vendredi 21 octobre 2011

Une terrible beauté est née


Écoute, petit, quand tu n’étais pas né, on pouvait encore apercevoir le visage d’un homme. Je veux dire, sans écran E-Face. Si ! Nu, sans rien autour. Tel que tu te vois dans ton miroir le matin, tout le monde pouvait contempler tout le monde. Dans la rue, chacun exhibait sa peau et ses plis sans honte. En toute impunité, on pouvait montrer à autrui la partie la plus intime de son corps, sa figure ! La loi a changé, petit, l’obligation de se recouvrir la face dans les lieux publics n’est pas à outrepasser. Je te rappelle que les peines encourues sont sévères : amende, déconnexion et décharges : dura lex ! Dois-je te rappeler la formidable opportunité d’accéder à la grâce que l’E-Face nous a amenée ? Regarde-moi, vois ce charmant visage 3D+ que je porte, avec des lèvres numérisées qui te parlent, épousant mon discours ? Il s’agit d’un acteur que tu n’as pas connu, quand il avait vingt ans : un dieu grec ! Mes capteurs me montrent que tu as téléchargé l’image de ta souris préférée ? Tu ris ? Enfin, la souris…rit de toutes ses dents ! Depuis l’Antiquité, l’humanité a cherché à se faire plus belle, à paraître sous un jour radieux. Les femmes se frottaient des poudres colorées sur le visage, afin d’avoir un regard ombré ou une bouche qui accentuait leur séduction. Nous, les garçons, avions commencé à étaler des crèmes sur notre peau qui se craquèle au fil des ans ! Le dévoilement dut laisser place à la dissimulation. Protégés par notre E-Face, nous sommes désormais munis d’une apparence dont notre libre arbitre est maître ! Presque, car une contribution nous est demandée pour accéder à ces choix infinis. Cet acteur que j’ai sélectionné, ne me coûte que six crédits, et j’ai choisi l’option « sans publicité », pour dix crédits de plus. Je t’ai offert un package pour la semaine, petit : tu pourras choisir le personnage que tu veux, avec un peu de réclame pour ta boisson préférée, tout juste dix petites secondes par minute. Ce n’est rien, petit, tu sais, la beauté, ça n’a pas de prix !


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Ceci était mon texte pour le concours de la Biennale de Lyon 2011
Voici le lien  :



Une titre " une terrible beauté est née" et une contrainte = 2011 signes (pas facile)

