Dans le torrent de nouvelles sanglantes qui nous arrivent d’Abidjan, Tripoli ou de la rébellion en cours au Juzkobouzisthan, vous aurez noté la présence soit d’armes « légères » soit d’armes « lourdes » dans les communiqués.
Néophytes ! Débutants ! Vous ne saisissez pas la finesse et le détail qui se cachent derrière ces deux termes. Voici quelques explications qui vous permettront de mieux saisir les subtilités de ces expressions bien connues des journalistes qui, en experts qu’ils sont des batailles et des armements employés, n’ont guère besoin que de ces deux notions pour comprendre- en une nano seconde- ce qui se déroule sous leurs yeux aguerris.
Avec une arme « légère », tout est plus aérien, rapide et gambadant. Le conflit démarre à peine, l’ONU rêve encore, les Russes ont mis leur veto et les Chinois boudent. Sur le terrain, on court de ci de là, on papillonne et le soleil brille. Un feu nourri mais « léger » fait ricocher les douilles sur le sol et les balles sur les murs. Les munitions s’envolent, aériennes, malgré leur composition à base de plomb, et les morts sont présentables. Les blessés boitent un peu, la caméra les suit, alors qu’ils sont soutenus par l’épaule compatissante d’un guérillero ami, lui aussi un peu touché, comme le montre un bandeau rougi (mais pas trop) noué autour de sa tête : Il garde des lunettes noires et un pantalon de treillis, car il a fière allure. Autres armes « légères » du cocktail : les armes… « blanches » ; oui : le coupe-coupe, l’épée, le croc de boucher et la lance traditionnelle. Deux ou trois grenades ajoutent leur bouquet sonore à l’ambiance qui commence à monter.
Les armes « lourdes », elles, ne sont pas là pour nous faire rire. Les obus pleuvent, le ciel est noir, les batteries de canon sont servies par des artilleurs sourds (toujours filmés par la droite), qui chargent et rechargent des tubes noirs et menaçants. Oh ! Les Casques bleus vont être envoyés (enfin pas trop tôt, ni trop vite quand même). De la ville, désormais plus lointaine, les caméras nous montrent des panaches de fumée qui s’élèvent vers un firmament triste (et toujours dirigés vers la gauche les panaches, vous regarderez les news). Quand les armes « lourdes » entrent en jeu, les ambulances amènent des blessés graves et tout sanglants sur des brancards, recouverts de vilaines couvertures. Les troupes gouvernementales sont déployées, pas un n’a le même uniforme que son voisin, ils courent dans les rues, filmés d’un toit d’hôtel. Les guérilleros sont maintenant montrés couchés, repliés, tirant avec leurs armes « légères ».
Ils n’ont pas encore le budget pour s’acheter des armes « lourdes ». Quand on a le pouvoir, merde, c’est quand même plus cool, se disent-ils sous les bombes !
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