samedi 7 novembre 2009

Un remède contre la morosité


En ce maudit mois de novembre, qui étrangle le bleu du ciel, rabote les heures du jour et limite avec aigreur les températures affichées à un seul chiffre grelottant, je vous donne une recette miracle pour combattre le blues ambiant : écouter des chansons de Pink Martini.
NB : je n’ai pas dit : boire du Cinzano blanc ni de la Vodka verte, ni Gros Rouge. Cela peut être une option supplémentaire à l’absorption de Pink Martini et l’ivresse légère de fait engendrée, mais là n’est pas la question.
D’ailleurs, s’il fallait boire quelque chose en rapport avec cette musique, ce serait uniquement du champagne, et du très bon et du très frais.
Non. Courez acheter dans un bon magasin (ou autre moyen d’acquisition numérique autorisée par l’Hadopi gnon sur rue) un, deux, trois ou les quatre LP déjà parus de ce groupe classieux, international, polyglotte et extrêmement doué.
Difficiles à classifier, les Pink Martini savent tout jouer, sont très nombreux, changent de rythme à tout coin de rue, mais sont toujours dans le bon tempo et le varient selon l’humeur.
Moi qui ne jure que par le feu du rock, la glace de la new wave, les effluves de l’électro zarbi et l’odeur diabolique du blues , je vous avoue pourtant être conquis par ce groupe et ses œuvres avec très peu d’électricité, pleines de cordes douces, de cuivres chauds, de rubans sonores et de satin orchestral. Sans oublier une harpe cristalline. Oui, de la harpe. Et c’est quelqu’un qui a vu les Virgin Prunes à fond, Motorhead en délire et les Clash à Brixton qui vous susurre cela avec humilité.
Portées par la voix angélique de China Forbes, chanteuse virtuose et élégante, leurs chansons glissent en douceur et s’écoulent avec légèreté, portées par un piano haut de gamme, des violons romantiques ou bien tout à coup agitées de congas, juste poivrés comme on aime. Ou alors une guitare épicée, mais juste comme il faut.
Pas de bling bling ici, juste ce qu’il est indispensable de référence à un passé « vintage »,  exactement comme une Jaguar type E des années 60, mais qui atteint quand même le 240 en ligne droite sans faire trop de comme l’animal à griffes (le vrai) qui de dresse à l’avant du capot.
Comment décrire leur style ?
Elégant, car ce sont des chansons qui suggèrent des émotions subtiles, un soupçon de mélancolie et des sentiments élevés, mais pas violents.
Varié, par la multitude des styles proposés (samba, jazz, bluette, chanson de crooner ou sentimentale)
Drôle et fin, car teinté d’un peu d’ironie et de beaucoup de culture générale.

Ce sont des américains, réunis en une grande bande (j’ai du mal à les compter), mais dans le style « yankee cultivé qui a beaucoup voyagé », qui parle excellemment le français et vous cite des auteurs italiens ou des poètes japonais .
Ils ont tous de bonnes têtes, j’ai l’impression que vous et moi serions vite « pals » avec eux, au Bar du 23 ème étage d’un palace international, en dominant un splendide panorama sur le Bosphore, la Seine, l’Hudson ou l’Arno et buvant des coups dans des verres ourlés de sucre avec ces petits parasols plantés dans les cerises, façon Lost In Translation, toujours très tard dans la nuit.
On referait le monde, mais ce serait avec humour. On fumerait, mais juste une cigarette. On serait assez ivres, mais en disant des choses vraiment drôles et des citations à retenir.
Leur monde, c’est le voyage intelligent, avec un zeste de jet lag et une pincée de classe affaires. L’ambiance, ce sont ces soirées dont on se souvient, les soleils qui se lèvent quand on n’a pas dormi de la nuit, en sentant encore Guerlain et en portant un smoking un peu défraîchi mais en remettant ses Converse et son vieux jean juste après.

Synthèse de ma divagation, allez-y, écoutez et tentez de les voir en concert, ce qui constitue une autre belle expérience.
Je vous envie si vous ne les avez pas encore découverts, (à part le célèbre « Je ne veux pas travailler »…) car c’est bien un joli monde qui s’ouvre à vous. Un vrai, riche et coloré, pas comme les « univers » virtuels et étriqués, à base de fautes d’orthographe sms et d’ignorance crasse dont nous parlent ces maigres candidats perroquets des télé-crochets dont la culture se résume à des chroniques vite lues dans 20 Minutes entre deux RER, l’ambition à un disque d’or et une maison avec piscine qui pue le chlore et l’imagination sans calories à un mélange des dialogues des Pokémon, du catalogue de La Redoute et du résumé d’un scénario refusé de « Poubelle la Vie ».
Ceci dit, j’ai toujours bien aimé le catalogue de La Redoute, surtout les pages de la fin, avec des autoradios qui brillent en bleu la nuit, des chaînes hi fi géantes et des spots pour faire une boum à la maison.

Le mois de novembre, quant à lui, serait rayé du calendrier que je ne m’en plaindrais pas. Je propose donc l’écoute des disques de Pink Martini accessible à tous et remboursée car bénéfique pour la santé mentale, ainsi qu’un nouvel ordonnancement des mois du calendrier comme suit : mai, juin juillet aout, mai juin juillet aout, mai juin juillet aout. Et ça fait douze.
Merci, à bientôt. Portez vous bien.

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Discographie

1997 : Sympathique

2004 : Hang on Little Tomato

2007 : Hey Eugene

2009 : Splendor in the Grass

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