Air France, ce n’est pas la transe.
Dans le vol du soir, Paris-Lisbonne de retour après un voyage « d’affaires », 48 heures de course, je suis fatigué, entassé, compressé et je déteste tout le monde a priori. La chef hôtesse, qui semble avoir autant d’heures de vol qu’un Latécoère qui a bien connu le postérieur de Guynemer ou Mermoz distribue un ridicule sandwich sous cellophane aux affamés de la classe économique. Arrosé d’un Perrier de 25 cl ou d’une mignonnette d’un vin sans appellation contrôlable et cela ne calme l’appétit de personne. Ma voisine, siège 10F, lit un guide de Paris en portugais. Elle est déjà O Louvre. Celle de gauche, 10D, regarde sur son I-Phone un film de ces vampires actuels pâlichons adolescents qui ne consomment ni chair, ni Cognac.10 C, homme 65 ans et grosses lunettes lit avec passion un article en couleurs sur les préparatifs détaillés du futur mariage des ridicules princes britons, ceux dont la face pleine de dents ornera la plupart des mugs à thé produits dans les 6 mois à venir.10 B dort, c’est un vieux bonhomme avec des gros sourcils. 10A doit être un financier, ou un consultant il a gardé cravate et veste grise à fines rayures, il tripote son Blackberry avec ardeur. 10 E (c’est moi) n’a rien à lire et fait la tronche. 10 E (c’est moi) hait 9C, car il a chopé Libé ET le Figaro ET Le Monde Et l’Equipe. Et pour les autres qui embarquent en dernier, macache et journaux en allemand ? 9C a relevé les manches de sa coûteuse chemise, il porte une grasse montre en métal genre Rolex au poignet droit, il a une moue dégoûtée et une lippe proéminente. Il m’énerve particulièrement celui-là. 9B lit un livre épais, c’est un universitaire ? 9A mesure au moins 1m90, il dort déjà mais son crâne dépasse largement du haut du siège. Il doit avoir les genoux vrillés ; dans les Airbus du peuple, au-delà d’un mètre 70, c’est un martyre pour les gambettes en éco’, croyez-moi. 9F, dame avec coussin gonflable autour du cou, incline son siège avec force. 10F fait la tronche, mais elle est O Museu des Invalides. 9F écoute de la musique sur son mp3, je me tortille mais n’arrive pas à lire le titre du morceau. 9D est une femme, je vois juste ses cheveux, poivre et sel, elle bouge beaucoup. 9 E personne, j’ai de la chance, pas d’inclinaison fatale qui réduirait l’espace vital de façon dramatique pour 10 E (c’est moi).10B ronfle légèrement.
Madame 8 E, 35 ans l’air fatigué, se retourne, car sa fille de 12 ans, 8D est partie aux toilettes et une turbulence secoue l’appareil. 8D revient en courant des toilettes, je me dis qu’elle est moche. 10F est à Torre Eiffel. 9C lit Libé, le salaud. 10 E (c’est moi) ne lit rien et s’ennuie.
9B toujours plongé son épais bouquin.10A sort son I-pad avec ostentation et le caresse en prenant un air concentré. 2000 de technologie pour faire sauter avec son index un petit bonhomme au dessus de tonneaux ? La tête de 9A s’affaisse, il essaie de trouver une position confortable pour dormir. Cherche, mon pote ! 10C attaque les mots fléchés, 10 E (c’est moi) plisse les yeux mais ne peut lire les lettres qu’il trace d’un air appliqué. En 10D, le film avance, le vampire héros a la tête de Robert Smith tout pâle avec les cheveux courts, l’air « vachement » mélancolique et est toujours torse nu, mais pourquoi donc ? C’est ça, 9C, lis le Monde, pendant que je n’ai que le magazine pourri et déjà bien écorné de la compagnie aérienne qui me propose d’aller à Mexico (mais ce n’est pas le moment !) ou dans un monastère coupé du monde en Chine, entre deux pubs pour Chanel number Five et des montres à 10.000 euros. 10F regarde la rubrique « où manger à Pariche ? ». L’atterrissage est proche.
