samedi 26 septembre 2009

Les bonnes résolutions


A la rentrée de septembre, encore bronzés, et juste après le citrate de bétaïne du premier janvier, encore grisés, il me semble bien nécessaire d’avoir l’air de prendre de bonnes résolutions.
Je prends trois kilos, j’arrête le chocolat blanc avec des amandes le soir après le dîner en lisant un bon bouquin blotti sous ma couette, je change de job, je fais sauter un Pôle Emploi, j’écris un livre de 654 pages, je fais un enfant, j’apprends à taper sur un clavier qwerty, etc…
En effet, ne plus avoir de résolutions, de projets vertueux et de souhaits (fussent-ils naïfs) du tout signifie souvent que la méchante dépression n’est pas loin ou qu’elle étend déjà avec son air cruel ses grandes ailes noires, froides et collantes sur votre esprit troublé par les contraintes, les déceptions et la fuite des illusions juvéniles à jamais chiffonnées, comme une lettre fragile et pleine de sentiments… vous savez, une lettre : quand on s’envoyait encore des courriers en papier, en choisissant parfois une feuille de couleur et une enveloppe assortie et qu’on utilisait des stylos à encre qui s’alimentaient via des cartouches, voire une bouteille qui ne demandait qu’à se renverser… mais là n’est pas mon propos.
Notez cependant que j’avais au collège, puis au lycée, un Parker « acier » ultra fiable et avec des cartouches longues qui duraient longtemps (bleu marine pour la couleur de l’encre, si telle est votre prochaine question)

Ici et maintenant, je veux soudain vous parler de nostalgie et le faire gentiment, ce précisèment parcequ’un jeune collègue de travail m’a demandé ce que c’était qu’un telex, l’autre jour.
J’étais en train de décrire avec tous les détails un épisode ancien de la vie des bêtes (nous) en entreprise avec une abondance de détails.
Je n’écris plus avec mon vieux stylo-encre Parker depuis longtemps, mais j’ai quand même pu lui expliquer avec verve ce qu’était un telex, voire lui envoyer juste après (et pas via un courrier fragile écrit sur un papier à froisser) un lien sur Wikipédia et, en bonus, une photo jpeg trouvée sur Google. Tiens !
La nostalgie, donc, surgit au coin du bois sans crier gare et m’ enveloppe parfois le cerveau d’une bouffée bleue, grise ou rose en ramenant par à-coups plus ou moins flous des personnages, des photos figées, des bouts de chansons et des impressions bizarres. C’est comme ça pour moi, et cela ne dure pas.
Le présent ricanant a tôt fait de dissiper cette petite brume, à coups de trompette, d’e-mails ennuyeux et de factures à payer rapidement.
Cela ne dure donc pas, la nostalgie.Tout comme les bonnes résolutions, d’ailleurs.
Alors, on va dire que quand la mélancolie du passé envoie un long télex à mon esprit rêveur, celui-ci transmet au département des bonnes résolutions pour faire une copie de tous ces textes par mail à la partie stockage d’émotions du cerveau gauche. Le cerveau droit répond par fax qu’il n’y a plus de place et que le cœur est un naïf d’envoyer la mélancolie en voyage d’affaires pour ramener des données inutiles et qu’on avait déjà traitées en son temps.Débat, ordres, contrordres et ainsi de suite. Pour le moment, je ne pense pas être dans la tendance à me faire entourer si facilement par les ailes gluantes de la noire dépression etc… alors l’auto-dérision et l’humour arrivent illico et dissipent tout ce beau monde, en disant au cynisme d’aller de faire voir au service ironie.
Mais, comme dans toutes les boîtes du monde, on refera les mêmes réunions pour dire les mêmes choses un peu plus tard, avec (ou pas) les mêmes acteurs.
Et là, jamais de résolution ne qui tienne au-delà d’un ou deux trimestres.

Vivement fin décembre.

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