vendredi 19 juin 2009

Le zéro et l'infini


Un midi, en visite au Salon du Bourget,
Je vis aéroplanes, volutes et ailes delta
Et le ciel était bleu, les nuages bien légers.

Dans la ville adjacente, de pauvres femmes allaient
Toutes de voile vêtues, cachées jusques aux cils
Enfermées en habits, pauvres chenilles de fait.

Et l'Airbus nouveau tournait tel une carpe,
Doucement il virait, tournait et se montrait,
Pilote virtuose, comme joueur de harpe.

Les burqas bien timides, à quelques rues de là,
Entendaient le fracas, les réacteurs sonores,
Et derrière leurs poussettes, voulaient presser le pas.

D'un côté on festoie, on vend et on dépense,
Des milliards s'échangent, le futur est en marche,
De l'autre on est exclus, on ne dit ce qu'on pense.

A deux cent mètres près, là, tout à côté,
La haute technologie, les lasers et les puces
Ici, le Moyen-Age, les femmes enfermées.

Paradoxe évident, mais chacun allait vite,
Les avions décollaient, ils faisaient des loopings,
Les autres rentraient chez elles, au fond de la guérite.

Notre époque est cruelle, rapide et dérisoire,
Les chasseurs décollent et les bombardiers planent,
A deux pas du tarmac, les femmes s'habillent en noir.

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