vendredi 3 septembre 2010

Le Gland Journal de Canal Banal



Remis sur rails et l’esprit alerte, je tenais à vous faire partager mon peu de goût pour cette émission quotidienne, moment où le brouillé-crypté devient clair pour les amateurs peu initiés de la petite lucarne dont je fais partie (ceux qui n’ont pas accès à des chaînes payantes, je veux dire). C’est mon avis, le partageriez-vous ?

Ce show est fortement détestable à mes yeux et je vais vous dire pourquoi. Nimbé d’une histoire sympathique, d’un passé estimé, quand il était animé par des gens qui avaient un peu d’esprit et de grâce. Restent peu d’esprit, et beaucoup de graisse.
Tout d’abord, observons le niveau incroyable d’auto satisfaction et de joie non feinte de se croire intelligent émis de façon quasi radioactive par l’ensemble des animateurs et chroniqueurs. « Je m’aime », telle est leur devise, gravée en lettres d’or sur le fronton de leur orgueil.

Symbole absolu : les Miss Météo, incroyablement insupportables, sélectionnées pour leur plastique, leur décolleté 3D et leurs futurs rôles dans des navets indigestes 100% made in France, qui toisent les invités avec l’insolence kamikaze d’une grenouille face à un 35 tonnes et qui débitent des jeux de mots sinistres qui feraient faire la tronche à un Henri Salvador (« Respect » au passage à l’homme qui riait tout le temps).
Et je ne les nommerai pas tous, mais la brochette de présentateurs est affligeante : entre faux humoristes, beur attristant et/ou black affligeant « de service », fausse jeune première avec plus de kilomètres au compteur qu’un taxi d’occasion à Bucarest, apparitions momentanées de demi mondaines ou de glapisseurs réjouis, la panoplie est complète et bien au service de leur mission première : la PROMO.
Oui, et c’est cela qui m’épuise dans ce show pur « business » : le lèche-bottes absolu et systématique envers tout invité, en VF ou bien en VO avec oreillette-retard et traduction approximative mais qui montre qu’on cause presque anglais, nous, bref tout VRP dûment programmé par un service de relations publiques d’une major du cinéma et de la musique ou du service marketing d’un éditeur bien en vue.
Votre film est formidable, votre disque merveilleux, votre livre sublime et on doit courir voir votre pièce. Rappel de la couverture, extraits, citations enamourées, gros plan affectueux sur la pochette, dates de sortie citées cinq fois, exemplaires distribués aux autres invités qui font semblant de s’en réjouir… si le trait n’est pas appuyé, c’est que le Stabilo Boss ™ n’a jamais été inventé.
Frotte, lisse, brosse, polit et montre BIEN le produit aux acheteurs, tel est le travail du Gland Journal, entre deux pitreries efflanquées et des marionnettes parodiques désormais aussi affutées qu’un rouleau de PQ ayant séjourné un an dans l’Océan Atlantique.
Mais pour leurs chers invités, merci de n’émettre nulle critique un tant soit peu différente du texte que l’on doit pouvoir retrouver sans peine dans le dossier de presse !
De toutes façons, et c’est un autre tic affolant de ces pseudo-« journalistes », un invité dispose au maximum d’un temps de 7 secondes 4/10 pour parler après une question, las, vite interrompu par une autre question, une blague vaseuse ou une allusion interne à la vie dont on se fout de collègues de bureau de la petite bande assise autour de cette table en bois géante où ils trônent avec félicité.
Cette table, bardée d’écrans vidéos de retour où ils s’admirent en un beau miroir et voient leur face si fortement éclairée, pâle reflet de leur vacuité cosmique. Ils imaginent déjà quel bon trait d’esprit fat et gras ils vont décocher au prochain invité qui vient effectuer son temps règlementé de SAV pour manger et extraire son gagne pain médiatique.
A part une blague sur cinq d’Omar et Fred, mon opinion est faite : mettez- moi tout cela dans la décharge du grand Oubli, concassez le tout dans le broyeur de l’Amnésie.

Et convenez-en, pour ce genre de personnages, c’est la peine la plus infâmante qu’ils puissent jamais redouter.

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