vendredi 14 mai 2010

American Parano



Alerte maximale.
Tout Manhattan est bouclé. Les sirènes hurlent. Des hélicoptères sillonnent le ciel en lâchant des tracts contentant un message préventif. Trois rideaux de sécurité sont organisés.
Les vols sont annulés dans tous les aéroports de New York et des états voisins, pour aujourd’hui et les cinquante jours à venir. Cinq matches de base-ball reportés, tous les concerts en Caroline du Sud. Le port du masque est recommandé sur l’ensemble du continent nord-américain. Le courrier est ouvert, les colis postaux sont tous brûlés dans l’heure, dans des bennes blindées, par des opérateurs assermentés et citoyens US depuis au moins 7 générations.
Tous les mails sont effacés de tous les serveurs à accès gratuit. La couverture des relais pour téléphones portables est brouillée par de puissants contre-émetteurs de filtrage de la CIA.
La NASA libère l’ensemble des canaux des satellites pour les prêter au Pentagone. Les chaînes de télévision diffusent uniquement et en boucle les images de CNN, du lieu de l’attentat probable, à venir, de façon quasi imminente, et peut être, sous réserve, suspect, s’il nous est permis d’employer ce terme du point de vue légal. C’est CNN et c’est tout, défaut d’autres programmes, par ailleurs rigoureusement analysés par une commission de censure privée dont Disney et Fox News détiennent le capital, (au cas où ils contiendraient des messages subliminaux subtilement dissimulés ayant trait à un signal virtuellement caché qui donnerait le signal du début de démarrage de complicité d’un allié lié directement ou indirectement à l’attaque potentielle des terroristes).
Le Président et l’ensemble du Congrès et du Sénat ont été mis en sécurité dans une base souterraine, blindée et secrète, quelque part au Groenland. Dans les 51 états (et au Canada aussi) on convoque et interroge tous les citoyens d’un pays étranger au sud d’une ligne Reykjavik-Oslo, pour vérification. Un corps d’armée est envoyé pour occuper la Libye, un autre la Syrie.
Les Marines s’emparent des villes-clés du Pakistan. Un missile à tête nucléaire est expédié sur Téhéran, une escadrille de bombardiers lourds efface Kaboul de la carte. A Wall Street, les cours s’effondrent, le dollar vaut trois centimes d'euro, les banques commencent à ne plus être solvables, les traders se suicident en lisant les mémoires de l’Abbé Pierre.
Pendant ce temps, à Times Square, une poussette contenant un hochet a cessé de faire de la musique. Elle est puissamment éclairée par des projecteurs, des hommes en combinaison NBC s’en approchent lentement, filmés par des dizaines de caméras.

Une mère de famille, se réveille d’une petite sieste et se demande tout à coup pourquoi elle a décidé de porter son bébé dans ses bras en rentrant chez elle. Il faisait beau, l’enfant était de bonne humeur.

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