mardi 22 mars 2011

Les Smiths, hé ouais, sonnent



J’ai ré-écouté certains titres des Smiths. 
Ce groupe « rock indépendant » du début des eighties, avec un chanteur à la voix d’or et de la très belle guitare ? Forcément, avoir eu vingt ans en 1981, cela donne un goût différent à cette puissante madeleine sonore. Les Smiths, pour des petits Frenchies, c’était à la fois très beau mais, avouons-le, très très mystérieux aussi. 
Ces paroles ! De l’anglais fin, des phrases longues, des expressions idiomatiques et sûrement des double sens qui nous ont échappé. Au temps des 33 tours, on  pouvait parfois lire les paroles sur les pochettes ; je ne me souviens pas comment j’avais eu accès à ces textes, mais je les avais lus d’une façon ou d’une autre. 
Quand Wikipédia n’existait pas, des solutions alternatives se présentaient aux plus passionnés, comme acheter un  vrai « livre », broché et illustré à un prix d’or… mais en Angleterre, lorsque vous y alliez…en ferry. Pour revenir aux Smiths, c’était donc vachement fort, je sentais bien qu’il s’en dégageait quelque chose de puissant, de sulfureux et de romantique, sans pouvoir saisir exactement quoi. Les pochettes des disques étaient très belles, le look du groupe impeccable, mais après… j’avoue qu’il me manquait des clés pour être à 100% de compréhension. Reste le chant, suffisamment évocateur et vibrant pour être au diapason de quelque chose d’intangible et… ma propre imagination ! 
Avec Joy Division, c’était tout aussi abscons et mystérieux, mais au vu de la noirceur et de la puissance du verbe, tout le monde était logé à la même enseigne, que vous soyez résident de Manchester ou Paris 15 ème. Les Clash, pas de souci, on levait le poing et on se jetait dans le pogo, et les pour les Cure, on avait pigé que c’était puissamment triste ET fort  magnifique dès la première note, nulle traduction ne serait nécessaire. 
Pour Springsteen, en revanche, on pouvait se prendre la tête, relire ses déclarations d’amour et ses chroniques « sociales » et reprendre nos les leçons d’Histoire-Géo au chapitre « régions agricoles des USA » pour se donner un peu de contexte ! 
Les Talking Heads ? Mystère et boule de gomme sur toute la ligne, à la façon d’un film de David Lynch, ou d’un tableau surréaliste par lesquels opère une magie immédiate, sans besoin de mot à mot pour décrypter tout cela. 
Intéressant ! J’aimerais bien savoir si tous ces groupes et musiciens anglo-saxons se rendent bien compte de l ‘effet  qu’ils ont produit sur nos cervelles emballées qu’ils ont enfiévrées, tout en nous chantant des lignes que nous ne capterions jamais vraiment au sens réel où eux l’ont exprimé. Un quiproquo généralisé, mais très agréable et puissamment empreint de nostalgie inoxydable.  Bref, une cassette Ferrochrome C-90 ?          

dimanche 20 mars 2011

C'est la guerre sapristi !



Pan ! 
C’est parti mon Krak-daffy Duck ! Vlan, Crac, Boum, on tire les sifflants missiles appelés Tomahawk (on ne va quand même les baptiser « Chupa Chups », sans rire ?). Les F-15,16, 18 et 3615-Téfoutu virevoltent. Décolle le Mirage et vole le Rafale (qu’on pourrait appeler « Courant d’Air », pour rire un peu ?). 
Notre porte-avions Charlie D.G. s’ébroue à Toulon, larguez les amarres ! Coup de chance, le théâtre des Opé’ n’est pas loin (on pourra même le remorquer à la maison s’il est cassé, c’est fragile ce gros machin). Gziing ! Envoyez les flots d’images floues, passez en boucle les plans tremblotants de balles traçantes qui zèbrent la nuit. Bonjour, les directs interminables où l’on n’apprend rien de neuf. Bonsoir, les envoyés spéciaux qui répondent vaguement aux questions avec un temps de retard, depuis la terrasse de leur hôtel, une main sur l’oreillette pour garder un air envoyé et aussi spécial. Flip, flip, font les radars qui tournent sur eux-mêmes et zap’ pa zap’ pa, nous dit-on en détaillant des cartes avec de grosses flèches rouges pour montrer le sens de la bataille. Ho ho !
Murmurent les experts en jeux de stratégie, en géo poli-toc, et les « anciens militaires » qui ont un avis, hi hi, mais bon… prudent l’avis ! L’Elysée n’en peut mais, se hausse du col, exulte, fronce ses petits sourcils, prend des airs courroucés mais qui se veulent dignes, car c’est la Guerre, le maxi para bellum, War, la guerra, avanti tutti ! ONU-nuche est d’accord, en pluche ! Même les fourbes de Tienne Ta Nem et Cold Nounours de Moscou ont donné le coup de tampon. Yes ! Feu à volonté, larguez les bombes à clous et les munitions en acier trempé.
Cela fait un bien fou de tirer des coups, comme ça, sans préparatifs. Nous susurrent les sources bien informées le Coco-lonel ne disposerait que d’un armement désuet voire … « soviétique ». Mat en trois coups ! Reconnaissons-lui au moins un mérite : il est parfait dans son rôle de taré, jusque dans la mise en scène, les textes riches au niveau vocabulaire et les costumes, formidables. 
Pas mieux, au niveau casting, même le vieux Kim Jongle Kill Bill est dépassé, il a le blues et il est jaloux, terré dans son palais ringard, rongé en silence par de pénibles métastases et l’intime conviction que ses belles statues seront déboulonnées avant même que son cadavre ne soit tout à fait dévoré par les vers et le corps de son idiot de fils refroidi, après un lâche suicide dans le bunker souterrain éclairé aux néons qui sautent, alors qu’une population hébétée par sa propre audace se demande pourquoi elle a attendu tout ce temps pour éradiquer un pouvoir fossilisé, qui ne tenait que par l’habitude, la corruption d’une minorité aux dents jaunes et la paresse de l’Occident à le faire chuter.

