lundi 7 mars 2011

Cher Joe Strummer,



Cher Joe Strummer,

Il n’y a pas de hasard. J’ai entendu la chanson des Clash « Jimmy Jazz » deux fois en deux jours et j’ai dressé l’oreille tout en repensant avec nostalgie à toi, ex-punk, vrai rocker, idole de ma jeunesse. Certes, la première fois c’était sur FIP et la deuxième occasion a surgi via mon propre I-pod et le hasard de la fonction random. 
Ce qui est certain, c’est que je n’ai pas entendu « Jimmy Jazz » et son rythme de traviole (comme le sympathique loser à dreadlocks de la chanson) résonner dans un ascenseur, ni dans un supermarché, ni dans un reportage à la gloire du Ministère de l’Intérieur. Et pour cause, mon cher Joe, car les chansons des Clash parlent beaucoup des ascenseurs (sociaux et en panne), du supermarché (dans lequel on se perd), et des employés dudit Ministère (et de leurs matraques). Mais pas forcément en bien. 
Alors, pourquoi avec nostalgie ? Au-delà des trente années et plus qui nous séparent des flamboyantes chansons de London Calling, je crois que nous aurions besoin de davantage de groupes de rock qui ont du cœur et des couilles pour faire résonner à volume 10 des hymnes qui secouent les puces, les jambes, les blousons de cuir et surtout les consciences. J’ai l’impression que nous vivons dans un monde à la fois numérique, dominé par la rage et la cupidité, cruel, imprévisible, qui part en vrille et dans lequel nous nous nous débattons de plus en plus vainement, un pouce qui fait des sms et l’autre qui se lève pour dire « arrêtez de m’envoyer des mails » tout en essayant de garder le sens de l’humour et de ne pas déjà oublier le spectacle 3D vu il y a une heure seulement. 
Sans compter les révolutions qui ont démarré, les remixes de « Rock the Casbah dans ton c… « Pour les vils dictateurs orientaux ou les  « Somebody Got Murdered » que l’on entend dans les trois-quarts des pays asiatiques de façon quotidienne ou les « White Riot » qui n’arriveront pas de sitôt sous nos latitudes. 
Pour tout ceci, mon cher Joe, j’ai même l’impression que tu serais encore trop gentil, trop sincère, analogique et direct, eu égard à l’énergie (nucléaire) et la rage (de fauve) dont nous allons avoir besoin pour  nous transformer en résistants vs. le monde qu’on nous prépare dans les salles de marché et les comité suprêmes de gouvernements sans âme, à côté duquel les descriptions d’Orwell dans 1984 devraient ressembler à une semaine de vacances de ministre français en villégiature sous les cieux maghrébins (enfin, d’avant….). 
Bref tout cela pour dire, mon cher Joe, que tu nous manques beaucoup, mais que tu peux être rassuré, flottant entre le Che et Jean Moulin, sur un nuage de fumée de sinsemilla, car nous aussi on ira Straight to Hell, mais avec pas mal de classe, en t’écoutant.  
Magnificence !    

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