mardi 23 novembre 2010

Cher Bernard Lavilliers,



On se tutoie ? Allez, hombre cela fait un paquet d’années qu’on se connaît, je me lance. Et se vouvoyer entre nous, cela ferait un peu étrange, voire… de droite ! (Ne sors pas ton direct du gauche). 
Tu es un type formidable et je suis fan depuis longtemps. Cette note sera à verser dans le classeur solide de ceux qui t’apprécient, pas dans l’armoire en fer de ceux qui lancent des piques. 
Le texte qui suit est à utiliser comme CQFD si on te cherche des noises, mais au fond tu t’en moques, tout comme ces dirigeants cyniques des causes perdues. Les jaloux diront que tu as déjà vécu l’équivalent de 24 vies, que tu exagères, que tu romances la moindre visite de courtoisie de deux jours dans une zone au sud de Copenhague en un film façon « Bruce Willis meets Kerouac au pays de Jack London qui joue de la bossa nova entouré de desperados tatoués en buvant, la nuit, de la tequila piratée livrée par des lolitas inflammables »… mais ce sont des envieux et eux n’ont jamais connu l’aventure, la vraie. 

Tu nous chantes de très belles histoires depuis plus de 20 albums en comptant les « live », ça c’est prouvé, solide, gravé dans l’or des fous et le platine des souvenirs intimes. Pour celui qui raconte des histoires la force, c’est de bien nous les raconter. Que ce soit vrai, faux, authentique, imaginaire, exagéré ou enjolivé… ce n’est pas grave au contraire, c’est passionnant. Et toi, tu sculptes des récits pleins d’exotisme torride, de révolutions à venir, de gangsters au grand cœur, de sueur dans le dos, de couteaux effilés et d’eau à trente degrés. Tu l’as dit toi-même, on retient les chansons et les textes, moins le troubadour et ses histoires perso’. 
Cependant, dans la musique nous savons que le sang du compositeur et son âme donnent la couleur et le fond des chansons. Il y a des disques qui atteignent un niveau plus haut que les autres en termes de classe et de pérennité. La noblesse dans la musique, est définie par une ligne invisible mais coupante comme un rayon laser qui séparera pour toujours et sans appel les Clash des Plastic Pantins, Jacques Brel de Popaul Variétoche et Bruce Springsteen des San Antonio Country Fellows. On voit mal Justin Bieber imaginer «Les Bourgeois », Madonna nous accoucher de « London Calling » ou enfin un pantin de télé-crochet nous écrire « Fensch Valley » à partir d’une feuille blanche, usant du copier-coller avec le charisme d’une Lada en panne et de l’inspiration avec l’authenticité d’un sac Vuitton à 10 euros négocié sur une plage de Toscane. 
Alors, mon cher Bernard, tu peux dormir tranquille, pour nombre d’entre nous, tu fais partie de la première division musicale avec ses mythes et ses héros, nimbés de la nostalgie propre aux grands moments personnels. 
Old Gringo, d’accord… but forever the best !

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