jeudi 23 décembre 2010

OV11


C’est l’heure des grandes résolutions. Dans l’immeuble de verre et d’acier où je suis employé comme cadre moyen, c’est incroyablement calme. Au bureau, là tout de suite, dans un rayon de 200 mètres autour de moi, il n’y quasiment personne. Même le banc en expansion constante de piranhas-consultants (fort nombreux à mon étage) qui dévorent chaque jour des budgets comme d’autres respirent, rien qu’avec le vent de leurs laptops qui s’ouvrent et se ferment… sont partis après s’être congratulés entre eux (vont-ils facturer une journée entière ? le genre de question que je ne ferais pas mieux de ne même pas oser me poser, sous peine de torréfaction et aller simple pour le Pôle E.).
Bref, tout n’est que flux, plane et velouté dans le secteur.
Le bilan de ce blog est excellent. Démarré en mai 2009 sur le site « blogspot », puis repris intégralement avec chaque note doublée, depuis novembre 2009 sur les pages blogs des internautes du « nouvelobs », j’ai vu des statistiques agréables à l’œil et à l’ego de l’amateur solitaire. En croissance régulière, sans publicité, ni le statut prestigieux « d’invité » sur « nouvelobs ».
Un record de 1200 visiteurs uniques à fin novembre 2010, avec 4 pages consultées par visite en moyenne. Excluons ceux tombés par hasard d’un mot clé, cela fait malgré tout plus de monde que dans un très grand amphithéâtre, une très très grosse réunion en fait !
Ceci dit, l’exercice du blog est formateur, mais me semble un peu limité.
Il faut 30 à 45 minutes pour écrire, relire, trouver une image et poster une note ou une chroniquette c’est un petit sprint pour le cerveau… mais pour porter une bonne nouvelle à l’Athènes des Lettres et se faire entendre, chers amis hoplites, il faut courir 42 kilomètres, je vous le rappelle. Et comme chacun sait, l’ambition de l’écri-vaillant qui s’agite les index sur un clavier est nourrie de rêves de gloire et de publication « in real life », fussent-ils modestes !
Ah, le format d’un vrai livre édité, avec une bonne odeur de papier …
Il faudrait sans doute écrire de façon plus régulière, s’accrocher aux chapitres, escalader une vraie histoire et ne pas s’essouffler. Surtout maintenir un lecteur en haleine pendant une traversée d’océan et non pas juste sauter une flaque d’eau en riant, comme sur un blog.
Hmmm, à approfondir… et partir plus loin que là où l’on a pied ?
Donc, là, illico, hic et nunc, vacances pour ce blog, en congé de Nono, espérant que son auteur passe à la vitesse supérieure. Là, « OV11 ! » (Quoi ? oui : on verra en 2011 !)
Merci à tous mes lecteurs 2010, qu’ils soient fidèles, inconnus, aléatoires, intéressés, peu satisfaits ou extrêmement satisfaits (cochez la bonne case et éteignez en sortant)  @++.       

Festinval réveillonesque



Alors, on a commencé par l’apéritif, comme il se doit. Poum ! Les bouchons de champagne qui sautent, et Repoum ! Deuxième tournée. Des régiments de canapés, du caviar à volonté, de fins petits fours, de la crevette en brochette et des olives farcies. Le volume sonore est monté d’un cran et ceux qui sortaient fumer dans la cour avaient les yeux brillants. 
Nous étions déjà chauds lorsque vint le moment de passer à table. Foie gras truffé et ses confitures, saumon brillant en belles tranches épaisses et plateaux d’huîtres surchargés ont ouvert le bal. Les vins blancs étaient liquoreux à souhait. Pour marquer une pause, on fit servir un entremets, à base de glace citron et d’un alcool assez fruité. Les choses sérieuses ont démarré ensuite et avec du chapon flambé aux poires et du cerf mariné au Saint-Emilion, sur son lit de baies rares et une sélection de purées fines. 
Heureusement,  il n’y a plus parmi nous de végétarien ou d’énergumène qui embête tout le monde avec ses restrictions alimentaires, alors nous avons continué avec une pièce de bœuf mode Grand Siècle, voire une fricassée de poissons sauce Impériale. J’ai pris des deux une belle assiettée pour ne décevoir aucune de mes papilles gustatives ! Evidemment, tout ceci fut arrosé de Margaux 2001, d’un rubicond Sancerre et de deux Pinots de fort renom, en plus d’un grand cru de Pommard de la meilleure tenue, sans oublier une charmante sélection de « vins du Nouveau Monde », car c’est à la mode et il y avait un australien et un chilien parmi nous (alors…).
Les fromages sont arrivés alors que le volume de la musique a commencé à monter, car l’orchestre des gardes attaquait un morceau endiablé. Les lumières ont changé et je voyais mes voisins tantôt bleus, tantôt rouges, et un peu en double, ce qui ne m’a pas empêché de saisir de belles parts d’Appenzell, de Fourme d’Ambert et une solide portion de Brillat Savarin, sans omettre (quand même) un morceau de ce joli Camembert bien fait. Quelle bonne idée ! 

Un autre amuse-bouche est servi juste à ce moment et la liqueur de poire qu’il contient passe agréablement, car les desserts arrivent. Festival de tartes, gâteaux, crèmes, meringues, glaces et coulis onctueux se succèdent. On veut goûter à tout, tant cela à l’air bon ! Poum et Repoum ! font les deux tournées de Champagne millésimé qui précèdent le café généreusement arrosé de whisky, entouré d’alcools blancs et bruns qui tournent dans nos mains en des verres ballons grands et ronds comme des aquariums de salon pour poisson rouge. 
La musique s’est soudain arrêtée. Le tirage au sort a eu lieu. Les numéros 45, 68 et 122 ont été montrés à tous. Des gardes royaux sont venus détacher de leur chaise les trois hommes qui servent de cadeau de Noël au Terminotaure. 
Ouf ! Pensai-je, moi j’avais le numéro 123… et le lendemain, je me suis réveillé dans ma cellule.   

mardi 21 décembre 2010

2110, plus que quelques jours à tirer

Et c'est bien, car oser dire "bonne année" à quelqu'un dans 100 ans, ce sera carrément se payer sa tête !

