dimanche 4 juillet 2010

Un pour tous, tous pourris



Je ricane en lisant l’argumentation ultime que l’on nous ressort tout à coup, la main sur le cœur, alors que la vague d’algues Woerth, comme dirait le Canard Enchaîné, éclabousse tout et se retire en montrant la marée basse nauséabonde de la corruption du pouvoir du plus haut niveau à… très très profond plus bas. Se couvrir et se serrer les coudes, ce réflexe naturel des malhonnêtes, ne doit pas nous détourner de notre courroux.
L’argument banal, « attention, ne jetez pas le bébé avec l’eau du bain ! », pour protéger un peu le reste des troupes d’élite de la nation, pas encore sous le feu de la pompe à purin ?
Désolé, mais en 2010, c’est l’eau du bain, le bébé, la baignoire, la salle de bains, la maison et le quartier entier qu’il serait bon de nettoyer à l’eau de Javel.
« Oh, non, il y en a quand même quelques uns qui sont bien ? », Non. Comme le panier de fruits dans la cuisine, la pomme a fait moisir quasiment toutes les tomates, juste à côté. On jette.
Ou alors on secoue le pommier vraiment fort et on compte les fruits encore accrochés. Chiche ?
Complicité, comme mot, c’est clair ou il faut repenser le dictionnaire ?
« Alors, dans ce cas, il n’y plus rien à faire ? »
Si justement, il y a beaucoup à faire. Les audits, les mises en examen, les licenciements, les inculpations, les condamnations, les amendes… : ce n’est pas que pour vous et moi, ou j’hallucine ?
Quand vous voyez le radar, vous accélérez encore ? Eux si, et en plus ils ont un permis avec 1200 points.
« Il n’aura plus personne pour faire leur boulot ! » Non. Je délire, ou ne me dites pas qu’il y aura toujours du monde, bave aux lèvres, pour monter au sommet de la pyramide ? Et, au vu du taux de chômage, il ne me semble pas que l’on soit en pénurie de cadres dans ce pays !
Le postulat que l’on nous lance est : «C’est difficile, les dérives sont inévitables, ce sont des hommes comme vous et moi ». Trop facile !
Non, je refuse que l’objectif d’atteindre le « zéro corruption » soit impossible.
Exemplarité ? Oui, sur inspection régulière de tout homme exerçant un mandat public, avec des critères draconiens, via un corps de fonctionnaires cette fois ci 100% d’accord….d’élite !
Fausses notes de frais ? Viré le jour même pour faute grave, comme moi si je le faisais dans mon entreprise.
Fiscalité ? Contrôle annuel et répression absolue pour la catégorie « ISF » qu’ils soient donateurs ou non des partis politiques.
Ils veulent partir en Suisse ? Tenez, voici un billet aller-simple (classe éco, désolé, c’est plus facile pour les groupes)
Comptes et finances des partis politiques ? Publiés sur Internet, publics et audités en continu.
Déjà député, maire d’une grande ville, sénateur, ministre, voire député européen ? Aucun autre poste autorisé par règlement ! Pour le cumul des mandales, chers amis, pas le cumul des mandats.
« Oh, non, c’est trop dur, tout ça ! »
Je ricane encore, de ce gouvernement qui veut s’inspirer du libéralisme et du privé, mais qui se garde bien d’en appliquer les méthodes les plus basiques. Attention, le privé n’est pas non plus un monde de Bisounours, avec des essaims de patrons voyous que le… public devrait sanctionner avec férocité.
Mais pour nos hommes et femmes de pouvoir, juste oublier les principes fondateurs et les idéaux de la République, mais garder la culture en serre des comptes en banque et l’intérêt particulier comme seul moteur ?
Ils devraient avoir l’idée de la sanction forgée dans le quotidien, intégrée dans leur carrosserie comme l’est la ceinture de sécurité pour une voiture.
Mais, là, allez-y, continuez, en défendant d’un air choqué ceux qui ne se sont pas encore fait attraper la main dans le sac….
Tous pourris ? Non, certes, mais juste « trop de pourris » et l’épidémie en 2010 est vraiment à son apogée.
Nettoyer les écuries d’Augias vous dis-je, mais nous n’avons pas encore d’Hercule, hélas !

Paris, début Juillet 1789.

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