lundi 23 novembre 2009

Rions un peu


L’autre jour, j’allais d’un point A à un point B dans les vastes couloirs bien éclairés de la société qui m’emploie et je tombai subitement en arrêt devant un défibrillateur.
Enfin, plus exactement un défibrillateur dans une petite armoire, le tout accroché au mur près d’un ascenseur.
Que fais-je ? Aiguisé par ma curiosité naturelle, j’ouvre la porte de l ‘armoire.
Hé bien oui, je voulais voir la chose de plus près…

Car, depuis le temps que je vois au cinéma et à la TV des gens raides morts -ou c’est tout comme- revenir de l’au-delà avec une bonne application dudit objet magique sur la poitrine… Vous savez, le bon docteur ou le héros, il pose deux sortes de fers à repasser sur la victime, ça fait gzzz gzzzz et le trépassé il fait aaah aah il fait un bond de trente centimètres ! Il est réveillé ça oui les gars, et il est remis dans une ambulance vite fait, car il va mieux et la scène d’après quelqu’un vient le voir avec des fleurs et des bonbons, mais c’est bientôt la fin du film. Le blessé de naguère sourit, il est content. Le héros a fait du bon boulot et la médecine aussi et le défibrillateur marchait vachement bien !
A ce propos, je ne sais pas vous, mais moi je m’interroge sur la fameuse lumière blanche et le long couloir et tout le toutim que l’on est supposé voir quand on passe de la vie à trépas. C’est ce que j’ai lu partout, et en plus il paraît qu’on flotte à moitié dans les airs, qu’on se sent nickel. C’est frais et léger, une grande sagesse s’empare même des plus épais cerveaux.
Mouais !
Cela me donne l’impression d’un couloir qui mène un artiste vers son show, allant des coulisses vers la scène. C’est aveuglant, on sent qu’il y a un gros machin là, juste derrière et que cela va chauffer.
Oui, mais, je vous signale que les témoignages s’arrêtent là.
Oui, là. Pas plus loin. Après, ils sont bel et bien revenus parmi nous et sur les listes électorales (entre autres grâce à un défibrillateur) et écrivent des bouquins bien épais, entrent chez Raël, se mettent à boire ou à faire du saut à l’élastique sans élastique.
MAIS, pas d’explication sur ce qui se trouve juste APRES. Et c’est ce qui m’ennuie, chers amis.
Telle une promesse électorale, le discours sur l’au-delà n’engage que celui qui les écoute. Hé oui ! Et si derrière la lumière blanche, il s’avérait que le comité d’accueil n’est pas exactement celui que vous espériez. ?
Je vous vois venir, me décrivant ce qui nous attend forcément après la grande porte.
Au choix : tout le monde flotte dans les airs, sourire béat, des nuages comme oreillers, des muses coquines pour rigoler un peu, des rivières de pastis et de Margaux, des écrans plats de 10 mètres de haut, toute un confort Club Med sans les factures et les GO, des angelots s’en allant sifflotant du Cure et bien sûr tous vos ancêtres de bonne humeur et Lynird Skynird au complet ressuscités ?
Et si, pas de chance, c’était une ambiance de bureau par temps de licenciement massif, avec une gravité triple, moins quarante degrés l’été, et de la bière sans alcool et des petits pois surgelés à chaque repas, une ambiance tout comme chez Fram avec les animateurs idem que sur Terre, des harpies grassouillettes et édentées, le père Raël en grande forme comme président à vie et André Rieu comme seul DJ ?
Revenons à mon histoire…
Bon, j’ouvre donc la petite armoire et : ouiiin ouinnn ouiiin une alarme sonore se met en marche !
Bon sang, c’était même écrit dessus.
Alors là, comme Mister Bean l’aurait fait, je regarde à droite, à gauche, à droite et je me sauve par l’escalier avec rapidité et furtivité.
Epilogue de l’histoire.
L’air de rien, je me suis inscrit à la petite formation pour apprendre les rudiments d’utilisation de l’appareil, j’ai bien écouté, pris un air entendu quand on a dit que les armoires étaient sous alarme et me suis tenu à carreau.
Si vous tombez raide devant moi, je vous ramènerai du mieux possible du couloir trop éclairé et de ce bazar post mortem plein de démagogie, et ce juste avant que les premières notes d’André Rieu ne vous parviennent aux oreilles et que Raël ne vous donne le tract de bienvenue. Vous me remercierez d’avoir ouvert l’armoire sous alarme un jour !

1 commentaire:

  1. jute on mot Merci!!!! grâce à vous je viens de sortir d'in coma léthargique de 30 ans dù aux coups répétés de notre société. votre façon de pensée est exactement la même que la mienne. JE CROYAIS VENIR D'UNE AUTRE PLANETE. MERCI

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