http://en2110.blogspot.com/

lundi 20 décembre 2010

Hiver solitaire



Un soir absolument glacial, en revenant des courses, il se hâtait le long des quais pour rentrer chez lui. 
Le fleuve était complètement gelé, solide, depuis de nombreux jours déjà. Le temps était cotonneux, un vent souple et vif soulevait de petits tourbillons glacés sur le sol. La luminosité était faible, il y avait très peu de passage de véhicules des deux côtés et presque personne en vue. Il avançait, un peu courbé, le visage dissimulé sous une cagoule de laine, emmailloté dans une grosse écharpe et le corps engoncé dans un épais manteau gris. Il portait des gants en peau de phoque et de solides bottes fourrées qui accrochaient sur les sols glissants. Bottes usées et décolorées, mais encore chaudes, portées sur deux paires de chaussettes achetées aux surplus militaires. 
Il marqua une pause et regarda de l’autre côté du fleuve. Sa vue baissait, mais il vit une forme humaine qui lui faisait signe. Il regarda à droite, puis à gauche. Il était bien seul sur sa berge. La silhouette lui faisait maintenant des signes plus amples, avec les deux mains. Il se retourna encore, ne vit toujours personne et lança un regard à nouveau vers celui qui le hélait ainsi avec force. « Moi ? » cria-t-il de toutes ses forces, se désignant d’une main gantée (sa voix lui sembla être étouffée par le vent car les flocons recommençaient à tomber de plus en plus fort). Tendant l’oreille, il crut distinguer une réponse telle que « Oui, oui, vous, là-bas,  Mmmh, Vvvtvv,mmm ? «  Ou quelque chose s’en approchant… et les gestes reprirent de plus belle. 
Après quelques secondes d’hésitation, il décida d’en avoir le cœur net, descendit l’escalier, franchit le quai et s’avança en direction de l’autre berge. Au début doucement, écartant les bras pour obtenir un meilleur équilibre. « J’arrive » hurla-t-il en direction de l’autre « Bougez pas ! » et il continua sa progression, alors que le vent se mettait à souffler en rafales, balayant la surface dure, soulevant encore plus de nuées immaculées et poudreuses. Il toussa un peu mais continua son avancée prudente. 
A mi-parcours, il accéléra le pas, mais mal lui en prit, il sentit la glace bien plus fine à cet endroit et un craquement sinistre se fit entendre. Tétanisé, il se mit à faire des tout petits pas, espérant ne pas tomber dans cette eau mortelle. Heureusement, après quelques mètres, il put marcher sans risque. 
Le vent avait redoublé, et l’obscurité était presque totale, seul un petit réverbère éclairait celui qui l’appelait, dont la forme apparaissait en contre jour, dans les volutes de la neige qui tombait de plus en plus drue. Essoufflé, il cria encore « Je suis là ! » et se mit à monter avec précaution l’escalier raide et glissant qui menait sur le quai. 
Enfin, en sueur, rouge, il s’approcha de l’homme qui le hélait depuis tout à l’heure. Un parfait inconnu, avec un nez pointu et un chapeau noir, qui lui dit tout à trac : « Dites, vous savez à quelle heure passe le bus 17 ?»   

L'homme du fleuve


Il faisait très froid et une brume tenace enveloppait les berges. Six heures quarante et toute une équipe déjà au travail sur la scène du crime. Un cadavre avait été retrouvé dans le fleuve, en plein centre ville. Pour l’inspecteur Arbaldsson, cela ne faisait aucun doute, il s’agissait encore d’un règlement de comptes entre bandes rivales. Les mains attachées dans le dos, de nombreux hématomes sur tout le corps, les dents presque toutes cassées, deux balles dans la nuque et les nèfles dans les poches de son manteau, placées en évidence pour que chacun sache que l’homme ainsi massacré avait trahi quelque règle d’un code de l’honneur. Code dont les contours et les obligations semblaient, même pour les initiés, toujours plus difficiles à appréhender.
Arbaldsson buvait un café amer et brûlant, dans un gobelet de plastique souple. Il prenait des notes mentalement, tandis qu’il faisait quelques photos pour ses archives personnelles à l’aide de son vieux téléphone portable. ►

Il faisait assez chaud et une brume cotonneuse enveloppait les berges. Dix-huit heures quarante et toute une patrouille encore au travail sur une scène du crime. Un cadavre avait été retrouvé dans la rivière, bien loin du centre ville. Pour l’inspecteur Slokhanov, cela ne faisait aucun doute, il s’agissait encore d’un règlement de comptes entre quartiers rivaux. Les mains menottées, de nombreuses coupures sur tout le visage, les dents toutes cassées, une balle dans le dos et les fleurs dans la bouche, placées en évidence pour que chacun sache que la femme ainsi massacrée avait trahi quelque règle d’un code de l’honneur. Code dont les contours et les obligations semblaient, même pour les initiés, toujours plus difficiles à comprendre.
Slokhanov buvait un thé sucré un peu tiède, dans une tasse ébréchée et prenait des notes sur son I-Pad, tandis qu’il faisait faire quelques photos par un stagiaire pour les archives du service à l’aide d’un Reflex dernier cri. ►►

Il faisait plutôt doux et une pluie légère enveloppait le rivage. Minuit quarante et toute une équipe râlant au travail sur cette scène de crime. Un cadavre avait été retrouvé en bord de  mer, bien au-delà du centre ville congestionné. Pour l’inspecteur N’Diaye, cela ne faisait aucun doute, il s’agissait encore d’un règlement de comptes entre partis politiques. Les mains tranchées, de nombreuses brûlures sur tout le corps, aucune dent cassée, la gorge entaillée et les graines de mil dans les poches du pantalon, placées en évidence pour que chacun sache que l’homme ainsi massacré avait trahi quelque règle d’un code de l’honneur. Code dont les contours et les obligations semblaient, même pour les initiés, toujours plus difficiles à saisir.
N’Diaye buvait un Pepsi tiède, dans une bouteille sans étiquette et prenait des notes sur son petit calepin jaune, tandis qu’un gendarme faisait quelques photos pour le dossier officiel à l’aide d’un vieux Polaroïd. ►►►

Sign of the times


Lumière blanche des lampadaires urbains.
« J’estime qu’il y en a un sur deux qui fonctionne encore, le reste est cassé, ou alors les ampoules ont été récupérées par des maraudeurs… », songe Fréderic Bellray, qui rentre chez lui dans le Tram 55. 
Il lit et relit nerveusement le mince journal gratuit du matin qu’il a trouvé roulé en un tuyau improbable, sur le siège inoccupé devant le sien. Tendu, il ne peut se concentrer sur les articles, assez mal écrits, reprenant sans formuler d’opinion des nouvelles officiellement approuvées et que chacun connaît depuis au moins 24 heures. Textes banals, entre deux publicités aux couleurs criardes. Malgré la situation, il faut bien que les usines en Chine continuent à produire et les actionnaires à toucher leurs dividendes, oui ou non ? 
C’est l’avant-veille de Noël, et il observe l’allure grise et fatiguée des autres voyageurs, leurs mines soucieuses, aperçoit les cernes et les contours rougis de certains yeux. Il neige fort, mais en ville les flocons froids se transforment en une boue sale, qui mouille les chaussures et fait trébucher certains passants. Bellray regarde à la dérobée le chauffeur du Tram 55, qui jette lui aussi des regards furtifs et méfiants dans son rétroviseur. Ce chauffeur maigre n’a pas d’âge, il n’est pas vieux et ne sera plus jamais jeune (l’a-t-il jamais été ?)