samedi 7 mai 2011

THE END


Deux ans le 8 mai pour mon activité de bloggeur amateur. Environ 390 textes, sans compter les petits clins d’œil et mini-notes de jours de paresse. Tout est compilé sur un grand fichier Word et le recueil correspond à environ 20000 lignes, 200000 mots, plus de 500 pages… UN million de signes (espaces compris). So what, bilan, résultat, extrait sec, pérennité ?
De tout et de rien ai-je parlé semble-t-il. En jetant un regard a posteriori, quelques grands thèmes récurrents : politico-actu, vie quotidienne, artistes films et radios, textes de fiction-imagination, poèmes et humour. Côté fréquentation, une lente évolution et un « plateau » aux alentours de 1000 visiteurs depuis 6 mois, avec un pic à 1500 lors de l’épisode « Piss Christ ». Pas trop mal, pour un blog sans publicité, notoriété, ni visibilité autre que deux sites d’hébergement en parallèle : Blogspot et le Nouvel Obs.com.
Cependant, il est temps d’arrêter le moteur, couper le contact et passer en mode « P » (je n’ai que des voitures avec boîte de vitesses automatique, vous le noterez au passage). Oui, « trop de couleur distrait le spectateur » disait Jacques Tati (et mes amis les Inrocks quand ils paraissaient encore en noir et blanc). De plus, Claude Nougaro le chantait aussi : « il faut tourner la page », sans compter les Who qui braillaient « Hope I die before I get old » mais qui sont encore bien accrochés à leurs droits d’auteur et à leur Sonotone au moment où je vous parle. Quoi ?... Au moment où je vous parle ! …vous disais-je.
Je fus parfois en verve et forgeai deux ou trois jolies phrases, des enchaînements un peu drôles, m’a-t-il été rapporté par des âmes charitables, en ces derniers 24 mois.
Il faut cependant penser avec modestie à la fin du feuilleton. Avec un grand sourire en coin comme le grand Julien Guyomarc’h dans le formidable film « L’incorrigible » qui évoquait : une égyptienne admirable que « nos manières ont fini par lasser » (« Qui ça ? Tu veux dire la nympho qui faisait la danse du ballon ? » lui répond Bébel, au sommet de son art comique dans ce rôle jubilatoire, porté par un texte d’Audiard à réécouter 12 fois). Ne pas lasser, emmerder, fatiguer, tenir la jambe comme dit justement l’ami à moi qui souhaite que « quelqu’un vienne et lui explique… »
Insister trop lourdement, persister dans le genre, frôler la redite ou repasser encore par les mêmes chemins, voilà qui est franchement « relou » comme diraient mes fils, qui me montrent des sites Internet toujours plus bizarres mais renouvelés. Grâce à eux, je vois en un zapping infernal : tous ces « mèmes », ces parodies, ces montages, ces personnages qui dansent et d’autres qui ondulent : tout cela est amusant, rapide, temporaire, provisoire.
Quant au genre « blog », j’avoue que moi qui vous écris, j’en lis assez peu en fait. Tous ces gens qui racontent leur vie ou font des commentaires dont tout le monde se fout… Bref ! Pourquoi pas des recettes de cuisine, des photos de voyages à l’étranger ou du scrapbooking pendant qu’on y est ? « You’re talking to me ? » disait Robert de Niro à son reflet fou dans la glace, in « Taxi Driver »…
Et puis, à défaut d’avoir un petit quart d’heure de gloire, comme nous le promettait Andy W., moi j’ai juste deux quarts d’heure d’inspiration par jour environ. Travaillant par ailleurs pour gagner quelque argent (privilège de plus en plus rare en ces jours de plans sociaux mitraillant de tous cotés), je me dois d’employer cette fenêtre de créativité de meilleure manière. Faire une chronique en deux coups de plume, cela n’est pas mal et la satisfaction de « publier » sur Internet en trois clics est agréable, mais au final très léger, comme une bulle de comics strip. Alors que se concentrer pour travailler un peu plus sérieusement des textes longs (nouvelles par exemple) et tenter d’être édité…devrait être mon activité d’écriture, désormais.
Voici pourquoi je vais à partir de maintenant tenter de maximiser l’inspiration et la respiration. Du concentré sucré, comme le lait en tube, je vous dis !
Goodbye blog, et, bon sang KONMEXPLIK enfin pourquoi la Terre est ronde, les tartines tombent côté beurre et les poignées de portes accrochent les poches de manteau et enfin si Elvis est encore vivant, buvant un coup de rouge avec Michael Jackson sur une île déserte au milieu du Pacifique ?

50 ans dans 50 jours


Pas mal, comme accroche ?
Et en plus, c’est vrai pour votre serviteur, si mes calculs sont bons (remarque au passage : les Maths, je ne suis pas le meilleur et j’en ai bavé pour avoir mon Bac « C », surtout avec la géométrie, les espaces vectoriels et les cosinus bouchés). Me voilà quasi quinqua, quelqu’un à requinquer ? Alors que ce blog expire demain, j’espère –perso- être à, disons, la mi-temps de mon match contre l’Olympique de Mort-Sûre qui gagne toujours à la fin. 
Rions un peu auparavant.
Qu’est qu’ « être vieux » ? Dans le sens courant et actuel, imaginons que cela recouvre déjà toute personne née une poignée d’années avant vous ! Finalement on est tous le « con » et aussi le « vieux » de quelques autres. Cinquante ans, mais waow, t’as connu de Gaulle ? Oh, et toi, t’as voté sous Pompidou ? Regardez celle la, née pendant Giscard ! Etc…
Ajoutons à cela les notions de ringardise et d’obsolescence, de fatigue et d’usure. Si je n’y prends pas garde, je serai comme un fauteuil Louis XVI dans un salon design made by les frères Bouroullec. Tel un PC de 1985, avec son écran monochrome ambre et son DOS et Flight Simulator UN (oui, j’ai eu Flight Simulator UN, il tenait sur une disquette de 5 pouces ¼ et 512 kilos octets, chers enfants, ne riez pas trop fort !)
Serais-je déjà une pièce de collection ? Certes, mais je m’entretiens et je suis vif comme le futur I-Pad et mentalement doté du processeur d’un calculateur de Météo France (cependant, si c’est pour être aussi plat et prédire autant de conneries….)
De plus, l’aspect cyclique des modes aurait tendance à favoriser de temps à autre toute personne née… il y a quelques années. Regardez, Mad Men, c’est-y pas hyper vintage et super cool en 2011 ? Regardez-moi, je ne suis pas Josh Hamm (là, c’est mon épouse qui rigole !), mais bon, oui, j’ai déjà vu des gens se servir d’un carrousel pour diapositives Kodak, et ce n’était pas dans un film.
Alors ? Chui pas vieux les gars ! Je fais du sport, j’écoute des tas de trucs sur Deezer, j’ai 200 zamis sur Fessebouc et en plus j’ai un vieux blog tout pourri (bon sans les 758 fautes d’orthographe, pas très young de ce côté-là).
Allez, je vous laisse, il faut que je réfléchisse à des ruses au sujet de mon découvert bancaire. Et ça, si ce n’est pas un truc de jeune….

