jeudi 4 novembre 2010

Maths en deux coups


La communauté des mathématiciens du monde entier était en émoi. L’équation de Jakobs-Dellaffon avait été enfin résolue par un tout jeune autrichien de 9 ans, un certain Sigrolf  Boss. Tout simplement, il avait expliqué qu’il suffisait de poser la retenue en fractale décomposée et je retiens deux et pouf, on aspire la racine quantique par l’espace vectoriel inversé et c’est bon, on a la solution !
Jean Duçinnus, le plus éminent chercheur ès algèbre et géométrie du Collège de France ne décolérait pas. Cela faisait 17 ans qu’il cherchait la réponse et ce petit schpuntz avait trouvé en deux coups de cuiller à pot, entre une partie de Super Mario et un « chat » avec ses copains viennois de Terminale. Oui, car à neuf ans le petit Sigolf est déjà en Terminale, et s’ennuyait bien sûr. 
Et des fautes d’orthographe,dans  le « chat », il en était sûr ! (Duçinnus avait étudié l’espagnol en seconde langue vivante, en plus du grec et du latin, alors pour les fautes en allemand il ferait profil bas). Notre mathématicien français tournait et virait dans son bureau. Vêtu d’une veste à carreaux marron et d’un pantalon en velours vert foncé, il avait crâne légèrement dégarni et surmonté d’une paire de lunettes ne tenant que par un bout de scotch jauni. La parquet craquait sous ses pas, son esprit était courroucé tandis que l’observaient gravement un buste de Gauss posé sur une table de travail surchargée, et un sombre portrait de Cauchy, ornant le seul mur non occupé par des tableaux noirs, mur à la peinture craquelée, d’une couleur indéfinissable mais assurément défraîchie.
« Je vais le coincer, ce garnement ! » se disait-il. Idée soudaine. Il envoya un mail à son vieil ami David Riddle, à Oxford, pour lui demander conseil et trouver un problème bien ardu à poser au petit génie du pays de Sissi. « Expliquer le paradoxe de Sushi-Wilson ! » répondit aussitôt Riddle, lui aussi très jaloux et en rage de ne pas avoir trouvé la solution avant le gamin. 
Aussitôt dit, aussitôt fait. Duçinnus trouva l’adresse e-mail de Sigrolf Boss et lui adressa, dans son meilleur anglais, un message faussement innocent, lui demandant en tant que « cher confrère » des pistes de réflexion pour approcher le paradoxe ci-avant cité. « Facile ! », répondit le petit garçon, de sa chambre, tout en visionnant une vidéo de Jim Carrey faisant des grimaces –ce qui est un pléonasme- sur Youtube et en écrasant à coups de pierres le crâne sanglant d’un zombie de la main gauche avec sa manette Wii. « Prendre les géodésiques d’Asimartoff et s’inspirer de la théorie des opérateurs non commutatifs, supputer une bijection discrète et voici le paradoxe entièrement dissous ! ». 
« Aaargh, Il a raison !! » hurla Duçinnus devant son écran.  Alors, ivre de rage, il décida d’aller immédiatement voir Monsieur Cissé, le grand marabout du XIX ème arrondissement avec une photo du petit dans sa vieille besace.

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