samedi 19 mars 2011

Que LONMEXPLIK, mille sabords !



Pourquoi les ordinateurs, les messageries et les logiciels sont-ils TOUS de plus en plus lents malgré l’envolée des giga octets et de la puissance affichée des processeurs?
Le prix exorbitant de la connexion Internet dans la moitié des hôtels, pourtant gratuite dans l’autre moitié ?
Pourquoi un sms sur quatre n’arrive que le lendemain de son envoi ?
Existe-t-il encore des philatélistes non octogénaires, des pompistes non robotisés ou des sténographistes ?
Si numéro de téléphone s’appelle « service client » pourquoi est-il injoignable et surtaxé ?
Quel pouvoir magnétique ont les poignées de porte pour accrocher les poches des manteaux ?
Si un gouvernement est aussi nul, comment même 29% des sondés le trouvent-ils encore« assez satisfaisant » ou « très satisfaisant » ?
Si « fumer tue » pourquoi on tue pas « fumer » ?
Puis-je acheter un zappeur sans la touche « 1 », merci ?
Les tranches du pain de campagne ont d’énormes trous au milieu et on peut encore lire « 500 grammes » sur l’emballage ?
Si les aliments qu’on nous vend sont si nocifs pourquoi sont-ils seulement autorisés à la vente ?
Pourquoi 2 ans ferme pour Rachid, 18 ans (une mobylette d’occasion) et 1 jour avec sursis pour Charles, 85 ans (un cargo de lingots, 15 avions de chasse, 589 fausses factures, 5 millions d’euros) ?
Pourquoi Monaco n’est pas envahi lundi matin prochain par une armée d’inspecteurs du Fisc ?
J’ai encore un trou dans ma chaussette gauche, au niveau du talon ?
Comment se fait-il que si je dis à la cantine que Duranton est nul, il sera assis à la table d’à côté ?
Quand j’écoute la radio, ça fait scrtch scrtch, je me lève, ça s’arrête, je me rassieds, ça recommence ?
La Terre se réchaufferait mais il a encore neigé trois fois plus cet hiver que l’hiver dernier ?
Si les Chinois étaient si malins, ils n’auraient pas les doigts de l’homme amputés ?
Ceux qui habitent au pied d’un volcan et au bord du rivage en zone inondable ont-ils tous un testament à jour ?
Quand un écolo prend l’avion, il vient à l’aéroport à pied et il refuse le plateau repas pour économiser du CO2 ?
Et alors, on entend une chanson précise et rare deux fois en une même journée ?
Pourquoi arrive-t-on toujours dans la station de RER alors que le prochain train part dans… juste 2 minutes ? (et tout le monde court dans les escalators)
Pourquoi le RER qui devait partir dans 2 minutes est-il toujours retardé de 20 minutes ? (et tout le monde se regarde d’un air entendu et désabusé)
Comment fait mon épouse pour que la valise pèse exactement 20 kilos, avec tout ce qu’elle emporte ?
Et donc, chaque fois que je pars en vacances, j’ai l’impression que c’est encore davantage mérité que la fois précédente ?
Stop ! Bon, je vais partir bientôt en vacances et, même sans réponse claire à aucune de ces questions, ce sera plus que mérité, mille sabords !

