lundi 15 février 2010

Le noyau d'avocat


J’ai trouvé quelque chose qui évoque puissamment les années 70, les choses « qu’on ne fait plus » et la nostalgie du passé en bonus. Il s’agit du noyau d’avocat, que l’on tentait de faire germer. Vous en rappelez-vous ? Fiché de trois ou quatre piques à saucisses de cocktail, le noyau était mis en équilibre dans un verre plein d’eau, en restant de fait immergé aux deux tiers en attendant qu’il se passe quelque chose. Deux options. Primo, il germait, se fendant en deux pour laisser apparaître des racines pâles vers le bas et l’annonce d’une tige verte vers le haut. Après, la chose était mise dans un pot avec de la terre et peut être poussait encore un peu, quelques mois en tout cas… Ou secundo, rien du tout ne germait et on finissait par jeter l’eau, le verre devenu jaunâtre et le noyau desséché par l’infertilité, la chaleur de l’appartement et notre faible talent de pépiniériste amateur.
Quoi d’autre, au rayon souvenirs des 70’s, début des 80’s ?
Pour moi : la patiente construction des avions... radio-commandés !
Il fallait patiemment assembler sur plans la carcasse de l’avion avec des planches de balsa. Fabriquer les ailes ? Un travail de professionnel aussi, avec un squelette de nervures et de baguettes, le tout recouvert d’un papier spécial, lequel se tendait à la chaleur d’un fer à repasser, au prix de manœuvres expertes. Je ne vous parle pas de l’installation des servomoteurs pour contrôler la dérive, les trims et l’accélération du petit moteur pétaradant de 3.5 centimètres cube, posé en un emplacement calculé au millimètre près. Un travail d’orfèvre, pour une œuvre fragile.
Des heures et des heures pour être enfin prêt à faire voler l’appareil, télécommande trois canaux en main, gelé sur un terrain venteux, mais fier comme les frères Wright. L’été dernier, dans une station service sur l’autoroute, j’ai vu une boîte avec un avion tout monté, y compris un moteur électrique longue durée pour voler sans coup férir. Pff, degré zéro de l’érotisme aérien !
A propos d’érotisme, tiens ! Le préado de 1978 achetait dans un kiosque loin de son domicile un « Lui » en tremblant, avec Ouest-France pour se crédibiliser et apercevoir un petit bout de foufoune et des créatures lointaines, inhumaines et au demeurant mystérieuses malgré leur tenue minimale. Content d’avoir vu du « hot », mais toujours au niveau zéro côté anatomie et peu renseigné sur ce qu’il faudrait savoir au moment de débarquer sans plan, ni télécommande et sur un autre type de noyau germé ! Aujourd’hui, on trouve des arbres exotiques qui mesurent déjà un mètre dans un pot design chez le fleuriste, des avions incassables et prêts à voler pour pas cher, des partouzes et des gros plans en deux clics de souris. Pas bien ? Bien ? Too much ? Nostalgie excessive ? Souvenirs enjolivés ? Je ne répondrai qu’en présence de mon avocat !

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