J’ai ré-écouté certains titres des Smiths.
Ce groupe « rock indépendant » du début des eighties, avec un chanteur à la voix d’or et de la très belle guitare ? Forcément, avoir eu vingt ans en 1981, cela donne un goût différent à cette puissante madeleine sonore. Les Smiths, pour des petits Frenchies, c’était à la fois très beau mais, avouons-le, très très mystérieux aussi.
Ces paroles ! De l’anglais fin, des phrases longues, des expressions idiomatiques et sûrement des double sens qui nous ont échappé. Au temps des 33 tours, on pouvait parfois lire les paroles sur les pochettes ; je ne me souviens pas comment j’avais eu accès à ces textes, mais je les avais lus d’une façon ou d’une autre.
Quand Wikipédia n’existait pas, des solutions alternatives se présentaient aux plus passionnés, comme acheter un vrai « livre », broché et illustré à un prix d’or… mais en Angleterre, lorsque vous y alliez…en ferry. Pour revenir aux Smiths, c’était donc vachement fort, je sentais bien qu’il s’en dégageait quelque chose de puissant, de sulfureux et de romantique, sans pouvoir saisir exactement quoi. Les pochettes des disques étaient très belles, le look du groupe impeccable, mais après… j’avoue qu’il me manquait des clés pour être à 100% de compréhension. Reste le chant, suffisamment évocateur et vibrant pour être au diapason de quelque chose d’intangible et… ma propre imagination !
Avec Joy Division, c’était tout aussi abscons et mystérieux, mais au vu de la noirceur et de la puissance du verbe, tout le monde était logé à la même enseigne, que vous soyez résident de Manchester ou Paris 15 ème. Les Clash, pas de souci, on levait le poing et on se jetait dans le pogo, et les pour les Cure, on avait pigé que c’était puissamment triste ET fort magnifique dès la première note, nulle traduction ne serait nécessaire.
Pour Springsteen, en revanche, on pouvait se prendre la tête, relire ses déclarations d’amour et ses chroniques « sociales » et reprendre nos les leçons d’Histoire-Géo au chapitre « régions agricoles des USA » pour se donner un peu de contexte !
Les Talking Heads ? Mystère et boule de gomme sur toute la ligne, à la façon d’un film de David Lynch, ou d’un tableau surréaliste par lesquels opère une magie immédiate, sans besoin de mot à mot pour décrypter tout cela.
Intéressant ! J’aimerais bien savoir si tous ces groupes et musiciens anglo-saxons se rendent bien compte de l ‘effet qu’ils ont produit sur nos cervelles emballées qu’ils ont enfiévrées, tout en nous chantant des lignes que nous ne capterions jamais vraiment au sens réel où eux l’ont exprimé. Un quiproquo généralisé, mais très agréable et puissamment empreint de nostalgie inoxydable. Bref, une cassette Ferrochrome C-90 ?