jeudi 17 mars 2011

Média-tics de langage avarié



Agaçants !
Ces mots ou expressions utilisés à répétition, sorte de coussin d’une banalité rassurante pour les têtes parlantes qui nous racontent...la vie via les ondes martelées et les mégahertz fréquencés. Quelques coups de fouet suivent ;
En numéro UNO, le terriblement énervant « sur », mis à toutes les sauces de l’incorrection langagière. « Sur l’Australie et sur le Japon, on est sur de la grosse catastrophe, mais là, je suis sur un poste d’expert nucléaire sur Paris ».
La « transparence » passe-partout, étendard (invisible ?) des ministres outrés et des affligés mis en examen, comme de leurs chers avocats. Leur femme s’appellerait Claire et leur père serait vitrier ?
Le sempiternel « ça va être compliqué » des sportifs. Comme dans : «  avec Bobozevic qui a une jambe de bois et Niang qui est reparti au Sénégal, ça va être compliqué contre Barcelone, surtout qu’on est transparents sur l’entraînement avec coach Jojo »
Les « experts », à savoir n’importe quel type (non stagiaire) avec un badge qui passait par là et surgissant ex-nihilo pour toute question un peu spécifique. Exemple : «  oui, donc, le réacteur nucléaire, c’est une technologie sûre, mais bon, en tant qu’experts, nous avons toujours dit que le risque zéro n’existait pas… ». Expert vert pépère ?
Les adverbes de camouflage qui débutent chaque phrase d’un politique ne répondant jamais à la question posée. Ainsi : «  Alors, simplement et franchement, notre parti a toujours été contre le nucléaire sur La Normandie et Foufoushima, et ce, en toute transparence, mais on ne le disait pas car nous avions un devoir de réserve en tant qu’experts » et… cette mythique « feuille de route » qui serait utilisée par toute personne ayant un vague plan d’action pour régler un problème quelle qu’en soit sa nature. Et si la route est encombrée ? Hé bien, il faut utiliser un autre joker qui est le célèbre « revoir sa copie » (mais bon, honnêtement et en toute transparence parce que sinon, ça va être compliqué sur Matignon). Ajoutons le fort naïf et très « peuple »: « c’est que du bonheur », qui, j’avoue, me crispe beaucoup, et j’en oublie. Sincèrement, si vous ne suivez pas, ça va être compliqué sur ce blog, on va forcément devoir revoir la copie. Mais l’expert ici, c’est moi et je vous dis qu’en cas de Japan électrique, écoutez de la fusion Nouvelle vague sinon vous serez saké !          

mardi 15 mars 2011

Discours d’accueil du Grand Libérateur du Désert, Paris, Janvier 2013



Cher Grand libérateur du Désert, Messieurs les Ministres, 

Levons nos verres à votre santé et votre longévité. Vous voilà parmi nous, ainsi que vos charmantes amazones et d’ici, je vois votre magnifique tente immaculée, plantée avec grâce  dans nos jardins. 
Depuis toujours, la France a cru en vous et n’a jamais douté que cette vile rébellion téléguidée qui agita légèrement votre contrée en mars 2011 ne puisse venir à bout de votre lumineuse destinée de dirigeant rayonnant. 

D’aucuns s’enfiévrèrent, firent mine de recevoir les factieux, voire de tendre la main aux révolutionnaires. Quoi ? Des inconscients  parlèrent même de rassembler des forces militaires contre les vôtres, alors que vous étiez en train de déployer courage et opiniâtreté pour regagner un terrain brièvement perdu. Une zone d’exclusion aérienne fut évoquée par de dangereux esprits libertaires et anarchistes, afin d’empêcher votre action d’éradication des sinistres rebelles. Penser que des barbares, des terroristes, que dis-je des criminels avaient osé contester votre noble autorité ? Voici qui me fait, nous fait, encore frémir L’on vit des images terrifiantes de marauds désorganisés prendre le pas sur votre Loi dans des villes à l’Est et au Sud. Ces scélérats avaient même osé brandir un étendard ancien et maudit .Vos troupes d’élite, efficacement secondées par de dévoués numides ont rapidement lancé une sainte contre-offensive… 
Et remercions ici nos chers industriels de vous avoir fourni de robustes blindés, de fins aéronefs et des munitions métalliques en nombre ! Oui, nous avons tous constaté, via nos postes de télévision, que vos régiments ont écrasé, quartier après quartier, rue après rue, ces cancrelats qui eurent le mauvais goût de réclamer sans préavis des changements inappropriés. Nous avons pu noter, tenus par l’inaction admirative découlant notre puissant devoir de neutralité, que vous avez purgé votre pays avec efficacité et célérité. 
Car, enfin, qui saurait mieux que vous, Grand Fumigateur des Dunes, Ultime Dorloteur du Peuple, conduire ce pays vers de radieuses destinées ? 
Votre sens du partage et des valeurs familiales, votre esprit de dévouement  qui frise le sacrifice, oui, tout ceci ne saurait être une seconde mis en doute ! Vous irradiez de votre sagesse grandiose et votre génie visionnaire tout le continent africain et vous imaginer absent au grand banquet des puissants de ce monde me remplit, nous remplit, d’effroi. 
Mais, loin de nous pareil cauchemar, vous êtes ici chez vous, et levons nos verres à l’amitié Franco-Désertiquissime, qui durera toujours, pure, inoxydable et sans pareille !      

