Parution de livres, débats, discussions et empoignades au sujet de la viande. Il nous est rappelé dans quelles conditions atroces sont élevés les cochons qui stressent à fond, que les petits veaux ont une feuille A4 pour gambader et que les poulets sont élevés en myriades désespérées. L’enfer sur terre existe, il est dans nos campagnes industrialisées et leurs gris hangars industriels où l’on engraisse à coups d’antibiotiques nos infâmes saucissons, nos honteux magrets et nos tournedos coupables.
Nous voici pris à la gorge, accablés de remords, face à une blanquette et notre couteau Laguiole suspend alors son vol. La vue d’une andouille doit nous emplir de larmes et acheter un gigot va bientôt s’apparenter à un crime de guerre. Tourner végétarien sera demain une bonne raison pour avoir la Légion d’Honneur et dans les cantines scolaires on lynchera les élèves qui ne s’agenouilleront pas devant les petits pois et la purée de carottes. Faire un barbecue avec des merguez et des côtelettes équivaudra moralement à coller des affiches du Front National, habillé en soutane blanche du KKK, devant une synagogue Sud Africaine. Dans les livres de Sciences Naturelles, on évitera désormais de préciser « omnivore » à la rubrique Homme, tout en réduisant à néant le chapitre consacré aux lions et aux tigres, pour mieux développer l’apologie du lapin nain, voire de la Vache et son fascinant système digestif ?
Certes, mais, le débat précédent et l’agitation médiatique portaient sur la toxicité avérée des fruits et légumes qui atterrissent dans nos assiettes ! Pommes nappées d’insecticides y côtoient oranges au mercure, grappes de raisin aux sulfites et concombres quasiment radioactifs. Infernaux cocktails des pires ingrédients chimiques qui viennent s’insinuer jour après jour dans notre sang via notre absorption suicidaire, complotée par les lobbyistes fourbes qui, en plus, veulent que l’on se farcisse un minimum de cinq par jour de leurs « machins » verts et rouges ?
N’oublions pas la mort promise par ingestion d’aspartame, de sel excessif, de colorants létaux et de diabète qui rôde, les hordes de menus de fast-food conduisant directement à la tombe et les bataillons de régimes poussant à la pendaison solitaire dans sa cuisine, la corde au cou et perché sur une pile de livres aux méthodes toutes aussi révolutionnaires pour votre ligne que rentables pour les médecins prétentieux à lunettes rondes qui les ont écrites.
Bientôt, être rock and roll, voire punk, ce sera manger un énorme steak frites avec du ketchup. Comptez sur moi : je ne renierai jamais la côte de bœuf, ni les Sex Pistols. Et… bien saignant, pour la cuisson, SVP !
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