samedi 27 mars 2010

La luxure, le cosmonaute et la bonne soeur



Youri Gagarine s’ennuyait au Paradis.

D’abord, être en apesanteur, ça va une heure ou deux, mais jusqu’à la fin des temps : pffff.
De plus, pour rigoler vraiment, les occasions étaient plutôt rares. Tous ces gens vertueux, sympas, exemplaires, méritants… OK, OK, ils étaient gentils, toujours à l’heure au théâtre, si forts au Scrabble et bien propres sur eux, mais, bon. L’autre jour, il avait dû aller jusqu’à la frontière du Purgatoire et son vieux pote Stakhanov lui avait discrètement fait passer une bonne bouteille de vodka au poivre. Quel plaisir divin…
Mais ce qui le chatouillait ce jour là, c’était bien Mère Teresa.
Oui ! Au Paradis, où elle faisait partie du carré VIP, elle avait négocié directement avec le Grand Chef de switcher de corps avec Pamela Anderson. Cette dernière était par ailleurs stagiaire « photocopies » en Enfer (et donc avec le physique de Mère Teresa, âgée).
Emoustillé par tant de charmes et de vertu réunis, notre ami Gagarine, tout canonisé qu’il fut, l’aurait bien fait tourner sur orbite, et pas en position géostationnaire ! Seulement voilà, Martin Luther King et John Kennedy étaient déjà en train de la courtiser sec…. Ces américains, jamais en retard.
Notre cosmonaute décida malgré tout de tenter sa chance le soir même. Pionnier il fut, pionnier il resterait. Il y avait au programme officiel la réception donnée pour le jubilé de diamant de l’Abbé Pierre. Et ce serait sûrement chaud bouillant après le dîner, car on avait annoncé que Jimmy Hendrix et Elvis Presley devaient faire un bœuf sur scène, après le café. On allait danser, enfin !
Arrivé tôt à la soirée, il ne put cependant pas approcher des quelques tables réservées aux invités de marque. Trop de monde !
Et ce coquin de Kennedy serrait déjà Pamela-Teresa de près, le cocktail (sans alcool) à la main. Un peu dépité, Youri s’assit à une table, au hasard. Il leva les yeux et aperçut soudain sa très jolie voisine, toute habillée de métal comme lui… Jeanne d’Arc !
Il commença par un : » Mademoiselle, vous savez que je ne suis pas anglais ! »
« Ouh, ouh, ouh, vous êtes drôle », répondit-elle en rougissant, avec un fort accent lorrain.
La soirée se finit dans les étoiles pour les deux bienheureux.
L’une découvrit la joie d’être conquise et envahie.
L’autre se dit, qu’après tout, l’apesanteur permettait des acrobaties aériennes inédites.
Le cosmonaute en oublia la bonne sœur et fit changer de galaxie à la pucelle.

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