dimanche 13 mars 2011

Chaque jour, de pire en pire



Le créateur de mode, ivre dans un bar, bredouille trois phrases destinées à provoquer des interlocuteurs invisibles mais hilares. Il se voit expulsé en un délai record du paradis poudré de la haute bouture, où des plantes trop maigres paradent sur des podiums très éclairés. Pendant ce temps, des rebelles en guenilles et sans organisation claire tirent en l’air devant les caméras mais soudain, ils subissent de la part des troupes mercenaires un tir de barrage de missiles made in France. Tout le monde panique. Alors, ils prennent le volant de leurs 4X4 japonais garés partout le long d’une route assez droite et s’enfuient à toute vitesse. Afrique : des pro affrontent des anti, lesquels répliquent et tout finit comme d’habitude avec des colonnes de réfugiés qui viennent s’entasser dans des camps. Le nombre de milliardaires n’a jamais été aussi grand, surtout dans des contrées où l’on est supposé subvenir à ses besoins avec deux dollars par jour, soit le prix d’un litre de super dans la station-sévice la plus proche de votre domicile. Une vague géante est déclenchée par un affaissement de plaque tectonique, elle arrive douze heures après sur une plage où un crétin veut la photographier et il finit directement à la morgue. Tsunami des bêtes ? 
 
Je presse sur le bouton rouge avec un petit trait blanc au milieu et m’endors.

Le créateur de 4X4 japonais, en guenilles et sans organisation claire dans un bar, bredouille le prix d’un litre de super destiné à provoquer des interlocuteurs invisibles mais tectoniques. Il se voit expulsé douze heures après sur une plage de votre France, où des milliardaires trop maigres paradent sur des podiums Pendant ce temps, des rebelles de mode tirent en l’air mais soudain, ils subissent de la part des missiles un tir de barrage de bêtes made in domicile. Tout le monde arrive. Alors, ils prennent le volant de leur vague géante garée partout le long d’une morgue assez droite et s’enfuient à toute vitesse. Tsunami: des pro affrontent des anti, lesquels répliquent deux dollars par jour et tout finit comme d’habitude avec des troupes mercenaires qui viennent le photographier. Le nombre de plantes n’a jamais été aussi grand, surtout dans des contrées où l’on est supposé subvenir à ses besoins avec trois phrases, soit dans la station-sévice la plus proche de votre paradis poudré. Une colonne de réfugiés éclairés est déclenchée par un affaissement de plaque hilare, elle panique en un délai record devant les caméras où un crétin de la haute bouture veut s’entasser dans des camps et il finit directement à la route. Afrique très ivre ?