vendredi 6 mai 2011

Le droit de regarder et la photo alibi



Personne ne peut disposer de la photo du terroriste mort. Censuré, niet, car : « à la guerre comme à la guerre » : ici s’arrête la liberté d’information, bande de civils si vils. 
En revanche, il nous est généreusement donné à regarder les images des hauts dirigeant US qui, eux, observent l’action, vue en temps réel par des soldats porteurs de caméras qui de leurs yeux qui eux voient et tuent le fameux méchant .Très étrange mise en abyme du top secret, du Confidentiel Défense. Que nous dit cette image ? Seule, une petite poignée de femmes et d’hommes accrédités  sont autorisés en notre nom à tous et sont témoins uniques de l’exécution de ce maudit tueur, du diable en personne dans sa villa désormais légendaire. Nous devons croire non pas sur parole, mais de visu que les choses se sont passées comme on nous le dit et pas autrement. Il nous est suggéré : «  vous voyez bien que tout cela est trop atroce pour vous, vous êtes exclus de ce spectacle car vous n’êtes pas assez gradés (ou raisonnables, adultes, intelligents, diplômés, matures, …cocher les cases au choix). 
En résumé, l’image nous fait face, comme ceux qui regardent d’autres qui agissent. Nous devons nous en contenter, car il est donc édicté qu’ils sont notre miroir, notre exacte représentation. Ils savent, cela suffit et les médias du monde entier reprennent le dossier de presse, texte et photos numériques inclus. Cela me donne un sentiment de malaise, tout comme le génère un célèbre tableau de Magritte : « La Reproduction ». 

Ce n’est pas possible du point de vue optique et logique, quelque chose n’est pas bon. D’ailleurs, la preuve que la poignée de dignitaires est une élite indiscutable, c’est qu’ils ont de nombreux ordinateurs et que le plus médaillé d’entre eux (le militaire, placé exactement au centre de l’image, ce n’est pas un hasard) est en train de taper des ordres codés à ses troupes : il a le pouvoir d’interagir sur la réalité de façon électronique (pas nous, c’est évident). 
Cependant, nous ne sommes pas des naïfs de l’informatique, oui, nous avons chez nous des webcams et des caméras numériques vous savez. Nous réalisons par cette photo qu’il existe toute une série de plans (plusieurs giga octets ?) montrant l’intégralité de l’évènement dont nous sommes, de fait, hors champ. Pourriez-vous faire une petite « copie d’écran », pour le bas peuple, SVP, vivant du même côté que vous, devons-nous vous le rappeler ? Les Navy Seals, nous les aimons bien, nous nous souvenons de la Pointe du Hoc et de qui débarque dès que cela va mal, croyez le chers amis américains.
Si l’histoire que vous nous décrivez est vraie, prouvez-nous-le !   

