mercredi 7 octobre 2009

Libre concurrence comme du beurre avarié


Encore un petit coup de sang, là comme ça, tout de suite, au débotté, ex nihilo, ex abrupto et ex cusez moi les gars, j’ai un truc à vous dire qui me tient à cœur.
Vous allez dire : « ce type là, il s’énerve trop vite, il est nerveux, il prend ses chroniques pour un six-coups « ou encore « qu’est ce qu’il dit, qu’est ce qu’il a celui là, complètement gaga ».
Peut-être.
D’abord, je ne PEUX jamais m’énerver trop vite dans ces chroniques pour une raison bien simple : je tape sur le clavier avec deux index, avec maladresse et lenteur, le tout festonné et irisé de fautes de frappe nombreuses et handicapantes.
Imaginez un graffiteur qui met une demi-heure pour écrire un machin de trois lettres sur un mur.
Forcément, quand le truc est lisible, il a été pensé et voulu.Quand on est lent, on pense et on re pense !
J’en viens à mon propos.
Il nous est dit et re dit que « Bruxelles » * impose le démantèlement de nos bons vieux machins d’état et de fonctionnaires qui ne fonctionnaient pas si mal : le train, le courrier, le téléphone le PMU, le courant électrique, le gaz, les autoroutes, les douaniers et bien d’autres choses ma foi assez indispensables si on pense un peu au-delà des brèves économiques du journal de vingt heures ou du résumé dans 20 Minutes.
Outre que je n’ai jamais voté « oui » à un quelconque texte qui aurait voulu m’enfumer à ce sujet (non à Maastricht, non au référendum, non à la prochaine question), je voulais mettre en lumière sous vos yeux malicieux et pétillants l’un des concepts que l’on nous érige comme désormais sacré à ce sujet et qui apparemment semble aussi certain que la hyène affamée va croquer la biche qui boîte un jour ou l’autre.
Il s’agit de « la libre concurrence » ou « le libre marché ». Ah la la, le socle de leur credo. L’halleluiah de l’Européen convaincu.La mention en petites lettres qui n’a pas été lue à quelques millions de pigeons.Une sorte de fantasme libéral, une statue de faux marbre voire d’autel sacrificiel mal éclairé sur lequel « Bruxelles » * s’apprête à saigner tout ce qui ressemble à un acronyme incluant le mot « public » ou « national ».
Une sorte de gimmick, d’incantation, de méthode Coué.
Genre …Libéralisme : bien, pas libéralisme : caca. Ou bien : Marché : joli et béni, Etat : pas bon et vilain diable cornu.
Avec en plus un pseudo angélisme d’une naïveté suspecte nous imaginant un monde où des milliers de petits artisans et de PME deviennent les héros modernes d’une économie idéale et florissante. Où des monopoles d’hier tombent dans la boue pour être remplacés par une fine poussière d’étoiles du service, de la proximité et de l’altruisme productif.
Où tous trop nombreux et horribles fonctionnaires de 48 ans et plus avec un fort accent local (berk !) se métamorphosent par la magie de la reconversion en des geeks polyglottes qui génèrent du cash flow et des emplois à profusion, allant et volant de Varsovie à Guingamp ou de Bratislava à Lisbonne, le tout filmé au ralenti et avec comme bande son de leur hymne chiant comme la pluie, signé Bite au vent.Avec un poster de Frankie Bolkestein en prime pour afficher dans les bureaux, entre une affiche touristique de Bucarest et la liste des fromages français interdits pour cause de forte personnalité.
Ben voyons !
Pour les marchés et les services juteux, les chacals guettent et les loups aiguisent leurs dents.
Les gros fromages sont déjà hypothéqués par de puissants acteurs. Les plus grosses compagnies vont dévorer tout cru la bonne viande et laisser les os à ronger...
Libre concurrence, dérégulation ? Laissez –moi rire (avec un écho réglé sur « cathédrale »)
Imaginons un zoo. Tout va bien, chacun dans sa petite cage. Pas trop de souci.
Bien ;
On est tout à coup obligé de relâcher ensemble tous les animaux parce que « ouais tu vois, la libre jungle, c’est hachement bien »
A la fin, il reste les lions et les tigres au ventre repu. Les éléphants et deux trois ours qui regardent maintenant les lions avec la bave aux lèvres.Même le gardien polyglotte et libéral, qui écoutait sa symphonie de Bite au vent, les tigres l’ont mangé.
Surtout que le zoo, on avait mis un temps fou à bien l’organiser, avec les biches et les gazelles. Les paons et les singes. Et les pingouins, qui sont sympa à regarder.
Et allez, on met les pingouins dans le bac des requins blancs et on leur donne un petit manuel sur la dérégulation, histoire de les aider à négocier la fin de leur monopole sur la nage rapide ?
Bref, un carnage total et on vous dira après « euh, et pourtant dans mon livre, la libre jungle ça marchait bien ! »

Bon sang, il faut que j’aille voir un zoo en Belgique un de ces jours …

* PS : « Bruxelles », voilà une bonne chronique à écrire. Ils ne perdent rien pour attendre

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