Ce soir, la nuit tombe à cinq heures et une poignée de minutes, méchante et dense, comme pour signifier à tous que l’été est trop loin et qu’il faudra encore subir la loi du froid de longs mois encore. Et s’il n’y avait que ça, ce serait presque une existence facile, pense-t-il.

Soudain, le Tram 55 s’arrête d’un coup, net et violent, entre deux stations, de façon inexpliquée. « Encore ! se dit Bellray, je croyais qu’une trêve avait été négociée hier » De rage, il jette alors le ridicule quotidien à terre, parmi les canettes de soda et les emballages souillés de barres chocolatées. Le chauffeur se lève, se retourne, hausse les épaules, enfile son manteau, ouvre les portes, descend hâtivement et s’enfonce dans la nuit, droit devant lui. Tous se regardent, d’un air épuisé. À leur tour, sortent du Tram, résignés. 
Au loin, sur le boulevard on voit les feux d’une barricade qui flambent dans la nuit en une danse de flammes orangées. Ourlées de l’épaisse fumée âcre de pneus qui se consument. Des gyrophares bleus et rouges ajoutent leurs furtifs pinceaux de lumière, par intermittence. On entend des bruits sourds, quelques cris traversent l’air glacial. « Vous ne devriez pas rester ici », murmure une vieille femme à Fréderic, avant de s’éloigner en boitant légèrement. Elle a raison, le pare brise du Tram 55 explose déjà sous l’impact de deux premières balles. Le bruit des détonations arrive, une seconde plus tard. Tous se mettent à courir en se demandant s’ils pourront rentrer chez eux. 
Le journal gratuit ne parle jamais de ceux qui sont pris en otage.

samedi 18 décembre 2010

L'autre ment


Si l’autre ment
Il me double
Si l’autre ment
Comment s’appelle-t-il alors ?
D’une voix mal assurée, je dis
Alain Fini ?, voire…
Alain Térieur, ou peut être même
Alex, son frère, vous savez,
Alex Térieur
L’autre, l’ap ‘autre
Le converti au double
Double messieurs, double dames, double faute
Rest in peace !

Si l’autre ment
C’est qu’il veut passer outre
Si l’autre ment
Sera-t-il bleu outremer ?
D’un pas mal azuré, je dis
Qu’Alain Fini s’en va
Voir Alain Térieur, ou eut être même
Alex, son frère, vous savez
Alex Térieur
L’autre, son alter égal
Qui flatte tant son ego
Simlple monsieur contre simple dame, simple faute
Rest in love !

Si l’autre ment
Voilà le ver irrité de la vérité
Si l’autre ment
Alors, j’irai embrasser l’étranger
Avec son nez camus
Et sa DS qui tousse
Toi l’étranger qui tanguait à Tanger
Adieu Albert, adieu l’ami
Entre ici, Jean Moulin
C’est la fin du ralliement
Du panthéon de l’amour
Alors peace and love !

( atelier slam sous la conduite d’EVA DT, La clef 18 décembre 2010)

vendredi 17 décembre 2010

Typologie naïve des photos de soi sur Facebook



Je fais partie des 500 millions de personnes qui participent à la vie électronique du troisième pays de la planète : Facebook. Tout a été dit et tout le sera encore en version 2.0, en plus détaillé, plus intelligent, plus pertinent. Partageons ici un regard amusé sur les photos mises sur le « profil » de chacun et qui en disent long, bien sûr sur nous. 
On commence par ceux qui n’en mettent pas ! Anonymes, timides, débutants ou connus des services de police ? Pas facile quand on cherche Jean Martin qu’on connaissait en 3 ème B à Crozon et que 17 fiches apparaissent dont 5 sans photo et 12 avec des drôles de tronches. 

Notons que la fréquence de changement est très variable, de « très souvent » pour miss canon et le comique qui voyage, à « jamais » pour votre tante du Berry qui a eu du mal à effectuer cette opération en chaussant ses lunettes à verres progressifs et Jean Martin qui s’est connecté en tout 4 fois. Sans oublier les 3 millions qui sont vraiment… morts (c’est une froide statistique) sur les 500 millions de fiches.
Il y a ceux qui se cachent derrière une image. On a le droit à Superman ou Darth Vador, beaucoup de personnages de BD, mais aussi à des fleurs, des tableaux, une montagne enneigée leurs voitures ou leurs motos. Docteur, je vous demande d’interpréter ? Ja, Ja. Et je vous passe les chats et les chiens familiers qui semblent prendre dans la vie de quelques uns des espaces assez considérables. Mais, bon, Docteur, là je vous laisse, vous avez du boulot. 

Voici la catégorie des marrants : déguisés, solarisés, Andy Warholisés, le verre à la main, le chapeau de Père Noël sur la tête, ou en train de faire une petite grimace, une cabriole. La majorité nous met un portrait qui occupe bien l’espace, façon photomaton plus ou moins flou, plus ou moins valorisant et de face à 80% …car il y a des gens qui aiment leur profil et nous le montrent donc. 
Il y a ceux qui gardent un « super souvenir » de leurs dernières vacances et hop, les voilà en plongée en Egypte, sur un catamaran à Loctudy ou en tenue de ski à Val de Chamois. 
Pour les jeunes parents, bien sûr, on a le droit à « bébé » en long en large et en travers, soit dans les bras de papa ou maman, soit carrément squattant le profil (ça c’est au début, et pour le premier en général et juste après la période « photo de notre mariage »). 
Les filles ? Ah, elles mériteraient un livre à elles seules ! Bon, OK, les très jolies savent qu’elles le sont et choisissent la bonne photo, avec un petit bout de jambe, un brin de décolleté et en changent assez souvent. Et chacune se présente, c’est charmant, sous un jour qui lui semble favorable et esthétique. Bravo, Mesdames et Mesdemoiselles, de la grâce dans le numérique ne fera jamais de mal.

