blog, mais je n’ai pas encore tout vendu et émigré vers une grotte, pour vivre d’amour, de lecture de Kant et d’eau de source. J’espère encore un jour voir la chute de la ministre catho, des cyclistes, de la compagnie pétrolière, des talibans, des prêtres hypocrites, du chanteur belge, des grands patrons, des dirigeants du Parti, du secrétaire d’Etat, de l’écologiste pâle, du gaz privatisé et du libéralisme forcené.
mardi 8 juin 2010
Exorcisme
L’humanité est frappée par un nouveau fléau qui monte en nocivité, à savoir la libre irresponsabilité criminelle et la gloutonnerie croissante des « marchés financiers » dont les actes fous (contrôlés par des algorithmes mathématiques et des ordinateurs) pourraient causer de terribles catastrophes, avec des conséquences économiques et humaines effroyables. Ce n’est pas moi qui le dis, lisez les journaux.
Nous le savons et il ne se passe rien. Étrange, non ?
Alors, si on dit :
« Disparais Ô grand Satan de la Finance, corrupteur des âmes et des cœurs !
Forces des ténèbres, tapies à Wall Street, dans les bourses maudites sans morale et dans les hedge funds sodomites, soyez transformées en cendres !
Armées des hommes vertueux, prenez vos glaives, levez-vous et brûlez leurs temples maudits !
Que les adorateurs de la spéculation soient frappés par la foudre et leurs familles ainsi que leurs complices changés en porcs ! »
Cela ne marche pas.
NB : On peut aussi voir Monsieur Boubacar Cissé, métro Blanche, qui pour 50 euros fait aussi désenvoutement, travail assuré, retour de l’être aimé et vigueur sexuelle, mais il pourrait décliner le projet, bien qu’il garantisse en général son travail (et « à distance » s’il le faut)
Ou alors, si on essaie :
« Le capitalisme doit être combattu et le prolétariat doit s’emparer du pouvoir afin d’établir un régime collectiviste, privatiser les acteurs de la finance internationale et mutualiser les outils de production agricoles et industriels.
Prolétaires de tous pays, unissez-vous et boutez les 200 familles qui enserrent dans leurs doigts crochus les richesses volées au Peuple ! »
Cela n’a pas marché.
Avez-vous des idées, chers amis, à mi-chemin entre la magie noire et la révolution rouge pour que cette infernale machine soit au moins encadrée et au plus désintégrée ?
Cela marchera peut être ?
lundi 7 juin 2010
Musique à l'emporte pièce
Me voici encore et toujours dans une de mes diatribes autour de la musique pop rock et de son interaction avec notre vie quotidienne. Go !
Lisez-donc ce qui va suivre, c’est un sujet récurrent chez les vrais passionnés, si j’étais célèbre, j’en ferais même un podcast, à télécharger sur vos machines. Vlan !
Préambule irrité.
Merci de ne surtout pas me répondre à la question « Qu’écoutes-tu ? »…Ceci : « Oh, tu sais moi, j’aime un peu tout, j’écoute de tout ». Argh ! Cette affirmation banale qui à la fois est d’un flou lamentable et d’une prétention larvée de fausse tolérance universelle vaguement baba cool et réellement insipide. Pouacre !
Alors, je vous explique quelques notions qui me travaillent hic et nunc.
Mon propos n’est pas de faire la morale à quiconque, niet !, mais de fustiger ceux qui n’apprécient pas comme ils le pourraient les œuvres à portée de leurs tympans. Fi !
Article 1
Les faux amateurs de chansons n’écoutent que des « singles », à l’unité, à la pièce, acquis comme on achète une baguette (pas trop cuite, SVP). Qu’ils l’aient téléchargé légalement (très bien) ou non, c’est juste le (s) titre (s) le plus connu (s) du moment ou d’un groupe qu’ils ont en stock. Oui, rétorquerez-vous, et toi, tu n’achetais pas des 45 tours ? J’y viendrai, je répondrai plus loin. Attendez un peu. Paf !
NB : Là je vous parle en bref de l’amateur de type « kikou LOL » ou « yuppie qui croit qu’il touche à tout » ou « quinqua qui veut rester djeune », pas du véritable fan de metal, ni du Goth à crête noire, ni du rockab’ à banane, ni du reggae man avec dreadlocks, ni du journaliste de rock and folk, ni des types comme moi-qui ont peut être quelques fusibles brûlés par les décibels et ont fait de la musique qu’ils écoutent une question de vie ou de mort. (Lire à ce sujet : Nick Hornby, Haute Fidélité)-. Pan !
