jeudi 20 mai 2010

Métro souterrain



Il prit le métro ce matin là, comme tous les jours. La routine. Toujours dans le même wagon, assis sur le même siège. Deuxième porte, on sort vite, on évite la cohue et on est directement devant le couloir pour aller plus vite. Carreaux blancs du métro. Affiches publicitaires, il connaissait son trajet par cœur. Musiciens à qui il ne jetait jamais une pièce. Temps minuté, correspondances automatiques, il aurait presque pu le faire les yeux bandés son trajet quotidien
Arrivé à Saint Lazare, il descendit le grand escalier à pied comme d’habitude, sans faire attention, en rêvassant.
Mais…se dit-il après quelques secondes, il y a plus de marches que d’habitude ! Où vais-je ? L’escalier descend encore ; Ah, la RATP…, vraiment, ils ne préviennent pas quand ils font des travaux, maugréa-t-il, et il descendit encore avec fureur et en pressant le pas.
Cependant, il se rendit compte que quelque chose ne tournait pas rond, s’enfonçant plus profond dans les entrailles de la terre parisienne. Il était seul et le lieu devenait vraiment sombre. Tiens ? Des torches qui brûlent vraiment, accrochées au mur ? Un décor ? Quelle est cette opération promotionnelle ? Un film ? Saw 6-11 ? Gladiator le retour ? C’est nul et c’est moche !
Cinq étages plus bas, il s’arrêta. Perdu et maintenant bien réveillé.
Non ! J’ai du me tromper de chemin ! Demi-tour.
Mais, remontant d’un étage, il trouva une porte close devant lui.
Quoi ? Hein ?

Une voix aigue le fit sursauter.
- Bonjour cher Monsieur, je ne souhaite pas vous déranger longtemps, lui disait un tout petit bonhomme, habillé comme dans les années 50, pardessus gris, chapeau noir, moustache fine.
- Qui êtes-vous, quel est ce bazar, dit notre homme, râlant déjà comme un bon Lutécien qui n’a pas de temps à perdre, et puis pour les ONG, les chiens d’aveugles et Haïti, j’ai déjà donné ! Non, je ne vote pas, et non je n’ai pas envie de signer de pétition !
- Non, cher, Monsieur, c’est juste un petit sondage. Mon…Patron, souhaite connaître un peu mieux ses futurs… pensionnaires. Nous souhaitons assurer l’insatisfaction la plus totale de nos futurs hôtes. L’éternité, c’est long, surtout vers la fin a dit Woody Allen. Cela ne prendra que cinq minutes, et vous pourrez remonter, et bien sûr arriver au bureau à l’heure. Votre arrivée en nos services n’est pas planifiée avant une bonne quarantaine d’années.
Alors, question une : quelle image avez-vous de l’enfer de Dante ?

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