jeudi 10 mars 2011

Le grand ecart


Par le hasard de ma profession voyageuse, me voici aux quatre coins de l’Europe (qui en compte d’ailleurs beaucoup plus, mais c’est une expression toute faite et très vintage, d’un temps où les choses devaient être plus carrées).
Me voici propulsé à coups d’Airbus et gravement sous alimenté à bord par Air Trance pour cause de classe écono-comique. Un jour à Lisbonne, parlant français avec un aimable chauffeur. Un soir à Londres, dans un hôtel sans âme, face à un centre des congrès de type hangar géant et ampoules aux pieds garanties, attendant un club sandwich un peu mou, tout en contemplant le fils de Kadhafi prendre un air outré face aux questions d’une journaliste BBC d’un calme angélique.
Il est vrai que devant un diplômé de la London School of Econo-comics, on reste cool, surtout s’il a versé un gros paquet de £ pour aider à : petit a) sauver les finances de l’école en question, mais oui et petit b) se voir délivrer un diplôme bien mérité, by Jove ! (un seul m, hein, à diplôme).
Avant, je revenais de Rome, où j’avais pu apercevoir (rapidement) quelques monuments et de forts beaux palais d’un taxi Fiat Multipla blanc dont le chauffeur peu loquace avait décidé que les feux rouges sont une installation urbaine purement décorative.
Là, je suis à Munich, dans un hôtel sans charme, mais pourvu d’une salle de réunion pour 700 personnes, ce qui justement, motive ma venue dans cet endroit climatisé et standardisé. Au bout d’un moment, je remixe un peu et oublie où je suis.
Tout se confond, le matin surtout car les petits déjeuners sont tous agencés de façon similaire dans les « business hotels ». Côté décoration intérieure, certains font preuve de modernisme avec des bouts de plastique blanc accrochés de façon aléatoire, des spots mauves dans les coins et des ajouts de surfaces chromées mais d’autres persistent à garder des fauteuils trop larges et des moquettes qui rendraient dingue un caméléon, de par leurs couleurs saturées et les entrelacs de traits qui les décorent.
Ceci dit, du bar au restaurant et parfois même dans les ascenseurs, vous avez les mêmes écrans plats et les désormais furibards Kadhafi père et fils vous suivent partout, via CNN et BBC, voire France 24 dans votre chambre, dotée d’un lit avec 12 oreillers.
L’autre soir, je zappais, un peu ahuri et je suis resté scotché et hilare devant une série japonaise où les acteurs étaient doublés en arabe, ce qui donnait un cocktail assez original. Un adolescent nippon et fin, les cheveux en brosse et l’œil vif, donnait la réplique d’une belle voix grave et peut être égyptienne à une dame (sa mère ?), qui avait reçu par la magie des studios une douce parole moyen-orientale totalement irréelle, quoique bien décalée du mouvement de ses lèvres.
Cela changeait des insipides programmes avec des policiers blonds ou féminisés qui avancent le flingue à la main en longeant des murs que l’on peut apercevoir de canal en canal, et ce où que l’on se trouve, entre deux pubs pour des voitures au design passe partout et des boissons allégées mais avec des bulles.



Je vous rassure cependant, dès que l’on sort dans la vraie rue, on sait que l’on est à Lisboa, London, Muenchen, et la vraie vie continue hors des « business hotels ». Et à Roma ? Comme vous le diront vos collègues transalpins, quelle que soit la multinationale qui vous emploie : « But in Italy, it is different ! »


mardi 8 mars 2011

Le d d d discours d'un r r r roi en v v v visite exotique



L’Angleterre en visite exotique, avant  le coaching verbal

Ché, ché, chers su su su sujets ! Go Go God Sait sait, Save... m-m-moi .Vi vi vi vive l’Empi pipi pire du Co coc o mmmonwealth et L’Angle, l’Angle, L’Angleterre ki ki ki qui va b-b-bien et je vou vou vous salue du ba ba bal balcon de vo votre magni magni…, superbe  pa pa pa pa palais pour vos di di di dire joi joi joi Joyeux No no no no Noël !

Après
Fucking sujets ! God save moi et ma Rolls aussi. Je me tape du Youkay et pour Noël, je viens ici aux îles Tapedur où l’on me remettra un collier de fleurs à ma descente d’avion. J’inspecterai vos troupes en sueur et regarderai d’un air patient les danses  interminables et si locales des papous à gros bides avec un os dans le nez, puis j’irai me finir au Gin and Tonic au bar dans la soirée pourave donnée en mon honneur au palais du potentat local. C’est toujours mieux qu’un hosto à Manchester  avec des gosses malades et des murs peints en vert amande moisie, sans oublier  les fausses notes des sexagénaires à lunettes de l’Armée du Salut ! Alors  à boire et qu’on en finisse avec le protocole !   

Les Îles Tapedur, avant le coaching verbal
Vo vo votre Ma Ma Ma jesté, le R R R Roi. Nou  nou nous sommes ra ra ravis de vous ac ac ac… recevoir sur noootre île des Tro Tr oTro piques. Nos tr tr troupes sont pr pr pr prêtes à vous hon honn honn honorer et nos d d d danseurs ont mis leurs plus b b beaux at ‘ at’ ..colliers de f f f leurs p p pour ex exc exc … faire les d d d danses ty ty typiques de nnn notre île.

Îles Tapedur, après
Ecoute, William 12… si je t’appelle Willy ça te dérange pas ? Bon, si tu te fais suer à Buckhingham 11 mois par an, ne viens pas débarquer de ton zinc royal pour faire le beau devant  nos danseurs déguisés en bamboulas des clichés , qui préfèrent s’éclater à 130 bpm en boîte et un verre de vodka à la pogne. Le collier de fleurs, c’est 1000 livres sterlingue et si tu veux une chambre, tu vas au Hilton. Nous, on a les chinetoques qui viennent demain en visite officielle et eux, ils en ont, de l’oseille et des usines à faire tourner !