Article 2
Pourquoi dire « j’aime un peu tout.. » ? Pour être politiquement correct ? Non ! Moi je vous affirme que vous pouvez adorer certains groupes ou styles…. à fond sans crainte de passer pour un dangereux extrémiste. Hey !
Si vous me dites que vous détestez Massive Attack, vomissez en entendant les Ramones et éteignez votre autoradio à grands coups de pieds rageurs chaque fois que Jacques Brel est diffusé…. Tant pis, au moins nous aurons un sujet de discussion intéressant. L’eau tiède c’est nul, car une douche froide ça réveille et un bain chaud, ça détend ! Ping !
Article 3
Ecoutez les ALBUMS en entier. C’est clair, non ? Vous allez au restaurant chinois, hé bien, vous ne prenez pas du saucisson en entrée, du pain pour saucer les crevettes piquantes et un Paris-brest en dessert ? Donc, si vous écoutez l’intégralité de « Seventeen Seconds » des Cure, vous partez de A et vous arrivez à Z et vous avez fait un beau voyage. Appréciez une œuvre complètement.
Et certes, moi aussi ainsi que tous les fans aiment les 45 tours/le single ET l’album ET le CD remasterisé ET le « live » etc…
D’ailleurs, une compilation ou une liste de lecture intelligente est bâtie avec des titres extraits certes un par un d’albums mais enchaînés avec finesse et à propos. Et Toc !
Article 4
Pas le temps dites-vous ?
Go ! Vlan ! Argh ! Pouacre ! Niet ! Fi ! Paf ! Pan ! Hey ! Ping ! Et Toc !
dimanche 6 juin 2010
Nadal gagne Roland Garros et pourquoi ça fait plaisir
Neon lights
Par le hasard de la sélection aléatoire, mon lecteur mp3 se met à jouer « Neon Lights » de Kraftwerk, extrait de l’album mythik et kult, avec un K à chaque fois notez-le bien, « The Man Machine ». Si vous ne le connaissez pas, courez, achetez, écoutez, remerciez-les, réécoutez, souriez.
A cet instant, je m’interroge avec vous pour essayer de comprendre ce qui fait la pérennité d’une œuvre artistique musicale « pop », reggae ou rock, etc.
Car c’est bien cela qui, de mon humble point de vue, constitue le but ultime que les paillettes et les courbes des ventes aimeraient pouvoir receler en leurs flancs avides.
Notez, à cet instant, l’envolée dans les termes, alors que derrière moi Neon Lights en est au long moment instrumental et répétitif, presque hypnotique, qui constitue le pouvoir d’attraction de cette chanson twing klank klink.
Je la faisais écouter à mes enfants, petits, dans la voiture, parfois avant qu’ils ne s’endorment (oui, et « LKJ in dub » aussi, je l’avoue) et ils s’en souviendront toute leur vie, et leurs enfants pourraient aimer, j’en suis sûr. Revenons à la gloire durable.
Non, Britney, Stars cracras des mites, et Lady G., je n’ai pas écrit « du râble »… car elle est vraiment provisoire celle là. Vingt ans et fermes, certes, vos popotins, mais pour 99 ans fermes à la Maison d’arrêt des succès sans appel, ce sera plus… dur.
Le mp3 vient de basculer sur Noir Désir, « à ton étoile », et si le cœur se serre en imaginant justement Cantat dans sa prison, je sais que lui aussi a gagné ses galons dans le Panthéon de ceux qui resteront.
Donc, continuons la réflexion, les chansons sont liées à la mémoire affective de chacun, pour un temps donné, en raison de souvenirs, de nostalgies et de contexte précis. Ceci pose une limite temporelle liée à notre espérance de vie.
Le fait de pouvoir perdurer une ou plusieurs générations, c’est en revanche l’étape critique à franchir. Le faire, c’est prouver qu’on est du marbre des statues du Colisée.
Hit Parade et livres d’histoire conjugués au même temps, le parfait.
NB : L’autre dimension du cube étant aussi le succès trans-national, si difficile à obtenir pour une chanson française à textes.
Quel est cette magie, cette étincelle qui est intégrée dans une chanson par ses auteurs pour arriver à un équilibre esthétique fondamental et innoxydable ? Je ne sais pas.
