mercredi 24 mars 2010

Défense et illustration du preux Hellfest



Or doncques, les bigots calamiteux et nageurs en bénitiers s’attaquoient à la célébration paillarde du pays de Clisson que l’on nomme Hellfest. Une fieffée coquefredouille répondant au patronyme de Christine B. a lancé son amère croisade contre ceste assemblée. Elle prêche et gémit, hurle et condamne, et ses versets sont en écho repris par d’autres petits seigneurs de la morale qui feraient bien de s’accoiser hic et nunc. Ces babillards sont bien cagots ! Corne de bœuf !
Iceux ont la bave aux lèvres et cherchent noise aux preux, bauts et jolis Métalleux chevelus, prétendant que là-bas, comme à la Cour des Miracles, bougres, bordelières, muguets et galants, hérétiques, ribaudes et galopins s’en donnent à cœur joie dans la fornication et le culte du Grand Cornu, oïl, s’il plaît à Dieu !
Mais nostre Seigneur n’a cure de cette lacrimable dispute.
Point de fablerie, Madame ! Brisez là cette pleuraison pitable, ces quérimonies de pucelle subvertie, cet air de tartufe chétif et de prestre fredain. Votre vindication choit dans la fange, car la jovence qui gargote à Clisson est fort gent, fort vive et bien courtoise. Ah ! Que leur camp de tentes, pennons et de pavois est biau et pourvu de couleurs qui brillent !
Certes ils sont un peu gris quand vient la nuitée, mais ils aiment tant patouillier ensemble, festoyer, croquer moult poulets et pains rôtis, s’abreuvant de cervoise, vin frais et gnole en une franche tostée que l’on ne saurait les en blâmer. Ce n’est point la sainte Quarantaine, mais le joli mois de juin !
Sachez que paysans, loudiers, mercantis, vilains, colporteurs, gents, et même argousins du pays Nantais louent leur absence de fourberie, de gémement, et de musanderie. Ils déversent de fort nombreux écus dans les villages et tavernes alentour, de mâtines à vêpres.
Oui ! Les argousins eux-mêmes, leur baillent un blanc-seing pour festoyer lors de ces trois ou quatre jours de joïance et de joliveté.
Nie ! Sachez, Madame, que nous sortirons nos flamberges, braquemarts, épées, hacqbuttes, couleuvrines lances, mousquets et mortiers si vous conservez le pensement de nous lancer vos vitupères et souhaitez occire nostre Hellfest. Vous risqueriez la décolation, la mortaille, être moignée, mortie, étripée, navrée et vous pourriez rendre gorge après une furieuse estourmie. Les Métalleux hurleront « Potius mori quam foedari »* et « Ventre-Dieu » et chargeront vos méchants moinillons comme à chasse-cour. Tremblez ! Et vous ne finirez point sainte, votre pénitanche sera éternelle en Enfer ; Dieu n’est point sottard, il regarde à dextre et senestre sur cette Terre, il préfère le régal, la joliveté et le plaisement plutôt qu’au chamaillis, aux aigreurs et à l’ire.
* (plutôt mourir que se déshonorer)

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