La légende de la prime de 1000 euros

Un sac de pièces d’or contenait mille euros et fut agité sous le nez des masses laborieuses en Avril 2011. 

Baron Baroin l’invoqua de sa voix grave, mais avec aussi un sens aigu de la promesse virtuelle. Hélas, patatras ! Tout cela n’était que pure légende urbaine  et la prime, légère, bondissait hors de portée des serfs, glissant comme un savon de leurs mains calleuses qui ne demandaient pourtant qu’à serrer un nouvel I-Pod  bien lisse. 

Petite prime où es tu ? Elle est passée par ici, elle ne passera pas par toi. Tu l’as vue ? Tu l’as déjà perdue ! Tu travailles dans une PME ? Désolé, c’est cuit. Fonctionnaire ? Indice gelé, comme un glaçon dans ton congélateur presque vide. Mais le courant passe entre nous, hein ? D’ailleurs il augmentera de 30% en 4 ans, mais pas ton salaire, espèce de tête d’ampoule. Et le super ? Plus de 10 francs le litre, papy, histoire que tu comprennes la réalité pétrolière et la conversion franc-euro. 

Résumons, chers concitoyens : ce que j’ai dit c’est que le pouvoir des chats va grandir, je n’ai jamais parlé de pouvoir d’achat ! Le pouvoir des chats, cela veut dire que tu dépenses plus et que la pâtée est plus petite, dans ton écuelle. Le pouvoir d’achat, c’est quand tu as 50ans et une Rognex qui brille et te donne l’heure exacte à chaque poignet. Un petit creux ? Vas au marché, achètes une ceinture avec quelques crans d’avance, car tu vas devoir te mettre au régime. Fruits et légumes même pas bio mais à la valeur marchande qui monte, qui monte. Les tomates sont d’un beau rouge, comme ton découvert qui ressemble chaque mois davantage à l’abysse des Philippines. Et la viande ? Mon ami, c’est mal d’en consommer, ces pauvres bêtes sont bien maltraitées, elles mangent n’importe quoi et tout cela finit en algues vertes qui donnent aux plages bretonnes un petit air de terrain de golf (enfin le vert green, pas les trous avec du sable, qu’on appelle bunkers mais pour les bunkers les vrais il y en a déjà sur les plages). En attendant les vacances, il faut travailler, prendre son métro qui secoue et regarder les pubs d’un air las. 

« Achetez ! » « Dépensez ! », mais aussi « Soyez Radins » me dit une affichette dans le métro. Gasp. Et puis il y a cette boutique à Paris où l’on vend des chaussures qui font du 46 voire plus pour les gens extraordinairement grands, clame une autre affiche un peu 70’s. Qui sont ces gens ? Il y a un club de ceux dont les pieds dépassent du lit ? Et, ping, cette autre réclame prétend que tout le monde parlera anglais sans effort en un temps record. Avec une voix grave ou aigue ? Enfin, on arrive mais… 

« Vendez votre or ! », renchérit une autre. Quel or ?? Vous me prenez pour l’homme qui avait réussi à attraper le sac de pièces d’or de la légende de la prime de mille euros ?