Le mp3 diffuse désormais la version bossa nova de « Making Plans for Nigel » de XTC, par Nouvelle Vague. Tilt.
En voici un de critère pour côtoyer l’immortalité ! Si des inconnus peuvent jouer un morceau, même a cappella, et que tout le monde applaudisse ET que des enfants disent à leurs parents : « écoute ! cette toute nouvelle chanson de Lady Cantat Neon ! elle est super ! »
Si on leur répond alors : « oui, oui, mais c’est une reprise de …. » Bingo !
Bon là, passe « London Calling » des Clash… il va falloir qu’on cause des anges et du Diable un de ces jours.
samedi 5 juin 2010
Schiavone gagne Roland Garros et pourquoi ça fait plaisir
Parce qu'elle a joué magnifiquement
Parce que les italiens sont des français de bonne humeur et qu'on ne devrait pas l'oublier
Parce qu'elle a 29 ans
Parce qu'elle n'était pas favorite
Parce qu'on a évité l'hymne russe à la fin
Parce que les sœurs Williams frappent comme des enclumes
Parce que l'émotion était là, cette fois ...
vendredi 4 juin 2010
I-n'en peux plus
Dans la poche gauche le dernier I-phone avec Free-Orange et la droite l’ancien avec Virgin-SFR.
Dans mon sac à dos, le nouvel I-Pad.
Pour faire la cuisine, le récent four I-cook (tarte à l’ I-Apple, soupe à l’I-oli)
Aux toilettes, du très doux I-paper avec des logos Windows Vista dessus.
Pour payer, une I-carte de crédit (application I-découvert en option).
Les talibans sont combattus par des I-GI’s virtuels et on leur envoie une pluie de I-missiles, ainsi que des PC avec DOS 2.1.
Plus de boulot, il faut pointer au I-Pôle-Aïe-Emploi.
Notre présidente Martine I-bry, vient de dissoudre le Sén-I car, trop vieux, ils ne savent pas se servir de leur outil I-vote.
I-pouce pour les bébés dès le berceau.
I-car tactile pour aller en ville, car le RER-I est buggé. L’I-syndicat va faire un podcast pour expliquer qu’ils sont I-is par la direction.
I-jette l’I-ponge….
Neuf questions sans réponse
1. Pourquoi mon siège dans le train est-il toujours situé dans le wagon le plus éloigné de la gare, tout au bout du quai ?
2. Qui achète des battes de base-ball en France, alors que personne n’y joue ?
3. Les nains de jardin couvrent de ridicule leurs possesseurs, c’est un fait avéré. Et certains en ont encore ?
4. Quand j’écris un sms, pourquoi le point d’interrogation ou d’exclamation tombe-t-il toujours exactement « à la ligne », en dessous du texte ?
5. Si on doit travailler de plus en plus longtemps, pourquoi on nous vire de plus en plus tôt ?
6. Pourquoi on met plus de temps via un avion et deux aéroports pour faire Paris-New York en 2010 qu’en 1980 ?
7. Qui regarde NT1 après trois heures du matin ?
8. Si on imite un imitateur, ça donne quoi ?
9. Pourquoi les claviers d’ordinateurs sont-ils aussi mal conçus et peu pratiques ?
PS : et 1bis, pourquoi quand j’arrive à la gare de destination, mon wagon est-il encore le plus loin du quai ? Il y a eu un looping du train alors que je m’étais assoupi ?
jeudi 3 juin 2010
De la diffuculté de se faire comprendre en milieu professionnel
Pour revenir à des chroniques proches de l’esprit « je veux que quelqu‘un vienne ici et m’explique » comme dit mon ami Jacques S., je souhaite évoquer ici les questions relatives à la transmission claire d’un message vers autrui. Et ici je ne vais évoquer que le milieu professionnel, (mon boulot, en fait !)
Voilà.
Vous avez compris ?
C’est noté ?
Ne vous êtes vous jamais rendu compte qu’après une explication détaillée de votre part, face à un groupe de personnes avec qui vous devez travailler, vous obtenez souvent des « oui oui oui » de vos interlocuteurs… mais après, l’on vous redemande souvent des précisions, voire des éléments fondamentaux ?
Exemple : dans un service A, on organise un « briefing » B à grands coups de Téléconférence T et de Powerpoint PPT en polychromie de toute une équipe pour un sujet S…. .