lundi 7 mars 2011

Cher Joe Strummer,



Cher Joe Strummer,

Il n’y a pas de hasard. J’ai entendu la chanson des Clash « Jimmy Jazz » deux fois en deux jours et j’ai dressé l’oreille tout en repensant avec nostalgie à toi, ex-punk, vrai rocker, idole de ma jeunesse. Certes, la première fois c’était sur FIP et la deuxième occasion a surgi via mon propre I-pod et le hasard de la fonction random. 
Ce qui est certain, c’est que je n’ai pas entendu « Jimmy Jazz » et son rythme de traviole (comme le sympathique loser à dreadlocks de la chanson) résonner dans un ascenseur, ni dans un supermarché, ni dans un reportage à la gloire du Ministère de l’Intérieur. Et pour cause, mon cher Joe, car les chansons des Clash parlent beaucoup des ascenseurs (sociaux et en panne), du supermarché (dans lequel on se perd), et des employés dudit Ministère (et de leurs matraques). Mais pas forcément en bien. 
Alors, pourquoi avec nostalgie ? Au-delà des trente années et plus qui nous séparent des flamboyantes chansons de London Calling, je crois que nous aurions besoin de davantage de groupes de rock qui ont du cœur et des couilles pour faire résonner à volume 10 des hymnes qui secouent les puces, les jambes, les blousons de cuir et surtout les consciences. J’ai l’impression que nous vivons dans un monde à la fois numérique, dominé par la rage et la cupidité, cruel, imprévisible, qui part en vrille et dans lequel nous nous nous débattons de plus en plus vainement, un pouce qui fait des sms et l’autre qui se lève pour dire « arrêtez de m’envoyer des mails » tout en essayant de garder le sens de l’humour et de ne pas déjà oublier le spectacle 3D vu il y a une heure seulement. 
Sans compter les révolutions qui ont démarré, les remixes de « Rock the Casbah dans ton c… « Pour les vils dictateurs orientaux ou les  « Somebody Got Murdered » que l’on entend dans les trois-quarts des pays asiatiques de façon quotidienne ou les « White Riot » qui n’arriveront pas de sitôt sous nos latitudes. 
Pour tout ceci, mon cher Joe, j’ai même l’impression que tu serais encore trop gentil, trop sincère, analogique et direct, eu égard à l’énergie (nucléaire) et la rage (de fauve) dont nous allons avoir besoin pour  nous transformer en résistants vs. le monde qu’on nous prépare dans les salles de marché et les comité suprêmes de gouvernements sans âme, à côté duquel les descriptions d’Orwell dans 1984 devraient ressembler à une semaine de vacances de ministre français en villégiature sous les cieux maghrébins (enfin, d’avant….). 
Bref tout cela pour dire, mon cher Joe, que tu nous manques beaucoup, mais que tu peux être rassuré, flottant entre le Che et Jean Moulin, sur un nuage de fumée de sinsemilla, car nous aussi on ira Straight to Hell, mais avec pas mal de classe, en t’écoutant.  
Magnificence !    

samedi 5 mars 2011

Pour 20 euros, t'as plus rien !


C'est vrai ! Avec 20 euros que peut-on faire ?

Aller au cinéma à deux ? Limite...pas partout ! Acheter un DVD ? D'occasion ! Aller au restaurant ? Oui, genre américain, rapide et avec des frites ou chinois "menu A", mais sans la Tsing Tao alors ou le kebab de chez Ali qui n'est pas mauvais et là , on a une cannette de Perrier et un sourire.Aussi...acheter un bien petit bouquet de fleurs, mettre quelques litres de super dans la Peunault (95 hein, pas 98 !) et emprunter sur 30 ans pour quelques micro-millimètres carrés d'un appartement lilliputien à Paris.
Avec 130 FF... d'avant, il paraît que l'on pouvait en acheter des trucs et des machins ? Je ne m'en souviens pas clairement. Mais d'autres, l'air entendu, rétorquent qu'il faut appliquer des tas de coefficients d'inflation putative, par A fois N fois Z et non, non, tout est parfait, votre poche est toujours aussi pleine (de vent).
Deux écoles s'affrontent : "avec l'euro , nous avons perdu du pouvoir d'achat par Saint Camembert" et "tout va bien, votez pour nous, la crise est une illusion d'optique, merci de vous pousser de là, ma Bentley doit avancer".
Combien de baguettes de pain arrive-t-on à se payer avec le SMIC ?
D'après boulangerie.net, c'est 1436 en 2011 contre 1683 en 1990. Mais que vais-je faire avec 1436 baguettes ? Me construire une maison en pain, devenir grossiste, bombarder Khadafi ou sauver les ours polaires qui maigrissent à vue d'œil sur leur banquise pas du tout exquise ? Pas forcément judicieux,  je veux dire la maison en pain. Si le grand méchant loup arrive, il peut la souffler, car le pain même rassi doit avoir une solidité à mi-chemin entre la paille et le bois, deux matières que le loup peut fracasser avec aisance (ref. "three little pigs only had 20 euros to build their f*** house", volume 7). J'aime mieux l'idée de bombarder un dictateur, car les baguettes durcies par le temps doivent faire mal quand même. Il faut que je trouve quelqu'un qui avec un SMIC s'est acheté 17 avions radio commandés et un autre qui s'est offert 458 cartes IGN de l'Afrique du Nord.
Revenons à nos 20 euros. Vous les retirez d'un distributeur automatique un samedi, vous buvez un café, achetez un journal, récupérez votre paire de chaussures avec des semelles rabibochées par le cordonnier et  faites deux-trois courses mineures et vous vous rappelez soudain qu'il faut acheter une baguette !
Au fond de votre poche quelques pièces jaunes et ces fourbes pièces de cuivre de 1, 2 et 5 centimes d'euro qui n'ont aucun pouvoir d'achat. Pas de chance, il vous reste 0.77 euros.... Là vous visualisez la marque Krisprolls et un paquet souple qui renferme encore assez de petits pains croustillants pour le petit déjeuner et vous rentrez chez vous en vous disant "grrrr, j'aurai dû retirer 30 euros, mais bon, ces fourbes de distributeurs de sous, ils prétendent qu'ils ont des 10 euros en stock, mais ceci n'est que pur mensonge..."
Et devoir alléger son compte de 40 euros à la place de 20, si ce n'est pas une sacrée entourloupe, vous m'expliquerez ce que c'est !
Bombardons aussi Strasbourg et Bruxelles de baguettes de pain rassi ?

