lundi 11 avril 2011

Putain de beau temps !



Quitte à passer pour un simple d’esprit, un naïf ou un homo météo-nicus, je vais vous faire un aveu : ce beau temps printanier et soudain qui nous arrive comme une jolie surprise me rend bêtement heureux. Non seulement suis-je ravi (comme « Lou Ravi » de la crèche, vous savez le santon qui a les bras en l’air), mais en plus beaucoup plus tolérant, philosophe et presque oublieux des causes que je défends le reste de l’année. 
L’arrivée des premiers rayons du printemps, c’est comme avoir franchi une forte côte à vélo : tout à coup on ne pédale plus dans la choucroute, cela descend tout seul et on est en roue libre. L’hiver, détestable et retors, avait lancé ses dernières offensives hypocrites et encore fourbement gelé deux ou trois aubes, mais soudain, les feuilles sont toutes neuves sur les arbres. Un dimanche après-midi toutes les terrasses des cafés sont pleines, alors que le soleil ne nous lâche pas avant… une heure étonnante. 
Loin est le sinistre mois de novembre, avec ses nuits qui surgissent à cinq heures et les petits déjeuners frissonnants alors que la ville est plongée dans une obscurité de fort mauvaise humeur. Terribles mois en « bre » qui ont tous l’air de durer trente-cinq jours et qui pèsent une tonne dans les calendriers. Hiver atroce, que tu sois aboli un jour et finisse en enfer, avec ton complice l’automne plein de flotte, tous deux habillés en père Nono de supermarché et sans cheminée ni cadeau.

En Avril, le parisien montre ses blancs mollets en revêtant un bermuda ou un pantacourt et dès lors, des milliers de paires de tongs sont sorties des boîtes de rangements où « été » est écrit au marqueur noir, grosse boîte qui a pris le dessus à la cave sur celle où est écrit « ski », alors que celle de « Noël » est bien poussiéreuse au fond, entre « hiver » et « écharpes/gants » (oui, le parisien –enfin la parisienne pour être exact- n’a pas assez  de place dans ses petits appartements pour toute sa garde robe et doit effectuer deux rotations annuelles de boîtes et caisses par an entre sa cave et sa penderie). De même, sur nos étroits balcons, mettons-nous parfois des petits pots de fleurs avec cette terre grasse achetée dans la grande surface ad hoc dans un sac en plastique toujours trop grand pour nos besoins, quelques graines de persil, coriandre et ciboulette, voire des tomates si l’on est patient. Les tomates, ce n’est pas facile, cela pousse lentement, il faut mettre des tuteurs et puis des bouteilles d’eau renversées en notre absence, en Juillet/Août. Quand on rentre, les bouteilles sont vides, les plants de tomates desséchés et puis, les jours raccourcissent déjà un peu. Une fois, j’ai réussi à obtenir une tomate de la taille d’une balle de ping pong, mais elle n’avait pas de goût. En Toscane, les tomates poussent tellement fort dans le jardin du le paysan chez qui où je vais chaque année, qu’il y en a trop, elles tombent à terre, gorgées de suc. Une odeur forte et chaude entoure le potager, où des plants de basilic généreux permettent de compléter des salades au goût puissant, voire de fignoler des « bruschetta » à base d’un pain croustillant grillé sur le barbecue, bien arrosé d’une huile d’olive à la saveur franche et agréable. 
Mais là, je m’égare, je suis passé directement du printemps à l’été. Aujourd’hui, à Paris il fait tellement beau que c’est bien une humeur estivale qui s’empare de nos esprits. 

Et pour finir, pour donner un peu de corps à cette note bien légère, une citation de Victor Hugo : « Quand je suis triste, je pense à vous, comme l'hiver on pense au soleil, et quand je suis gai, je pense à vous, comme en plein soleil on pense à l'ombre. »

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