jeudi 23 juillet 2009

Cadre hors du tableau


Business modèle.

Pour le monde de l’entreprise,
Je ne suis pas une très belle prise.
Sujet tunique dans la multinationale
Tricotant chaque jour, évitant le fatal.
Fais semblant, évite de parler rouge,
Reste las, fais bien l’ombre qui bouge.
On est des milliers dans la firme,
Vraiment petits, lorgnés des cimes.
Une usine ferme, un produit mort
Les ventes baissent et toi tu sors.
Si les profits n’ont plus de gras dans l’aile,
L’action chavire, l’ouvrier bêle.
On parle anglais avec l’accent
Des trémolos, de nombreux faux-amis,
Des contresens et des accords soumis.
Eparpillé en réunion,
Je me sens papillon
Comme ce bagnard de Cayenne :
Une vie sans poivre, des tâches sans sel.
La fiche de paie tue même les plus rebelles.
Le financier se taille les parts du gâteau,
Et les présidents un salaire de Loto
Les consultants jouent les vizirs méchants
Quand les pipeaux se font résonnants,
La vérité n’est jamais aussi dure,
Que lorsqu’elle prend des sales figures….
Décoder : chiffres de ventes, turnover des pullovers,
Mécanique quantique des cantiques,
Avec le trimestre pour horizon ultime,
Signe de vie pour morte Bourse.
Et toi, tu frappes ton clavier averti,
Épluches des tonnes de mailles pas assortis
Qui poussent sur l’écran plat de ton labeur
Sans relief et sans rêve, empreints d’une drôle d’odeur.
Deux mille messages par jour
Et ton voisin qui ne dit plus bonjour….
Filons-nous la soie de la cravate
Attachés au gibet par trois pattes,
Pour cacher les traces de ce pâle sang
Déversé chaque jour, qui descend lentement
Le long des édifices de verre
Emplis de complots, de mystères,
Où nous devons surjouer
Ce rôle creux de tragiques poupées ?

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