jeudi 3 mars 2011

Vade retro, Londinium verbatim !



OK ? T’es en limite burnout  après tous ces meetings et tu check tes mails.
Façon early bird, tu arrives alone dans ton office. Tu fais ctrl-alt-suppr., tu enter ton password, puis ton pin. Wait.
Updload de la dernière version du soft, ça prend un timing ! Enfin, ton welcome desk et ton screen saver. Open ton Outlook ou Lotus Notes, voire Thunderbird, tout dépend du pitch du procurement… Shit ! 58 unread messages, en bold letters avec des priorities toutes underlined par des assholes, des peers et des affiliates. Tu re-think à ton one to one avec un manager surbooké et trop busy pour ton performance interview (pas trop orienté work-life balance).
Mais tu penses à ton bonus ou alors à un award… et à ses stock-options (Yes ! bingo pour lui qui est expat’ et en plus avec ranking F5, un appart’ sur budget HR trouvé par la relocation agency dans le top du top à Paris, France ….alors que toi, juste level F4, no way pour des perks puisque tu es en local contract).
Après ce 1/1, tu n’es pas relax dans ton open space. C’est la période des business reviews ! Hier soir, la Marketing team a uploadé la version 8 du brand plan pour que Finance double check les currency adjustments et booste le forecast… No luck ! Le Board veut du double digit profit as of Q1 ! Si tu prends le ratio sales  versus headcount, on en en overflow, en plus.
Moralité : L’outsourcing guette (made in Bengalore, Bratislava et Manilla). Alors, on va avoir des consultants à tous les desks, first des seniors qui bookent du man per day et ensuite qui forwardent le scope à des petits juniors de business schools, qui Powerpoint du matin au soir. Des juniors de chez « junior », ils n’ont jamais vu la real life et les customers, mais bon, ils font du cut and paste, ils sont en cc. d’un mass mailer et ils imitent le corporate talk d’un competitor. Juste un peu d’upgrade, de compliance et de market research mixés dans une prèze et off we go, ready pour le town hall incentive dans une plenary session avec des VP’s et des Top Excecutives. Les beamers vont chauffer. Quelques workshops plus tard, les paper boards sont pleins de best practices, on a fait un team building, un country dinner et tout le monde rentre at home. Le Year Plan est booké jusqu’à  Q4 !
Et après ? Ils sont limite burnout après tous ces meetings et ils checkent leurs e-mails…    

mercredi 2 mars 2011

Dirigeants de peu (un avis subjectif)



Le malaise et le dégout croissant que nous ressentons vis-à-vis de ceux qui nous gouvernent avec maladresse me semble fondé sur quatre piliers dont le béton durcit chaque jour un peu plus. Mon humble point de vue sera ici simplement celui d’un employé d’entreprise privée, dont la survie professionnelle est sans cesse plus fragile et l’objet de remises en question fréquentes. Je sais, et tu sais (cher lecteur) que la question n’est pas « si » nous allons être licenciés un jour, mais « quand ». Le jeu est de durer ou sauter dans un autre bateau si possible et surtout d’avoir la chance de cotiser suffisamment de trimestres, pour une durée totale qui va s’accroître chaque année, telle une oasis que l’on verra s’éloigner au fur et à mesure que l’on aura soif et mal aux jambes fourbues de rhumatismes et de sciatique. Hi Hi.