Et moi, demanderez-vous ? Je souris et je lève le pouce. Un peu naïf, toujours optimiste ? Assez véridique, en fait !  

jeudi 16 décembre 2010

Le profil parfait


Jean-Bertrand Raufard est embauché comme Directeur Tactique Opérationnel Europe par les Usines Glister-Markis, le 3 janvier 2011.  
Son CV impeccable lui a permis d’être sélectionné parmi de nombreux candidats, il a franchi les étapes de huit entretiens d’embauche avec maestria, répondant à chaque question avec élégance, intelligence et justesse, que ce soit en français ou en anglais. Il est présenté aux employés du Département qu’il va diriger, dans une haute tour de verre et d’acier qui domine le quartier d’affaires, son chef commence par ces mots : « Voici Jean-Bertrand, il a fait Harvard et… » Applaudissements discrets. Revenons à son profil : vingt ans de carrière en progression constante dans des grandes entreprises, MBA à Harvard, recommandations à la pelle sur Linkedin, page Facebook tirée à quatre épingles où on le voit jouer au golf, monter à cheval, sourire sur la plage de Cancun avec ses deux enfants et une femme charmante. Le chasseur de têtes a appelé les trois personnes indiquées (« références ») par J-B R., qui ont confirmé tout le bien qu’elles pensent de lui. 
Toutes ses réalisations concrètes menées à bien en des temps record, respectant les délais serrés, économisant sur les budgets, dépassant le chiffre d’affaires prévu, sans oublier de valoriser les membres de ses équipes et obtenir des primes pour eux. Le consultant a examiné en jubilant ses profils Facebook et Linkedin, et noté avec plaisir que J-B Raufard a écrit un livre : «Stratégie filaire de produits en cycle haut,  une approche marketo-commerciale » et un petit blog de fines observations sur l’évolution des tendances économiques récentes. Chapeau, quel candidat d’élite nous avons placé chez ce client… 
Le soir même, Gérard Raufard, de son véritable  prénom, né à Comberjon (près de Vesoul) rentre chez lui. Il souffle, il a eu chaud, on lui a posé une question sur sa femme et il a été un peu évasif ce midi, à la cantine. Il n’est pas marié et n’a pas d’enfants : sur Facebook, il a posté des photos récupérées sur Google et trafiquées. Jamais été à Harvard, son diplôme vient d’un site chinois. 
A été chômeur au Havre, ces cinq dernières années. Ses « références » sont des potes du club d’improvisation théâtrale des dockers, dont Momo son prof d’anglais (à la retraite), Philou le poissonnier qui a un fils en école de commerce et Mauricette la dame pipi de l’hôtel des Trois Ancres. Il les a briefés à mort et ils connaissaient leur rôle par cœur. 
Son CV est bidonné à 100%, il a noté sur Internet des profils parfaits pour le poste auquel il a postulé. Le livre n’existe pas, le blog est fait de copier-coller d’articles existants. Ses cheveux sont teints, il a acheté un costume neuf et des chaussures à crédit. Improviser est son talent. 

Combien de temps tiendra-t-il rien qu’en posant des questions ouvertes et réclamant de nouveaux budgets ?

Des ours en Béarn et de la neige à Paris



La presse (que j’aime) est bien fatigante en ces ultimes rengaines pour les semaines qui finalisent 2010 !
Délires et engueulades, débats et gros titres, énervement et épuisement  Chacun attend la pause des congés de fin d’année, est fatigué et les coups de rasoir fusent de tous côtés.
Prenons l’exemple de la discussion qui revient régulièrement : faut-il réintroduire des plantigrades dans certaines régions ? Sincèrement, comme je peux en voir de beaux et silencieux bien empaillés au Muséum d’histoire naturelle et deux ou trois exemplaires dans les zoos de la capitale, j’ai ma dose de plantigrades… donc ce sujet me semble un peu surréaliste. En revanche, si j’élevais des moutons et voyais mes revenus chuter comme les températures en Sibérie d’Octobre à Février, avouons-le tout net, j’irais faire des emplettes toxico-chimiques voire chez Smith et Wesson et la bestiole finirait enterrée discrètement dans une fosse emplie de chaux vive, sans publicité ni image postée sur Facebook. Désolé, mais « une peluche ça va, c’est quand il y en a trop que cela pose des problèmes » (Bruce Oursefeu) 

Quant à la neige à Paris, ce phénomène dit « naturel » nous les brise menu, c’est vrai. Il n’y rien à ajouter, juste un peu de sel et c’est tout. On s’agace et puis cela fond au bout de 24 heures…

Et puis, aaah, les grandes rétrospectives et les solides « best of ». Voilà la liste des meilleurs films, des disques d’or, des livres best-sellers. Zut, j’en ai raté les trois-quarts et des tas de trucs que j’ai adoré sont en dehors de ces classements ! Après les listes de cadeaux de Noël, ces accumulations aussi me donnent aussi un sentiment de trop plein, impossibles à digérer.

Et France Info qui nous serine tant au sujet de l’épuisante Ligue 1, qui est gelée pour un temps mais (hélas) pas pour toujours, comme ces compétitions européennes multiples auxquelles j’ai cessé de tenter de comprendre quoi que ce soit, à part qu’à la fin c’est Barcelone ou Manchester qui gagne, mais –nota bene- je n’irai pas passer une semaine de vacances à Manchester, malgré mon admiration sans bornes pour l’œuvre de Joy Divison et New Order.

Il nous reste les bonnes résolutions que l’on tiendra si peu.
Consommateur, électeur, contribuable et bon citoyen, je me sens parfois comme un ours en Béarn, croyant être relâché dans la nature et gambader en toute liberté, mais en fait déjà classé en voie de disparition ou transformé en pelisse devant une cheminée. Allons, un peu de gaité, d’optimisme et de bonne humeur. Au sec…ours, le printemps va revenir !
 
Il est temps d’ouvrir quelques bouteilles de Champagne…

mardi 14 décembre 2010

Mais qu'était-il donc arrivé ?



La capsule Solarus 8 avait commencé sa phase d’approche et de retour sur Terre. Les trois astronautes avaient lancé toutes les opérations, enclenché les processus complexes et très techniques qui permettaient leur descente en toute sécurité. Contrainte unique : être en mode de réception passive et pas de possibilité d’émission de leur part pour toutes les formes de communications pendant les trois dernières heures de la descente rapide. OK 5/5, la plongée finale se déroulait correctement, les hommes solidement attachés, la capsule vibrant et résistant aux énormes pressions extérieures.
Soudain, la radio de bord transmit un message affolé, mais interrompu : « évacuation immédiate, procédure d’alerte maxim.. ». L’un des astronautes appuya immédiatement sur un bouton de recherche de stations et capta un autre message, mais dans une langue inconnue de lui, noyée par les parasites et le ton en semblait assez alarmé. Puis, plus rien, aucune émission dans le spectre des fréquences pourtant large dont ils disposaient. Ils activèrent le code de secours, le balayage express et le mode manuel, mais aucun écho ne parvint à cette requête. 

