mercredi 8 décembre 2010

"Avoir la classe" : qu'est-ce donc ?



Définir l’indéfini ? Faire un château de sable au Mont Saint-Michel ? Défi à relever et je le fais sans retard, dans le format habituel de mes notes (Word, Arial, Corps 14, une page A4, soit environ 2700 signes espaces compris). « Avoir la classe » : expression populaire dorée d’admiration et empreinte de respect, destinée à quiconque est reconnu comme volant parmi les hauts nuages de la reconnaissance instantanée , planant sans effort au-dessus de l’escadrille des cons ordinaires (qui n’a que des chefs et très nombreux, comme ces Stukas hurlant au-dessus d’une route départementale en juin 1940) . 
Tel un philosophe antique dont j’ai oublié le nom, je vais vous donner des exemples, et de facto surgira une définition, et vous vous direz : oui, c’est ça, cogito eurêka sumus mortalis et tutti quanti .Un tout petit extrait, quelques images, labellisés « classe » de mon seul point de vue habillé de la toge maculée de ma perception subjective : le bassiste des Clash sur la pochette de London Calling, n’importe quel guitariste avec une Rickenbacker, Jean Moulin et son écharpe, Charles de G., JFK, le Quinze de France du Grand Chelem 1977, Julien Guiomar dans l’Incorrigible, Borges qui lit un texte, Hopper dans sa voiture, une vingtaine de personnes de bien que j’ai croisées, etc. On pourrait dire de prime abord qu’il s’agit d’hommes et de femmes ayant un comportement exemplaire, esthétique, courageux, fort noble et mesurable. 
Mais « pas que »…. En effet, vous pourriez tomber dans l’ornière du « premier de l’école » qui justement n’est pas le premier « de la classe ». Avoir 20 en Maths, faire de parfaits débit-crédit, se faire tuer juste en sortant de la tranchée, gagner des tas d’or, gouverner un pays grand comme un continent…. 
Tout ceci est fort bien, mais il peut vous manquer ce zeste de brillance, cette étincelle de prestige, voire cette facilité à allumer une étincelle dans les yeux de ceux qui vous regardent avec envie, même quand vous ne faites plus rien. Je vous rappelle qu’a contrario, de parfaits losers, des éclopés de la chance, des fracassés du coup de bol peuvent faire sourdre de leur caboche en photo ou en Super 8 des éclairs d’élégance, voire un petit pincement de « mais moi aussi, je l’aime ce gars » (Syndrome Chet Baker). 
Serait-ce alors uniquement une perception esthétique, visuelle et empreinte d’une volonté de poser, voire d’être à la mode ? Non, car il est nécessaire d’avoir du fond dans le comportement et de la suite dans les idées. Il est indispensable d’ajouter à l’illusion des valeurs fortes : amitié, fidélité, persistance dans la vocation. 
Je vois le bas de la page qui se rapproche à vitesse grand V et j’écris, mais tout ceci ne nous mène pas très loin. 
Alors, vite, que dire ? Qu’il s’agit d’une frontière invisible entre le supplément d’âme et le vide des esprits prétentieux ? On m’y reprendra, tiens, à chasser les bulles avec des tenailles et les papillons avec des moufles !         

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