mardi 19 janvier 2010

Ratio d’inefficacité en entreprise : une théorie perso


Pour commencer, je dois vous dire que je suis un modeste cadrillon qui gagne son pain dans le monde dit « de l’entreprise privée », pas vraiment bon, pas trop mauvais non plus, pas assez ambitieux, connaissant les règles et l’art de dormir les yeux ouverts en réunion sans être remarqué, noté juste à la moyenne. Finalement lucide sur le fait qu’il aurait du faire une carrière d’instituteur gentil ou de prof d’anglais coopératif et plein d’idées, qui fait étudier les paroles des Clash à ses élèves. Vous voyez le genre, le type bonne poire, qui écrit des nouvelles pendant ses loisirs et qui roule en 205 cabossée et grise avec 250. 000 km au compteur. Même un peu barbu, s’il le faut, je prends.
Bref, je suis là, petit poisson dans un grand aquarium, sachant reconnaître les grands requins blancs, disant bonjour aux barracudas, hello aux méduses et bonne journée en quittant l’ascenseur.
Venons-en aux faits.
Sardine ou limande, je suis, et j’ai observé avec attention (derrière mon rocher) les faits et gestes de tout ce petit monde.
Dans un cocktail varié de sociétés de l’industrie des autos, des ordinateurs, des transports et des médicaments, je suis passé. Muté, renvoyé, recruté, promu, placardisé, félicité, primé ou ignoré… j’ai donc parcouru les chemins de gloire éphémère et les travées de belles galères J’ai connu des grands services et des petits départements, des multinationales côté filiale et côté état-major, des marketeurs, des vendeurs, des ingénieurs, des consultants et une masse énorme de pipotronneurs. Quelques rares êtres humains courageux, beaucoup de lâches, de planqués et de faux derches.
Je ne vais surtout pas écrire un bouquin ridicule sur « management in 7 steps » ou « travail d’équipe en 9 leçons », publié aux éditions Harvard-HEC-CAC 40 avec une couverture où deux glands en costume se serrent la main.
Cependant, je voudrais vous communiquer une théorie personnelle simple et que je vous laisse le soin de commenter.
Dans ce monde bizarre, l’inefficacité, l’absurdité et la rage de se taper dessus sont immenses. Des personnes apparemment intelligentes dépensent une énergie folle et un argent colossal à monter des châteaux de sable (appelés « projets » bien souvent), indépendamment les uns des autres, formant des castes et des clans qui vivent dans des réalités parallèles. Frappant de voir chacun se cantonner (comme le riz) dans un petit univers, avec des petites règles et des grandes trahisons. Mon constat est que les choses tournent « rond », à partir du moment où un ou plusieurs dirigeants ont un léger éclair de conscience et où les actions qu’ils dirigent sont un peu moins mauvaises que leurs concurrents ou leurs prédécesseurs. Pas mieux, pas plus brillantes… juste un poil moins ridicules. Juste gâcher les choses, mais pas autant qu’avant et avec la même frénésie de destruction.
Pour prendre une image et conclure : sur une échelle de un à dix pour décrire ce qui se passe réellement dans une « boîte » , un étant Kafka chez Ubu avec les méthodes d’Himmler et dix, eux, Nelson Mandela allié à Gandhi avec Einstein à la recherche et Sœur Teresa à la DRH… passer de 2 à 3 permet immédiatement à n’importe quelle « entreprise » de devenir la meilleure qui soit !
C’est une échelle de connerie inversée qui devrait mesurer cet univers et non les « mesures de performance » qu’on lit dans leurs bouquins. Pensez-y. Dites-moi….
Un soupçon de moins et tout est plus rapide, plus fluide et même les actionnaires s’en frottent les mains.
Curieux, non ?

1 commentaire:

  1. :)) excellent
    j'ai beaucoup aimé 2 choses :
    "Je ne vais surtout pas écrire un bouquin ridicule sur « management in 7 steps » ou « travail d’équipe en 9 leçons », publié aux éditions Harvard-HEC-CAC 40 avec une couverture où deux glands en costume se serrent la main." ==> je vois tout à fait le genre d'ouvrages à la g..., aussi inutile que ridicule (mais en anglais attention). Pourquoi vous ne le feriez pas ? Je suis sur que vous méritez les droits d'auteur autant que les guignols qui les écrivent
    Einstein à la R&D et Mere Teresa à la DRH ==> Excellent casting ... et qui au commercial ? Obama ? ça le ferait bien ... vous voulez quoi Monsieur le Client ? YES WE CAN !!
    Globalement, je suis d'accord ... l'entreprise (surtout les grosses, j'ai peu pratiqué comme salarié mais plus comme presta) est souvent territoire d'Absurdie. Et effectivement, j'ai moi aussi une allergie aux mesures de performances, aux pseudos-scientifiques théories de management, d'organisation du travail, etc etc

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