mardi 3 mai 2011

Brèves de comptoir sur la mort de Bin Ladine



  
-      Ouais, Bin Ladine il est même pas mort, c’est un autre enturbanné qui z’ont zigouillé à sa place. Le vrai, il est cool, y joue au poker avec Benali chez les saoudiens. Ou alors dans sa villa au sous-sol, mais c’est pas bien éclairé. Ceci dit, t’as vu sa putain de baraque ?
-         En plus, ils zont même pas de cadavre, juste une photo d’un vieux barbu aux yeux crevés qui zont chopé sur Gougle. Laisse tomber, je gobe pas !
-         T’as raison, y veulent nous faire croire que c’est Jacque Bauer qui est venu façon commando , la nuit , et pan , j’te dégomme tout là-dedans. C’est les « Névi Syles », genre des légionnaires, mais américains.
-         Y nous disent qui zont foutu le macchabée à la mer … Y’a pas la mer au Pakistan ! j’ai r’gardé sur la carte du monde qui zont au mur, au service Export de ma boîte !
-         Nan, t’es trop bête, y l’ont foutu dans un hélico et hop direction le gros porte-avions  et pis là, y le mettent dans un drap blanc, deux trois salamalecs et plouf ! Tiens, comme un glaçon dans mon Ricard !
-         Et tu sais c’est quoi son nouveau prénom à Bin Ladine ?
-         Ben non ?
-         Moussaka !
-         T’es trop naze toi !
-         Hé ben, c’est du propre, mais alors les talibans, y vont être super pas contents avec tout ce bordel. Leur grand yaka dégommé, le mollah Omar qu’est foutu et pis Khadafi qu’est à moitié crevé… Bon , cul sec , sur ce coup, et à la tienne mon pote…
-         Attends l’Khadafi , il est pas encore parti ! Y s’bat comme un tigre, le salaud, et pourtant y ‘en reçoit des missiles et des obus dans la gueule. Tiens, passe-moi des cacahuètes.
-         Sans déc’, c’est pas fini c’t’histoire ! Y vont en chier les gars là-bas et pis y paraît qu’il a des tas de mercenaires et des munitions en pagaïe, et pis on compte pas tout l’pognon qu’il a planqué en Suisse.
-         J’repense à Bin Ladine… Les Ricains, nom d’un chien, y faut pas trop les faire chier ; T’as vu ? Tu fais péter leurs  gratte-ciel, tu te planques et pis un jour, crac, y te font quand même la peau ! Les zagents secrets de la « cé-hi-ha » et du « effe-bi-aîe », y te lâchent jamais la grappe.  
-         Et pis le gars, il était bien trop con pour se déguiser, en plus.
-         En quoi ?
-         Chai pas, moi, en bonne femme, là-bas, c’est discret come tenue !
-         T’es vraiment un vieux macho, toi.
-         Bon, allez, Rachid, remets nous une tournée de jaune !
-         Et toi Abder, fais péter des olives. C’est  un rade ici ou une mosquée ?

lundi 2 mai 2011

Chers Jean-Paul 2 et Lady Gaga,


Si je m’adresse d’un coup à vous deux en même temps, l’un étant BA depuis peu et l’autre pas AB avant longtemps, c’est que j’ai deux ou trois comptes à régler avec vous, dealers suprêmes de ce qu’il est convenu d’appeler l’opium du peuple. 
J’anticipe la pluie acide d’avis courroucés qui peut me tomber dessus, déjà parce que j’ai l’outrecuidance de ne pas me prosterner devant vos images phosphorescentes, de ne pas laisser au vestiaire mon cortex avant de passer à la caisse, puis d’entrer dans le grand théâtre des illusions que vous animez avec maestria (j’en conviens). Contents ou non, je me permets de vous signaler que vous êtes un peu collègues de boulot, les « pile » et « face » d’une unique et même pièce, celle qui est lancée en l’air par l’humanité anxieuse, depuis toujours. La loterie de la superstition, de la foi de veaux et, avouons-le, celle du trouillomètre à zéro face au néant cosmique et à la certitude de tous finir en steak tartare pour des invertébrés. 
Moi qui vous cause, je ne vais pas non plus faire le malin quand on m’aura annoncé un jour que je viens d’attraper un crabe et que ce n’est ni un tourteau ni une étrille verte (quoiqu’une étrille ça pince vachement et il faut la prendre délicatement par l’arrière pour ne pas qu’elle vous chope un doigt). Cependant, étant encore assez en forme pour dire ce que je pense et provoquer les bigots, comme les fans d’idoles en plâtre, je peux vous exprimer ci–après mon avis libre… de fin de non recevoir. Et me marrer un peu. Ainsi vois-je à Rome des centaines de milliers de gugusses venir faire leurs bon petits adorateurs zélés et cela me rappelle des lucioles dansant devant une ampoule, l’été. Et en plus, les lucioles elles ont des cartes Visa et, si on leur montre la lune, 100% vont regarder le doigt (avec une belle bague, certes, sur le doigt). Drôle, non ? 
Je ne serai pas en reste avec les clients zélés de la Miss aux 1000 costumes, dont récemment des bouts de steak, à qui l’ont vendrait l’authentique tapis de selle du Général Custer à autant d’exemplaires qu’il y a de rayons qui sortent d’une boule à facettes. Si j’en ai le droit, je ne gobe pas vos simagrées, rituels, cultes, simulacres, ni stratagèmes pour me faire adhérer à votre fan-club planétaire. 
Désolé pour la messe, mais j’ai piscine avec Voltaire, Engels et Joy Division (c’est une image bien sûr, la piscine près de chez moi étant réservée aux écoles presque tout le temps !), de facto ne comptez pas sur moi pour bêler avec les autres brebis. Vos chaussures devront être frottées par d’autres pour briller fort et attirer encore plus de petits insectes. 
Cependant, je ne suis pas inquiet pour votre culte, ni votre part de marché chez les acheteurs de statuettes en plastique et de double CD remixé. Allez, bonne nuit, les petits