Les vampires de 10D ont fini leur historiette, les garçons sont encore torse nu et tout le monde l’air encore plus mélancolique. 9F relève son siège. 8 E coiffe 8F (son autre fille, 10 ans ? mais moins moche que sa sœur). 9A et 10B se réveillent. C’est le pompon, 9C sort un I-Phone ET un Blackberry, qu’il allume et ils font bip-bip en chœur, car ce naze a des messages. 10F a tout lu sur Pariche, même la rubrique des endroits « a evitar » (j’ai vu vite fait que Les Halles dans sa liste noire), elle ferme son guide. 10C a l’air de stresser, because son sudoku n’est pas terminé et nous sommes arrivés.
Madame 8 E, 35 ans l’air fatigué, se retourne, car sa fille de 12 ans, 8D est partie aux toilettes et une turbulence secoue l’appareil. 8D revient en courant des toilettes, je me dis qu’elle est moche. 10F est à Torre Eiffel. 9C lit Libé, le salaud. 10 E (c’est moi) ne lit rien et s’ennuie.
9B toujours plongé son épais bouquin.10A sort son I-pad avec ostentation et le caresse en prenant un air concentré. 2000 de technologie pour faire sauter avec son index un petit bonhomme au dessus de tonneaux ? La tête de 9A s’affaisse, il essaie de trouver une position confortable pour dormir. Cherche, mon pote ! 10C attaque les mots fléchés, 10 E (c’est moi) plisse les yeux mais ne peut lire les lettres qu’il trace d’un air appliqué. En 10D, le film avance, le vampire héros a la tête de Robert Smith tout pâle avec les cheveux courts, l’air « vachement » mélancolique et est toujours torse nu, mais pourquoi donc ? C’est ça, 9C, lis le Monde, pendant que je n’ai que le magazine pourri et déjà bien écorné de la compagnie aérienne qui me propose d’aller à Mexico (mais ce n’est pas le moment !) ou dans un monastère coupé du monde en Chine, entre deux pubs pour Chanel number Five et des montres à 10.000 euros. 10F regarde la rubrique « où manger à Pariche ? ». L’atterrissage est proche.
Les vampires de 10D ont fini leur historiette, les garçons sont encore torse nu et tout le monde l’air encore plus mélancolique. 9F relève son siège. 8 E coiffe 8F (son autre fille, 10 ans ? mais moins moche que sa sœur). 9A et 10B se réveillent. C’est le pompon, 9C sort un I-Phone ET un Blackberry, qu’il allume et ils font bip-bip en chœur, car ce naze a des messages. 10F a tout lu sur Pariche, même la rubrique des endroits « a evitar » (j’ai vu vite fait que Les Halles dans sa liste noire), elle ferme son guide. 10C a l’air de stresser, because son sudoku n’est pas terminé et nous sommes arrivés.
22h 08.Dix minutes pour nous ouvrir la porte, dix minutes pour sortir du zinc. Coup de chance, accès direct en passerelle, pas de transfert au Terminal 2D sardiné contre 23C, D et F avec 28C qui braille pour un biberon et 17A qui hurle au téléphone qu’ « elle est à Roissy, là ! » dans un bus qui pue le gasoil et avance lentement parmi les lumières pâles qui éclairent un tarmac désolé .
Dix minutes pour attraper un taxi qui accepte les cartes de crédit. A la maison une heure après.
10F, vous devriez prendre les Bateaux Mouche.
10C finira son sudoku à la maison.
J’espère que 9C a retrouvé sa BMW avec l’autoradio en moins ou deux pneus crevés dans le parking gelé du terminal de béton, qui résonne du bruit de pas des derniers voyageurs agacés.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire