mardi 20 octobre 2009

Un soir, par hasard, à Philadelphie


Ce soir, énorme claque en concert de The Gaslight Anthem à Philadelphie (The Trocadero).
Explications et texte.
J’achète donc un billet un peu au hasard et arrive sur le lieu du concert. Vingt dollars, quelle obole, quand je pense qu’à Bercy on nous soutire au moins soixante quinze euros pour n’importe quel dinosaure…
Petit théâtre très bien agencé, environ 1000 places. Un petit Elysée Montmartre quand il sera refait.
Public 100% blanc, type université et « college rock » ; Des chemises à carreaux sur un T-shirt, des casquettes, des Converse et des bonnes têtes, des gabarits solides.
Je me mets en haut, au balcon, où il y a des banquettes confortables et un vue impec sur la scène.
On commence par un groupe un peu à la Green Day. Pas mal.
Puis un autre quatuor agité, qui tient la route. Mais c’est un peu long, les chansons.
Puis, aïe !, un troisième groupe qui doit avoir des textes et des idées mais qui est franchement trahi par un son vraiment pourri ; ils s’appellent « Murder By Death » et ils sont murdered by la sono.
J’ai un peu mal aux fesses. Mon voisin, un gaillard qui doit jouer au football américain ou faire un déménagement par demi-journée, me paie une bière et me dit « You’re on, dude, yeah ! » ; « Yeah », dis-je (mais moins fort que lui).Il se barre pour aller dans la fosse.
Le set est mis en place, avec les roadies, une grande affiche au fond. Noir et blanc, c’est stylé. C’est un peu long ; la salle est maintenant comble.
Et ça commence !
Immédiatement la foudre est dans l’air. Le public chante et connaît toutes les paroles. Les vagues pogotiques agitent la masse en bas et les bras se lèvent comme un seul homme.
On est passé en mode vibrations et émotion.
Avant les autres groupes étaient éclairés, celui-ci émet de la lumière. Avant, on entendait des morceaux, là ce sont des chansons, des hymnes.
Ils ne jouent pas, ils sortent un grand son, ensemble. Cela sonne juste.
En plus, ils sont beaux, ils ont la classe. Sans s’agiter en vain, juste en jouant avec le feu intérieur et le métier qui est rentré sur des scènes très nombreuses.
Le chanteur a une voix à la Springsteen et on dirait Joe Strummer jeune, sans les dents de traviole (iron respect pour Joe, c’était juste une image)
Le bassiste est juste classe avec un simple T-shirt blanc et en me répétant je vais vous dire qu’il ressemble à Paul Simonon.
Le batteur nous sort du Creusot-Loire qui monte à l’estomac direct.
Le guitariste solo est plus effacé mais lance des accords simples, les notes justes… pas besoin de torturer la Gibson pour tuer des bataillons de loutres en plein vol. Il en abat un paquet (de loutres volantes)
Quelle prestance ; A l’américaine, sans faille et avec éclat, car depuis Elvis c’est le même topo.
Beaucoup ont imité, peu y sont arrivés. Et sur scène, ce soir, le flambeau brille et jette des étincelles.
Just being there.
C’est la grande différence, l’état gazeux que peu nous font atteindre.
La différence entre une seule Ford Mustang 1957 et tous les modèles que Toyota a sorti et sortira à tout jamais. Entre le Général de Gaulle ou Kennedy et les apprentis rentiers qui nous gouverne-mentent. Entre un Perrier-Jouët et du mousseux pas cher. Entre la TV réalité et David Lynch. Entre… enfin , vous savez quoi.
Le chanteur est sympa, ça se voit, il sourit et dit quelques phrases marrantes entre les morceaux. Bras tatoués, la même guitare que Mike Ness (la Gibson dorée) et un T-shirt… Social Distortion.
J’ai l’impression que le show a duré un quart d’heure.
Quand la lumière s’est rallumée, ils ont passé « London Burning »
Je le savais les gars, et j’avais encore la marque rouge des cinq doigts de la fée rock and roll qui m’en avait collé une sévère sur la figure.
Un soir, par hasard, à Philadelphie.

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