samedi 30 avril 2011

De la TNT.....comme ratatouille de sujets de réflexion



Ce midi, je zappe sur mes 18 chaînes offertes par la TNT républicaine, afin de voir quelques images du monde agité et savoir le temps qu’il fera (car pour le temps qu’il fait, je regarde par la fenêtre, c’est efficace). La TNT ? Quelle bonne idée ! Pour un consommateur de la boîte à images aussi sobre que moi, c’est déjà trop. Cela plus que suffit, amplement, largement, gouvernement (cherchez l’intrus). 
Donc, je zappe après avoir vu que le temps qui est prévu correspond au temps qu’il fait (j’ouvre ma fenêtre, tout est clair) et je tombe sur « Cinaps TV » qui diffuse une conférence sur les « nanostructures semi-conductrices » (sic) donnée par un professeur de physique, armé d’un vidéo projecteur et aussi d’explications qui semblent surréalistes mais cependant très fondées. Après avoir résisté 47 secondes et doublé l’audimat de cette chaîne à moi tout seul, je continue et arrive sur une Bimbo brune en short dont les lèvres pulpeuses en fort décalage ne semblent pas prononcer les mêmes stupidités en VF qu’en V… quelque chose de latin, le tout dans un appartement décoré avec des goûts de chiotte au milieu d’une image un peu floue et bizarrement étirée façon 16/9 qui n’est pas copain du 4/3 ou du recadrage automatique des formats 2.0. Qu’en penserait mon professeur de physique ? Je m’évapore de leurs statistiques de fréquentation en 2 secondes 16/9. Encore pire question patience : NT1, France Ô secours les autres robinets à tubes ineptes, séries US 100% liées à l’activité « homicide » du pays ou à matches de poker boursouflés sans oublier Gulli, puisque j’ai plus de 3 ans et demi. En remixant tout cela on obtient un dessin animé avec des antillais qui ne nous aiment pas et jouent au poker avec des jeunes blondes de la police scientifique ? 
Depuis que la TNT est disponible, je crois n’avoir pas passé plus de 8 secondes en cumul agrégé semi-conducteur quantique d’attention de temps de cerveau disponible à user mes pupilles sur ces chaînes. 
Résumons et avouons que notre maigre bouquet d’heures offertes à regarder le récepteur est composé d’un peu d’Arte, de pissenlits culturels France 2 ou 3 voire documentaires LCP, de quelques fleurs de 5 quand mon épouse réclame Alessandra Sublet, des flashes infos sur les BFM-i-Télé et d’un film de temps à autre au hasard d’un coup de mou. Et pourtant, j’ai fait l’achat d’un gros machin HD, car mon ancien écran ressemblait à celui d’un PC de 1997 et nécessitait des claques fréquentes pour que l’image ne soit pas toute rouge. La HD, ça fout la trouille, on voit que le maquillage est épais sur les visages, que certains cernes ressemblent au grand canyon et qu’il y a des pellicules sur des épaules trop affaissées. 
Alors HD-cidé de pas trop regarder, TNT comme hiver.

jeudi 28 avril 2011

A Royal Day's night !