Ceci est inévitablement suivi de coups de téléphone ou de mails a posteriori par X qui jouait avec son Blackberry, par Y qui est arrivée en retard et (bien sûr !) par ce con de Z, demandant des questions …basiques du genre « Où ? » « Quand? » « Combien ? », etc.
Sans compter les contresens, les erreurs, la mauvaise foi, l’inexpérience et l’arrogance.
L’employé de bonne volonté doit savoir rester patient.
Tout pédagogue me fera remarquer avec pertinence que la répétition est mère de pédagogie.
Tout formateur vous indiquera avec intelligence que redire c’est mieux faire passer l’information.
NB : là, vous avez remarqué le petit écho des deux dernières phrases de cette note ?
Démonstration de mon propos.
Pire encore, quand vous devez vous exprimer dans une langue qui n’est pas la vôtre.
Even worse, when you must express yourself in another language (not your mother tongue).
Je parle d’expérience, plongé dans le bain des multinationales et des assemblées transnationales depuis longtemps.
On ne capte bien, à mon avis, que 50%-60% de l’ensemble d’une présentation écoutée en langue étrangère (even in English, my dear) en salle de réunion, voire 30% maximum par téléphone (et 10% dans la soirée ou le dîner dit de « teambuilding » pan-Européen, avec cependant une pointe à 20% après le quatrième verre).
Puis… Ô épreuve redoutée et si souvent répétée de l’écoute d’un « speech » en anglais
Et encore, quand c’est Charles qui parle avec son accent parigot, cela va, mais attention voici Manolo qui met l’accent tonique à la mode ibère et nous voilà en mode « longues ondes sous le tunnel » !
Si c’est Ed l’écossais ou Sinead l’irlandaise, halte-là, perte du fil assurée. Si, en plus, ils font une bonne « joke » avec Sam, du Texas, ils ne sont que trois à rire, sur les 25 personnes que compte le « meeting ».
Seul le néerlandais va un peu comprendre, et encore, on ne sait pas s’il est sincère.
Le finlandais ne rit pas toujours, lui.
Anecdote : j’ai déjà entendu, une fois, une âpre discussion en anglais « écorché » entre mon chef de l’époque (français) et un italien. J’écoutais mollement, mais au bout de dix minutes, je suis intervenu et je leur ai dit qu’en fait, ils étaient d’accord !
Ils m’ont regardé, étonnés, mais ont continué leur débat (on a sa fierté, Monsieur).
Tout cela pour vous faire toucher du doigt qu’il est délicat de travailler ensemble dans le même bateau, en commençant par le fait basique passer aux autres un message simple.
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mercredi 2 juin 2010
Retour express
Dépêche AFP-Reuters-The NY Times-Le Monde- The Bombay news- Guatézuela Associated Press- Chine Nouvelle- Africa Number1-
Choc dans le monde entier. Inquiétudes. Débats.
La fusée-sonde Flexplorer 8 que nous avions expédiée pour rechercher de nouvelles formes de vie dans l’espace s’est violemment écrasée à son retour sur Terre.
L’impact s’est produit dans la banlieue de Cocones City (Guatézuela), ravageant un quartier entier et détruisant de nombreuses maisons.
Par miracle, on ne déplore aucune victime, car l’intégralité de la population locale assistait à un match de football, le derby Angelos-Cocones City contre Los Toros de Ciudad-Popotez. (Match interrompu par la catastrophe, score 2-2 après 76 minutes de jeu)
Les trois cosmonautes n’avaient pas donné signe de vie depuis que leur engin avait dépassé notre système solaire.
On sait seulement qu’ils allaient approcher une planète où une forme de vie organisée semblait possible.
Il est probable qu’ils aient pu se mettre en orbite basse, voire effectuer un atterrissage et commencer une exploration préliminaire de la planète en question.
Il est à noter qu’ils ont enclenché de façon manuelle la puissance maximale des réacteurs pour rentrer sur Terre et qu’ils n’ont rien fait pour arrêter leur course, après avoir traversé l’atmosphère.
Un trou de trente mètres de profondeur a été creusé par l’impact de Flexplorer 8.
Ce qui est inquiétant est le seul message envoyé par l’équipage, quelques secondes avant l’impact :
« Purée, les amis, on préfère ne pas vous raconter ;
Good luck avec E.T. et sa bande ! »
mardi 1 juin 2010
15768000 minutes
Paris, premier juin 1980.