Ce fut surtout dans la phase ultime que l’inquiétude grandit en eux. Survolant de nuit le continent européen, ils apercevaient les lumières des zones habitées et des grandes villes. Mais ces lumières semblaient vaciller, hésiter, et elles s’éteignaient par morceaux entiers. Vu de l‘espace cela ressemblait à un sapin de Noël sur lequel on enlève des guirlandes en un geste brusque. En revanche, d’autres taches de lumière vives et orangées apparaissaient en des endroits auparavant noirs, et ce, y compris dans les zones montagneuses ou maritimes. 
De plus, abasourdis ils virent l’espace aérien encombré d’aéronefs de toute sorte, et au moins une dizaine de fusées décoller, allant dans la direction opposée à la leur, les croisant de fait deux fois plus vite, laissant un panache de fumée montant droit vers le ciel. L’une des fusées explosa en plein vol, juste au dessus du Maroc, une autre retomba en direction de la France dans une fumée noire.
Ils virent quelques flashes de lumière, et quelques éclairs dus à de gros orages vers la Toscane et la Corse. Puis, tout fut plongé dans le noir. D’un coup. Ils allaient amerrir un peu au large de l’Espagne dans l’Atlantique, et devaient comme prévu y attendre le navire de récupération. 

Mais le navire n’arriva pas et la radio restait désespérément muette. Ils gonflèrent l’embarcation de secours et commencèrent à ramer en direction de la côte, d’où plus aucun phare ne lançait de lumière. Sur une mer grise, avec un vent sinistre, hurlant et des nuages épais qui n’annonçaient rien de bon. 
(D’après Dino Buzzati, in « L’écroulement de la Baliverna »)

lundi 13 décembre 2010

Un exemple ref "avoir la classe"

Le T-shirt des Smiths, là est la petite touche "plus" !

vendredi 10 décembre 2010

Des sous-marins et des commissions occultes



Wiki licks et la caravane part en sucette. Une sarabande de nouveaux secrets pas beaux du tout vont être révélés très bientôt et vous avez de la chance ici même de lire les toutes prochaines révélations !
La France a vendu en 1992 des sous-marins d’attaque de baignoire et des torpilles électriques vivantes au Krakistan Méridional, et bien sûr il a fallu graisser la patte de toute une série d’intermédiaires… (Vous savez ce que c’est dans ces pays, hein !) 
Pour que les retro-commissions passent inaperçues, l’ex Premier Ministre, alors agent double-secret des USA, mais aussi correspondant discret de la Pravda, a demandé à ce que les sommes soient transformées en marchandises (curry, bâtons d’encens, patchouli, caisses de statues d’éléphants à deux trompes en plastique rose et brillant).
Tout est renégocié en liquide, bien sûr, aux Puces de Montreuil. Mais, comme les sous-marins étaient acheminés en pièces détachées via la République du Bona-Bona et son bienfaiteur, le Général M’Baliba* demandait aussi son petit pourcentage. Justement, la compagnie Totelf faisait des forages dans la baie de Port-Méchant (la capitale économique du pays, vu que la nouvelle capitale administrative, c’est Bilikoko son village natal- 32 habitants et une centrale nucléaire construite gratuitement par Tarevé). 
Les caisses étaient stockées sur les plateformes de forage, avant que des cargos portugais ne viennent prendre livraison de la marchandise, estampillée « morue de la paix », les décharger à Dubaï, où elles sont mises en containers. 
Des camions chargent les containers et se dirigent vers le Krakistan, mais en transitant par le lac Viakal (pour que les torpilles électriques puissent nager et boire un peu, j’espère que vous suivez, elles ont eu chaud sur le port de Dubaï, non ?). Quand les armes de restriction massive sont réceptionnées, de l’argent liquide est envoyé au parti du Premier Ministre dont il est question, mais  il est naïf, car il note tout dans un petit cahier qu’il oublie en 1993 sous un fauteuil Louis XX, dans les dorures de son Palais ministériel et après un cocktail très arrosé avec la Veuve B., autre source de financement occulte de son parti politique.

Ce cahier est ramassé par un homme de ménage, originaire du Krakistan Septentrional, région du Zapousthan en guerre permanente depuis 1258 avec le Krakistan Méridional pour des raisons obscures d’interprétation du Courant (on voit ici deux visions alternatives s’affronter). Il scanne les pages du cahier et les poste sur son profil Faith-Book (lui est partisan du Courant Continu et croyant-électricien tendance Ampère). C’est le bazar, comme on dit dans le souk. En plus, tout est la faute de Météo France qui n’avait pas prédit  ceci à temps !  

(* aussi mentionné dans l’Incorrigible, je vous le rappelle)    

En 2110, d'après mes prévisions....


Plus fort que Météo France, plus malin que Madame Soleil, plus finaud que l'INSEE, plus pessimiste que les agences de notation, plus fourbe qu'un membre du gouvernement, plus lucide qu'un opiomane, plus précis qu'Asimov, plus technique que Philip K. Dick, plus branché que Jules Verne, plus à gauche que Marx, plus à droite que Minc, plus adroit que l'horoscope, plus maladroit que Wikileaks.... le blog "en 2110" qui vous assure une exactitude à 98,78 % pour connaître le futur véritable de notre planète dans pile 36500 jours !

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jeudi 9 décembre 2010

Soyons désinvoltes, n'ayons l'air de rien


Merde, rester ce soir dans mon fauteuil et ne rien écrire sur la fin de Noir Désir , c'est juste "pas possible".
Pote blessé à mort qui avait eu son accident à Vilnius, nous savions tous que le soldat Tostaky avait eu son compte, colonne vertébrale sectionnée, et que seul des écrans verts avec des courbes faux-cul nous disaient qu'il n'était pas déjà au cimetière des illusions perdues.
On maudit le putain de sort, on crache sur cette nuit de merde où il a tué la Marie, où il a tout explosé...On a mal pour lui, pour elle, pour tout... le sort est trop cruel, c'est à brûler tous les confessionnals, à donner l'absolution à la rage, aux porteurs de ceintures d'explosifs.
A ton étoile noire, car le loto du foutage de gueule des Parques tu l'as gagné, avec les 6 numéros et le complémentaire. Du ciment sous les plaines peut être avant, mais du ciment dans la bouche désormais. Et pourquoi ?

Sache que l'on n'oublie rien, les albums précieux, les chansons lumineuses, les concerts inflammables et les séances hurlées dans la voiture avec les hauts parleurs de l'auto radio qui commençaient à en avoir la tremblote.
Tu chantais pour nous à fleur de peau des sentiments, Bertrand, toi l'hypersensible, et bingo tu as eu le droit dans cette vie au voltage maximal, à la meilleure dose d'acide, à l'écorchage avec le couteau rouillé. Le purgatoire plus l'enfer en un remix immédiat, même pas mort que tu étais et tu as pris perpète dans la tronche, en direct, in vivo veritas.


En revoyant les images si jeunes et si fières des Sombres Héros de la Mer .... en écoutant le coeur serré comme un moteur cramé cet harmonica nostalgique , je regarde le bateau qui coule aujourd'hui pour de bon, et je ne suis pas le seul et oui, je le dis, ça me saoule, ça m'énerve fort et je grince des dents comme la guitare de Teyssot-Gay ferait un larsen. On savait que la soirée était sûrement finie, mais là on rallume la lumière. Et quand on rallume la lumière, les couleurs de la réalité sont vraiment à chier dans la salle des fêtes.
Le vent nous portera nulle part, ce con, il a arrêté de souffler pour de bon sur cet îlôt.
Bien sûr, il en reste des types qui nous sortiront des 666.667, des one trip et des one noise, à l'envers et à l'endroit.

