Depuis trente ans déjà, n’ayant pas pu voter,
Le pays frissonnait, enlevait ses menottes.
Ahmed voyait la rue qui mit à bouger,
le régime sans cœur allait payer ses fautes.
Barricades, incendies, le peuple était en feu,
Policiers matraquant, répression puissance deux.
Les jeunes furent courageux, les méchants pourchassés,
Bientôt, au bout du quai, le dictateur partait.
Sergents donnant des fleurs et prisons qui s’écroulent,
Interviews dans la joie et jolis bains de foule.
Enfin de balayer revint le temps réel,
Se remettre au boulot, après tout ce bordel.
Les soldats, crosses en l’air, demeuraient souriants
(De la démocratie s’étant portés garants)
Élections dans sept ans ? En attendant macache
Un gradé à l’écran maintenait sa moustache…
Ahmed était fort triste, il appela Rachid,
Dont le pays voisin avait occis le prince,
Révolution idem, débouchant sur le vide,
Où de noirs religieux avaient serré les pinces !
- « Mais quoi (lui dit Ahmed), tu as au moins du pain,
La télé extra-plate, une voiture, des trains ? »
- « Même pas lui dit Rachid, et toi tes colonels,
De l’injustice criante ont-ils coupé les ailes ? »
- « Hélas non mon ami, avant c’était à piles,
Désormais équipés, ils torturent à la file,
Chez toi c’est au Coran et chez nous c’est gégène
Au moins le vieux tyran, il nous laissait la laine,
Les nouveaux gouvernants, sous couvert démocrate,
Nous tondent jusqu’au trognon et se graissent les pattes.
L’ancien était maudit, nous l’avons fait partir,
Les nouveaux sont malins, car ils savent séduire.
A l’ONU ils paradent, ils ont des subventions,
Pour toi et moi il reste… pauvreté, soumission. »
Moralité :
Le peuple est trop naïf, il fait brûler les pneus, il est cible des balles.
A la fin de l’histoire, il ne récolte…que dalle !
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