jeudi 10 mars 2011

Le grand ecart


Par le hasard de ma profession voyageuse, me voici aux quatre coins de l’Europe (qui en compte d’ailleurs beaucoup plus, mais c’est une expression toute faite et très vintage, d’un temps où les choses devaient être plus carrées).
Me voici propulsé à coups d’Airbus et gravement sous alimenté à bord par Air Trance pour cause de classe écono-comique. Un jour à Lisbonne, parlant français avec un aimable chauffeur. Un soir à Londres, dans un hôtel sans âme, face à un centre des congrès de type hangar géant et ampoules aux pieds garanties, attendant un club sandwich un peu mou, tout en contemplant le fils de Kadhafi prendre un air outré face aux questions d’une journaliste BBC d’un calme angélique.
Il est vrai que devant un diplômé de la London School of Econo-comics, on reste cool, surtout s’il a versé un gros paquet de £ pour aider à : petit a) sauver les finances de l’école en question, mais oui et petit b) se voir délivrer un diplôme bien mérité, by Jove ! (un seul m, hein, à diplôme).
Avant, je revenais de Rome, où j’avais pu apercevoir (rapidement) quelques monuments et de forts beaux palais d’un taxi Fiat Multipla blanc dont le chauffeur peu loquace avait décidé que les feux rouges sont une installation urbaine purement décorative.
Là, je suis à Munich, dans un hôtel sans charme, mais pourvu d’une salle de réunion pour 700 personnes, ce qui justement, motive ma venue dans cet endroit climatisé et standardisé. Au bout d’un moment, je remixe un peu et oublie où je suis.
Tout se confond, le matin surtout car les petits déjeuners sont tous agencés de façon similaire dans les « business hotels ». Côté décoration intérieure, certains font preuve de modernisme avec des bouts de plastique blanc accrochés de façon aléatoire, des spots mauves dans les coins et des ajouts de surfaces chromées mais d’autres persistent à garder des fauteuils trop larges et des moquettes qui rendraient dingue un caméléon, de par leurs couleurs saturées et les entrelacs de traits qui les décorent.
Ceci dit, du bar au restaurant et parfois même dans les ascenseurs, vous avez les mêmes écrans plats et les désormais furibards Kadhafi père et fils vous suivent partout, via CNN et BBC, voire France 24 dans votre chambre, dotée d’un lit avec 12 oreillers.
L’autre soir, je zappais, un peu ahuri et je suis resté scotché et hilare devant une série japonaise où les acteurs étaient doublés en arabe, ce qui donnait un cocktail assez original. Un adolescent nippon et fin, les cheveux en brosse et l’œil vif, donnait la réplique d’une belle voix grave et peut être égyptienne à une dame (sa mère ?), qui avait reçu par la magie des studios une douce parole moyen-orientale totalement irréelle, quoique bien décalée du mouvement de ses lèvres.
Cela changeait des insipides programmes avec des policiers blonds ou féminisés qui avancent le flingue à la main en longeant des murs que l’on peut apercevoir de canal en canal, et ce où que l’on se trouve, entre deux pubs pour des voitures au design passe partout et des boissons allégées mais avec des bulles.



Je vous rassure cependant, dès que l’on sort dans la vraie rue, on sait que l’on est à Lisboa, London, Muenchen, et la vraie vie continue hors des « business hotels ». Et à Roma ? Comme vous le diront vos collègues transalpins, quelle que soit la multinationale qui vous emploie : « But in Italy, it is different ! »


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