Chère Athéna,
Quel calme ! Maintenant que j’ai occis les prétendants dispendieux qui faisaient la queue (si j’ose dire) pour me dérober ma Pénélope et mon trône, tout est bien silencieux dans le palais. Selon tes conseils, j’ai donné à grand frais quelques fêtes et libations pour que le brave peuple me reconnaisse et sache que je suis de retour au pouvoir. Les prix ont bigrement augmenté en vingt ans, mais, par... ton père, il est certain qu’on n’attrape pas les mouches sur lesquelles on règne avec du vinaigre carthaginois !
Tout étant réglé, je dois avouer que je suis un peu perdu. Les affaires de l’île sont en ordre, les éleveurs et les cultivateurs ont eu de belles récoltes, les marins pêchent moult poissons et les marchands prospèrent. Cependant, pas une seule bataille programmée à court ou moyen terme, et ce n’est plus du côté de Troie que l’on va pouvoir compter pour faire briller les glaives et les lances.
De plus, ma chère et tendre m’a fortement recommandé d’éviter tout voyage pour le moment. « On sait quand on largue les amarres, on ne sait pas quand on revient », dit-elle d’un ton aigre. Aussi, je vois que Télémaque est un bon fils, travailleur, pas très enjoué et assez morose. Il sait gérer les affaires courantes, il a ma délégation de signature pour toutes les décisions, il va aux réunions de conseils et de commissions gouvernementales d’Ithaque.
Chère Athéna, je préfère aller me promener au bord de la mer avec mon nouveau chien Argos 2, manger du fromage et quelques olives à l’auberge du port, faire la sieste, un peu de tir à l’arc et écrire des lettres à mes anciennes relations de voyage. En fait, on s’ennuie ferme dans cette île...
Alors, si tu pouvais à nouveau déclencher une petite guerre entre nous les Grecs et telle peuplade bravache qui nous enlèverait quelque princesse à Athènes, je ne serais pas contre. Si la mobilisation générale est décrétée, je me refais tailler une cuirasse sur mesure (la vieille, je l’ai perdue en rentrant, je ne sais même plus où) et, par 24 heures Chronos, je repartirais, sans excuse pour traîner la patte au pays. Entre nous : la retraite oui, et pas avant d’avoir courtisé au moins 60 ans.
Salutations et respects, chère Déesse,
Ton serviteur toujours paré à virer, Ulysse
PS : En attendant, je me suis inscrit à l’atelier d’écriture sur tablettes et vases. J’ai un condisciple très agréable, un certain Homer Simpsos qui prend beaucoup de notes sur tout ce que je lui raconte de la guerre et de mes voyages.
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