Sur le quai du métro, j’attends. Station Saint-Paul, direction Charles de Gaulle Etoile. Je suis fatigué, hier soir, on a bu quelques bières belges avec les copains, c’est Jean-Jacques qui nous a raccompagnés dans la 305 Break toute neuve de son père et nous étions tous un peu fracassés…on a écouté Police à fond.
C’est long, je fais les cent pas, il est trois heures de l’après-midi, heure creuse. Peu de monde sur les quais. Une gitane vient me demander une pièce, je refuse, elle me maudit à voix basse. Je me dis que le métro met toujours trente ans à venir.
Je sors de mon sac US vert kaki ma petite calculette Casio, avec des diodes bleues, et je calcule que trente ans, cela fait 15768000 minutes. Je m’assieds sur un siège, en dessous d’une publicité pour Benco, le chocolat en poudre que j’aime bien et je pense à l’album 33 tours d’AC-DC « Back in Black » qui m’attend à la maison pour écoute dès ce soir.
Je m’assoupis un peu. Réveil en sursaut, un peu endormi… le métro se pointe (enfin !), la porte s’ouvre et je saute dans la rame.
Tiens ! C’est drôle, il n’y a pas de séparation entre les wagons ? Ce métro est un long train et je me retrouve dans un long serpent qui file… et les sièges ? Marrant, ils font très « design », recouverts d’un tissu synthétique et coloré. C’est un prototype de nouveau métro ?
Ah, et la fille, assise à côté de moi, elle est habillée très sexy, dites-donc. On voit son ventre et son nombril. Elle a un look super disco. Elle écoute son walkman, qui est tout riquiqui : mais où met-elle la cassette ?
Et ce jeune garçon plus loin, que fait-il ? Il parle dans un talkie-walkie orange et tout fin.
Dans le métro ? Il fait semblant, il joue au mime Marceau ou il frime ? Et ce black, là, à deux rangs, il caresse une espèce de calculatrice assez large, qui a l’air d’être en verre pour moitié. Je me lève, l’air de rien et m’assieds derrière lui ; C’est étrange, il y a des images, des photos qui semblent glisser quand il les touche ! Mais que fait-il ? Il se met à jouer au talkie-walkie à son tour ; il dit « allô » et se met à parler. C’est quoi ce bin’s ? Une secte d’imitateurs des conversations téléphoniques ?
Station Hôtel de Ville. Des touristes entrent en parlant espagnol et très fort. Quel habillement ! Des sortes de K-Way trop fins, des sacs à dos fluos, des chaussures de sport biscornues et de plusieurs couleurs. Ils tiennent des caméras vraiment mini et ont des lunettes qui semblent dessinées par Yves Saint-Laurent !
Oh ! Et toutes ces publicités sur les murs de la station ! C’est quoi ces poulettes déshabillées ? Chaud ! Et cet appareil noir … une Télévision HD… mais de quoi « HD » ? c’est fait pour équiper des salles de cinéma, vu la taille ? En promotion ? Et pourquoi en monnaie étrangère ? Je ne reconnais pas le symbole, si c’est mille deux cents, c’est donné !
Le métro couine et repart.
Je remarque aussi la plupart des autres passagers en train de lire un journal avec peu de pages, mais où la couleur est partout. Ils ont tous le même, ceci dit, c’est surprenant ! J’ai raté une édition spéciale ou quoi ? Une vieille dame près de moi se lève et en abandonne une copie sur le joli siège, sur lequel un type un peu dingue a du mettre un coup de feutre et laissé une sorte de gros autographe.
Je regarde le journal. Elle l’a oublié ? Tant pis, elle perd 5 francs ! Je vais le piquer discrètement quand elle sera sortie.
Premier juin 2010.
Pardon ? L’effroi me saisit. Je feuillette le journal.
Je ne comprends rien. Je descends à la station Chatelet, comme frappé par un direct de Sugar Ray Leonard.
Je titube, regarde ces publicités qui ne me disent rien, ces gens habillés comme dans un défilé de mode américain ou tropical, tous ces talkies-walkies téléphoniques et cette station trop éclairée.
Je vacille et tombe.
Je me réveille.
Station Saint-Paul, sur un siège en bois, une publicité pour Dany sur l’autre quai. La gitane revient et elle me tend la main.
Je lui donne un billet de cinquante francs et je sors en courant dans la rue. Le soleil brille.
François Mitterrand, fort et tranquille, défie Giscard d’Estaing sur les murs de Paname pour les élections de l’an prochain …
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