Mais bordel, je re dis bordel, il y a des jours où on se dit que le Royaume du Danemark est pourri, gâté, qu'il ne tourne pas rond. Quand on voit les merdes volantes qui atteignent les ventilateurs de la musique qui nous explosent dans les tympans chaque jour que le diable fait, je mets le volume sur 11 et je répète "no pasaran!"

En route pour la colère.

Cher Tonton Nono


Ici Teddy d’Montréal, le gars qu’était pote avec le Mexicain et pis Naudin, le roi des moissonneuses batteuses de Montauban. Lis ma bafouille et serre les miches moi j’aime pas me répéter. Dis donc, Nono, tu ferais mieux de fouetter tes lutins et de donner d’ la vitamine à tes rennes. Y ‘a du boulot sur Terre, si tu veux mon avis. Et si tu l’veux pas, c’est comac. 

Quand je cause, en général on m’écoute, surtout quand on est face à mon big calibre. Je sais c’est du ricain, c’est balèze et ça fait pan, mais moi, j’aime bien les produits d’importation avec une technologie qui facilite la pédagogie. D’abord, tu sors la r’morque XXL et t’apportes des sableuses et des saleuses aux autorités hexagonales, surtout du côté de Paname… vu que chaque année c’est ambiance Gengis Khan et son grand manteau blanc, et que chaque année y nous font le coup de rester la tronche enfarinée en disant : «  hé bé, y neige, les routes elles sont qué-blo ! » 

T’aurais vu Hortefouine au Jité, qui nous jactait que c’est la faute aux rues en pentes et que de pagaille, hier pas l’ombre de… Mazette ! Le culot du tôlier de la Maison Poulaga ! T’aurais vu le boxon, on se serait cru à la Foire du Trône, dans les auto-tampons, mais sans les pommes d’amour et les peluches maxi big qu’on gagne en défouraillant 5 plombs dans des ballons. Donc, tu distribues du John Deere et du Caterpillar à tours de bras, tu rajoutes quelques pelles et un cargo de sel, comme ça l’an prochain on évitera de faire Holiday on Ice sur le Périf et autour de la Vallée d’Chevreuse. Mon pote, Omar dit «  la Pince », il voulait relever les compteurs au Bois, il a fini en luge et il a r’trouvé ses filles au bistrot, un grog à la main, au lieu de faire reluire le client comme il se doit. 
En plus, on avait prévu une petite vidange express de la Générale et du Lyonnais dans un des beaux coins de la capitale (on sait vivre quand même), hé ben, pas possib’ là aussi ! Verglas comme sur un gâteau d’anniversaire. 
La tuile ! Non mais tu nous vois en train de nous tirer sans gloire dans la Mercedes, façon crabe, les poulets au train et les gyrophares qui éclairent la nuit comme au réveillon de mon cousin Jojo ? En plus, je l’ai toujours dit, une propulsion, c’est pas pareil, mais bon la technologie allemande, elle a fait ses preuves, pas vrai ? 

Bref, Père Nono, on compte sur toi pour que t’équipes nos cantonniers et autres racleurs de bitume de façon minimale. On passe pour des billes dans l’hexagone, c’est plus possible. Les Pollacks et les Russkoffs sont pliés en deux quand ils nous voient refaire la scène de la Bérezina chaque hiver. J’sais bien qu’on a un chef qui s’prend pour Bonaparte modèle 1802, mais quand même… faut bien qu’on puisse bosser, nous la pègre. Regarde Wall Street, les glaçons ça les empêche pas de toucher le gros lot, oui ou non ?

mercredi 8 décembre 2010

"Avoir la classe" : qu'est-ce donc ?



Définir l’indéfini ? Faire un château de sable au Mont Saint-Michel ? Défi à relever et je le fais sans retard, dans le format habituel de mes notes (Word, Arial, Corps 14, une page A4, soit environ 2700 signes espaces compris). « Avoir la classe » : expression populaire dorée d’admiration et empreinte de respect, destinée à quiconque est reconnu comme volant parmi les hauts nuages de la reconnaissance instantanée , planant sans effort au-dessus de l’escadrille des cons ordinaires (qui n’a que des chefs et très nombreux, comme ces Stukas hurlant au-dessus d’une route départementale en juin 1940) . 
Tel un philosophe antique dont j’ai oublié le nom, je vais vous donner des exemples, et de facto surgira une définition, et vous vous direz : oui, c’est ça, cogito eurêka sumus mortalis et tutti quanti .Un tout petit extrait, quelques images, labellisés « classe » de mon seul point de vue habillé de la toge maculée de ma perception subjective : le bassiste des Clash sur la pochette de London Calling, n’importe quel guitariste avec une Rickenbacker, Jean Moulin et son écharpe, Charles de G., JFK, le Quinze de France du Grand Chelem 1977, Julien Guiomar dans l’Incorrigible, Borges qui lit un texte, Hopper dans sa voiture, une vingtaine de personnes de bien que j’ai croisées, etc. On pourrait dire de prime abord qu’il s’agit d’hommes et de femmes ayant un comportement exemplaire, esthétique, courageux, fort noble et mesurable. 
Mais « pas que »…. En effet, vous pourriez tomber dans l’ornière du « premier de l’école » qui justement n’est pas le premier « de la classe ». Avoir 20 en Maths, faire de parfaits débit-crédit, se faire tuer juste en sortant de la tranchée, gagner des tas d’or, gouverner un pays grand comme un continent…. 
Tout ceci est fort bien, mais il peut vous manquer ce zeste de brillance, cette étincelle de prestige, voire cette facilité à allumer une étincelle dans les yeux de ceux qui vous regardent avec envie, même quand vous ne faites plus rien. Je vous rappelle qu’a contrario, de parfaits losers, des éclopés de la chance, des fracassés du coup de bol peuvent faire sourdre de leur caboche en photo ou en Super 8 des éclairs d’élégance, voire un petit pincement de « mais moi aussi, je l’aime ce gars » (Syndrome Chet Baker). 
Serait-ce alors uniquement une perception esthétique, visuelle et empreinte d’une volonté de poser, voire d’être à la mode ? Non, car il est nécessaire d’avoir du fond dans le comportement et de la suite dans les idées. Il est indispensable d’ajouter à l’illusion des valeurs fortes : amitié, fidélité, persistance dans la vocation. 
Je vois le bas de la page qui se rapproche à vitesse grand V et j’écris, mais tout ceci ne nous mène pas très loin. 
Alors, vite, que dire ? Qu’il s’agit d’une frontière invisible entre le supplément d’âme et le vide des esprits prétentieux ? On m’y reprendra, tiens, à chasser les bulles avec des tenailles et les papillons avec des moufles !         

mardi 7 décembre 2010

Mad Men se démène


Pour faire suite à une note précédente (« Mad Men, amen »), voici des remarques additionnelles sur cette série vraiment très intéressante.
Mon épouse et moi avons regardé en 10 jours l’intégrale des deux premières saisons en DVD. N’ayant pas l’abonnement doré à la chaîne câblée pour regarder la saison 3, nous achèterons le DVD d’occasion sur les sites marchands ad hoc, et hop ! Ce sera reparti (sans pub et à notre rythme). « Ti- nin tin-nin tin-nin… » : Les  premières notes accrocheuses du générique retentiront et nous serons à nouveau catapultés en 1963 ou 1964 ! Flashback, que va –t-il se passer ? (nous on sait et c’est triste, que Kennedy va se faire exploser le crâne à Dallas). 