Royal awakening
Royal pissing
Royal toasting
Royal shaving
Royal dressing
Royal walking
Royal waiting
Royal praying
Royal nodding
Royal speaking
Royal consenting
Royal waving
Royal talking
Royal explaining
Royal dining
Royal drinking
Royal smiling
Royal nodding
Royal excusing
Royal saluting
Royal opening
Royal undressing
Royal ...ing
Royal ... ing
Royal...ing
Royal... ing (again)
Royal ....ing
Royal coming
Royal dozing
Royal sleeping
Royal snoring
Royal dreaming

mercredi 27 avril 2011

La Mort et le Cuirassé



Relisons nos notes sur toute cette affaire. 
Juste avant qu’il ne disparaisse en Mer de Barents, le Cuirassé Bellavita, 957 hommes d’équipage, armé de vingt deux canons de 100 mm et deux batteries de 400 mm (à l’avant comme à l’arrière) était commandé par le Commandant Flavio Bertoni, homme maigre et nerveux qui ne disait jamais rien sur son passé. Un an avant, dans la guerre contre les Autres, il s’était illustré de belle façon. Un contre torpilleur, un escorteur d’escadre et deux frégates avaient été envoyés par le fond et l’on ne comptait pas le nombre de navires qu’il avait plus ou moins endommagé. Le feu de ses canons faisait souvent mouche et il est écrit que toujours était ordonnée une salve supplémentaire pour achever l’ouvrage guerrier. Les ordres donnés à bord se voulaient dépasser la simple perfection. La réputation implacable du Cuirassé gris le précédait partout.

 Cependant, en de nombreuses occasions, alors que le ciel brumeux d’une fin de journée sur l’Atlantique Nord se colorait d’une teinte orangée, le grand navire était envahi par une mélancolie poisseuse. Du pont supérieur aux tréfonds des machines trépidantes, pas un homme n’avait soudain le cœur léger. Les repas se déroulaient sans joie, les rations de vin étaient bues avec amertume. Pas de chants joyeux dans les cabines des aspirants, ni d’imitation improvisée du pacha parmi les cuisiniers du bord. Non, juste un silence têtu, seulement interrompu par quelques échanges de pure forme routinière. Soudain, tel quartier-maître se mettait à écrire une lettre d’adieu à son grand père de Sicile ou un jeune capitaine pleurait seul dans sa cabine, avant de se passer de l’eau sur le visage juste avant d’aller dîner. Tous étaient étreints  par une peur sourde qui ne se partageait pas. 
Et pourtant, le Bellavita fendait les flots avec certitude, ses trois cheminées crachaient un lourd  panache de fumée noire tout en s’éloignant vers le large, suivi de quelques mouettes virevoltantes. Pendant ce temps, les embarcations de sauvetage de l’ennemi flottaient tristement  au milieu d’espars flottants et les survivants cherchaient déjà à oublier le déluge de fer et de feu qu’ils avaient subi. Les batailles navales tournaient au triomphe, mais mois après mois, l’ambiance à bord était plus lourde. Chacun restait à son poste avec courage, sachant que le destin déjà écrit finirait pas se réaliser. Par superstition ou paresse, aucun homme ne demanda de mutation les deux mois précédant la fin de l’aventure.
Il nous est permis de préciser que la lecture des archives de la Marine (seuls documents fiables pour espérer deviner ce qui se passa réellement) nous donne quelques précisions curieuses sur les histoires décousues que l’on a racontées sur le Bellavita. Notons aussi qu’un ancien chef mécanicien du nom d’Andreotta racontait à qui voulait l’entendre, dans un bouge du port de Gênes qu’une malédiction tenace était liée à ce grand navire. Mais ce pauvre ivrogne fut retrouvé pendu dans la chambre minable qu’il occupait à l’année dans un hôtel en sursis. Et que dire de la pétition des veuves de l’ensemble des sous-officiers d’artillerie qui demanda en vain des éclaircissements ? Et ce prêtre exorciste qui ne fut jamais reçu par l’Amiral Rosetti, malgré une intervention du Cardinal  Leone ? Toujours est-il que l’on retrouve dans les cahiers de bord ou les rapports d’officiers revenus à terre des allusions à une série d’incidents troublants, de coïncidences malheureuses et de signalements singuliers.

Le Cuirassé s’enfuyait trop vite vers des latitudes glacées. Un ciel noir et bas écrasait tout et une houle longue fatiguait les moteurs. Le Commandant Bertoni observait le sillage à la jumelle depuis vingt minutes, bien emmitouflé dans sa veste de mer et dit enfin à son second, le discret Paolucci : « Elle nous suit toujours, je vous l’avais bien dit qu’elle ne nous lâcherait pas ! » Ce à quoi l’autre ne répondit rien, avant de rallumer sa vieille pipe noire et de s’en retourner dans la chaleur du carré des officiers.

   (27 avril 2011-Je viens de lire un recueil de nouvelles de Dino Buzzati )