UN : Le salarié 2011 est soumis dans un contexte professionnel très hiérarchisé à forte pression pour tenir son poste. Il est demandé des résultats précis, chiffrés, objectivés et mesurés. Les DRH du monde entier ont tissé des toiles vraiment serrées pour que le petit insecte ne déborde pas d’un cadre bien formalisé. Pour prétendre à garder un emploi, nous devons démontrer un mélange de « comportements » exemplaires et de « performances » bien au-delà d’un tranquille « 100% ». En revanche, les personnels politiques ne sont pas du tout (d)évalués malgré une vacuité démontrée à produire du résultat, voire à peine sanctionnés en cas de faute grave (ou exceptionnellement, si le « Canard Enchaîné » leur porte un coup fatal, qu’il en soit ici remercié). Nos élus évoluent mollement dans le temps d’un « mandat » (Ils l’occupent de A à Z, sous l’or des apparats et en principe sans risque). Nous demeurons au quotidien dans l’espace d’un « contrat » (de fait, de plus en plus périssable, oxydable et délocalisable).

DEUX : Je dois, dans la multinationale ou le grand groupe, pour passer de l’échelon N à N+1, déployer des trésors d’efficacité et un historique sans faille de qualité. Combien de fois avons-nous entendu parler d’envergure « supérieure »,  pour occuper un meilleur poste (parce que de nos jours, vous savez, « ce n’est plus aussi simple qu’avant »). De plus, postuler une seule fois et échouer dans le processus vous fermera la plupart des portes dans un avenir obscurci. Autant songer à préparer son CV et changer de crèmerie. Or que vois-je à droite comme à gauche ? Ces têtes toujours semblables, usées, repassées, retapissées au lourd passé d’inefficacité démontrée qui sans cesse briguent et briguent encore les magistratures suprêmes, voire y sont élues « par défaut ». D’un côté l’exigence, les résultats démontrables et de l’autre le hasard des urnes cumulé au vide des actions menées à bien (mais le pou s’accroche et finit par arriver en haut du crâne malgré tout).

TROIS : Côté élus, le cumul des mandats apparaît comme la démonstration formidable de l’impossibilité à accomplir un véritable travail. Vous et moi coulons sous le poids d’une fonction unique et dévorante, écrasés d’e-mails, noyés dans les procédures et corrodés par les coupures de budgets exigés par des actionnaires très gourmands. Les députés-maires- conseillers généraux-sénateurs-ministres peuvent surfer sur deux ou trois missions, de surcroît devant théoriquement être accomplies chacune à cinq cent kilomètre de distance. D’où le doute fondé sur la pérennité même de chacun de ces « mandats ». Nous cumulons les mandales dans la figure et prenons acte de l’ubiquité irréaliste de ces intérimaires multi-casquettes du spectacle public.

QUATRE : Les dirigeants ressemblent justement de plus en plus à des cadres d’entreprise par leurs discours et leur comportement. L’éloignement est grandissant entre les élites politiques, hypnotisés par leur façon d’être et paraître (de se transformer en cadres supérieurs) et d idéaux simplement « humains ». Construire un monde solidaire, cultivé et verdoyant n’intéresse aucun parti à visée majoritaire. Au nom d’une « real politik » tout converge pour finalement soigner des actionnaires, cajoler des millionnaires, vendre du nucléaire et des cartouches à fragmentation tout en nous expliquant depuis 1974 « qu’en Allemagne c’est mieux, parce qu’ils ont un tissu de PME qui exportent plus que nous, surtout de la machine-outil ». Ils ne « fréquentent » pas les dictateurs, ils font tourner l’outil industriel. Ils adoptent le langage codifié de l’entreprise et ses tics emplis d’une vacuité sans morale ni chaleur, mais, comme expliqué en UN, DEUX et TROIS, en omettant d’en importer les règles d’élimination en cas d’échec mesuré.  
Résumons : le verbatim et le look du Privé, la dérèglementation en matière de cumul de postes du Public et toujours moins de résultats, une absence totale de vision « habitée » et de capacité à nous faire rêver. Vous ajoutez à cela leur faim jamais calmée pour les privilèges, les circuits opaques de financement de leurs activités de campagne électorale aussi sales que les égouts de Paris un 2 janvier après un réveillon trop arrosé et enfin des medias qui nous décrivent tous ces excès avec un luxe de détails. Que faire ? Que dire ? Solution rouge sang ? Révolution de jasmin ? Bien malin qui le saura ! À suivre…