Vu en concert un excellent groupe, appelé FRUSTRATION. Brrrr, direz-vous, et je vous rétorque que ce show ne fut en aucun cas générateur du sentiment évoqué par un tel patronyme. Bien au contraire…
Ambiance Joy Division millésimée et New Order premier cru, son de glace et rythmes martiaux, voix de colère froide, guitare déchirante, basse martelée qui rebondit souplement et synthétiseur monophonique obsédant, tout cela forge un cocktail rafraîchissant au goût long en bouche. Voilà une musique forte, servie façon omelette norvégienne : remuer en faisant la tronche et napper de givre les sentiments trop brûlants. Tel l’azote liquide et sa capacité de brûler par très basse température, ces mélodies polaires ont pour moi des vertus tropicales.
Certes, il faut avoir écouté dans l’ombre et des heures entières ces galettes de vinyles congelées made in Fad Gadget, Martin Dupont, Kas Product et tout ce que les entrepôts frigorifiques de Manchester nous ont livré sur palettes fumantes, since 1979.
Certes, il faut aimer régler la température de ses goûts sonores sur moins 20 et rêver d’un thé dansant avec des robots, sur la banquise.
OK, avouons qu’une fille qui fait son iceberg avec des yeux façon Siouxsie (sans ses Banshees) et des cheveux de corbeau hirsute nous attire plus qu’une danseuse de lambada qui sourit même en remplissant sa fiche d’entrée dans un pénitencier colombien. Allez, disons-le aussi, Nosferatu, David Lynch et Baudelaire nous font plus d’effet que la programmation du prime time de NT1 et NRJ.
Et yes, côté pictural nous pencherions le pinceau vers le noir, qui est une si belle couleur, tout comme le bordeaux foncé, l’ocre poussé et toutes les nuances de gris.
Oui, oui, oui, pour ceux qui font partie du club « I love Cold et me soigne pas », l’écoute de cette musique est un bienfait… chaudement recommandé.
Entre nous, les alsaciens et les nordiques, les timides et les taiseux qui ne vous sautent pas au cou dans la minute qui suit, croyez- moi il y a des chances que trente ans après, vous ayez encore plaisir à serrer leur patte froide et apprécier leur sombre humour de congère.
Pour Joy Division, question écoute et plaisir, leur statut demeure inoxydable et privilégié, à savoir protégé pour toujours dans un congélateur affectif précieux.
Pour FRUSTRATION, souhaitons-leur le label cinq étoiles qui garantit la fraîcheur longue durée, pour faire danser sans sourire et résonner longtemps encore dans notre four à micro-ondes auditif.
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