Alors voilà, j’avais naïvement noté le côté idyllique et formidable des personnages, des décors si jolis et des costumes parfaits, mais le visionnage de deux saisons m’a appris à observer la noirceur profonde qui empreint le scénario, comme le passé de chaque personnage. Les éclairagistes du studio ont tous beaucoup regardé les toiles de Hopper et je leur tire mon chapeau : visuellement, c’est  fully esthétique. Mais les failles dans les âmes et les consciences sont béantes. 
Don Draper réussit tout au bureau, mais voyez son trouble passé qui remonte comme un macchabée verdâtre sur un fleuve et observez sa quête de conquête (par la quéquette) de femmes fatales et problématiques. Et son épouse modèle, perdue dans sa jolie maison, qui boit de grandes rasades d’alcools matin midi et soir et ne sait plus qui elle est ? Quid de ces enfants ballottés et qui ont juste droit à un « vas te laver les dents et  te coucher » le soir ? Et la petite Peggy, dans sa détestable famille bigote qui abandonne son bébé illégitime ? 
Le Pete Campbell crève d’ambition, n’aime pas sa femme, tout comme ce graphiste italien, homosexuel refoulé ? Sterling qui croit échapper à la mort en achetant le …cœur d’une petiote de 30 ans sa cadette à coups de bijoux et de room service dans les 5 étoiles de Manhattan ? Cher ami, un double divorce va bien arranger vos faiblesses cardiaques, pas de souci. De même, ces millionnaires californiens rencontrés en fin de saison 2, ils me font penser aux milieux poudrés du nez et effroyablement malheureux évoqués par Bret Easton Ellis dans « Moins que zéro ». 

Résumons : une série addictive, dans laquelle on tombe, comme dans un rêve et à l’image du générique animé de début. La vie passée et so 60’s des beaux et des belles, toute ourlée de tracas, d’amertume et laisse un sacré mauvais goût dans la bouche, entre toutes ces cigarettes fumées à la chaîne et ce bourbon avalé toutes les dix minutes. Et malgré cela, comme dans la vraie vie, on y croit, on en redemande, on regarde les belles robes, les jolies gueules et on préfèrera quand même à chaque fois les rêves aux regrets. Silence plateau... Moteur, action !

vendredi 3 décembre 2010

Overcadose


Noël est synonyme de « too much ».

Burp. Rien qu’en parcourant les suppléments « cadeaux » des magazines que je lis, j’éprouve une impression de nausée du type « fin de déjeuner trop riche qui se termine à quinze heures trente ». Envie de vomir mais pas encore la tête dans la cuvette.
Abondance de biens (virtuels) nuit à la santé physique, morale et financière, et je parcours, les doigts boudinés de choix intersidéral, ces pages pleines de coffrets DVD, de rééditions formidables, de livres qui pèsent trois kilos, de gadgets hi-tech vraiment très hi-tech et d’objets parfaitement identiques à ceux que l’on trouve toute l’année dans le commerce, mais photographiés sur un fond de papier alu et de guirlandes ondulantes.

Au bureau, comme dans le cercle familial, des tonnes de vœux, de souhaits vaguement sincères et d’agapes longues à digérer vont se succéder et souvent contraster avec la sécheresse du reste de l’année. Pourquoi devoir aller déjeuner avec tel manager qui ne vous dit pas bonjour les 364 autres jours ? Idiot que je suis, n’oublie pas que nous sommes en pleine période des évaluations de fin d’année. I love you, mon treizième mois. I hate you, mon Pôle Emploi. 
 
Question pépètes, pas d’embellie non plus…Mon budget est plus limité chaque année, ô vendeurs aguicheurs de fin d’année, et sachez que le découvert bancaire autorisé ne connaît pas « la magie de Noël » et de plus, même vêtu comme un lutin ou déguisé en renne, vous n’amadouerez pas votre conseiller du Crédit Agricole.
Et puis cette neige ridicule et des températures à mettre un ours polaire dehors ? En toute franchise : non merci. Comme le Téléthon, si on pouvait appuyer sur « delete » ce serait fantastique ! 
 
Ce n’est pas la fête pour les arbres, devrait-on ajouter, car sur ces suppléments de presse s’empilent les brochures recueillies dans nos boîtes aux lettres et le tout finit dans la poubelle des papiers que l’on pense être recyclables. Cette poubelle qui engloutira les papiers cadeaux le 25 ou le 26 décembre, pendant que les bouteilles de Champagne et de Sauternes feront ding blong ding dans la voisine, appelée « spécial verre ».

J’ai déjà un peu mal à la tête, je visualise le verre d’eau dans lequel le cachet de citrate de bétaïne se dissout en une danse un peu folle, entouré de bulles prometteuses de soulagement de notre tripaille distendue.
Au final, se voir offrir un mince livre d’occasion sans emballage, une journée de soleil, un moment d’intimité, un repas très léger et un verre d’eau pétillante, ce serait cela un joyeux Noël…

mercredi 1 décembre 2010

Les 3 clés du naufrage



Les trois clés du naufrage

Clé UNE : le Commandant libertin

Mes respects, Monsieur ! Vous… vous devez être Saint-Pierre ou une autorité portuaire céleste très gradée ?
Bonjour, je me présente : Commandant Norbert du Frageur de Kerécif, et j’étais seul maître à bord après, euh… votre patron, sur le paquebot Toutanik 4. Et je présume que si je suis là, devant vous, qui êtes entouré de ces créatures célestes, dans cette atmosphère éthérée et avec cette musique où résonnent hautbois et flutes légères, c’est bien qu’un incident majeur de navigation s’est produit. 
Laissez-moi me remémorer un peu. Ah, oui ! Nous avions appareillé du Havre le 2 décembre 2010, et c’était le voyage inaugural. Bien…Je revois tout ! Le Toutanik 4 était le tout nouveau navire amiral des Croisières Déridées, « le spécialiste des personnes âgées proactives et dynamiques qui veulent en profiter » comme dit notre slogan. Pensez, trois mille passagers entre 61 et 97 ans, 52% de veufs, 43% de divorcés, 2% d’échangistes et le reste embarqués par erreur. Quatre ponts, dix sept saunas mixtes, cuisine au gingembre, quinze salles de bal, dix-huit orchestres dont un de « salsa » et un de « rap », water beds, portes communicantes entre les cabines, speed dating et distributeurs de Viagra à volonté, bref : la totale pour une croisière idéale ! 
Le Toutanik 4, navire insubmersible, imputrescible, équipé des toutes dernières technologies de I-radar, avec énergie solaire, moteurs nucléaires, voguait donc vers Punta Canon, la baie des Seniors qui s’adorent. Je me souviens, dans la nuit du 2 au 3 décembre, après un excellent repas bien arrosé de Margaux millésimés, j’avais ouvert le bal et une nuit de feu a démarré. 

Vers 3 heures du matin, je marivaudais de façon galante dans ma cabine avec une paire d’accortes jumelles, des divorcées de Kensington très dynamiques, quand j’entendis et sentis un choc épouvantable ! Le navire se mit à gîter en un instant. Je voulus accourir au poste de pilotage, mais ne pus me lever. Les coquines britanniques m’ayant menotté sur mon lit, elles sont parties en hurlant et…JE N’AVAIS PAS LA CLEF !       
  
Bien, cher Saint-Pierre, me voici là devant vous, un peu à dénudé, si j’ose dire…mais quelle est la suite du programme ?

Clé DEUX : le rappeur de service

Oh zyva, t’es qui toi ? Le Dieu Bon, mon Père Grand ou le videur de l‘entrée d’la vie éternelle ou quoi ?
Yo ! J’me présente, Red Chapron, chanteur dans l’groupe de rap « Nik La Mer ». On cachetonnait à donf pour la thune, sur un bateau pour les vioques, là un to-ba tout blanc, qui faisait péter la croisière des papys et des mamies qui veulent encore se la donner grave avant de partir des pieds vant-de !
Hé, ho, ces quoi ces bombasses qui t’entourent là, avec des p’tites z’ailes et des tenues transparentes, on dirait Lady Cracra dans ses clips sans le slip ! Mais, wesh, ta zikmu qui résonne tout partout, elle craint un max. C’est quoi ces flutes de pan, on dirait les chiliens du tro-mé !  Bon ! J’présume que si j’chui là devant toi, c’est que je suis mortibus, aussi raide que l’Empire State à Nouillorke ?
Laisse-moi me rappeler. On était partis, on avait largué les zamarres, quoi avec les cornes de brume et tout ça, le 2 décembre du Havre, Normandie plus loin que Mantes la Jolie, tu vois, et c’était la première du to-ba, tout neuf, nickel comme la cuisine à ma mère, impec comme un paire de Nike qui sort de la te-boi. 
Attends ! Trois mille vioques, excités comme des oufs, tous prêts à se brancher, à donf sur la dance, avec salsa et valse comme au mariage de mon zin-cou, et même nous, le groupe de gangsta rap pour se la jouer djeuns ! Des restaus ce-cla, des saunas où on va à oil-pé : allez hop ! Et même des  p’tites pilules bleues gratos dans tous les couloirs, pour que les papys y soient parés à l’abordage dans les cabines ! 
Attends ! J’en ai ké-pi une poignée au cas où y’aurait un bleme avec une meuf. Donc, ouais, la nuit du 2-12, on avait fait notre set, cool, on avait fé-bou avec les autres, bu du pinard classos piqué au captain de machin de chose, là, le pacha, et puis j’avais mé-fu un méga tar-pé que m’avait passé un musicos de l’orchestre de salsa. Raide def, le Chapron ! Je vais au pieu et je ronfle, là, direct ! Tout à coup, boum, crac, ça pète, ça bouge de partout, le to-ba y fait du hip hop. J’me réveille du coma… J’me lève pour me tirer d’là vite fait, mais j’avais claqué la lourde et ….J’AVAIS PAS LA CLEF !

Bon auréole man, me v’là devant toi, on va causer un peu !

Clef TROIS : la rock star calamiteuse

Salut à vous…hé ! ’ Seriez pas le patron du Hard Rock Café de l’au-delà ? Le « manadgère » des âmes en fin de contrat ? Moi c’est Glam Sam the Magic Stick, enfin Jean-Gérard Smot à la ville. J’étais rock star, bon, chanteur dans un groupe de bal à Mufflins, Seine et Oise, depuis quarante piges. Mais c’était fini tout ça et je m’étais payé une chouette croisière pour mon départ en r’traite. Les Croisières Déridées m’avaient vendu une traversée qui devait être pimentée.
Mais… je crois bien que je suis mort, à voir ces choristes déshabillées autour de vous et à entendre ces airs de musique classique en fond sonore ? Attendez, ça revient ! Départ du Havre, prix promotionnels pour traversée pleine de surprises. Et des surprises il y en a eu ! D’abord, les œillades de la chef navigatrice du Toutanik 4. 
A peine arrivé dans ma cabine, je reçois un mot, dans une enveloppe rose qui sent bon. Une fan !! Pour le dîner du premier soir, elle m’invite à la table du Commandant Nono le naufrageur du récif. La grande classe ! Champagnes millésimés, pinards d’anniversaire, farandole de homards, louches de caviar, et les meilleurs digestifs. 
Me voilà pompette, à environ 6 ou 7 sur l’échelle de Richter. Je vous rappelle qu’à 10, on n’se souvient plus de ce que l’on a fait la veille ! Moi si. Après les slows la chef navigatrice me dit d’un air entendu : « Glam Sam,  je vais te faire visiter mon poste de pilotage automatique, là haut sur le pont supérieur » Ouais, compris ! 
Bref, vous voyez comment ça a pu dériver… chaud devant. Nous voilà en mode mikado sur la table à cartes, au milieu des ordinateurs et des pilotes automatiques. Hardi petit, j’ai retrouvé mon jeu de scène d’il y a vingt ans ! Tout à coup, pan ! En plein remix inversé, elle se cogne la tête et elle tombe dans les vapes sur le clavier de commandes. 
Alors festival de bips, concert de blings… et le radar I-Pad a causé tout seul : « course réinitialisée, mode iceberg désactivé, entrez le code de sécurité… » Paniqué, j’essayais de la ranimer, mais im-pos-sible de la faire bouger. J’ai alors vu qu’on se dirigeait droit sur une masse de glace haute comme le Zénith de Paris ! L’écran clignotait, réclamait son code en sol mineur pour se mettre à rejouer…  

ET JE N’AVAIS PAS LA CLEF !